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sés gratuitement, et personne n'a rien à leur demander. Les clercs inférieurs ne doivent rien donner pour leur installation, excepté dans la grande église de Constantinople où, suivant le même usage, ils étaient obligés de payer les assistants de l'évêque, et la loi leur défend de donner plus d'une année de revenu. C'est ainsi que l'empereur, forcé par les circonstances, se contenta de régulariser le désordre, et d'abaisser la loi au niveau de la faiblesse humaine. Avec les beaux et nobles sentiments que nous lui connaissons, ce prince dut être bien malheureux de n'avoir pas le courage ou le pouvoir de suivre ses bonnes intentions.

< choses les plus cruelles, puisqu'ils ne | exempts de cette rétribution', intronipeuvent pas être remis dans leurs ⚫ églises, sans donner de l'or dont on « détermine la somme à volonté. » Il proscrivit donc cet abus, et défendit, sous peine de déposition, de recevoir à l'avenir de l'argent pour l'installation d'un clerc'. Justinien n'eut pas assez d'énergie pour établir réellement le règne de cette loi : craignant sans doute l'influence du patriarche de Constantinople, il s'empressa de calmer les craintes qu'auraient pu lui donner les nouvelles ordonnances, en l'assurant qu'il n'a rien voulu innover dans sa grande église, où l'on pouvait toujours suivre les usages reçus. On ne peut s'empêcher de regretter une pareille faiblesse, qui lui fit permettre à Constantinople des actes qu'il détestait au fond de son cœur, et qu'il ne voulait pas absolument tolérer ailleurs.

Ce prince désirait aussi faire cesser les grayes abus de l'intronisation des évêques; mais n'osant pas supprimer ces coutumes enracinées et passées dans les mœurs, il laissa subsister le vice et chercha seulement les moyens d'en empêcher l'extension. Voici le résumé de ses décrets. Il se contenta d'indiquer les sommes qu'on pouvait donner pour l'intronisation d'un évêque, et défendit de les outrepasser. Ainsi il fut permis aux quatre patriarcats d'Orient et à celui de Rome (qui ne profitait pas de la permission, mais Justinien voulait donner à sa loi un caractère d'universalité), de donner jusqu'à 20 livres d'or, mais pas au delà. Les métropolitains et les autres évêques, dont les revenus dépassaient 50 livres, pouvaient donner 100 sous d'or et 300 aux notaires et aux assistants. Ceux des prélats qui ont moins de 30 livres de revenu, paient à proportion de leurs revenus et sont divisés en quatre classes. La première comprend ceux qui ont moins de 30 livres d'or et plus de 10; la seconde, ceux qui ont plus de 5 et jusqu'à 10; la troisième, ceux qui ont moins de 5, mais plus de 3; la quatrième, ceux qui ont moins de 5, mais cependant plus de 2; enfin, les évêques ayant moins de 2 livres sont

⚫ Novell. 56.

Ces énormes abus, appelés usages, coutumes, consuetudines, restèrent dé sormais dans l'église de Constantinople, et la simonie s'y abrita sous leur protection toute-puissante. De là elle se répandit vite dans les autres patriarcats, nous en trouvons la preuve dans les lettres de saint Grégoire-le-Grand vers la fin du 6 siècle.

Ce pontife s'entretenait un jour familièrement avec quelques-unes des personnes qui l'approchaient de plus près, et la conversation vint à tomber sur les diverses coutumes des Églises. L'un des membres de la compagnie, savant médecin, qui avait étudié longtemps dans la ville d'Alexandrie, rapporta, sans y mettre la moindre importance, qu'un de ses condisciples de mœurs dépravées avait été ordonné diacre, et qu'il était parvenu à cette dignité par des présents et des largesses, selon la coutume en vigueur dans l'église d'Alexandrie. A ce récit, rempli d'étonnement et de douleur, saint Grégoire écrivit aussitôt à saint Euloge, patriarche d'Alexandrie, pour lui signaler ce fait, et l'exhorta vivement à extirper de son patriarcat la simonie, la première des hérésies, qui corrompt la sainteté de l'Église, en ouvrant les rangs du sacerdoce à des hommes dont la richesse est tout le mérite et toute la vertu. La simonie dont se

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plaint saint Grégoire ne pouvait être que celle exercée en vertu des coutumes autorisées par un long usage et les lois de Justinien, car saint Euloge était incapable de faire ou de permettre des ordinations pour de l'argent; si donc on en donnait, c'était sans nul doute selon l'usage de Constantinople qui s'était établi dans le patriarchat d'Alexandrie.

C'est encore probablement des mêmes coutumes dont se plaint saint Grégoire dans sa lettre à Hésychius, patriarche nouvellement élu de Jérusalem. Ce grand pape déplore avec amertume qu'en Orient personne ne puisse plus parvenir aux ordres sacrés, qu'en offrant | des présents et faisant des largesses'. Ces usages corrupteurs restèrent pour toujours dans l'Église grecque; on les voit, figurer au 9° siècle dans le Nomocanon de Photius. Nul doute, Messieurs, qu'ils n'aient été la première cause de la dégradation du clergé d'Orient, au sein duquel bientôt s'introduisit à leur suite le relâchement des mœurs et de la discipline ecclésiastique. Dès lors le prêtre n'étant plus ordonné selon l'esprit de Dieu, le schisme finit par envahir peu à peu cette magnifique portion de l'Église.

Cependant il ne faudrait pas croire, Messieurs, que tous les patriarches et tous les évêques d'Orient se soient conformés à ces tristes abus. Nous trouvons dans l'histoire plus d'un exemple de désintéressement; entre autres celui que nous offre la vie de saint Jean-l'Aumônier. Ce patriarche avait épuisé toutes ses ressources en aumônes et ne savait plus comment venir au secours des pauvres. Un jeune homme demanda, dans ces circonstances, à être ordonné diacre, proposant, pour obtenir cette faveur, des valeurs considérables: 200 boisseaux de blé et 180 livres d'or. Mais malgré son extrême détresse, saint Jean, ne la trouvant pas pure, repoussa de toutes ses forces cette offre si séduisante. Saint Jean-l'Aumônier possédait éminemment l'esprit de l'Église et de

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la vraie charité; sa droiture ne lui permettait pas d'interpréter le canon du concile de Calcédoine dans le sens des Grecs.

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Grâce à la sollicitude et à la fermeté des papes, les déplorables abus tolérés par la loi de Justinien ne parvinrent pas à s'établir en Occident. La simonie n'y était pourtant pas inconnue; partout où l'on voit honneurs et richesses, l'on trouve aussi des ambitieux et le terrible combat de la chair et de l'esprit : tel est le cours ordinaire de la nature. Mais en Occident la simonie ne s'exerça pas au moment de l'intronisation comme en Orient; elle agit à l'instant des élections, où tous ceux qui ambitionnaient l'épiscopat faisaient des offres et des promesses aux électeurs pour les gagner. Toutefois, comme nous l'avons dit, ces manœuvres sacriléges demeurèrent à peu près inconnues jusqu'au 5 siècle, et, dans ce siècle même, c'est à peine si l'on en trouve quelques rares exemples. Si, par exemple, en 475, le siége de Bourges étant vacant, une foule de prétendants emploient aussitôt les plus viles intrigues; si plusieurs offrent de l'argent, le fait paraît monstrueux, inoni, et les électeurs rejettent avec indignation de pareilles propositions. Pour les repousser d'une manière plus éclatante et ne pouvant d'ailleurs tomber d'accord sur le choix qu'ils devaient faire, ils s'adressent à saint Sidoine, évêque de Clermont (Auvergne), pour le prier de leur choisir un évêque. Saint Sidoine se rendit à ces désirs; mais il voulut s'entourer du conseil des évêques ses voisins. En les convoquant à cet effet, il leur signale les intrigues qui ont eu lieu et l'effronterie de ceux qui sont allés jusqu'à offrir de l'argent. Il y a longtemps,

dit-il, que l'épiscopat aurait été mis « à l'enchère, si l'on avait trouvé des . vendeurs aussi facilement que des <acheteurs'. » L'année suivante, en 474, le siége de Châlons-sur-Saône fut dispúté à outrance par trois compétiteurs. Le premier vantait sa noblesse, dont les priviléges devaient lui servir de science.

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grands progrès en Espagne et s'y enracina fortement. Les anathèmes ne suffisaient plus, il fallut employer les mesures de rigueur. Ainsi la confiscation des biens, une prison perpétuelle ou l'exil devinrent la punition de celui qui était parvenu à l'épiscopat par voie de simonie'. L'on comprend qu'avec de pareils moyens de répression énergiquement appliqués, la simonie, bientôt extirpée d'Espagne, ne put pas facilement y reprendre racine. Dans ce pays, l'autorité civile vint efficacement au secours de l'Église; les mesures y furent prises de concert avec les souverains, et les peines temporelles dont je viens de vous parler se trouvent décrétées dans les conciles deTolède, assemblées mixtes comme on en voit beaucoup au moyen âge...

et de vertu. Un second possédait grand | crets des pontifes, la simonie fit de nombre d'amis, et sa table, constamment bien servie, lui donnait beaucoup de crédit. Enfin le troisième n'avait ni fortune ni haute considération, mais il promettait une partie des biens de l'église, et assurait de sa protection reconnaissante ceux qui, par le secours de leurs voix, l'aideraient à monter sur le trône épiscopal. Au milieu de cette lutte, on ne sait à qui eût été dévolu le siege vacant, si saint Patient, évêque de Lyon, et plusieurs autres évêques ne se fussent réunis à Châlons, où ils réussirent à écarter les trois prétendants pour choisir un homme selon l'esprit de Dieu. Telles sont les tentatives de simonie que nous montre en Occident le 5° siècle, et vous voyez qu'alors, comme en d'autres temps, certaines gens ne se faisaient pas scrupule d'intriguer aux élections ecclésiastiques.

Les évêques, vous le voyez aussi, en jugeaient autrement. La papauté surtout fut constamment attentive, et son œil vigilant ne laissa échapper aucune occasion de réprimer toute espèce de simonie. En 501, le pape Symmaque écrivit à son vicaire apostolique, Césaire, évêque d'Arles, pour exciter son attention sur les manœuvres mises en usage aux élections. Les paroles du pontife nous en révèlent la nature.

Ces manœuvres, dit le saint Père, sont indignes des gens du monde, à plus forte raison de ceux qui aspirent à l'épiscopat. Il défend de donner de l'ar gent pour gagner les électeurs influents, d'engager par écrit le clergé à donner son suffrage à tel ou tel, ou de s'y déterminer soit par des menaces, soit par des promesses 2.

Dix-sept ans après, en 517, le pape Hormisdas fait les mêmes recommandations aux prélats d'Espagne, et tâche surtout d'attirer l'attention des métropolitains sur les élections épiscopales; il les rend responsables si un évêque vient à entrer dans VÉglise par voie de simonie . Au 6 et au 7 siècle, malgré les dé

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En France, c'est tout le contraire qui arrive. Dès l'établissement de la monarchie, les souverains s'emparent des élections et ce sont eux-mêmes qui exercent la simonie. Nous ne savons pas trop bien ce qui se passa à ce sujet sous le règne de Clovis; seulement il est certain que les membres du clergé venaient déjà souvent à la cour pour y solliciter des grâces et des faveurs; car, à la demande de ce prince, le concile d'Orléans, en 514, défend aux clercs de se présenter à la cour sans le consentement et la recommandation de l'évêque §. Mais les fils du roi fondateur sont moins scrupuleux que leur père : ils nomment aux évêchés, et s'ils demandent le consentement du clergé et du peuple, c'est pour ne pas violer trop ouvertement la loi canonique. Ainsi le roi Thierry donne pour évêque à Clermont le fameux saint Gal; à Trèves, saint Vicet. De pareils choix étaient heureux sans doute; malheureusement tous ne leur étaient pas semblables, et du moment que les princes nommaient aux évêchés, l'Église se trouvait à leur merci, suivait les phases de leur politi que et subissait les vicissitudes de leurs gouvernements. Les nominations étaient donc plus ou moins convenables, selon

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les dispositions particulières des souverains; aussi, dès le temps de Thierry, l'on venait à la cour avec de riches présents pour demander tel ou tel évêché, et, comme dit Grégoire de Tours, l'on achetait du roi ces saintes fonctions'. Alors, Messieurs, les germes de la simonie commencèrent à se répandre.

n'est point dans l'usage de mon gou« vernement de vendre la dignité du sa

cerdoce pour de l'argent'. » Les lettres de saint Grégoire-le-Grand nous apprennent qu'en ce temps-là la simonie était à l'ordre du jour, que les souve, rains, ne se contentant plus du privilége de confirmer les élections, nommaient directement aux siéges vacants sans consulter le métropolitain, sans prendre même l'avis du clergé ni du peuple. Les évêques de France, fortement excités par les efforts du saint pontife, voulurent s'opposer à ce débordement funeste du pouvoir royal; ils s'assemblèrent encore une fois à Paris en 615, proscrivirent toute simonie et déclarérent particulièrement nulle l'ordination de l'évêque introduit par la puissance séculière sans le consentement du mé

Afin de donner force de loi au décret du concile, et pour mieux obliger le souverain à l'observer, les princes de l'Eglise en proposèrent la sanction au roi Clotaire. Clotaire approuva le décret par respect (dit-il) pour les anciennes ordonnances de l'Église ; mais tout en l'approuvant il garde le droit de con. firmation: aucun évèque ne devra être ordonné sans son ordre, et de plus le monarque s'attribue le droit de choisir les pontifes parmi les clercs du palais, dont l'élection n'est soumise à aucun contrôle 3.

Ces choses se passaient en 553, et l'Église ne tarda pas à protester hautement. Le concile de Clermont, en 555, condamne les élections qui se font par la faveur, et la puissance des princes prive l'élu de toute communion avec l'Église, et rétablit ainsi la liberté d'élection. Cependant, ces efforts n'empêchèrent pas les progrès du mal, et l'Église fut obligée de faire intervenir le prince pour écarter les intrigants. Le concile d'Orléans, en 549, déclare le consentement du pouvoir civil néces-tropolitain, du clerge et du peuple '. saire pour valider l'élection ; désormais les souverains ont un titre légal; pour être évêque il ne suffit plus d'ètre choisi par le clergé et le peuple, il faut encore, avant d'être consacré par le métropolitain, obtenir le consentement du roi. Cette disposition fit tomber l'Église de Carybde en Scylla; les princes profitèrent avidement de la position qu'on leur faisait si belle; ils finirent par rejeter ceux qu'on leur présentait et par nommer d'autorité leurs créatures, malgré la volonté du métropolitain et du peuple. Le troisième concile de Paris, en 557, cherche à proserire cet abus: il défend aux princes d'imposer des évêques contre la volonté du peuple, du métropolitain et du clergé. Mais tous les efforts de l'Église furent impuissants, les rois n'en continuèrent pas moins de nommer aux évêchés et de les vendre. Peu d'entre eux possédèrent les sentiments élevés et suivirent le noble exemple de Gontran. L'histoire ecclésiastique rapporte que ce prince repoussa avec mépris les offres d'un prêtre qui lui offrait de l'argent pour le siége de Bordeaux, en lui disant: « Il

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Clotaire se donnait, comme on le voit, une grande latitude, et conservait le moyen d'éluder selon sa volonté les prescriptions du concile, puisqu'il pouvait annuler l'élection du clergé et du peuple, et envoyer les cleres de son palais. Et ce n'était point pour la forme que ce roi se réservait ainsi, tout en prétendant l'approuver, la faculté de violer la loi de l'Église. En 561, il fit ordonner Emerius à Saintes sans le consentement du métropolitain, qui se trouvait absent, et mourut cette même année.

Un concile présidé par Léonce, archevêque de Bordeaux, déposa le nouvel

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évêque de Saintes comme ayant été ordonné contre les canons; mais Caribert, fils de Clotaire, le rétablit dans sa dignité, condamna à de fortes amendes les évêques auteurs de la déposition, et fit maltraiter le prêtre qui lui en avait apporté la nouvelle '.

Messieurs, telles furent à cette époque les infructueuses tentatives du clergé pour défendre la pureté de la discipline. Si l'on a quelques notions de l'histoire de France, l'on connaît l'état d'avilissement profond où tombèrent les élections épiscopales sous les règnes dissolus et despotiques des rois de la race mérovingienne. Les évêchés, tous richement dotés, devinrent pour ces tristes monarques des mines de richesses et des moyens de récompenser leurs favoris, en sorte que l'on vit bientôt devenir évêques des clercs d'une conduite scandaleuse, des laïques corrompus, des gouverneurs de provinces, et jusqu'à des majordomes 2. Ils trouvèrent même plus simple de laisser les siéges vacants et d'y installer des laïques chargés d'organiser des fournitures de guerre. Messieurs, sous le joug de ce pouvoir infâme et abruti, le clergé finit par tomber dans une dégradation difficile à dépeindre: il perdit tout noble sentiment, tout instinct de gloire; il n'eut plus ni énergie ni aucune science; il se plongea à corps perdu dans les hontes de l'immoralité et les ténèbres de l'ignorance. Ce fut comme une résurrection du paganisme et l'image d'une barbarie dégoûtante, Le rapport de saint Boniface au pape Zacharie, en 742, donne une idée de cette affreuse situation de l'Église et du royaume de France : « Depuis plus de 80 ans, dit-il, il n'y a eu ni conciles ni < archevêques. Les évêchés se trouvent « en grande partie entre les mains de <laïques avides de posséder ou de clercs a fornicateurs et usuriers qui ne cher<chent que la jouissance des biens de « l'Église..... Il en est d'autres qui se glorifient de n'être ni fornicateurs ni

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adultères, mais ils sont ivrognes, que

« relleurs et chasseurs : ils vont à la guerre et versent le sang, soit des « païens, soit des chrétiens. ›

Voilà, Messieurs, quels furent les résultats de la simonie. Ne désirons donc pas au clergé les richesses; derrière elles sont la simonie et l'incontinence qui se donnent la main. En vous lisant ce triste rapport, j'ai désiré montrer que comme Français nous avons des raisons particulières de détester la simonie; si ce vice ne s'était pas introduit dans l'Église, les évêques eussent été choisis selon les canons; alors l'épiscopat vertueux et uni se serait opposé avec succès à l'envahissement du désordre, et notre histoire ne renfermerait pas les scènes hideuses dont le triste récit fait tomber le livre de nos mains. Ces déplorables années auraient été pour notre chère patrie des années de prospérité et d'honneur. Dès lors, elle aurait commencé à devenir la gloire de l'Occident selon sa destinée; car ces temps de malheur et d'expiation eurent un terme.

Dieu laissa tomber sur la France un regard de pitié; dans son adorable, dans son infinie miséricorde, il voulut la tirer de l'opprobre et de l'angoisse mortelle où elle se débattait; et trois hommes vinrent l'un après l'autre sous son inspiration sainte, commencer, continuer, et accomplir cette magnifique, ceuvre de salut et de régénération.

Charles-Martel, Pepin-le-Bref et Charlemagne ! Quel autre royaume du monde vit jamais se succéder sur son trône une pareille succession de grands rois! En ces temps-là, Messieurs, la chrétienté haletait de frayeur sous la pression musulmane, et le croissant semblait devoir dominer le monde. Mais dans les champs de Poitiers, sous l'immortelle egide de la croix, le croissant se courbe et recule au delà des mers. L'épée française a brisé le cimeterre turc, et Charles-Martel a pour toujours sauvé l'Europe du joug ottoman. Cependant, quelque brillante qu'elle fût, une seule existence ne pouvait suffire à l'immense et difficile travail; la longue habitude du désordre, des mœurs dépravées, la confusion et l'oubli des devoirs exi

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