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rale amphibie qui, placée entre le fana tisme et l'athéisme, peut encore être une impiété, et non de cet évangile bicolore dont prennent également leur part les anti-fanatiques et les anti-athées.

Ils ont même conçu le projet d'un concile national. Mais ce qui leur fait le plus d'honneur, c'est qu'ils y ont pensé avant vous, et que vous ne leur avez pas même suggéré ce projet magnifique et cette idée mere.

Ils l'exécuteront sous la garantie de la loi républicaine dont ils sont les amis. Les amis

c'est bien tendre. Mais vous savez que la loi républicaine est un peu ombrageuse. Je desire bien cependant qu'elle se laisse enfin toucher à toutes vos tendresses. O le beat jour pour vous! Vous n'y verrez pas, il est vrai, comme au concile de Nicée, un empereur Constantin venir au-devant de tous ces nouveaux confesseurs de la foi, et baiser avec respect leurs cicatrices vénérables; mais vous y verrez le grand maître de cérémonies qui, enchanté de votre modestie et du spectacle ravissant que vous aurez donné, vous pres sera contre son cœur et vous étouffera de ca

resses.

En attendant cette époque à jamais me morable, qui doit amener infailliblement la paix de l'église, je vois avec une indicible satisfaction que vous travaillez sans relâche à nous y préparer. Je vois que vous commencez à yous familiariser avec certains mots de l'ancienne discipline de France, qui vous effarou choient tant que vous aimez encore mieux parler de votre diocese que de votre dépar

tement,

t

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tement, et de votre évêché de Blois que de votre évêché du Cher. On dit même qu'on ne vous fait nulle peine quand on vous appelle provisoirement archevêque ne fut-ce que pour vous rapprocher de Fénélon et lui ressembler par le titre, comme vous lui ressemblez par l'éloquence. Déja même vous nous annoncez, pour les prochaines élections, le concours du clergé et du peuple; du clergé même qui aura la prépondérance, puisqu'il est nommé le premier. Changement qui, entre nous, fait grand plaisir à vos ennemis, qui ont tant jetté les haut cris contre cette constitution incivile qui ne disoit pas un seul mot de ce malheureux clergé. C'est donc ainsi qu'insensiblement tout s'achemine vers le rapprochement des esprits. Au reste, j'apprends que vous avez demandé un congé pour faire à Blois une nouvelle caravanne. Il n'y a qu'un cri après vous, et tout languit depuis que vous n'y êtes pas. On est seulement embarrassé comment vous recevoir, d'après votre nouvelle dignité, et on dispute beaucoup sur le cérémonial. I paroît cependant à-peu-près décidé que vos seuls grands vicaires iront au-devant de vous, et que, pour éviter les frais, vous garderez, à votre entrée, le plus parfait incoguito. On dit encore que vous devez y arriver chargé de deux gros sacs sur le dos: l'un bourré de mandemens pour le carême, d actes du synode de Versailles, de lettres pacifiques, et sur tout de lettres encycliques, premiere et seconde. L'autre plus bourré encore de catechismes républicains, d'oeuvres morales du directeur en chef de l'instruction publique, de Tome II No. 20.

-V

rapports sur les fêtes décadaires, de rapports sur les costumes, où le vôtre, par modestie, n'est pas compris, et sur-tout de rapports trèsédifians sur la canonisation de J. Jacques, signé Lakanal. Ainsi muni de cette double pacotille de lumieres philosophiques et de lu mieres théologiques, il est impossible que l'œuvre de Dieu ne prospere pas. Ainsi soit-il.

N. B. Nous demandons pardons à l'auteur de cette piece ingénieuse d'en avoir adouci, sans son aveu, certains traits, à bout portant, et retranché quelques expressions qui nous ont paru trop dures, quoique assez justes. Nous le prions de vouloir bien, à l'avenir, se modérer davantage. Nous croyons cependant n'a voir pas affoibli la force des raisonnemens qu'il sait si bien mêler avec la force des ridicules. Cette forme même nous a paru d'autant plus propre à éclairer les esprits, qu'il n'est gueres possible de réfuter sérieusement des prétentions extravagantes. Quand l'auteur nous auroit prouvé gravement, d'après Van Espen et tous les autres canonistes, que Grégoire s'est ins tallé lui-même, d'après ses propres regles, d'après des regles provisoires qu'il a faites lui-même, d'après des regles qui contrarient tout à-la fois, et la discipline universelle ancienne qui a toujours donné l'exercice de la jurisdiction au Presbytere, pendant la vacance du siége, et la discipline universelle actuelle, qui, notamment, depuis le concile de Trente, la laisse aux Cathédrales, à quoi auroit servi cette dépense d'érudition? Que fait à l'église

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la Métropole provisoire de Grégoire qui n'est pas dans l'église? Nous invitons donc l'auteur qui manie si bien l'arme de la plaisanterie de s'en servir de temps en temps, pourvu qu'il en soit sobre, le priant seulement d'oublier d'autant moins les sentimens de la charité, que les hommes qu'il combat, en ont besoin davantage.

A M. SICARD,

Rédacteur des Annales Religieuses.

MONSIEUR,

Votre courageuse sensibilité vous a rendu le bienfaiteur de tous les prêtres qui ont été victimes de leur fidelité; ils doivent au zele et à la sagesse de vos réflexions l'aurore des jours moins nébuleux, qui sembient devoir bientôt luire pour eux. J'ai singuliérement à ne féliciter de ce qu'une personne que je ne puis ni trop estimer, ni trop aimer pour elle-même, vous a inspiré un intérêt particulier à ma situation; parini les bienfaits sans nombre, dont ses efforts m'ont comblé, je mettrai toujours celui de m'avoir facilité votre connoissance au premier rang.

Vous voudriez, Monsieur, des détails sur les événemens qui ont troublé mon existence. Une lettre ne peut vous satisfaire. J'ai consigné ceux qui m'ont atteint dans le cours de la révolution, dans un journal en forme de lettres, que je vous ferois volontiers passer, si je ne craignois de fatiguer votre patience par la longueur; il forme environ 40 pages in-4°. de mon écriture. En attendant que vous me le permettiez, je vais vous faire un précis des différentes époques de ma vie.

V 2

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Je suis entré chez les Jésuites en 1746, j'avois alors seize ans commencés. J'y ai passé dix-sept ans, et je n'ai fini qu'avec eux. Lorsque le parlement de Bourgogne prononça la dissolution du corps, j'ensei guois la philosophie au college d'Autun ; j'avois enseigné auparavant les mathématiques, un an à Ponta-Mousson, un an à Rheims et cinq ans à l'école royale d'artillerie à Strasbourg. Privé, par celle premiere révolution, de mou état, conforinément à l'édit de Louis XV. Je rentrai dans le diocese de Nevers où j'étois né. Ma famille, qui toute honnête qu'elle est, me fut jamais aisée, ne fut pas la seule à m'accueillir avec bonté. M. l'évêque de Nevers s'empressa de m'employer; il me donna sur-le-champ un petit bé néfice-cure de quatre à cinq cents livres de rente, en attendant une place plus analogue à mes forces; je n'avois alors que trente-trois ans. Quoique plusieurs fois ce vénérable prélat m'ait offert des places meilleures, je l'avois toujours remercié, jusqu'à ce qu'au Fout de dix ans, il m'ait comme forcé de me charger de la cure de la ville de Château-Chinon, ma patrie. C'est dans ce poste que la révolution m'a trouvé. Des le 25 août 1792, je fus arrêté avec tous les curés de mon archi-prêtré, qui étoient restés fideles. La loi de la déportation et de la réclusion n'étoit pas encore publice, mais elle étoit annoncée dans les papiers publics, c'en fut assez pour échauffer le zele des membres du district de ina résidence. Cette premiere détention qui fut assez sévere, ne dura qu'onze jours. J'eus encore une apparence de liberté jusqu'au to novembre suivant, que je fus obligé de me rendre á la maison de réclusion de Nevers, où trois mois après on transporta mon frere, ex-jésuite comme moi, qui n'avoit jamais éte fonctionnaire public. Nous sommes restés seize mois et demi dans ce chef-lieu du département de la Nièvre on nous y avoit donné un geolier, né avec tous les talens capables de donner 'essor le plus caractérisé à la barbarie. Il n'est point d'outrages qu'il nous ait épargnés ; il nous a pillés, depouillés de tout ce qui avoit échappé a la fougueuse rapacité de nos autorités constituees. Sans cesse oc

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