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beauté ? C'est à vous de maintenir toujours, par votre aimable et innocent empire et par votre esprit insinuant, l'amour des loix dans l'Etat et la concorde parmi les Citoyens ; de réunir, par d'heureux mariages, les familles divisées ; et sur-tout de corriger, par la persuasive douceur de vos leçons et par les graces modestes de votre entretien, les travers que nos jeunes gens vont prendre en d'autres pays, d'où, au lieu de tant de choses `utiles dont ils pourroient profiter, ils ne rapportent, avec un ton puéril et des airs ridicules pris parmi des femmes perdues, que l'admiration de je ne sais 'quelles prétendues grandeurs, frivoles dédommagemens de la servitude, qui ne vaudront jamais l'auguste liberté. Soyez donc toujours ce que vous êtes, lès chastes gardiennes dès mœurs er

les doux liens de la paix, et continuez de faire valoir, en toute occa sion, les droits du cœur et de la nature au profit du devoir et de la

vertu.

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Je me flatte de n'être pas démenti par l'événement, en fondant sur de tels garans l'espoir du bonheur commun des Citoyens et de la gloire de la République. J'avoue qu'avec tous ces avantages, elle ne brillera pas de cet éclat dont la plupart des yeux sont éblouis, et dont le puéril et funeste goût est le plus mortel ennemi du bonheur et de la liberté. Qu'une jeunesse dissolue aille chercher ailleurs des plaisirs faciles et de longs repentirs. Que les prétendus gens de goût admirent en d'autres lieux la grandeur des palais, la beauté des équipages, les superbes ameublemens, la pompe des

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spectacles, et tous les rafinemens de la mollesse et du luxe. A Genève on ne trouvera que des hommes; mais pourtant un tel spectacle a bien son prix, et ceux qui le rechercheront, vaudront bien les admirateurs du reste.

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Daignez, MAGNIFIQUES, TRÈS HONORES ET SOUVERAINS SEIGNEURS recevoir tous, avec la même bonté, les respectueux témoignages de l'inté rêt que je prends à votre prospérité commune. Si j'étois assez malheureux pour être coupable de quelque transport indiscret dans cette vive effusion de mon cœur, je vous supplie de le pardonner à la tendre affection d'un vrai Patriote, et au zèle ardent et légitime d'un homme qui n'envisage oint de plus grand bonheur pour lui

• même que celui de vous voir tous

heureux.

Je suis avec le plus profond respect,

MAGNIFIQUES, TRÈS-HONORÉS
IT SOUVERAINS SEIGNEURS.

Votre très-humble et très-obéissant
Serviteur et Concitoyen,

J. J. ROUSSEAU,

A Chambéry, le 12 juin 1754.

D*

LA

A plus utile et la moins avancée de toutes les connoissances humaines me paroit être celle de l'homme (2. *), et j'ose dire que la seule inscription du Temple de Delphes contenoit un Précepte plus important et plus difficile que tous les gros Livres des Moralistes. Aussi, je regarde le sujet de ce Discours comme une des questions les plus intéressantes que la Philosophie puisse proposer, et, malheureusement pour nous, comme une des plus épineuses que les Philosophes puissent résoudre car comment connoître la source de l'inégalité parmi les hommes, si l'on ne commence par les connoître eux-mêmes? Et comment l'homme viendra-t-il à bout de se voir

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