Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

elles une invincible fermeté aux tyrans de leur conscience; et la postérité saura que de quatre mille filles de Vincent de Paule, il n'en est pas une seule que la violence ou la misere ait pu déterminer à se déshonorer par un parjure. Voilà des faits notoires, authentiques, incontestables. Ce n'est pas ici un événement isolé qui se passe dans un coin de la Belgique, et dont un commissaire fait passer le procèsverbal à un tribunal de la Dyle, Ce sont des événemens répétés aux quatre coins de la France, et qui seront traduits par toutes les bouches au tribunal de l'Europe.

[ocr errors]

Mais que font maintenant ces philosophes qui croient se disculper de tout avec le regne de la terreur? Quelle a donc été leur conduite, depuis qu'ils ont été forcés de prendre des principes plus modérés? Quels moyens ont-ils pris depuis pour soulager, pour consoler ces infortunées religieuses? Ils les ont fait sortir de prison après le 9 thermidor; mais il faudroit apprendre à l'univers entier que c'est au moment même où étoient proclamés si fastueusement les grands principes, où les grands mots de justice et d'humanité étoient dans toutes les bouches, on supprima sans pudeur une partie de leur traitement, déja insuffisant pour vivre (1). Aujour

(1) Ce fut cinq semaines après le 9 thermidor, c'està-dire, dans la plus grande exaltation de l'humanité philosophique, que fut porté le décret qui diminuoit le traitement des religieuses, dont le maximum étoit de 700 liv. et celui des prêtres, dont le maximum étoit de 10co liv. On ne sait ce qu'il faut ici admirer le plus, ou de l'humanité ou de l'économie des philosophies.

[ocr errors][ocr errors]

d'hui même, ce traitement n'est plus qu'une dérision, un vain mot comme tout le reste; et tandis que leurs saintes retraites sont changées en des lieux de prostitution et leurs églises en cavernes de voleurs, elles n'ont pas où reposer leurs têtes. Peu contens de les livrer à toutes les horreurs de la misere, on veut encore les livrer à la risée publique; on les joue sur le théatre; pour insulter à leur vertu, on insulte à la vérité, et pour tromper sur leur état présent, on calomnie leur état ancien. Ses abus, on les dénature; ses vices, on les invente; ses rigueurs, on les exagere; ses douceurs, on les dissimule; et comme s'il pouvoit y avoir une regle plus dure que les loix auxquelles on les soumet, d'autorité plus insupportable que celle qui les opprime, de clôture plus triste que l'abandon où elles vivent, il n'y a pas jusqu'à leurs bourreaux qui n'aient encore l'affreuse hypocrisie de se donner pour leurs libérateurs, et de s'offrir à leur reconnoissance. Ainsi les philosophes ne sont pas moins barbares, soit qu'ils plaignent, soit qu'ils écrasent leurs victimes; ainsi il n'ont fait que changer, avec le temps, leurs moyens d'oppression; ils n'ont rien changé dans leur but. Les premiers persécuteurs n'ont pas dressé les échafauds, mais les ont préparés. Ensuite sont venus les philosophes égorgeurs qui ne voulant pas nourrir les religieuses, cherchoient au moins à s'en débarrasser par le plus court chemin; et à ceuxlà ont succédé les philosophes modérés ; ces caffards de leur secte qui n'osant ou ne pouvant plus les condamner à la mort, ne font

de l'existence de ces infortunées qu'une longue et pénible agonie.

Mais si la philosophie est affreuse, combien la religion est grande! Quel spectacle plus beau que celui qu'ont donné au monde les religieuses de France, et à leur imitation les religieuses de la Belgique (1)! Quel attachement inviolable à leur état! Quelle douleur au sortir de leur doux asyle! Quelle fermeté à repousser le bienfait dérisoire de leur liberté, opéré enfin par la force! Quelle pureté de vie au milieu de la corruption du siecle où elles sont rentrées! Quelle admirable abandon à la providence! Combien il en est peu qui aient manqué à la sainteté de leurs vœux! Combien qui ajoutent encore toutes les austérités de leur regle, à toutes les privations ameres auxquelles un monde injuste les condamne! Filles respectables, victimes doublement sacrées, puisque vous l'êtes, et par la vertu, et par le malheur! recevez ici l'hommage de toutes les ames pures et sensibles; honorez-vous de plus en plus par votre héroïque résignation et votre invincible patience! C'est la seule vengeance qui soit digne de vous; c'est la plus belle réponse que vous puissiez faire à vos perfides détracteurs qui ont bien pu vous dépouiller, vous opprimer, mais non vous enlever ces biens précieux,

[ocr errors]

(1) Les religieux de la Belgique ont tous donné le même exemple de fermeté, de courage, d'amour pour leur état; ainsi qu'on peut le voir dans la protestation solemnelle qu'ils ont adressée au corps législatif, et que nous avons insérée dans nos Annales.

inaccessibles à toutes les violences, la pair du cœur qui console de tout, et Dieu qui vous tient lieu de tout.

La Vérité et la Sainteté du Christianisme, vengées contre les blasphemes et les folles erreurs d'un livre int!tulé: Origine de tous les Cultes, ou Religion universelle, du citoyen Dupuis; par l'auteur de l'Apologie de la Religion chrétienne, 1 vol. in-8°. de 524 pag. 4 liv. 10 s. pour Paris, et 6 liv. franc de port, pour tous les départemens.

L'ouvrage que nous annonçons est fait pour tenir une place distinguée dans nos Annales ; et c'est un reproche que nous nous faisons de n'avoir pas mis autant de promptitude à le faire connoître, que l'auteur en a mis à le composer. Le livre de la Religion universelle qu'il combat, est un des plus grands scandales de ce siecle. C'est l'athéisme dans toute son horreur ; c'est l'irréligion sous les formes les plus hideuses. Jamais le blaspheme ne s'exhala avec plus de fureur; jamais la haine du christianisme ne s'exprima avec plus de virulence. On auroit pu livrer au mepris cette production d'un homme en délire, au-lien de la réfuter sérieusement; mais si on eut pris ce parti, les incrédules, qui sont d'une ignorance profonde sur tout ce qui regarde la religion, n'auroient pas manqué de prôner les sophismes de cet audacieux, comme des argumens invincibles. On a donc jugé nécessaire de lui répondre, et l'auteur que nous analysons l'a fait d'une maniere à le couvrir d'une confusion éternelle, si les athées avoient quelque respect pour l'opinion publique. La marche de Dupuis est tortueuse, amphigourique, digne du chaos où il veut nous plonger avec les supercheries des oracles, il en a les ténebres. Il se noie et se perd dans ses citations. Sa compilation le surcharge, et avec lui, tous ses lecteurs succombent sous le poids. Celle de notre auteur est ferme, lumineuse, digne de la ve

[merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors]

sa

rité qu'il défend. Il n'est savant que pour sa matiere, et son érudition se. fond tellement avec logique, qu'elles ne font qu'une seule et même chose. Le systême de M. Dupuis se réduit à quatre propositions principales :

1o. C'est de la philosophie orientale, de Zoroastre sur-tout, que les Juifs ont emprunté leurs dogmes de la création du monde, de la tentation et de » la chûte de l'homme, de la promesse d'un réparateur, leurs rites, leurs cérémonies, etc. D'où il résulte, dit Dupuis, que la religion judaïque, » n'est qu'une fable ou une pure allégorie, copiée sur ces fictions sacrées des Orientaux ».

« 2°. La religion judaïque étant la source et le » fondement de la religion chrétienne, la réalité his» torique du Christ, le christianisme tout entier dé

pend de la vérité des trois premiers chapitres de » la Genese. Si tout ce qu'on y raconte de la créa» tion du monde, de la tentation et de la chûte de » nos premiers parens, de la nécessité et de la pro

messe d'un réparateur, n'est qu'un tissu de fictions » et d'allégories, le Christ non plus ne fut jamais » qu'un personnage imaginaire, et la religion chré» tienne qu'une pure fiction ».

[ocr errors]

« 3°. Par une suite naturelle de cet égarement Dupuis prétend que les chrétiens, qui ont le mieux » connu leur religion, n'ont, sous le nom de Christ, » ni entendu, ni adoré que le soleil, parce que tous, » les mysteres et tous les événemens de la vie du » Christ, tels qu'ils sont racontés dans l'évangile, » ne sont, sous ces emblêmes, que les phénomenes » annuels ou journaliers de la nature, les courses » du soleil dans les différens signes du zodiaque, et » les effets qui en résultent pour les régions sublu

»> naires ».

4. Dupuis soutient enfin que le christianisme » pris dans le sens que lui a donné le commun des » chrétiens, dans tous les lieux et tous les temps » n'est qu'une institution bizarre, folle, révoltante affreuse, qu'on ne peut assez tôt exterminer et » proscrire».

[ocr errors]
« ZurückWeiter »