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leur ôte souvent tous les moyens de nuire, par l'excès même de leurs égaremens.

Nous regrettons de n'avoir pu être les premiers à annoncer que le conseil des anciens, dans la séance du 14 frimaire, a approuvé la résolution des cinq cents, relative à la loi du 3 brumaire. Nous l'aurions fait avec d'autant plus de satisfaction, qu'elle intéresse les prêtres fideles d'une maniere particuliere, et sur-tout nos freres infortunés détenus dans les fers, en vertu de cette loi.

Goupil a retracé, dans cette séance, toute l'injustice et la barbarie des loix rendues contre les prêtres, dits réfractaires, sous le régime révolutionnaire, loix qui reprennent toute leur force, a-t-il dit, si la résolution n'est pas approuvée. Il a cité l'exemple d'un ecclésiastique reconnu par tout son canton, pour un homme de bien, et qui, ayant refusé de préter le serment, ne devoit, aux termes de la loi du......, subir d'autre peine que celle de la privation de son traitement. Les meneurs du club firent contre lui une dénonciation vague d'incivisme, et forcerent les administrateurs du département à prononcer sa déportation à la Guyane. Il échappa à cette injustice en se cachant. Mais de mauvais sujets l'ont découvert chez son pere, et voilà ce vieillard vénérable obligé de monter à l'échafaud pour avoir obéi à la tendresse paternelle. Il suffira de constater l'identité de son fils, qui, arrêté hier, va marcher au supplice aujourd'hui. Tous deux vont périr, parce que l'article X de la loi du 3 brumaire sub

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siste encore. Pouvez-vous, a-t-il ajouté, refuser d'approuver une résolution qui rapporte une loi aussi atroce ?

La résolution a été approuvée à la majorité de 106 voix contre 68.

Ainsi la cause détruite, l'effet doit tomber avec elle. Il est actuellement démontré que la commission chargée du travail des prêtres détenus n'a plus d'objet. Les anciens, en sanctionnant l'amendement de la résolution relatif aux prêtres, viennent d'ôter jusqu'au moindre prétexte de leur incarcération. Cette captivité cruelle, si elle se prolongeoit encore, seroit un double scandale qui outrageroit également les loix de la république et celle de la nature, les principes de la constitution et les regles éternelles de la justice. Eh! qu'attendroit-on encore? N'y a-t-il pas en assez de persécutés ? N'y a-t-il pas eu assez de martyrs? Ne les a-t-on pas assez punis de leurs vertus? Et tandis que de vils amnistiés, couverts de crimes, jouissent, sous les yeux même de la loi, de leur ignominieuse liberté, laissera-t-on dans les cachots ces hommes vénérables, que n'a pu même atteindre le plus léger soupçon? Législateurs! si la gloire de la nation, si votre propre honneur, si le cri de l'humanité ne sont pas de vains noms, brisez les fers de ces victimes héroïques dont nous nous glorifions de partager les sentimens. Rendez à la société nos amis respectables, qui, après en avoir été les instituteurs et les percs, en seront encore les exemples, et dont la république a d'autant moins à craindre, qu'ils ont eu le courage de tout sacrifier, plutôt que de la tromper.

Au Rédacteur des Annales Catholiques.

J'ai vu avec bien de la reconnoissance ma lettre, que vous avez eu la bonté de rendre publique (à ma priere), dans votre journal No. 17. J'ai lu à la suite, l'explication claire et précise que vous avez pris la peine de me donner sur la proposition que vous aviez avancée No. 14. Sans vous affadir des éloges qu'elle mé rite, je me borne à vous dire que je me ferai un devoir de ne m'écarter jamais de votre décision; d'après les bonnes raisons dont vous l'étayez, c'est la prudence et la sagesse qui parleut par votre bouche. Mais, MM., une difficulté bien plus sérieuse va se présenter, je vous prie, de grace, de venir à mon secours et de me tirer d'embarras. La voici.

Le terrible décret du 3 brumaire sera bientôt rapporté; les prêtres catholiques ne seront plus inquiétés pour leurs opinions religieuses, et les églises leur seront ouvertes dans les départemens pour y célébrer librement leur culte; tout l'annonce, et Dieu le veuille!.... Mais qu'arrivera-t-il infailliblement dans la plupart de ces églises? Des prêtres constitu tionnels demanderont d'y être admis on ne peut, d'après les décrets le leur refuser; ils y célebreront les saints mysteres ; quoique frappés d'une suspense qui les rend sacrileges et irréguliers dans toutes leurs fonctions, d'après le bref du 13 avril 1791. Ils rendront ainsi nos temples profanes. Que fera le pasteur catholique? Quittera-t-il la place qu'il occupe utilement pour la gloire de Dieu et le salut

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des ames? Abandonnera-t-il un grand troupeau qui le suivoit avec ardeur et l'écoutoit avec fruit, pour l'exposer à la merci d'un intrus sans mission? Que de maux je prévois ! que de suites fâcheuses! Vous les prévoyez comme moi, MM.! Quel moi, MM. Quel triomphe pour l'église nouvelle, qui ne date ne date que du 24 février 1791, jour où l'évêque d'Autun imposa ses mains sacrileges aux évêques intrus. L'epinion des évêques de Langres, de Tarbe et de beaucoup d'autres, qui est, qu'un temple n'est point profané parce qu'un schismatique ou un hérétique y a célébré les saints mysteres, me paroîtroit bien probable, et la plus sûre à suivre dans les circonstances!.... Un mot de réponse, de grace, la chose est urgente.

BALAGUE, curé de Bouillon.

Réponse.

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L'opinion des théologiens qui soutiennent qu'une église n'est pas profanée, parce qu'un schismatique ou un hérétique y a célébré les saints mysteres, nous paroît très-solidement appuyée. M. l'évêque de Langres le dit en termes très-formels, dans son Instruction Pastorale du 15 mars 1791. Plus de cinquante évêques de France ont adopté les principes de cette instruction, et l'ont fait publier dans leurs dioceses, afin qu'elle servît de regle aux prêtres et aux fideles catholiques.

A Paris, et dans un grand nombre d'autres dioceses, les prêtres catholiques ont célébré les saints mysteres dans les églises occupées par des cures jureurs, et ils n'ont cessé de fréquenter ces églises, que lorsque les grandes

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persécutions contre la religion et ses ministres les ont obligés de se retirer. En offrant le saint sacrifice de la messe dans les églises dont les prêtres jureurs s'étoient emparées, ils avoient en vue le bien des fideles et de la religion; c'étoit le seul moyen qui leur restât, de procurer aux catholiques la facilité d'entendre la messe. On ne peut douter que leur conduite ne fût appuyée de l'avis des supérieurs ecclésiastiques de ces différens dioceses.

Lorsqu'en 1795 l'église catholique a recouvré la liberté de reprendre son culte, les prêtres et les fideles ont témoigné beaucoup d'opposition à se réunir dans un même temple avec les schismatiques. Et à Paris, ainsi que dans presque toute la France, les catholiques ont cru devoir plutôt céder les grandes églises aux schismatiques, que de les partager avec eux; ils se sont bornés à louer des églises ou des oratoires, en attendant que la divine providence leur fournit les moyens d'occuper seuls les grandes églises. Le retour des schismatiques au sein de la véritable église levera tous les obstacles, et on a lieu d'espérer que ce retour se consommera enfin, et qu'il n'y aura plus qu'un pasteur et qu'un troupeau.

Quant à vous, MM., nous pensons que le parti le plus sage que vous ayez à prendre, est de consulter vos supérieurs ecclésiastiques; exposez leur l'état de votre paroisse, le besoin de votre peuple, leur zele pour la religion de leurs peres, l'impossibilité où vous êtes de réunir votre troupeau dans un autre lieu que P'église dont l'intrus s'est emparé. Ils examineront vos raisons, les peseront dans leur sagesse, et décideront ensuite si le bien parti

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