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- Fougue de M. de Montmo Modération de M. de Chateaubriand.

Dis

rency à Vérone. M. de Villèle l'en récompense avec un portefeuille. grâce de M. de Montmorency. - Étrange embarras du cabinet des Tuileries à l'occasion de la guerre d'Espagne. Session

de 1823. Brouille de MM. de Villèle et de Chateaubriand.

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- Brutale destitution de ce dernier.

Sur ce, nous prions Dieu, monsieur l'ambassa deur, qu'il vous ait en sa sainte garde. Parole royale.

Un mois avant la révolte de l'île Léon et la promulgation de la constitution des Cortès, M. de Chateaubriand avait, dans le Conservateur, donné l'Espagnol pour le peuple-modèle, peuple heureux et tranquille sous ses Bourbons et

ses prêtres. La révolution arrivée, il tàcha de rajuster tout cela comme il put dans un autre

numéro.

Quelques années après, du cordon sanitaire des Pyrénées on avait fait un cordon d'observation, et finalement un corps d'armée prêt à fondre sur les Cortès, avec l'armée de la Foi.

Mais dès 1822, un congrès, ce prétendu antidote du carbonarisme, du libéralisme, du radicalisme, et de tout ce qui effraie les trônes, avait été convoqué à Vérone. La France y envoya MM. de Montmorency et de Chateaubriand.

Dans cette vie, à présent si mêlée de politique, on s'arrête avec plaisir sur quelques échappées de poésie du noble pair. Ce sont des roses sur d'arides ronres. En traversant les Alpes en 1822, il se prit à les apostropher avec l'alexandrin et l'iambe : voici quelques strophes:

Alpes, vous n'avez point subi mes destinées!
Le temps ne vous peut rien;

Vos fronts légèrement ont porté les années
Qui pèsent sur le mien.

Pour la première fois, quand, rempli d'espérancé,

Je franchis vos remparts,

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Ils ne sont plus ces jours que point mon cœur n'oublie;
Et ce cœur aujourd'hui,

Sous le brillant soleil de la belle Italie,
Ne sent plus que l'ennui.

Pompeux ambassadeurs que la faveur caresse,

Ministres, valez-vous

Les obscurs compagnons de mà vive jeunesse
El mes plaisirs si doux ?

Vos noms aux bords rians que l'Adige décore
Du temps seront vaincus,

Que Catulle et Lesbie enchanteront encore
Les flots de Bénacus.

Politiques, guerriers, vous qui prétendez vivre
Dans la postérité,

J'y consens; mais on peut arriver, sans vous suivre,
A l'immortalité.

Je vous peignis aussi, chimère enchanteresse,
Fictions des amours!

Aux tristes vérités le temps qui fuit sans cesse
Livre à présent mes jours.

L'histoire et le roman font deux parts de la vie

Qui sitôt se ternit:

Le roman la commence; et lorsqu'elle est flétrie,
L'histoire la finit.

La guerre d'Espagne fut la grande question débattue au congrès de Vérone. Dans un accès de fougue chevaleresque, M. de Montmorency avait dépassé les ordres dont l'avait commissionné M. de Villèle; il s'était prononcé contre les Cortès, avait parlé de royauté comme un Rodrigue, bref, opiné pour la guerre, demandé la guerre, quand ni le ministre influent, ni le roi, ni son collègue M. de Chateaubriand, ne la voulaient.

M. de Villèle recrutait partout des partisans, car il voyait sourdre de tous côtés des ennemis ; et les plus redoutables, le pavillon Marsan, les prélats, la haute noblesse, tout le château, voulaient la guerre, exterminer l'anarchie espagnole, cancer qui ne manquerait pas de dévorer ia France. Or, M. de Villèle eût préféré dans une telle conjoncture M. de Chateaubriand, partisan du statu quo, M. de Montmorency; il y avait bien quelques restans d'antipathie, mais il fallait avant tout barrer le ministère à tout ce que voulait y pousser le parti belliqueux.

Louis XVIII vit avec quelque satisfaction M. de

à

Chateaubriand tenir pour la neutralité; il observa que pour un poète il avait d'assez sages idées, et qu'à tout prendre on pourrait en faire un ministre des affaires étrangères, și M. de Montmorency persistait à vouloir courir aux

armes.

Au prochain conseil le roi posa nettement la question: M. de Montmorency se vit joué; il s'était avancé à Vérone à demander la guerre, et, se trouvant désavoué plus tard, il donna sa démission; il s'en alla dans son hôtel, où il tomba, je crois, malade d'un mécontentement rentré.

Les candidats, c'étaient MM. de La Bourdonnaie, de Vitrolles, de Polignac, de Laval, et surtout le chantre des Martyrs, qui valait mieux que ses concurrens, au dire de Sa Majesté. Il l'emporta.

Le voilà enfin accompli ce long désir de toute sa vie politique, ce but qu'il s'était proposé! cette idée fixe qui ne l'abandonnait pas au milieu même de ses compositions littéraires, la voilà réalisée! Mais auparavant on pense bien qu'il y eut échange de procédés entre le partant et l'acceptant, comme cela se doit entre gens de bonne compagnie. Un débat de délicatesse s'é

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