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des apôtres, pasteur des pasteurs; il l'avait désigné pour être sur la terre son vicaire et son représentant, après que lui-même serait remonté au Ciel. Saint Pierre, les autres apôtres et les disciples, composaient l'Eglise, lorsque Jésus-Christ monta au Ciel. La venue de l'Esprit-Saint féconda ces commencements et donna à la prédication des apôtres des succès aussi miraculeux par leur rapidité que par leur étendue.

L'Eglise est sainte par Jésus-Christ, son chef, qui est la source de toute sainteté; par sa doctrine, qui est la doctrine de JésusChrist, dont elle est dépositaire; par ses sacrements, que ce divin Sauveur a établis pour sanctifier les hommes. Le baptême, en même temps qu'il nous rend les enfants de l'Eglise, nous rend saints, en effaçant le péché dans nos âmes; et parini ceux qui l'ont reçu, il y en a toujours un grand nombre qui se maintiennent dans la voie de la sainteté, ou qui y rentrent par la péni

tence.

L'Eglise est catholique ou universelle, c'est-à-dire qu'elle n'est pas destinée, comme l'ancienne synagogue, à un seul peuple, mais qu'elle doit être la lumière et le salut de tous les peuples de la terre. Il n'est aucun pays où la bonne nouvelle du salut n'ait été ou ne doive être annoncée par elle; et c'est un avantage qu'aucune des sectes qui se sont séparées de l'Eglise n'a jamais eu et n'aura jamais.

Jésus-Christ, en ordonnant à ses apôtres d'aller enseigner toutes les nations, de les appeler à son Eglise et de les y faire entrer par le baptême, leur avait promis d'être avec eux pour les assister dans le ministère qu'il leur confiait, jusqu'à la consommation des siècles. Cette promesse, embrassant tous les temps, et non bornée au temps de la vie des apôtres, ne s'adressait point à eux seuls personnellement, mais à tous ceux qui devaient leur succéder jusqu'à la fin du monde. Les apôtres ont eu pour successeurs les évêques qu'ils ont institués, et qui, à leur tour, en ont institué d'autres, afin que ie ministère ne fût jamais interrompu. Saint Pierre, prince des apôtres, ayant fondé l'Eglise de Rome, dont il fut le premier évêque, et où il termina la carrière de son apostolat par le martyre, ses successeurs dans le siége de Rome ont conservé et conserveront toujours la primauté d'honneur el de juridiction que Jésus-Christ avait donnée à ce glorieux apôtre. En vertu de cette succession, l'évêque de Rome ou le Pape est réellement le vicaire de JésusChrist, et chef de toute l'Eglise, le père et le docteur de tous les chrétiens. A lui, en la personne de saint Pierre, a été donné le pouvoir de paître, de régir et de gouverner l'Eglise universelle, en sorte que le Pape et tous les évêques qui sont en communion avec lui représentent continuellement sur la terre le collége apostolique établi par le Sauveur lui-même. C'est ainsi que l'Eglise, toujours gouvernée invisiblement du haut du Ciel par Jésus-Christ, son chef souve

RITUEL. I

rain, est toujours aussi gouvernée sur la terre par une autorité visible émanée de Jésus-Christ. C'est ainsi qu'ayant toujours un centre d'unité dans l'Evêque de Rome, la vraie Eglise peut être facilement distinguée de toutes celles qui tenteraient d'usurper son nom et son titre. Par la succession légitime de ses pasteurs et principalement des Pontifes romains, depuis les apôtres jusqu'à nous, et depuis nous jusqu'à la fin du monde, elle peut et pourra toujours remonter jusqu'aux apôtres, et par eux jusqu'à JésusChrist. La sainte Eglise catholique, apostolique romaine, est la seule qui tienne ainsi à Jésus-Christ dans tous les âges du monde; elle est cet unique troupeau dont Jésus-Christ, Fils de Dieu, est l'unique pasteur. Ecouter les enseignements de l'Eglise et obéir à ses lois, c'est écouter Jésus-Christ et obéir à JésusChrist. Il l'a déclaré lui-même expressément, lorsqu'il a dit à ses apôtres : Celui qui vous écoute m'écoute, celui qui vous méprise me méprise. On ne peut se séparer de l'Eglise sans se séparer en même temps de Jésus-Christ, el comme il n'est pas d'autre nom sous le ciel par lequel nous puissions être sauvés, quand on est volontairement hors de l'Eglise, il n'y a pas de salut à espérer.

13. Les fidèles qui composent l'Eglise ne forment qu'un même corps dont JésusChristest le chef, et en leur qualité de membres de ce corps mystique, tous sont appelés à participer aux mérites de ce divin chef, tous sont unis par la communication aux mêmes biens spirituels, qui sont la foi, les sacrements, les bonnes euvres et les prières : c'est ce qu'on appelle la Communion des Saints. Cette union subsiste même après la mort; car les saints qui sont déjà dans le Ciel prient pour nous et nous obtiennent de Dieu, par les mérites de Jésus-Christ, des secours puissants pour nous aider à parvenir au bonheur dont ils jouissent, et nousmêmes, qui sommes encore sur la terre, où nous combattons contre les ennemis de notre salut, nous pouvons soulager, par nos prières et autres oeuvres de piété, les âmes qui souffrent dans le purgatoire, pour achever d'expier leurs fautes et d'acquitter les dettes qu'elles ont contractées en cette vie envers la justice divine.

14. A la fin des temps, Jésus-Christ vien-. dra de nouveau avec une grande puissance. et une grande majesté juger tous les hommes et rendre à chacun selon ses œuvres. ; Ce jugement général sera la manifestation et la confirmation du jugement particulier que chaque homme subit immédiatement après sa mort. Mais, avant le dernier jugement, tous les hommes ressusciteront avec les mêmes corps qu'ils auront eus pendant cette vie, afin que leurs corps partagent la récompense ou la punition de leurs âmes. Dieu veut aussi, par cette résurrection, rendre plus complet dans les justes le triomphe de Jésus-Christ sur la mort et sur le péché.' Les pécheurs morts dans l'impénitence souffriront des peines éternelles; les justes. jouiront au contraire, dans le sein de Dieu,!

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d'un bonheur et d'une gloire qui n'auront pas de fin.

15. Notre réconciliation avec Dieu, que la rédemption de Jésus-Christ nous a méritée, se fait par la grâce sanctifiante, don surnaturel que Jésus-Christ produit dans les ames en y effaçant le péché, don précieux qui rend l'homme juste saint el agréable à Dieu. Par la grâce sanctifiante nous devenons participants de la nature divine, nous pouvons être appelés les enfants de Dieu, et nous le sommes en effet. Elle est la véritable vie de l'âme, le principe de tous les mérites surnaturels, et donne droit à la possession de la gloire céleste.

Notre-Seigneur nous a mérité aussi des grâces actuelles, c'est-à-dire des secours intérieurs et surnaturels qui nous sont donnés dans les occasions pour éviter le mal et pour faire le bien. Ces secours sont d'une telle nécessité, que nous ne pouvons sans eux former un seul bon désir, avoir une seule bonne pensée dans l'ordre du salut. Aussi Jésus-Christ s'étant offert pour tous les hommes, des grâces actuelles sont données à tous, quoiqu'elles ne le soient pas dans une égale mesure; car Dieu est toujours le maître de ses dons. Mais comme il n'est point d'homme à qui la grâce la plus for e impose aucune nécessité, et qui ne conserve sous son action un vrai pouvoir d'y résister ou de la suivre, il n'en est aucun non plus qui puisse se plaindre de recevoir des secours trop faibles, et d'être réduit à la nécessité de pécher. Tous ont au moins des grâces éloignées, telle que des grâces de rières au moyen desquelles ils peuvent en obtenir de plus prochaines, et arriver à la vie éternelle pour laquelle tous ont été créés.

16. Jésus-Christ a laissé à son Eglise sept sacrements, signes extérieurs et sensibles institués par lui pour sanctifier nos âmes. Ce sont le baptême, la confirmation, l'Eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, Fordre et le mariage. Ils ont pour effet général de produire ou d'auginenter la grâce sanctifiante, et ils sont aussi la source d'un grand nombre de grâces actuelles, suivant la nature de chaque sacrement, et le but spécial que Notre-Seigneur s'est proposé dans son institution.

17. Le baptême est un sacrement qui nous régénère, c'est-à-dire nous fait renaître en Jésus-Christ, en nous donnant la vie spirituelle de la grâce, et qui nous rend enfants de Dieu et de l'Eglise.

Par le baptême il se forme entre Dieu et l'homme un contrat par lequel Dieu s'engage à traiter le baptisé comme son enfant d'adoption, et le baptisé, de son côté, s'engage à croire en Jésus-Christ, à renoncer au démon, à ses pompes et à ses œuvres.

Le baptême nous confère le titre glorieux de chrétien, c'est-à-dire de disciple de Jésus

Christ.

Le signe du chrétien est le signe de la croix. Faire ce signe avec respect, c'est annoucer qu'on a foi aux trois grands mys

tères de la sainte Trinité, de l'Incarnation et de la Rédemption.

18. La confirmation est un sacrement qui nous donne le Saint-Esprit avec l'abondance de ses grâces, pour nous rendre parfaits chrétiens et pour nous donner la force de confesser fidèlement la foi de Jésus-Christ, fallút-il faire pour cela le sacrifice de notre vie.

La confirmation, comme le baptême, inprime dans l'âme un caractère ineffaçable et ne peut se recevoir qu'une fois. Ceux qui, par négligence, diffèrent trop de la recevoir, se rendent coupables de péché, et se privent par leur faute de l'abondance des grâces que ce sacrement communique.

19. L'Eucharistie est un sacrement qui contient réellement, substantiellement et en vérité, le corps, le sang, l'âme et la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sous les esFèces ou apparences du pain et du vin.

C'est la veille de sa mort que Jésus-Christ institua ce divin sacrement.

Jésus-Christ nous a fait une obligation rigoureuse de recevoir le sacrement de l'Eucharistie; il a dit expressément que, si nous ne mangeons sa chair et si nous ne buvons son sang, nous n'aurons point la vie en nous. L'Eglise, interprète des lois de Jésus-Christ, nous ordonne, pour l'accomplissement de ce commandement, au moins une communion par an et elle a fixé pour cette communion la quinzaine de Pâques, en exprimant le désir que les fidèles se missent en état de communier plus souvent.

Ceux qui sont en danger de mort sont obligés aussi de recevoir le sacrement de l'Eucharistie.

20. L'Eucharistie, qui est un sacrement, est aussi un sacrifice; car Jésus-Christ ne se donne pas seulement à nous pour être notre nourriture spirituelle, il s'offre encore à son Père comme notre victime. C'est là le sacrifice de la Messe, action la plus véné- ` rable et la plus sainte de toute la religion; car c'est la représentation réelle et la conti nuation non sanglante du sacrifice que le Fils de Dieu fait homme a offert pour nous sur la croix,

Jésus-Christ, en instituant cet auguste sacrifice, a voulu que les fidèles y assistassent. L'Eglise nous fait une loi de cette assistance à la Messe les dimanches et les jours de fêtes d'obligation.

21. La pénitence est un sacrement qui remel, c'est-à-dire qui efface les péchés commis après le baptême.

Le sacrement de pénitence, en effaçant les péchés, remet la peine éternelle que le péché mortel a méritée; mais il laisse or. dinairement l'obligation de satisfaire à la justice divine par des peines temporelles. en celte vie où en l'autre. L'Eglise peut faire la remise de ces peines temporelles, par les Indulgences, en appliquant au pécheur pénitent. moyennant certaines conditions qu'elle lui impose, les mérites infinis de Jésus-Christ et les satisfactions sur

abondantes de la sainte Vierge et des saints.

L'Eglise veut que tous ceux de ses enfants qui ont atteint l'âge de raison, s'approchent, à tout le moins une fois l'an, du sacrement de pénitence, et se préparent, par une bonne confession, à recevoir la grâce de l'absolution. L'époque de cette confession annuelle est le saint temps du carême, comme disposition à la communion pascale.

Le soin que tout chrétien doit prendre de son salut lui fait un devoir de recourir au sacrement de pénitence lorsqu'il est tombé en péché mortel; cette obligation devient encore plus pressante, s'il se trouve gravement malade ou en danger de mort.

Le désir de l'Eglise est, pour la confession ainsi que pour la communion, que ses enfants ne s'en tiennent pas à ce qui est rigoureusement de précepte, mais qu'au contraire ils s'approchent le plus fréquemment qu'il leur est possible des sacrements de pénitence et d'Eucharistie, sources fécondes de grâces pour faire avancer les âmes dans la

vertu.

22. L'extrême-onction est un sacrement établi pour le soulagement spirituel et temporel des malades.

Effacer les restes des péchés, et quelquefois les péchés mêmes, augmenter la pureté de l'âme, inspirer la soumission à la volonté de Dieu, adoucir les douleurs de la maladie et les craintes de la mort, rendre même la santé du corps, lorsqu'elle peut être plus utile au salut du malade, tels sont les effets de l'extrême-onction.

C'est une négligence déplorable que de ne pas demander à recevoir ce sacrement lorsqu'on est malade: c'est manquer à l'affection chrétienne que l'on doit à ses parents et à ses amis, et souvent même à son véritable devoir, que de ne pas leur procurer, lorsqu'on est dans l'occasion de le faire, d'aussi puissants secours et d'aussi précieuses consolations.

23. L'ordre est un sacrement qui donne le pouvoir de faire les fonctions ecclésiastiques, et la grâce pour les exercer saintement.

L'ordre, comme le baptême et la confirmation, imprimne dans l'âme un caractère inetfaçable, et ne peut se perdre ni se réitérer.

Le pouvoir d'instruire les fidèles et d'administrer les sacrements vient de JésusChrist. On ne peut l'avoir qu'autant qu'on l'a reçu de ceux auxquels Jésus-Christ l'a confié. Quiconque donc oserait s'ingérer dans le ministère ecclésiastique sans avoir reçu le sacrement de l'ordre, et sans être légitimement envoyé par l'évêque, usurperait un pouvoir qu'il n'aurait pas, et abuserait de la crédulité des simples pour les tromper et les perdre. Chaque fonction ecclésiastique qu'il prétendrait remplir serait un nouveau péché pour lui, et pour ceux qui recourraient à lui et communiqueraient sciemment à ses saeriléges. Un prêtre même, sans mission de l'évêque, n'aurait aucun pouvoir pour les sacrements de pénitence

et de mariage: et ceux qui auraient eu le malheur de s'adresser à lui pour ces sacrements, devraient regarder comme nul tout ce qui aurait été fait par lui, et recourir à leur pasteur légitime pour les recevoir de nouveau. Dans le seul cas de nécessité extrême, à l'article de la mort, et faute d'un prêtre approuvé, on peut néanmoins s'adresser à quelque prêtre que ce soit, pour recevoir de lui le sacrement de pénitence.

24. Le mariage est un sacrement établi pour sanctifier l'union légitime de l'homme et de la femme.

On ne peut recevoir ce sacrement que dans sa paroisse avec la bénédiction de son propre pasteur, ou d'un autre prêtre délégué par lui, et en présence des témoins ordonnés par les lois de l'Eglise. Ceux qui ont quelque raison de se marier hors de leur paroisse ne peuvent le faire sans une permission particulière.

Il faut de plus s'être préparé au sacrement de mariage par une bonne confession, et s'être mis en état de grâce.

Vivre comme si l'on était marié, sans l'avoir été en présence de l'Eglise, c'est vivre dans l'état habituel du péché, c'est scandaliser ses frères et se préparer une fin mauvaise.

Cet exposé de la nature et des effets des sacrements suffit pour faire,comprendre combien il est essentiel de s'instruire à fond des dispositions qu'il y faut apporter, et de puiser souvent à ces sources sacrées du Sauveur.

25. Uu autre moyen bien essentiel aussi et bien efficace pour obtenir le secours de Dieu, c'est la prière. Notre-Seigneur nous a recommandé d'y recourir souvent, et nous a donné le modèle d'une prière parfaite dans celle qu'il nous a enseignée lui-même, et qu'on appelle pour cette raison Oraison dominicale, c'est-à-dire la prière du Seigneur. Elle cominence par ces mots : Notre Père.

A l'Oraison dominicale, les fidèles joignent ordinairement la Salutation angélique, ou Je vous salue, Marie, pour rendre hommage à la très-sainte Vierge Mariɔ, Mère de Dieu.

Cette prière montre quel est le véritable esprit de l'Eglise dans toutes celles qu'ello adresse à la sainte Vierge ou aux saints. Elles se réduisent toutes à les féliciter de leur bonheur, et à implorer leur intercession.

26. Tels sont les mystères que Dieu a opérés, tels sont les moyens qu'il nous a donnés pour profiter de la rédemption qu'il nous a acquise, et pour faire de nous un peuple saint, zélé dans l'accomplissement de sa loi, c'est-à-dire des devoirs qu'il nous a prescrits.

Ces devoirs, il nous les a fait connattre par la lumière naturelle ou la raison qu'il a mise en nous, et par la révélation qu'il a faite de ses volontés aux premiers hommes. Ces premières notions étant obscurcies par suite du péché, Dieu y a suppléé par les commandemen's qu'il a donnés à son peu

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rieurs; en un mot, les obligations particulières qui résultent pour chacun de sa position personnelle, soit dans la famille, soit dans la société.

ple; et Notre-Seigneur, qui voulait éclairer notre ignorance et nous apprendre à vaincre le penchant au mal, a déclaré qu'il n'était pas venu pour détruire la loi, mais pour l'accomplir; il l'a développée et perfectionnée dans son Evangile, et nous a appris que la fidélité avec laquelle nous l'observerions serait la mesure de l'amour que nous aurions pour lui-même.

Nos devoirs envers Dieu nous sont marqués par les trois premiers commandements ; nos devoirs envers le prochain et envers nousmêmes par les sept autres.

27. Les principales vertus que nous avons à pratiquer envers Dieu sont: la foi, par laquelle nous croyons fermement tout ce que Dieu nous a révélé et nous propose par son Eglise; l'espérance, par laquelle nous attendons avec confiance de sa bonté infinie et de sa fidélité à ses promesses le salut éternel qui doit être la fin dernière de tous nos désirs, et les grâces dont nous avons besoin pour y arriver; la charité, par laquelle nous aimons Dieu pour lui-même par-dessus tout, et le prochain pour l'amour de Dieu. Ces trois vertus sont appelées théologales, parce qu'elles ont directement et immé diatement Dieu pour objet. L'exercice de res vertus doit être familier à tout chrétien, et nous ne pouvons trop souvent en produire les actes.

Nous devons encore à Dieu l'adoration et la prière, pour reconnaître son souverain domaine sur toute créature, et pour obtenir de lui les grâces dont nous avons besoin.

Le respect profond que mérite le saint nom de Dieu nous interdit de jamais le prendre en vain, et de faire aucun serment sans nécessité, et surtout contre la vérité ou contre la justice. Il nous interdit aussi toutes sortes de jurements, d'imprécations et de blasphèmes. Enfin le second commandement nous défend de faire aucun vœu avec légèreté, et nous impose l'obligation d'accomplir fidèlement ceux que nous aurions faits.

Outre le culte intérieur en esprit et en vérité, nous devons encore rendre à Dieu un culte extérieur et public, afin de nous exciter les uns les autres à le servir et de nous édifier mutuellement. C'est pour cela principalement qu'il nous ordonne de lui consacrer un jour de chaque semaine, en nous abstenant des œuvres serviles, pour l'employer spécialement à des œuvres de religion. Dans l'ancienne loi, ce jour était le samedi, en mémoire de la création; dans la nouvelle, c'est le dimanche, en mémoire de la résurrection de Jésus-Christ et de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres.

28. Après les trois premiers commandements, qui déterminent nos devoirs envers Dieu, le quatrième nous prescrit ceux que nous avons à remplir envers nos pères et mères, dont les principaux sont de les resecter, de les aimer, de leur obéir et de les assister dans leurs besoins; il règle aussi les devoirs des inférieurs envers les supérieurs, ceux des supérieurs envers les infé

Les autres commandements de Dieu, qui règlent nos devoirs envers le prochain et envers nous-mêmes, nous interdisent à l'égard du prochain tout ce qui peut lui nuire, ou dans sa personne, ou dans son honneur, ou dans ses biens. Ils nous défendent toute parole contraire à la vérité; tout excès dans le boire et dans le manger; tout ce qui est opposé à la pureté par actions, par paroles et par pensées; car la loi de Dieu, plus parfaite que toutes les lois humaines, ne se borne pas à régler l'extérieur de l'homme, elle pénètre jusque dans l'intérieur, qui est à découvert devant Dieu. Elle nous interdit même le désir de ce qui serait préjudiciable au prochain, et jusqu'à la pensée qui serait injuste envers lui; elle exige que nous Soyons disposés à faire du bien à tous les hommes, même à ceux qui ne nous auraient fait que du mal, et que nous aimious sincèrement nos ennemis.

Les obligations que nous impose la loi de Dieu se rapportent toutes, ou à Dieu directement, ou à notre prochain, ou à nousmêmes. Et comme l'amour bien entendu de nous-mêmes est renfermé dans l'amour que nous devons à Dieu, il s'ensuit que tous les commandements se réduisent à celui d'aimer Dieu par-dessus toutes choses et notre prochain comme nous-mêmes pour l'amour de Dieu; non en ce sens que, sous prétexte qu'on aime Dieu et le prochain, on puisse se dispenser de l'observation d'aucun commandement, mais parce qu'il est impossible, au contraire, d'avoir cet amour comme on le doit, si on ne les observe tous.

Il y a aussi dans l'Eglise des conseils particuliers pour les &mes qui sont appelées à une plus grande perfection, tels que celui de renoncer à ses biens pour pratiquer la pauvreté, à sa volonté pour pratiquer l'obéissance. Mais il n'est question dans cet exposé que des préceptes imposés à tous, et que personne ne peut transgresser sans se rendre coupable devant Dieu.

29. L'Eglise, pour nous aider à observer les commandements, et pour entrer dans les vues de notre divin Maftre, a fait aussi plusieurs lois auxquelles nous ne pouvons désobéir sans désobéir à Dieu même. Outre l'obligation qu'elle nous impose de célébrer les fêtes qu'elle a établies, d'assister au sacrifice de la Messe en ces jours de fêtes et tous les dimanches, et de nous approcher au moins une fois l'année des sacrements de pénitence et d'Eucharistie, elle nous oblige aussi à quelques œuvres de pénitence qui sont les jeunes des Quatre-Temps, des vigiles et du carême, l'abstinence du vendredi et du samedi de chaque semaine et de quelques autres jours de l'année. En nous interdisant ainsi certains aliments pour des jours déterminés, elle ne prétend point nous faire regarder ces aliments comme mauvais en eux-mêmes, puisque toutes les créatures

sont l'ouvrage de Dieu, ni ces jours comme malheureus, puisque tous les jours de notre vie nous sont donnés par la bonté divine, mais en nous obligeant de nous absienir quelquefois de certaines choses qui seraient permises de leur nature, l'Eglise veut nous faire sentir par des actes extérieurs la dépendance habituelle où nous sommes de Dieu elle nous donne un moyen d'expier la facilité avec laquelle nous nous sommes trop souvent permis des choses défendues. Par cette sage tempérance qu'elle nous fait pratiquer, elle nous habitue à nous rendre maîtres de nous-mêmes; et en nous apprenant par de légères privations à résister à nos désirs dans des choses qui nous paraftraient moins importantes, elle nous exerce à les combattre avec plus de facilité dans celles qui demanderaient plus de force et de vertu.

30. Toute désobéissance aux commandements de Dieu et de l'Eglise est un péché : péché mortel, si la loi est violée en matière grave et avec un parfait consentement; péché vénie!, si la loi n'est violée qu'en matière légère, ou si le consentement n'est qu'imparfait.

Le péché mortel prive entièrement celui qui le commet de la grâce sanctifiante; il le rend ennemi de Dieu et digne des peines éternelles, s'il meurt avant de l'avoir effacé par la pénitence. Le péché véniel ne prive pas entièrement de la grâce, mais il la diminue Dieu ne le punit point par la peine éternelle, mais par des peines temporelles. Le péché, même véniel, est un très-grand mal, parce qu'il offense Dieu, et parce que le moindre degré de grâce qu'il nous fait perdre est infiniment plus précieux que tous les trésors du monde.

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31. La sainteté à laquelle le chrétien est appelé l'oblige à éviter le péché par-dessus tout. Elle demande aussi qu'il s'applique à rendre toutes ses actions dignes du Maître qu'il sert. et de la récompense que ce divin maître lui destine. Il faut pour cela que toutes ses actions soient faites en état de grace, et rapportées à Dieu par quelque motif surnaturel, comme de foi, d'espérance ou de charité. Par là les plus ordinaires et les plus communes deviennent méritoires pour le salut, tandis que les œuvres qui paraîtraient les meilleures de leur nature sont privées de ce mérite, si elles sont faites en état de péché mortel, ou par des motifs purement naturels; elles peuvent être récompensées par des biens temporels, ou tout au plus être utiles au salut d'une manière éloignée, en diminuant les obstacles qui s'opposeraient à la grâce; mais elles ne sont point comptées pour le ciel. Car Jésus-Christ est la source unique de tous les mérites surnaturels, et nous ne pouvons. en acquérir aucun dès que nous cessons de lui être unis.

Heureux donc celui qui écoute avec attention les enseignements de la parole de Dieu, et qui en fait la règle de sa foi et de sa conduite! Il est semblable, suivant la

comparaison de l'Evangile, à un homme sage qui établit sur la pierre ferme un édifice solide, capable de résister aux inondations et à la tempête, tandis que toute croyance ou toute vertu établie sur un autre fondement n'est qu'un édifice bâti sur le sable, incapable de résister au moindre choc. Ainsi le chrétien fidèle traverse avec une ferme confiance tous les dangers de cette vie, et arrive heureusement au port du salut, à cette vie éternelle, dernière fin que Dieu s'est proposée dans la création du monde et dans l'œuvre de notre régénération, dernier terme des desseins de sa providence, soit sur chaque âme en particulier, soit sur l'ensemble de la société humaine. Modus annuntiandi sacra anni ecclesiastici tempora, festa, jejunia et abstinentias.

Dominica Ja Adventus. Nous commençons aujourd'hui, mes frères, le saint temps que l'Eglise appelle Avent, c'est-à-dire avenement. Ces quatre semaines nous représentent les quatre mille ans qui ont précédé la venue du Messie, et pendant lesquels ce divin libérateur a été si ardemment désiré par les patriarches, les prophètes et les autres justes qui ont vécu avant l'époque de la loi nouvelle.

Le dessein de l'Eglise, pendant l'Avent est de vous disposer à célébrer avec piété et avec fruit le inystère de la naissance temporelle du Fils de Dieu. Elle emprunte dans ses prières les paroles pleines de feu qui expriment les voeux et les soupirs des saints de l'ancienne alliance dans l'attente du Sauveur promis à l'univers. J'attends, Seigneur, dit le père des douze tribus, j'attends le salut que vous devez envoyer. Seigneur, dit le saint législateur des Israélites, envoyez, je vous en conjure, celui que vous devez envoyer. Seigneur, dit le prophète Isaïe, envoyez l'agneau qui doit régner sur la terre. Cieux s'écrie le même prophète, envoyez d'en haut votre rosée, et que les nuées fassent descendre le juste comme une pluie; que la terre ouvre son sein et qu'elle produise le Sauveur, et que la justice paraisse en même temps! Seigneur, dit-il encore, jetez les yeux sur nous du haut de votre demeure sainte et du séjour de votre gloire : vous êtes notre Père, notre Redempteur; puissiez-vous fendre les cieux et descendre! A l'exemple de ces saints, pénétrons-nous du sentiment de notre propre misère et de celle de tout le genre humain plongé dans les ténèbres sous la tyrannie du démon. Apprenons à connaître le don de Dieu et le besoin que nous avons du libérateur. Pour vous y exciter par des objets sensibles, l'Eglise ne fait plus retentir ses cantiques d'allégresse: elle couvre ses autels et ses ministres des ornements de la pénitence, et si elle,vous dispense du jeûne qu'elle ordonnait autrefois durant ces quatre semaines, elle vous y recommande plus que jamais la fuite du péché et la pratique des bonnes œuvres; elle y interdit même la solennité des noces. Animés de son e sprit les pasteurs vont redoubler leurs prières et

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