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ques, sans être convaincus de rompre de communion avec le pasteur principal qui y préside en la maniere qu'on vient de dire, et avec l'église universelle qui le reconnoît pour un de ses pontifes?

Vous ne pouvez fuir nos assemblées sous prétexte que les ministres qui y exercent le culte, se sont rendus coupables d'une horrible prévarication, qu'autant que vous posez pour principe, qu'il n'est pas permis de demeurer uni de communion avec ceux qui blessent la regle de la foi ou des mœurs par l'erreur ou par des crimes. Or cette maxime qui sert de fondement à votre séparation et de regle à votre conduite, est une hérésie formelle, que l'église a condamnée dans les Donatistes. Si ceux qui parmi vous trompent indignement les fideles, étoient moins étrangers dans la doctrine de nos Peres, ils sauroient qu'il en est à cet égard de l'église chrétienne, comme de toute autre société civile et politique. Quand on y est une fois entré, on n'en peut sortir que par une apostasie volontaire, ou que par un jugement juste et canonique qui en retranche le coupable. Quand on y a été pourvu de quelque ministere, on ne peut en perdre l'exercice et les droits que par une abdication libre, ou par une condamnation et une sentence réguliere: tout comme dans les républiques et les royaumes de la terre un citoyen légalement pourvu d'une magistrature, et devenu membre de l'état, ne perd son droit de cité, son titre et son autorité, que parce qu'il abdique lui-même ses fonctions, qu'il est destitué par un jugement régulier, ou privé de ses droits politiques par une autorité légitime.

Les ministres qui président au culte divin dans nos assemblées, ont-ils abdiqué leur ministere! Non. Ont-ils érigé une société à part, une église rivale de l'église catholique; se sontils joints à quelque secte séparée de l'église? Nul de vous ne sera tenté de le dire. Ont-ils été destitués par un jugement ecclésiastique? Rien de cela n'est arrivé. Vous les fuyez pourtant. Vous croyez donc avec les Donatistes, que la (prétendue) prévarication dont ils sont coupables à vos yeux, leur a fait perdre leur autorité. Vous agissez comme ces schismatiques; ils ont raisonné comme vous. Il faut donc, ou vous condamner avec eux, ou les absoudre

avec vous.

Ces anciens ennemis de la paix et de l'unité prétendoient que l'église catholique ayant communiqué avec les traditeurs, elle étoit devenue complice de leur crime, et qu'il n'étoit plus permis de communiquer avec elle. S. Augustin, au contraire, au nom et avec l'approbation de toute l'église, leur soutient, 1°. que les accusations intentées par eux contre Cécilien et ses consécrateurs, n'étoient n'étoient que de pures calomnies. Il leur dit en second lieu, que quand même elles auroient eu quelque fondement, le concile de la province auroit pu ne pas punir les accusés, soit parce que les accusations n'étoient pas prouvées, soit parce que la crainte de causer du trouble, l'auroit déterminé à user de condescendance. 3o. Il leur soutient enfin, ` et c'est ce qui ferme la bouche à ces esprits turbulens, et ne vous laisse à vous-même point d'excuse; il leur soutient, dis-je, que quand on pourroit reprocher aux évêques de la pro

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vince d'avoir, par lâcheté, laissé le crime int puni, les fideles de l'Afrique et des autres églises auroient pû et dû demeurer dans leur communion; et que les Donatistes qui en ont pris occasion de se séparer de l'église, ont cominis en cela un attentat très-criminel. Le saint docteur va plus loin encore: il dit que ces schismatiques seroient inexcusables quand même les évêques accusés d'avoir livré les saintes écritures, auroient été convaincus non- seulement d'avoir commis ce crime, mais, ce qui est pire cent fois, de l'avoir érigé en principe, d'avoir soutenu qu'on peut et qu'on doit le

faire.

Voici les paroles du saint docteur aux Donatistes: « Oseriez-vous bien le dire que ces pré» tendus traditeurs dont vous vous plaignez, » aient composé et transmis à la postérité quel » ques ouvrages pour justifier leur prévarica» tion et autoriser la criminelle pratique de » livrer les divines écritures aux infideles, et » que nous suivons en cela leur doctrine? Si » après un tel excès ils n'avoient voulu avoir » aucune communion avec ceux qui auroient » refusé de lire leur écrit et d'adopter leurs principes, ils se seroient par-là retranchés » eux-mêmes de la communion de l'église. » Alors si vous me voyiez faire partie de la » société séparée, qu'ils auroient ainsi formée, vous auriez raison de dire que je suis dans l'église des traditeurs. Mais si en mettant » par écrit des principes aussi pernicieux, et » des préceptes aussi impies que celui de livrer » les divines écritures, ils ne rompoient pas » les liens de l'unité; ils ne formicient poist » d'assemblées

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» d'assemblées particulieres, ils ne te spa» roient point de l'église, on devroit les regarder comme une ivraie mêlée avec le fro» ment dans le même champ du pere de famille, et qui ne seroit pas un juste sujet, ni » de sortir de ce champ mystérieux, ni de se séparer du froment (1)».

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Ce texte de S. Augustin doit vous causer un grand étonnement. Il est certain toutefois qu'il n'exprime que la doctrine commune de toute l'église. Daignez donc, on vous en conjure, y penser sérieusement, et répondre à la question suivante: Promettre soumission aux loix de la république, est-ce à vos yeux un crime plus noir, une plus monstrueuse prévarication, que de livrer les saintes écritures aux infideles pour être brûlées, et que d'ériger même en principe cette horrible profanation? J'ai peine à croire que la prévention ait égaré votre raison jusqu'au point de vous faire répondre, oui. Mais on peut vous accorder vos plus étranges suppositions et vous confondre. Je veux donc que les, ministres du culte catholique, en promettant soumission aux loix de la puissance publique, aient, en cela commis un crime aussi grand ou plus énorme que celui de livrer les livres saints aux flammes et à la profanation des impies, plus détestable que celui de justifier ce sacrilege, et d'en faire un principe de conduite.

Dans cette hypothese même, ce seroit encore de votre part, au jugement de S. Augustin, une

(1) S. Aug. Cont. Crescon. L. 3, c. 37, D. 42. Tome II. No. 14.

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intolérable témérité, un crime sans excuse de rompre de communion avec ces ministres du eulte catholique, et de fuir les assemblées. qu'ils président. Car le saint docteur soutient, au nom et avec le consentement de l'église, que quand même un pasteur seroit assez malheureux pour livrer les écritures aux impies, qui ne les demandent que pour les réduire encendres et abolir la religion; quand il pousseroit l'aveuglement, l'audace, l'impiété jusqu'à soutenir dogmatiquement qu'on peut et qu'on. doit, pour éviter la persécution, livrer ce sacré dépôt, il ne seroit pas permis de rompre de communion avec lui, tant que lui-même ne feLoit pas de schisme avec l'église; qu'on devroit, à la vérité, détester sa conduite, et encore plus son abominable erreur; mais qu'il ne seroit pas permis de fuir sa communion, ni de refuser les sacremens de sa main; qu'il faudroit, au contraire, imiter la sage condescendance de l'église, et attendre, pour le fuir, qu'elle l'eût déposé et retranché de son sein avec les complices de son crime ou de ses erreurs, ou qu'ils eussent d'euxmêmes pris le parti de se retirer pour tenir à part leurs assemblées. Se séparer d'eux avant ce jugement, ou cette apostasie extérieure et consommée, ce seroit abandonner le champ du pere de famille; ce seroit se séparer du froment, sous prétexte, de fuir l'ivraie; ce seroit, par une entreprise téméraire et sacrilege, usurper une autorité qui n'appartient qu'à Féglise.

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Vous voilà nettement condamnés par les principes de S. Augustin, ou plutôt de touts Féglise. Les ministres du culte catholique parmi

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