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soient pas ; ils t'appellent INGRAT.... Eux qui jouissent de l'existence, et voudroient anéantir l'auteur de toute existence.

Toi, dont le cœur toujours inacces sible à la cupidité, à la haine, à l'envie, déploya sans crainte et sans per→ sonnalité, sa foudroyante éloquence contre ces passions atroces: Toi dont l'ame ne fut jamais fermée à l'affligé, ni la main à l'indigent; Toi qui consacras tes talens et ta vie entière à rappeller tes frères à la raison et au bonheur; qui raffermis, dans la carrière, les pas chancelans de l'homme vertueux, et ramenas celui qui s'égaroit, ils t'appellent SCÉLÉRAT.. Eux qui donnant l'exemple et le pré cepte, sappent, par les fondemens, le principe des mœurs, le lien des so ciétés, et travaillent de sang-froid à

délivrer l'homme puissant du seul frein qui l'arrête; à priver le foible de son unique appui ; à enlever à l'opprimé,› son recours; à l'infortuné, sa consolation; au riche, sa sûreté; au pauvre, son espérance.

Mais c'est trop souillér ma plume par ce monstrueux parallèle; c'est trop: long-tems contrister et profaner tes regards par le tableau de tant d'horreurs, Abandonnons ces méchans à leur perversité. Que dis-je! ô bon Rousseau! tu ne te vengeras qu'en · demandant à la Clémence infinie, que les remords ne punissent pas leur crime sans l'expier.

Soulage et purifie tes yeux en les portant sur ces groupes d'Enfans, rendus heureux à ta voix, de Mères rappellées à la nature, de Citoyens encouragés au culte des loix et de la

liberté. Entends ce cri de reconnoissance que tous les cœurs honnêtes élancent vers toi. Il atteste à la terre que la vertu n'y est pas tout-à-fait étrangère. Perce l'avenir, et vois nos: arrières-neveux devenus meilleurs par tes Ecrits, les méditer en bénissant ton nom, et célébrer ta mémoire en pratiquant tes leçons. Contemple enfin tes amis pleurans sur ta tombe, pleins de ton souvenir, nourris de tes maximes, ne chercher de consolation que dans leur union fraternelle, et leur zèle pour ta gloire. Ecoute et reçois le vœu sacré qu'ils te renouvellent ici par ma bouche, d'aimer par dessus tout, à tón exemple, la justice et la vérité.

Neufchâtel, 779

DU PEYROU.

DE GENÈVE.

MAGNIFIQUES, TRÈS-Honorís at

SOUVERAINS SEIGNEURS,

CONVAINCU qu'il n'appartient qu'au Citoyen vertueux de rendre à sa Patrie des honneurs qu'elle puisse avouer,

...

il y a trente ans que je travaille à mériter de vous offrir un hommage public; et cette heureuse occasion suppléant en partie à ce que mes efforts n'ont pu faire , j'ai cru qu'il me serait permis de consulter ici le zèle qui m'anime, plus que le droit qui devroit m'autoriser. Ayant eu le bonheur de naître parmi vous, comment pourrois-je méditer sur l'égalité que la nature a mise entre les hommes, et sur l'inégalité qu'ils ont instituée, sans penser à la profonde sagesse avec laquelle l'une et l'autre, heureusement combinées dans cet Etat, concourent, de la manière la plus approchante de la loi naturelle, et la plus favorable à la société, au maintien de l'ordre public et au bonheur des particuliers? En recherchant les meilleures maximes que le bon sens puisse dicter

sur

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