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dominant et général. De la conduite que vont tenir les ecclésiastiques de France, dépend pour eux la plus grande latitude de protection de la part du Corps Législatif.

Nous ne devons pas laisser ignorer à nos lecteurs, cette anecdote qui a droit peut-être d'intéresser toutes les anies sensibles. Le citoyen Sicard, instituteur des sourds et muets, se trouvoit à l'une des tribunes du Conseil des Anciens au moment où l'impression du discours de Portalis fat ordonnée, et où la résoJution fut unanimement rejettée. L'éloquence de l'orateur, ses principes solemnellement avoués, la justice qui triomphe le remplissent d'un saint enthousiasroe; il manifesse au dehors toute la joie de sou ame, il applaudit; aussitôt des cris d'improbation se font entendre. Il est défendu par la loi de police de l'assemblée de donner aucun signe publie dans son sein, d'approbation ou d'improbation. Le c. Sicard l'ignoroit; il est arrêté, conduit à la salle des inspecteurs, et aussi-tôt mis en liberté. Et telle est la lettre qu'il a cru devoir écrire au président du Conseil des Anciens.

LETTRE du citoyen Sicard, instituteur des sourds-muets de naissance, au président du Conseil des Anciens.

Citoyen Président,

J'ai commis, hier, à la séance du Conseil 'des Anciens, une faute matérielle, sur laquelle

je crois lui devoir une explication franche et loyale.

Une importante question de laquelle dépendoit le sort de vingt mille individus, dont je m'honore de partager l'état utile et respectable, devoit être discutée, et le sort de ces infortu nés devoit y être décidé. Le rejet de la réso lution fut mis aux voix; et tout le Conseil des Anciens se levant à-la-fois, m'offrit, par cet assentiment général, un spectacle si majes tueux, qu'ignorant parfaitement les réglemens de police de la salle, j'applaudis au grand acte de justice dont je venois d'être témoin. On doit pardonner peut-être à celui dont le langage est presque toujours celui des signes manuels, de n'avoir pû contenir son admiration, et de l'avoir exprimée, à sa

maniere.

C'est moins, je l'avoue, citoyen président, à ce triomphe éclatant des principes éternels de la justice, dont je n'avois jamais douté, 'qu'à cette unanimité majestueuse, à cet accord si touchant des mêmes sentimens pour les droits de l'humanité, respectés par toutes les nations, que j'ai applaudi en ce

moment.

L'arrêt venoit d'être porté, le jugement de mes heureux confreres avoit été prononcé; je crus la séance terminée, ou plutôt je ne réfléchis à rien. Toute mon ame s'abandonna à la délicieuse manifestation de ma joie. Tous les infortunés dont les fers venoient d'être brisés, se présenterent à ma pensée, et je me livrai alors avec transport à des applau

dissemens qui sesont certainement répétés par

la France entiere.

Salut et respect.

Paris, ce zo fructidor, an 4.

Séance du

fructidor.

SICARD.

Il paroît que le Conseil des Cinq-Cents incline vers la tolérance des cultes, et la résolution qu'il vient d'adopter nous assure qu'il n'est plus impitoyable envers les prêtres qu'il vouloit déporter, il y a trois mois.

Le Conseil adopte la résolution ajournée il ya quelques jours, et qui autorise les prêtres réclus à jouir de leurs biens.

Beffroy fait à cette occasion un tableau déchirant des maux auxquels ces malheureux sont en proie; plusieurs ont été enfermés quoiqu'ils aient prêté le serment de fidélité à la république, et ils ne sont pas nourris aussi sont-ils obligés de vendre jusqu'à leurs che

mises.

Dumolard fait sentir qu'il seroit temps de ne plus punir des citoyens qui ne sont convaincus d'aucun crime. Il demande, et le Conseil arrête, qu'il sera fait un message au directoire, pour qu'il fasse connoître le nombre des prêtres mis en réclusion, les motifs qui les y ont fait mettre et le traitement qu'ils éprouvent.

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LITTÉRATURE.

OUVRAGES relatifs à la résolution du floréal contre les prêtres catholiques.

27

Le discours prononcé par le citoyen Portalis à la tribune du conseil des Anciens le 8 fructidor est un chef-d'oeuvre en ce genre. Nous en rendrons, ainsi que nous l'avons dit, un compte détaillé dans notre prochain N Mais un ouvrage que nous ne devons pas taire est celui du citoyen Godard, intitulé: Examen critique et raisonné de la résolution du 27 floréal, an quatrieme, relative aux prétres, dits REFRACTAIRES, et des motifs sur lesquels on prétend l'appuyer.

Cet ouvrage de quatre feuilles d'impression in-8°. a été imprimé dans la nuit du 5 au 6 fructidor par le zele du citoyen Le Clere, qui secondant les travaux de l'auteur, fit distribuer lui-même, à la séance du 6, des exemplaires à chacun des députés qui devoient dé cider du sort de vingt mille ecclésiastiques. C'est le second écrit que le citoyen Godard a publié sur cette matiere. Celui-ci ne laisse rien à désirer sur les principes constitutionnels du catholicisme et de ses prètres, relativement á Pobjet de la résolution. Il est écrit avec cette sagesse et cette modération qui doivent carac tériser la vérité. Nous invitons les ecclésiasti ques et les fideles à se pénétrer de l'esprit qui regne dans cet Examen, esprit de paix et de charité, esprit de soumission et de hide

lité, digne de la cause la plus juste qui fut jamais.

L'ouvrage ci-dessus se trouve chez Le Clere, à l'adresse des Annales, et se vend 12 s. et 16 sols, franc de port.

DISSERTATION sur la soumission et l'obéissance aux loix de la République française, et sur le serment de la liberté et de l'égalité..

Nous avons déja parlé des deux objets qui font la matiere de cette dissertation, mais nous aimons à l'annoncer à nos lecteurs comme traitant à fond ces deux questions intéressantes et sur lesquelles il est important de réunir toutes les opinions.

Cette dissertation est sous presse et verra bientôt le jour.

Parmi les ouvrages apologétiques de la religion qui viennent de paroître et dont on ren-" dra compte incessamment dans ces Annales, nous comptons en ce moment deux ouvrages essentiels, dont l'un nous offre un développement complet du culte catholique, et l'autre repousse les blasphêmes d'un sophiste modernequi, marchant sur les traces des impies qui l'ont précédé, ne voit dans la religion de J. C. qu'une fiction astronomique, dans J. C. et la Ste. Vierge et les douze apôtres, que le soleil, la lune et les douze signes du zodiaque.

Le citoyen Dupuis, auteur de ce bizarre systême, pourroit, à ce prix, nier l'existence de Louis XIV, de la reine son épouse, et des douze pairs de France qui vivoient sons son regne, pour ne voir de même en leurs per

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