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siez-vous, courage, citoyens; Léopold vient de mourir, la reine de Portugal est tombée en démence, et Gustave, est assassiné. Quel langage! grand Dieu! pour un homme qui se dit évêque, c'est-à-dire, pour un homme de douceur et de paix; un homme dont la premiere gloire est d'abhorrer le sang; un homme tellement destiné, par état, à prêcher la charité et le pardon, qu'un seul de ses suffrages en un jugement criminel quelconque, est pour lui une flétrissure, suivant les saints canons, et une irrégularité qui le prive, à l'instant, de toutes ses fonctions. Ici, monsieur, mettez la main sur la conscience, si elle vous parle encore, et dites-nous, en vertu de quelle dispense vous montez à l'autel.......

Vous voyez donc que vous avez toujours eu la morale du moment; car celle des assassinats étoit alors en vogue. C'est ainsi que vous avez pris toutes les formes, comme vous avez joué tous les rôles. Aujourd'hui vous faites le patelin, alors vous étiez un énergumene. Aujourd'hui vous prêchez le pardon parce qu'il vous est nécessaire; alors vous parliez le langage d'un forcené propagandiste. Aujourdhui vous singez le zele des Matathias et des Phi nées, et alors vous placiez la statue de Brutus à côté des saintes images; et je vous ai vu. célébrer la messe au pied du buste de Mirabeau. Aujourd'hui vous déplorez le renver+ sement des statues, et alors vous vouliez décanoniser Saint Louis, patron de Blois; et il n'a pas tenu à vous que sa statue ne fût enlevée. Aujourd'hui vous feignez de tonner

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contre les apostats et les traditeurs, et alors vous n'aviez pour vicaires, (à quelques-uns près), que des terroristes connus et pour confidens que des clubistes déshontés. Je dis pour confidens; car je ne l'ai jamais été. Vous aviez trop de défiance de mes sentimens pour me communiquer les vôtres. Mais votre conduite parloit assez, et je n'avois que faire d'être admis à votre intimité pour juger votre épiscopat que j'ai vu de si près. Et voilà, monsieur, ce qui n'a pas peu contribué à me dessiller les yeux. C'est la composition de votre Sanhedrin qui me faisoit horreur. C'é toit de me voir associé avec ce que le jaco binisme avoit de plus sale et de plus sa guinaire, avec les Chabot, les Tolin, les Vaugeris, les Rochejean, les Plessiart, les Rebeccaut et autres collegues infâmes avec lesquels vous vous vantiez de renouveller l'église de France. C'étoit votre conduite personnelle, ce mêlange monstrueux de ce qu'il y avoit de plus saint et de plus profane: cet amalgame adultere de religion et de philo sophie, qui, le matin vous faisoit monter à l'autel, et le soir, vous jettoit dans les clubs; qui aujourd'hui vous faisoit faire des homélies sur le dimanche, et demain des pathos sur les fêtes décadaires; qui tantôt vous pous soit dans la chaire, l'évangile à la main, et tantôt dans les comités pour fabriquer ces cathéchismes à la Mabli et à l'Helvétius; et qui ne vous laissant jamais ni rien de fixe dans vos actions, ni rien de clair dans votre langage, ne faisoit de vos sermons que des lo

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gogryphes, de votre profession de foi qu'un pot-pourri, et de votre pontificat qu'une pasquinade.

N'en doutez pas, monsieur, Dieu s'est servi miséricordieusement de ce moyen sensible pour me ramener à lui. D'abord séduit par des espérances, j'ai été détrompé par les résultats. J'ai commencé par croire bonnement à la réforme du nouveau clergé ; mais quelle a été n'ai vu en lui que ma surprise, quand je n'ai vu en les troupes auxiliaires de Pimpiété et les soldats de l'athéisme! Tant d'abominations réunies à tant d'inconséquences, ont produit en moi le dégoût, le dégoût a produit le doute; le doute, l'examen ; l'examen, la conviction; et la conviction, le repentir. Telle est la généalogie de mes sentimens et l'histoire abrégée de mon retour. Accusez-moi, si vous voulez, d'inconstance. Oui, certes, je suis inconstant, et Fénélon l'a bien été aussi. Je suis inconstant comme tous ceux qui, après s'être égarés, reviennent à leurs devoirs. Il a bien fallu que je vous quittasse pour retrouver P'église. Il a bien fallu que je changeasse de place 2 pour me trouver dans le bon cheanin. J'ai eu la foiblesse d'errer, je n'ai pas eu l'orgueil diabolique de persévérer, et il est inutile de vous citer, à cet égard, la maxime si connue d'un pere. J'aime mieux être inconstant qu'opiniâtre; inconstant que rebelle. Je préfère la paix de l'ame dont je jouis, à l'entêtement déplorable de ne vouloir pas reculer. Que m'importe d'être inconstant, si je me sauve? Puissé-je vous voir donner dans cette honorable inconstance! Vous ne sericz

pas le premier chef de parti à qui Dieu auroit fait cette grace. Mais, au nom de tout ce que Vous avez de plus cher, ne la négligez pas. Pour moi, il n'y a point de satisfaction et d'humiliation auxquelles je ne sois décidé pour la conserver. Je veux rester dans le sein de l'église, qui a eu l'indulgence de m'y recevoir. Croyez-moi, il ne nous reste plus qu'un honneur auquel nous puissions prétendre, c'est celui du repentir; et comme votre aîné, j'ai dû vous en donner l'exemple.

NUSSE.

S

a

Au Rédacteur des Annales Catholiques.

MONSIEUR,

Vos Annales étant destinées à recueillir tout ce qui intéresse la religion, j'espere que vous voudrez bien y donner place à la relation cijointe, de la conversion d'une jeune juive. Elle consolera les personnes religieuses de la perte de tant d'ames, qui, nées dans le sein de la vraie religion, l'abandonnent pour se livrer au schisme et à l'impiété.

J'ai l'honneur d'être, etc.

DAUBRIVE, un de vos abonnés.

Coiffy, Haute-Marne, 6 octobre 1796.

La vérité toujours triomphera de l'erreur et du mensonge. Le dimanche, 18 septembre dernier, une fille juive, âgée de dix-neuf ans,

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docile à la voix bienfaisante qui, depuis plusieurs années l'appelloit au salut, exécuta généreusement le dessein qu'elle avoit conçu de se faire chrétienne. Depuis plusieurs mois elle recevoit les instructions des cathécumenes, et chaque jour elle goûtoit avec un plaisir nouveau les vérités fondamentales du salut que lui enseignoit une personne de son sexe, plus jeune qu'elle; mais consommée dans la vertu, et dont les exemples persuadoient son éleve autant que ses discours pouvoient la convaincre. Ce temps d'épreuve écoulé, arrive le jour heureux que cette éleve de la foi desi- roit avec tant d'ardeur. Quel spectacle touchant pour toutes les ames sensibles et religieuses! Mais quelle jouissance pour moi d'être chargé, dès l'aurore de ma carriere évangélique, d'une cérémonie si intéressante et si glorieuse pour la religion!, Je commençai les prieres et les invocations (1) à neuf heures du matin, au pied de l'autel, et la voix de tout un peuple se mêlant à celle du prêtre, s'élevoit jusqu'au trône des miséricordes pour solliciter la conversion sincere de cette ame ra

(1) Il n'est rien de si simple, et en même temps. de si sublime, que les prieres et les invocations, et en général tous les rites en usage dans les cérémonies du baptême des adultes; mais il est peu de chrétiens qui les aient présens à la mémoire. Cette ignorance du premier des sacremens est déplorable. Nous ne saurious trop recommander, à cet égard, la lecture de ces cérémonies, expliquées dans l'excellent ouvrage DU CULTE PUBLIC par Jauffret deuxieme partie, second discours. Cet ouvrage en deux volumes in-8°. se trouve chez Le Clere; prix 6 liv. et 7 liv. 10 s. port franc.

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