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sances d'autrês y trouveront peut-être de la philosophie; quant à moi, j'y trouve beaucoup d'érudition.

Je suis de tout mon cœur, monsieur, etc.

P. S. Je viens de lire, dans la gazette d'Utrecht du 22 octobre, une pompeuse exposition de l'ouvrage de M. Gautier, et cette exposition semble faite exprès pour confirmer mes soupçons. Un auteur qui a quelque confiance en son ouvrage laisse aux autres le soin d'en faire l'éloge, et se borne à en faire un bon extrait: celui de la réfutation est tourné avec tant d'adresse que, quoiqu'il tombe uniquement sur des bagatelles que je n'avais employées que pour servir de transition, il n'y en a pas une seule sur laquelle un lecteur judicieux puisse être de l'avis de M. Gautier.

Il n'est pas vrai, selon lui, que ce soit des vices des hommes que l'histoire tire son principal intérêt.

Je pourrais laisser les preuves de raisonnement; et pour mettre M. Gautier sur son terrain, je lui citerais des autorités.

<< Heureux les peuples dont les rois ont fait peu << de bruit dans l'histoire! »

<«< Si jamais les hommes deviennent sages, leur << histoire n'amusera guère.

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M. Gautier dit avec raison qu'une société, fût-elle toute composée d'hommes justes, ne saurait subsister sans lois; et il conclut de là qu'il n'est pas vrai que, sans les injustices des hommes, la jurisprudence serait inutile. Un si savant auteur confondrait-il la jurisprudence et les lois?

Je pourrais encore laisser les preuves de raisonnement; et pour mettre M. Gautier sur son terrain, je lui citerais des faits.

Les Lacédémoniens n'avaient ni jurisconsultes ni avocats; leurs lois n'étaient pas même écrites : cependant ils avaient des lois. Je m'en rapporte à l'érudition de M. Gautier pour savoir si les lois étaient plus mal observées à Lacédémone que dans les pays où fourmillent les gens de loi.

Je ne m'arrêterai point à toutes les minuties qui servent de texte à M. Gautier, et qu'il étale dans la gazette; mais je finirai par cette observation, que je soumets à votre examen.

Donnons partout raison à M. Gautier, et retranchons de mon Discours toutes les choses qu'il attaque; mes preuves n'auront presque rien perdu

de leur force. Otons de l'écrit de M. Gautier tout ce qui ne touche pas le fond de la question, il n'y restera rien du tout.

Je conclus toujours qu'il ne faut point répondre à M. Gautier.

A Paris, ce 1er novembre 1751.

RÉPONSE

DU ROI DE POLOGNE

AU DISCOURS DE J. J. ROUSSEAU,

COURONNÉ PAR L'ACADÉMIE de Dijon.

AVIS DE L'ÉDITEUR.

Un roi qui prend la plume pour critiquer un discours académique est une circonstance assez rare pour mériter d'être remarquée. C'est ce qui nous détermine à reproduire la réponse que fit Stanislas à Rousseau avant la réplique de celui-ci. Jean-Jacques sut que le père Menou, jésuite, avait aidé le prince. « Il se fia, dit-il lui-même, « à son tact pour démêler ce qui était du prince de ce qui était du moine, et tombant sans ménagement sur « les phrases jésuitiques, il releva, chemin faisant, un « anachronisme qu'il crut ne pouvoir venir que du révé«< rend, et saisit l'occasion d'apprendre au public com<«<ment un particulier pouvait défendre la cause de la vérité contre un souverain même. Sans manquer de << respect à l'auteur, il réfuta pleinement l'ouvrage. »

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Stanislas donna un exemple peu commun dans la république des lettres. Il reconnut la supériorité de son rival, et dit, après avoir lu la réplique de Rousseau, j'ai mon compte, je ne m'y frotte plus. Jean-Jacques reçut de ce roi, digne de la couronne qu'on lui avait enlevée, diverses marques de bienveillance.

La réponse du prince, insérée dans le Mercure de septembre 1751, parut avant celle de M. Gautier. Mais Rousseau commença par celui-ci, qui prêtait aux sarcasmes autant par son style que par la servile exactitude avec laquelle il avait suivi la marche et les divisions de Jean-Jacques dans son discours.

M. P.

POLO

DU ROI DE POLOGNE

AU DISCOURS DE J. J. ROUSSEAU,

COURONNÉ PAR L'ACADÉMIE DE DIJON.

Le discours du citoyen de Genève a de quoi surprendre; et l'on sera peut-être également surpris de le voir couronné par une académie célèbre.

Est-ce son sentiment particulier que l'auteur a voulu établir? n'est-ce qu'un paradoxe dont il a voulu amuser le public? Quoi qu'il en soit, pour réfuter son opinion, il ne faut qu'en examiner les preuves, remettre l'anonyme vis-à-vis des vérités qu'il a adoptées, et l'opposer lui-même à lui-même. Puissé-je, en le combattant par ses principes, le vaincre par ses armes, et le faire triompher par sa propre défaite!

Sa façon de penser annonce un cœur vertueux; sa manière d'écrire décèle un esprit cultivé: mais s'il réunit effectivement la science à la vertu, et que l'une (comme il s'efforce de le prouver) soit incompatible avec l'autre, comment sa doctrine n'a-t-elle pas corrompu sa sagesse? ou comment sa sagesse ne l'a-t-elle pas déterminé à rester dans l'ignorance? A-t-il donné à la vertu la préférence sur la science? Pourquoi donc nous étaler avec tant d'affectation une érudition si vaste et si recherchée?

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