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rien qui approche de cette simple phrase de Salomon • Erudi filium tuum, et refrigerabit te, et dabit delicias animæ tuæ. Il y a là quelque chose qui vous remue les entrailles malgré vous. Je plains celui que cette simplicité ne touche pas.

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Ce recueil de principes d'éducation, quoique tiré des meilleures sources, n'a pas tout le mérite qu'un ouvrage de cette nature pourroit avoir. Il ne suffit pas, pour faire un livre, d'extraire çà et là des idées excellentes, et de les coudre comme des lambeaux. Pour comprendre l'ordre qui doit les unir, et l'esprit qui les doit animer, il faut se les rendre propres par la méditation, de manière à voir soi-même toute la suite, aussi bien que ceux qui les ont conçues ; et c'est ainsi seulement qu'on en peut composer un corps de doctrine qui ait de la substance et de la chaleur. Les idées éparses et sans liaison ne profitent qu'à celui qui a déjà dans la tête un enchaînement tout formé, auquel se rattache tout ce qu'il acquiert. Voilà pourquoi ceux qui ont beaucoup médité goûtent singuliè rement les ouvrages tels que les Pensées de Pascal, où on leur épargne les longueurs inévitables du discours ; ils voient de la première vue tout ce qu'on veut leur dire; ils voient dans le principe toute l'étendue des conséquences. Le moindre aperçu découvre à ces vues d'aigle une vaste perspective.

On doit regreter que Fénélon n'ait pas écrit sur l'éducation quelque chose d'approfondi. Cet esprit si sage et si brillant tout à-la-fois n'eût pas mis sa gloire à inventer des nouveautés précieuses ; il ne se seroit pas fait un jeu de bouleverser les coutumes. Il nous eût fait voir l'excellence de ces mêmes institutions où des esprits légers n'ont voulu voir que des abus. Quelle autorité son génie pouvoit donner aux préceptes! De

quels charmes sa sensibilité savoit orner la raison! Il faisoit aimer et la leçon et le maître. Le petit traité qu'il nous a laissé sur l'Education des Filles, est moins le fruit de la méthode et de l'esprit, que l'inspiration d'un cœur qui se répand. C'est un ouvrage fait pour les mères; et celles qui sont dignes de ce nom, qui ne s'imaginent pas que tout leur devoir consiste à allaiter leurs enfans, lorsque leur ame demande une nourriture plus précieuse, celles-là n'ont pas besoin de chercher ailleurs des instructions plus solides, ni un maître plus éloquent.

Lorsque je compare la doctrine d'un si grand homme avec les rêveries d'un philosophe tel que Rousseau, je vois, avec la dernière évidence, que le génie consiste dans la découverte de la vérité; et si ce qui est faux nous paroît souvent ingénieux, je ne balance point a dire que c'est l'effet de notre ignorance. Ne dites-vous pas que le génie est ce qui invente? Et peut-on inventer l'erreur qui n'est rien? Car qu'est-ce, par exemple, qu'imaginer un rapport qui n'existe pas? Et qu'est-ce que faire un livre, un système fondé sur de pareils rapports, c'est-à-dire, sur rien? N'est-ce pas la même chose que bâtir en l'air, ou créer un pur néant? En un mot, il est manifeste que l'erreur n'ajoute rien aux idées et aux connoissances des hommes; conséquemment ce n'est rien inventer. Lors donc que vous dites tous les jours de ces ouvrages que vous admirez, qu'ils sont pleins d'erreurs et de génie, vous ne vous entendez pas vous-même; car c'est comme si vous disiez que leurs auteurs inventent et qu'ils n'inventent pas, qu'ils ont du génie et qu'ils n'en ont point. Combien de réputations n'ont pas de meilleur fondement que cette contradiction!

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Peut-on, je le demande, réfléchir un moment sur le système de Rousseau, et ne pas voir clair comme le jour qu'il est fondé tout entier sur une erreur grossière? Y a-t-il une torture d'esprit plus risible que celle où il se jette lui-même par son misérable principe? Quoi? cet homme fait un livre sur l'éducation, et il pose pour base que l'éducation est un art contraire à la nature! Il veut former un homme pour la société; et, selon lui, la société déprave l'homme! Il prétend, à la vérité, que toute sa théorie a pour objet d'écarter l'influence des idées sociales; mais y a-t-il le moindre sens dans cette prétention? Et, de quelque manière qu'on s'y prenne, peut-on faire entrer dans l'esprit de quelqu'un les idées les plus simples, sans le conduire droit à la société ? Peut-on prononcer devant lui les mots de justice, de bonté, de loi, de droit, de devoir, sans lui révéler l'ordre social? Et Rousseau ne voit pas que la société est liée profondément avec toutes les affections de la nature humaine, puisque chacune de ces affections nous met en rapport avec les êtres, et que l'ordre de ces rapports naturels est la société elle-même ? Peut-on, enfin, instruire où être instruit, sans penser? Et cependant ce philosophe nous assure que tout homme qui pense est un animal dépravé. J'en demande bien pardon à ceux qui admirent une pareille doctrine; mais, de bonne foi, que peut-on dire d'un système qui roule sur des principes de cette fausseté? sont-ce là des inventions? est-ce du génie? est-ce même du sens commun? Et que penser du siècle qui appeloit cela de la philosophie?

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Siècle de lumière! ayez au moins le courage de souffrir la vérité; et si nous apportons quelque bonne foi dans nos recherches philosophiques, si nous vou

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en

lons sincèrement être éclairés, n'ayons pas honte de retourner aux voies de bon sens qui nous sont ouvertes. Voilà les maîtres qui ont instruits nos pères. qui nous parlent encore dans leurs livres. Quel natu rel, et quelle droiture de sens ne trouve-t-on pas dans leurs conceptions! Ils sont partis de ce principe, que l'éducation est une culture nécessaire, et la société un moyen de perfection. Par-là, ils éteignoient l'inimitié qui est entre l'homme et la société; car la société veut l'ordre; et s'il y a dans l'homme un principe de raison qui l'approuve, il y a aussi un principe de corruption qui le combat. Et qu'on examine, effet, si toutes ces doctrines contre la société ne sont pas venues des passions; si tous ceux qui se sont élevés contre elle n'étoient pas tourmentés par une imagination turbulente et chagrine, et si les excès même où ils nous ont précipités ne témoignent pas hautement que c'est une haine jalouse des grandeurs et des richesses qui les a poussés à attaquer enfin, jusques dans sa source, la propriété? Et certes, ils étoient conséquens, ceux qui, après avoir effacé du ciel toute idée de Dieu, vouloient aussi effacer ses images de dessus la terre; car l'athéisme et l'anarchie sont profondément synonymes. On fera voir quelque jour que Rousseau n'a pas compris le principe qu'il établit, et que ce qu'il appelle la nature, cette sainte nature qui revient sans cesse dans ses ouvrages, `n'est autre chose que ce désordre des passions qui, en effet, est très-opposé à la société; en sorte que ce philosophe voit sans cesse le bien où est le mal, et le mal où est le bien. Tout le roman de l'Héloïse est bâti sur cette erreur ; car, que deux amans regardent leur passion comme une loi suprême, qui doit l'emporter sur la volonté d'un père, il appelle cela la loi

que

de la nature; et de ce que la société s'oppose à ce désordre, il en conclut que c'est une tyrannie insupportable. Vous trouvez ce contre-sens dans presque tous les livres de la philosophie moderne. Et comme nous n'avons pas d'intérêt plus pressant que d'arrêter les progrès d'un venin si habilement préparé, nous n'avons pas non plus de devoir plus impérieux de consacrer nos foibles mains à cet ouvrage. Si le siècle qui vient de finir a employé tout son esprit à corrompre la société, pour la détruire, le siècle qui commence sous des auspices plus heureux, doit employer toute sa raison à l'éclairer, pour la rétablir sur ses véritables fondemens. Cette espérance ne nous est pas refusée; et ceux qui président à l'instruction publique comprendront, sans doute, que le système de l'éducation ayant pour but de former l'homme à la société, il ne doit pas être établi sur les principes de ceux qui en ont méconnu et troublé l'ordre.

III.

Z.

Sur les livres d'Education, et sur l'Emile de Rousseau.

Tour ce qu'on écrit maintenant à l'usage de la jeu

nesse,

commence à faire une masse de livres si considérable, qu'on ne sait plus à quoi s'arrêter, et qu'il faudra finir, probablement, par faire des éducations verbales, ce qui seroit beaucoup plus simple et sans doute beaucoup meilleur que si on enfonçoit dans la tête de cette pauvre jeunesse tout ce qu'il plaît à l'âge mûr de composer pour elle. C'est une chose remar→ quable que cette excessive tendresse pour les enfans, qui s'est emparée d'un si grand nombre d'écrivains, depuis environ cinquante ans. Ce qu'il y a de singulier

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