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de grands génies. Je hasarderai quel- | ont-ils enseigné formellement que l'idée ques réflexions, heureux de pouvoir m'appuyer sur le sentiment d'un auteur recommandable '.

de Dieu et Dieu ne font qu'un '. Mais la foi, d'accord avec la droite raison, nous apprend qu'en cette vie nous ne pouvons pas voir Dieu, que l'idée que nous avons de Dieu n'est qu'une image imparfaite de cet Être infini. Il est donc impossible de démontrer l'existence de Dieu au moyen de l'idée de l'infini et du parfait 2.

Au premier aperçu on est tenté de donner raison à saint Anselme et à ceux qui ont embrassé son opinion; leurs raisonnements paraissent concluants et leurs adversaires semblent ne les combattre qu'à l'aide de distinctions un peu subtiles. Pour bien saisir et comprendre ces objections, il faut se mettre au point de vue tout-à-fait excep- | tionnel où se placent ces philosophes. | Nous autres hommes simples, nous croyons que nos idées correspondent à des êtres existants hors de nous. Nous croyons que les premiers principes sont l'expression des lois réelles de la nature; nous accordons à nos idées et aux premiers principes une valeur objective. Ce que nous affirmons de l'idée nous l'affirmons de la chose; nous peusons que les conclusions que nous tirons des principes sont des réalités. Il n'en est pas de même des philosophes, surtout lorsqu'ils traitent la question qui nous occupe la correspondance des idées et des principes avec les choses est un problème pour eux. Ils séparent les idées d'avec l'objet. Par | suite, les idées, les premiers principes ne sont plus pour eux que des abstractions, des vérités internes purement subjectives; il s'agit de démontrer l'existence réelle, extérieure. Démontrer, c'est, comme on l'a déjà dit, tirer, extraire des prémisses ce qui est contenu. L'existence réelle ne pourrait être légitimement ou rigoureusement démontrée à l'aide des idées qu'autant qu'elle y serait renfermée et contenue, ce qui n'est pas. En particulier, l'existence réelle de Dieu ne pourrait être démontrée au moyen de l'idée de l'infini, du parfait, qu'autant que l'exis-tre l'inclination de la nature, cette tence réelle de Dieu serait contenue dans l'idée de l'infini, du parfait, qu'autant que notre idée serait une seule et même chose que Dieu. Aussi plusieurs des philosophes qui soutiennent que l'on peut démontrer Dieu de cette manière,

Mais lorsque nous sortons de cette situation forcée et exceptionnelle, lorsque nous cédons aux inspirations de la nature, nos idées et les premiers principes ont une valeur réelle, objective, les objections disparaissent. On prouve l'existence de Dieu au moyen de l'idée, ou plutôt cette existence n'a pas besoin de preuve : elle nous est donnée.

• G.-C. Ubaghs, professeur à l'Université cathoBique de Louvain,

Nous avons l'idée de l'infini et du parfait. Ecoutons Bossuet . « On dit : le parfait n'est pas; le parfait n'est qu'une idée de notre esprit, qui va s'élevant de l'imparfait; qu'on voit de ses yeux, jusqu'à une perfection qui n'a de réalité que dans la pensée : c'est le raisonuement que l'impie voudrait faire dans son cœur insensé, qui ne songe pas que le parfait est le premier et en soi et dans nos idées, et que l'imparfait en toutes façons n'en est qu'une dégradation... Il y a donc primitivement une intelligence, une science certaine, une vérité, une fermeté, une inflexibilité dans le bien, une règle, un ordre, avant qu'il y air une déchéance de toutes ces choses. En un mot, il y a une perfection avant qu'il y ait un défaut. Avant tout dérèglement, il faut qu'il y ait une chose qui est ellemême sa règle, et qui ne pouvant se quitter soi-même, ne peut non plus ni faillir ni défaillir. Voilà donc un être parfait; voilà Dieu, nature parfaite et heureuse. ›

Pour le philosophe qui se roidit con

'Cette conséquence résulte nécessairement du

système de Malebranche, qui prétend que nous voyons tout en Dieu. Fénelon dit en termes exprès (de l'Existence de Dieu, p. 11, n. 29): Il faut done conclure invinciblement que c'est l'Ètre infiniment

parfait qui se rend immédiatement présent quand je

le conçois, et qu'il est lui-même l'idée que j'ai delui.
• Ubaghs, Théodicée, pars 1, cap. iv, p. 74.
? Élévations sur les Mystères. 4re sem., 2o élév.

idée du parfait n'est qu'une vérité interne purement subjective; il aura beau la tourmenter, la presser, il n'en fera jamais sortir qu'une existence de même espèce, une existence abstraite, idéale. Mais pour l'homme qui cède au mouvement de la nature, cette idée lui révèle un Être infini, parfait, réellement existant hors de son intelligence.

Pour acquérir par cette voie la connaissance de l'existence de Dieu, l'homme n'a pas toujours besoin d'idées intermédiaires; il n'a besoin que d'attention; il lui suffit de se recueillir en soi-même, de s'élever au-dessus des sens, et de s'attacher aux idées pures dont chacun de nous porte le germe en soi-même. Par cette voie, l'existence de Dieu est connue d'une vue simple et immédiate comme les premiers principes: elle nous est donnée, c'est pour nous une vérité première. Telle est l'opinion de plusieurs philosophes chréliens'.

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saint Thomas qu'en général et à cause de la faiblesse de l'entendement ils ne peuvent s'élever à la connaissance de Dieu que par voie de raisonnement, et en remontant des effets à la cause première, des créatures au Créateur.

Est-il impossible à quelques esprits méditatifs, alors qu'ils ont été éclairés par la révélation et surtout par les révélations faites successivement au genre humain, dans ces moments où l'homme se dégage des sens, d'arriver à la connaissance de l'existence de Dieu par l'idée du parfait, de l'infini, de sorte que cette existence devienne pour eux une vérité première, une vérité évidente par elle-même ? Le prétendre, serait, ce me semble, exagérer la faiblesse de l'esprit humain. Si quelques-uns avaient assez de pénétration pour apercevoir aussi promptement certaines conséquences que les premières vérités d'où elles se tirent, il se pourrait alors trouver des esprits à qui la connaissance de Dieu tiendrait lieu d'une première vérité '. »

D'où vient donc que l'impie ne connait point Dieu; que tant de nations, ou Mais tout en reconnaissant que l'exisplutôt, que toute la terre ne l'a pas tence de Dieu est en elle-même, et peut- ́ connu, puisqu'on en porte l'idée en soi-être pour quelques esprits, une vérité même avec celle de la perfection? D'où vient cela? si ce n'est par un défaut d'attention, et parce que l'homme livré au sens et à l'imagination ne veut pas ou ne peut pas se recueillir en soi-même, ni s'attacher aux idées pures dont son esprit embarrassé d'images grossières ne peut porter la vérité simple.

première, nous n'irons pas jusqu'à dire avec les théologiens ou les philosophes que combattait saint Thomas, qu'il est inutile de prouver cette vérité, ni avec un philosophe moderne que cette preuveest impossible.

Cette preuve n'est pas inutile puisque l'existence de Dieu n'est une vérité On doit donc reconnaître que bien évidente par elle-même que pour un peu d'hommes, même éclairés des lu- petit nombre d'esprits pénétrants, que mières de la révélation, sont capables le commun des hommes ne peut parved'acquérir la connaissance de l'exis-nir à la connaissance de cette vérité que tence de Dieu par l'idée de l'infini et du par voie de raisonnement. parfait. Cette preuve est au-dessus du grand nombre; l'infini n'est rien pour les sens; ce n'est rien pour les trois quarts du genre humain 3. ›

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L'existence est comprise dans l'idée d'un être parfait aussi clairement que dans l'idée d'un triangle rectiligne est comprise cette propriété, par laquelle les trois angles sont égaux à deux droits.

Je le crois, mais cette propriété n'est pas une vérité évidente, dès que l'on a l'idée du triangle; on ne parvient à la démontrer et à l'extraire de l'idée du triangle qu'à l'aide de plusieurs idées intermédiaires; l'existence réelle de

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Dieu n'est point évidente par elle-même, dès qu'on a l'idée de l'être parfait : l'existence est inséparable de l'essence dans l'être infini; mais, de l'aveu de Descartes, nous n'éprouvons pas peu de difficulté à le comprendre par suite de l'habitude que nous avons de séparer ces deux choses dans tous les autres êtres. Si le raisonnement n'est pas inutile pour démontrer l'existence de Dieu à ceux qui savent se dégager des sens et peuvent avoir l'intuition des idées de l'infini et du parfait, à plus forte raison est-il nécessaire aux trois quarts du genre humain, pour qui l'infini n'est rien. Il n'est pas impossible de prouver l'existence de Dieu.

Dieu est un premier principe, et les premiers principes ne sont pas susceptibles de démonstration: telle est l'objection.

Nous examinerons plus tard si l'on peut ou non démontrer l'existence de Dieu. Pour le moment, nous nous bornerons à cette seule observation.

qu'ils énoncent n'est qu'une existence abstraite, nous ne pouvons en tirer que des conclusions abstraites : l'existence déclarée par la conclusion ne peut avoir que la même valeur. Mais lorsque nous cédons à ce mouvement de la nature qui porte à croire à la correspondance et à la conformité de nos idées avec les objets extérieurs qu'elles représentent, nos idées acquièrent une valeur objective; les axiomes cessent d'être des principes abstraits, c'est-à-dire séparés de l'existence réelle; les conclusions que nous tirons de nos idées et de ces axiomes ne sont plus des vérités purement logiques toutes les objections s'évanouissent; elles portent toutes sur l'impossibilité d'inférer d'une idée l'existence réelle. On peut sans contradiction, dit saint Thomas, nier l'existence réelle de l'être parfait dont on a seulement l'idée la contradiction n'existerait qu'autant que l'on poserait l'idée et l'existence réelle. La critique que fait M. Cousin de l'argument de Leibnitz porte sur la même observation les axiomes qui lui servent de prémisses sont des principes abstraits; il n'en peut sortir qu'une conclusion abstraite. L'existence exprimée par ces prémisses ne peut s'entendre que d'une existence abstraite; l'existence décla

-Dieu n'est pas premier principe sous le même rapport que les axiomes qui servent de prémisses aux démonstrations. Les axiomes sont appelés premiers principes, parce qu'ils sont premiers dans l'ordre de nos connaissances, dans l'ordre logique Dieu est premier principe dans l'ordre des exis-rée par la conclusion doit avoir le tences, dans l'ordre réel. Il n'est pas d'être qui ne lui doive l'existence, et il ne la doit à personne. Tous les êtres se rapportent à Dieu comme à la cause première : il n'est pas de créature qui ne nous mène à Dieu, comme dans un cercle il n'y a pas de rayon qui ne conduise au centre. Il n'y a pas de créature qui ne prouve l'existence de Dieu, de même que dans une famille il n'y a pas de membre qui ne prouve l'existence de l'auteur commun.

Nous ne parlerons ici que des preuves tirées de l'idée du parfait et de l'infini. . Lorsque ces idées n'ont pour nous qu'une valeur subjective, nous avons beau les presser, les tourmenter, nous n'en ferons jamais sortir qu'une conclusion logique. Lorsque les axiomès qui servent de prémisses à nos raisonnements ne sont pour nous que des principes abstraits, que l'existence

même caractère. Ces objections sont fondées au point de vue où se placent saint Anselme et surtout Descartes et Leibnitz; les idées, les principes, ne peuvent avoir qu'une valeur purement subjective: l'existence du monde extérieur est encore un problème à leurs yeux. Mais lorsqu'on se place dans la situation naturelle de l'homme, nos idées et les principes représentent des réalités. L'existence réelle de Dieu nous est donnée au moyen de l'idée. Cette observation est plus frappante lorsqu'elle est appliquée à cette proposition: celui qui est, n'est pas. Tout homme qui a le sens commun y voit une contradiction évidente. Cette contradiction existe lorsque le mot est a le même sens dans les deux termes de la proposition, lorsque l'existence y est prisé sous le même rapport. Mais si dans la première partie on parle d'une

existence idéale, abstraite, et dans la seconde d'une existence réelle extérieure, la contradiction disparaît. Il n'y a pas contradiction dans cette proposition: celui qui existe dans mon entendement n'existe pas en réalité et hors de mon entendement, ou en d'autres termes : l'être dont j'ai l'idée n'existe pas. Tel est le sens de cette proposition: celui qui est, n'est pas, dans les écrits

des philosophes qui, de l'idée de Dieu, prétendent qu'on ne peut inférer son existence. Mais dans cette parole révélee: Je suis celui qui suis, l'existence est prise sous le même rapport dans les deux termes; il s'agit d'une existence réelle et dans la nature des choses : ainsi l'entendent tous les hommes; alors il y a contradiction manifeste dans cette proposition: celui qui est, n'est pas.

A. D.

Cours de la Sorbonne.

COURS D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE, DE M. L'ABBÉ JAGER,

RECUEILLI PAR M. LEOPOLD DE MONTVERT.

DEUXIÈME LEÇON '.

Elections pontificales.

sa mort.

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Régles prescrites autrefois par les canons de l'Eglise pour l'élection des évêques, et spécialement pour ceile du pape. Approbation de l'empereur; ob. servations à cet égard. – Réflexions sur l'état de l'Église avant Clément II, Damnase II et Léon IX, -Humilité de ce dernier pontife, Son génie et sa veriu; Renouvellement des scandales de Benoît IX, malgré toute l'habileté d'Hildebrand, chargé par le pape défunt de l'administration du Saint-Siége pendant la vacance. ➡ Ambassade d'Hildebrand près de l'empereur; ses calculs et sa fermeté, et réussite de ses desseins. Nomination de Gebhard d'Eichstads sous le nom de Victor II. Grand zèle de ce pape pour la réforme. — Son administration éclairée et ferme. - Mort de l'empereur Henri III. Caracière de ce prince. -Son fils, Henri IV, reconnu par le pape et une foule de seigneurs ecclésiastiques et laïques. Mort facheuse et préMauvaise situation de

maturée de Victor II.

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-

peuple et du clergé romain.-Il meart.-Événements qui s'ensuivent. — Impénétrables desseins de la Providence, – Cinq papes, hommes de génie, et lous jeunes, meurent en 12 ans. Les seineurs romains nomment un anti-pape. Hilde. brand et les cardinaux él sent Gérard, évêque de Florence, sous le nom de Nicolas II. - Fin du schisme. Salutaire leçon donnée par ces derniers événements. L'élection est enlevée au peuple, au clergé du second ordre et à l'empereur. Hildebrand; son génie planant sur toute cette époque. Lois et décrets de Nicolas II. Sa mort.- - Terribles orages qu'elle souléve. - Anselme, évêque de Lucques, élu sous le nom d'Alexandre II. - Encore un anti-pape Cadaloüs. Lutte entre le pape légitime et l'intrus, qui finit par aller mourir dans l'obscurité. L'impératrice Agnès se retire auprès du pape qu'elle avait per sécuté.

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Messieurs, c'est une des plus belles, des plus glorieuses et des plus intéressantes périodes de notre histoire catholique, que je viens vous analyser aul'Église. — Étection pressée de Frédéric, l'ex-jourd'hui. Je regrette bien que le plan chanoine de Liége, sous le nom d'Etienne IX. - de mes travaux me force à ne vous Ce pontife et son frère le due Godefroi. Admi- donner qu'une analyse, quand je vounistration d'Étienne au milieu des plus violentes drais pouvoir décrire tous les événements, rapporter les moindres circonStances, les plus petits détails. Plus tard, j'aurai, il est vrai, à revenir sur cette époque; mais, en attendant, il m'a paru indispensable de placer ici cet aperçu général, afin de conserver à

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notre système d'études un certain ordre et de la suite. Impatient, je l'avouerai, d'aborder au plus tôt les questions si graves et si délicates, qui doivent nous occuper cette année, je me contenterai donc de vous donner ici un récit succinct, et l'appréciation impartiale des principaux faits qui surgirent, à propos des élections pontificales, depuis la nomination de Damase II jusqu'à l'avénement de Grégoire VII au trône pontifical. Je serai obligé de répéter ici quelques notions déjà données: il en est toujours ainsi en histoire, où le même fait touche à la fois à plusieurs questions, revient souvent et nécessairement semblable au fond, si ce n'est dans ses conséquences. Nous traverserons de nouveau quelque peu du 10 siècle et de la première partie du 11o. Cependant je serai bref, et j'arriverai promptement à cette série de pontifes que je vous ai tant loués d'avance et que je vais enfin vous faire connaître.

D'abord, Messieurs, voyons quelles étaient autrefois les règles prescrites par les canons de l'Église pour l'élection des évêques et spécialement pour celle du pape. L'élection des prélats était dévolue au peuple et au clergé, sauf ensuite l'approbation pontificale. Le pape, nommé par le peuple et le clergé de Rome, devait aussi être choisi dans le sein de ce clergé, à moins pourtant (et le cas se présenta) qu'il n'y eût dans toute cette Église aucun sujet digne de ce poste éminent; il fallait, en outre, que le pontife fût consacré par l'évêque d'Ostie, après avoir reçu l'approbation du souverain, possédant le titre d'empereur, qui, en cette qualité, se trouvait être le protecteur-né du Saint-Siege; les commissaires de ce prince devaient du moins assister à la consécration. Cependant il est bon de vous faire observer, Messieurs, que cette dernière règle, faite en vertu d'un concordat, avait changé à différentes reprises, selon la diversité des besoins et des positions où se trouvait l'Église. Une autre remarque essentielle, c'est que jamais, d'après les canons de l'Église, l'empereur n'eut le droit de casser une élection régulièrement faite; protecteur obligé de la papauté, il de

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vait naturellement veiller, exiger qu'elle ne fùt point occupée contrairement aux intentions de l'Église, et dans ce dernier cas seulement, il pouvait faire renouveler une élection illégale. Là se bornent sur ce point tous les priviléges accordés aux empereurs il n'y a au fond rien de plus, rien de moins, dans les faveurs dont jouirent les monarques grecs, Charlemagne et ses successeurs.

Telles se trouvaient encore, vers le milieu du 10° siècle et depuis la lointaine origine du Christianisme, les coutumes, les lois disciplinaires prescrites et suivies par l'Église dans l'ordre de la succession à la chaire apostolique. Ces coutumes, ces lois, avaient eu d'heureuses conséquences et produit de bien grands papes; mais déjà, depuis quelque temps, il en résultait de déplorables abus, et leur rectification ou changement était devenu indispensable. Je vous l'ai déjà dit, Messieurs, et je vous l'ai prouvé par des témoignages non suspects et par des faits irrécusables, à cette époque de l'histoire où nous sommes arrivés, une seule puissance pouvait porter remède aux maux qui désolaient l'Église, une seule puissance pouvait sauver l'Occident de sa ruine : ce pouvoir sauveur et tutélaire, vous le savez, c'était la Papauté ; vous comprenez donc aisément quels grands interêts dépendaient alors de la nomination au Saint-Siége.

Le clergé romain n'était plus malheureusement digne de choisir celui qui devait régner spirituellement sur toute la chrétienté, et le peuple de Rome, dégénéré, corrompu, se laissant, en ces circonstances solennelles, gagner par l'argent ou l'intrigue, à la solde des puissantes familles, nommait sans se gêner des anti-papes, les installait par la violence, et poussait même l'audace et la fureur jusqu'à massacrer le pontife légitime. Mais si, à cet égard surtout, se manifestait la nécessité d'une réforme dans la discipline ecclésiastique, d'un autre côté, les embarras pour l'accomplir étaient tellement considérables, que les prélats les mieux intentionnés et les plus capables ne savaient de quelle manière remédier à de si grands maux. Nommer un pape

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