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ces scènes si fréquentes au 10° et au 11° siècle.

Le pape Jean II eut pour successeur Agapit, pontife vertueux. Comme le royaume d'Italie était menacé par l'empire de Constantinople, par Bélisaire, qui venait de faire la conquête de l'Afrique, Théodat, roi des Goths, eut peur et força le pape Agapit à aller à Constantinople pour conjurer l'orage. Le pape n'eut aucun succès. Il profita de son séjour à Constantinople pour régler les affaires de l'Église, et déposa le patriarche Anthime pour mettre Mennas à sa place, malgré les intrigues de l'impératrice Théodora, qui protégeait secrètement Anthime et d'autres évêques partisans d'Eutychès. L'empereur Justinien approuva la décision du pontife, qui mourut bientôt après à Constantinople '.

Théodora, dont tous les projets avaient échoué, conçoit alors une idée infernale. Pour protéger ses évêques hérétiques, elle voulut faire nommer un pape qui leur fût favorable. Le diacre Vigile, qui avait déjà cherché à se faire nommer le successeur de Boniface II, du vivant de ce pontife, était alors à Constantinople en qualité d'apocrisiaire du Saint-Siége. Théodora, qui connaissait son ambition et son avarice, le fit venir, et lui dit en secret qu'elle se chargerait de le faire pape par l'intermédiaire de Bélisaire, si toutefois il voulait lui promettre que, dès qu'il le serait, il rejetterait le concile de Calcédoine, reconnaîtrait la foi d'Anthime, de Sévère d'Antioche et de Théodose d'Alexandrie, et les recevrait dans sa communion; elle ajouta, que s'il lui rendait ce service, elle lui donnerait en outre sept cents livres d'or '. Vigile, qui aimait autant l'argent que la dignité, fut au comble de sa joie et souscrivit à tout ce qu'on lui demandait, c'est-à-dire, il consentit à trahir sa foi et celle du SaintSiege pour devenir pape. Jamais on n'avait vu un trafic plus infâme ni un traité plus honteux. A cette heure-là même Bélisaire prenait la ville de Naples après une vive résistance. Il s'était conduit

⚫ Baron., an. 536, n. 30. 2 Ibid., n. 123.

avec modération, selon les historiens byzantins, et avec cruauté, selon les historiens de l'Italie, mieux informés. Théodora envoya donc Vigile à Rome, avec une recommandation pour Bélisaire, qu'elle croyait déjà sans doute maître de cette ville. Vigile, en arrivant à Rome, trouva la ville encore occupée par Théodat, et un nouveau pape déjà consacré et intronisé; c'était Silvère, diacre de l'Église romaine, fils du pape Agapit, que celui-ci avait eu, bien entendu, d'un mariage antérieur à son pontificat. Il y avait bien quelque chose à dire sur l'élection de Silvère. Théodat l'avait faite de sa propre autorité, et menacé de mort tout clerc qui n'y souscrirait point. Malgré ces menaces, le clergé n'y souscrivit qu'après son ordination, encore ne fût-ce que pour éviter un schisme dans l'Église romaine. Par cette souscription, quoique peu volontaire, Silvère était devenu pape légitime '.

Vigile, désappointé, quitta Rome, s'en alla à Naples trouver Bélisaire. Il lui montra les ordres de l'impératrice Théodora, lui promit deux cents livres d'or s'il venait à les faire exécuter : deuxième marché. Ensuite il s'en retourne à Constantinople pour raconter sa mésaventure à Théodora, et se concerter avec elle. Dans l'intervalle Théodat est assassiné, et Vitigès nommé roi d'Italie. Mais Bélisaire s'était emparé de la ville de Rome, grâce surtout aux efforts du pape Silvère, qui, voyant toute résistance inutile, avait conseillé aux habitants de Rome de recevoir le vainqueur. La nouvelle de la prise de Rome étant arrivée à Constantinople, Théodora, qui tenait moins à Vigile qu'à la protection du pape pour les hérétiques, s'adressa à Silvère, le priant ou de venir à Constantinople, ou de rétablir le patriarche Anthime, déposé par son père. Le pape ne consentit ni à l'un ni à l'autre, sans se dissimuler les dangers, qui devaient en résulter pour lui. Car ayant ouvert la dépêche de l'impératrice, il dit que cette affaire lui coûterait la vie. Il

Baron., an. 536, n. 120. Idem, an. 538, n. 5.

autrement il ne pourrait pas lui donner l'argent promis. Bélisaire eut la faiblesse de céder; Silvère fut livré à Vigile, qui le fit transporter dans l'ile de Palmaria, où il mourut de faim et de misère '.

connaissait l'intrigue des cours et pré- | le menaçant des jugements de Dieu. voyait ce qu'il devait en attendre. Ce- L'empereur, effrayé de ce langage, rappendant Vitigès avait fait un appel à pela Silvère de son exil, et ordonna tous les Goths, même au-delà des une nouvelle instruction.Théodora vouAlpes; se trouvant à la tête d'une armée lut empêcher le retour de Silvère; mais de 150 mille hommes, il vint mettre le elle s'y prit trop tard, Silvère était déjà siége devant la ville de Rome, mais en Italie. sans succès. Bélisaire en resta maître. Vigile, craignant d'être chassé, deThéodora, toujours vivement préoc-manda à Bélisaire de lui livrer Silvère, cupée de la papauté, n'avait attendu le refus du pape Silvère que pour envoyer Vigile à Rome, avec ordre pour Bélisaire de faire déposer le pape Silvère ou de l'envoyer à Constantinople, et de faire ordonner Vigile à sa place. Il répugnait à la conscience de Bélisaire d'exécuter un pareil ordre; mais il n'osa pas désobéir à l'impératrice. Il était d'ailleurs poussé par sa femme, qui était dans les intérêts de Théodora. Il chercha donc à faire déposer Silvère; les causes ne manquaient jamais aux souverains quand ils voulaient se défaire d'un évêque. Silvère fut accusé de trahison contre l'État; de faux témoins rapportèrent qu'il avait été d'intelligence avec les Goths, qu'il avait appelé Vitigès et cherché à l'introduire dans la ville. Ces accusations étaient fausses; mais quand même elles auraient été vraies, elles n'étaient pas une raison pour la déposition d'un pape. La politique des princes ne regarde pas de si près. Silvère fut déposé, exilé, et Vigile ordonné à sa place : c'était en 557'. Bélisaire, après cet acte dont il sentait luimême l'injustice, demanda à Vigile les deux cents livres d'or que celui-ci lui avait promises; mais le pape, retenu par la crainte des Romains, et par sa propre avarice, ne les donna pas 2. Il était `pape; c'est tout ce qu'il désirait.

Cependant le sort de Silvère avait révolté tous les catholiques; mais on n'osait ouvrir la bouche, parce qu'on était frappé de terreur au milieu des événements politiques. L'évêque de Patare, ville de l'Asie-Mineure où Silvère avait été rélégué, indigné de cette cruelle injustice, alla trouver l'empereur, l'accusant de sacrilege pour avoir laissé déposer le père commun des fidèles, et

Baron., an. 338, n. 8. 2 Ibid., n, 12.

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L'argent et l'ambition avaient été le mobile de cette horrible tragédie. Vous voyez, par ce cruel et hideux exemple, ce que peut faire la politique des princes quand elle s'ingère dans les affaires de l'Église. Mais vous voyez en même temps à quels excès peut se porter celui qui entre dans le sanctuaire par voie de simonie. Un crime en amène un autre et précipite dans l'abîme. Cependant, par une grâce spéciale, le pape Vigile s'en est préservé. Car il faut rendre justice à la dernière partie de sa vie. La mort tragique du pape Silvère, les miracles opérés à son tombeau, l'avaient fait rentrer en lui-même. Il se soumit à une nouvelle élection, et, protégé par Bélisaire, il devint pape légitime. Il refusa alors de reconnaître Anthime et de remplir les promesses faites à Théo| dora, et il expia plus tard ses fautes dans la même ville de Constantinople où il les avait commises, dans l'affaire des trois chapitres; il mérita même d'être inscrit sur la liste des grands papes qui ont bien mérité de l'Église. Mais il n'est pas moins vrai de dire qu'il était entré par voie de simonie. C'est heureusement le seul exemple que nous offre l'histoire de la papauté des six premiers siècles.

Je n'oserais pas dire que l'exemple du pape Vigile n'ait exercé une funeste influence. Car c'est principalement depuis cette époque que la simonie fit de rapides progrès, surtout en France, où elle devint un vice dominant. Mais le Saint-Siége n'en fut plus atteint, il de

Baron., an. 538, n. 15.

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vint, au contraire, un des plus redou-, tables adversaires de cette hérésie. Celui qui l'a combattue avec le plus de vigueur est saint Grégoire-le-Grand. Nous avons déjà vu les avertissements qu'il a donnés aux patriarches de l'Orient; c'est à la France qu'il adresse ses exhortations les plus véhémentes. Pour combattre la simonie il emploie tour à tour les armes que lui fournissaient l'Écriture, le raisonnement et son autorité de pontife. Il s'adresse tantôt aux évêques, tantôt aux princes, et développe avec une haute éloquence et avec une grande finesse d'esprit les suites de cette funeste hérésie, la première qui se soit élevée dans l'Église chrétienne. D'après lui, le christianisme est attaqué dans sa base, le precepte de Jésus-Christ, gratis accepistis, gratis date, est violé. Les choses saintes sont avilies, parce qu'on les achète et les vend pour de l'argent. L'égalité devant la loi est détruite, le véritable mérite est écarté. L'innocence des mœurs, le savoir, les services rendus dans le ministère ne sont comptés pour rien. La carrière de l'épiscopat n'est ouverte qu'à ceux qui ont de l'argent, lors même qu'ils sont encore néophytes et étrangers aux fonctions sacerdotales. De là sort un clergé indigne, impuis sant et nuisible à l'État. Indigne par là même qu'il achète sa dignité; impuissant, parce qu'il a perdu tout droit au respect des peuples et qu'il est sans force pour corriger dans les autres les passions dont il a fourni lui-même l'exemple; nuisible à l'État, puisque par sa conduite il encourage au vice et contribue à la démoralisation des peu ples qu'il devrait former à la vertu. De là la faiblesse et la ruine des empires. Saint Grégoire ne manque pas de réfuter les vains prétextes dont on se servait pour cacher la simonie sous une apparence de piété. Saint Basile avait déjà été obligé de réfuter les mêmes arguments. Ainsi on s'excusait en disant qu'on recevait des riches pour donner aux pauvres, pour fonder des monastères et des hôpitaux. Saint Grégoire répond qu'il n'y a aucun mérite à donner aux pauvres un bien mal acquis, qu'un tel don n'est pas une aumône, et

qu'il n'est pas permis de bâtir des monastères ou des hôpitaux avec ce qu'on reçoit des ordinations. Voilà, Messieurs, les idées que saint Grégoire fait valoir en écrivant à la reine Brunehaut, aux rois Thierry et Théodebert, aux évêques, et principalement à l'archevêque d'Arles, son vicaire apostolique dans les Gaules'. Il provoque ensuite la tenue des conciles provinciaux pour extirper ce vice, et ordonne la déposition de ceux qui en sont reconnus coupables. Le pape Déodat, qui parut douze ans après, prend des mesures également sévères. Il ouvre la voie d'accusation à tout le monde; les témoins, les accusateurs qui sont récusés devant les tribunaux, comme les esclaves, les gens de mauvaise vie, les criminels, tous peuvent accuser quand il s'agit de simonie. Le clerc ou l'évêque une fois accusé, est interdit de ses fonctions jusqu'à ce que sa cause soit jugée. S'il est reconnu coupable, il est déposé sans aucune pitié 2.

Saint Grégoire a poursuivi une autre espèce de simonie, plus raffinée, qui se glisse par conséquent plus facilement dans le clergé, mais qui produit les mêmes funestes effets; c'est la simonie à linguâ, qui consiste à prier, à flatter, et à se servir de protection pour parvenir aux dignités ecclésiastiques. Gette espèce de simonie n'est pas moins nuisible à l'Église que la première, parce qu'elle écarte de l'épiscopat ceux qui en sont le plus dignes, et qu'elle y fait entrer des hommes médiocres, le plus souvent indignes et incapables d'en remplir les fonctions. Car, quand on connaît bien les devoirs d'un évêque, sa responsabilité devant Dieu, on ne cherche pas cette dignité. Celui qui la recherche, se déclare par là même en ignorer les devoirs, et il en est indigne.

Il faut le repousser, dit saint Gré« goire, par là même qu'il s'empresse de lui-même et qu'il importune pour parvenir; de même qu'il faut amener aux autels celui qui s'enfuit étant ‹ recherché 3. Dirigé par le même

Ep., lib. vII, 5, 111, 114, 115; ap. Labb., t. V; Fleury, t. VIII, p. 146.

2 Corp. Jur. can., t. II, p. 721.

3 Ep., lib. vi, 111; ap. Labb., t. V, p. 1571.

principe, il recommande à la reine | Brunehaut de ne céder, dans le choix des évêques, ni à la faveur, ni à l'amitié, ni aux liens du sang, ni aux recommandations de personnes puissantes, mais de considérer uniquement la conduite et le mérite personnel de celui qu'on choisit. Saint Grégoire a ce principe tellement à cœur, qu'il y revient bien souvent, parce qu'il sent combien le choix de ceux que Dieu appelle contribue à l'honneur du sacerdoce et à la gloire des États".

Mais dans tous les temps il y a des hommes d'une ambition démesurée, qui méconnaissent leur médiocrité, ou plutôt c'est parce qu'ils sont médiocres, qu'ils ne doutent de rien; ils veulent toujours monter plus haut, et pour cet effet ils remuent ciel et terre; toujours aux aguets pour saisir les occasions, ils se font recommander, ils sollicitent euxmêmes et ne reculent devant aucune bassesse. Ceci arrive presque toujours lorsque la feuille des bénéfices est entre les mains des laïques, parce qu'on leur demande l'épiscopat comme on demanderait toute autre place. On n'oserait le faire devant un corps d'ecclésiastiques ou devant un comité d'évêques. Ce serait certainement le meilleur système d'élection; car les élections populaires n'étaient pas toujours exemptes de passions humaines. Saint Jérôme s'en plai gnait déjà amèrement dans son temps.

On choisit non ceux qu'on croit être utiles à l'Église, dit-il, mais ceux qu'on aime, ceux dont on a reçu des « services ou ceux pour lesquels s'inté«resse quelque personne puissante; je « me tais sur le reste, ajoute-t-il; car c'est toujours par la faveur qu'on obtient la dignité 3. ›

L'empereur Justinien, qui avait des idées si justes et si élevées sur l'épiscopat, et qui était si profondément pénétré de l'esprit de l'Église lorsqu'il fit son Code, a cherché à mettre un terme à ces sortes d'intrigues. Par une de ses lois il exige des électeurs un serment par écrit, serment d'après lequel ils

' Labb., t. V, p. 1289.

Thomass., part. III, lib. 1, c. 57.

3 In epist. ad Tit., c. 1, t. VI, p. 198.

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s'engagent, en mettant la main sur l'Évangile, à ne se laisser influencer ni par l'amitié, ni par la faveur, ni par aucun autre motif humain ; à choisir seulement celui qui se recommande par la foi et ses mœurs. Quod neque per dationem, neque promissionem, vel amicitiam, vel gratiam, vel aliam qualemcumque affectionem, sed quod scientes ipsos reclæ et catholicæ fidei et honestæ vitæ 1.

Mais, malgré toutes les lois et toutes les précautions, cette seconde espèce de simonie se glissera toujours dans l'Église. Nous n'y pouvons rien; mais ce que nous pouvons et ce que nous devons faire, c'est de proclamer le principe, qui est celui de saint Grégoire et de tous les Pères. Il faut repousser celui qui s'empresse de lui-même, qui importune, qui ultro ambit, vel importune se ingerit, est procul dubio repellendus. Il faut admettre au contraire, et le forcer, s'il le faut, celui qui étant recherché s'enfuit, is qui invitatus renuit, quæsitus refugit, sacris est altaribus admovendus 3.

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La simonie qui s'était établie au 10° et pendant la première moitié du 11° siècle, avait introduit dans l'Église un clergé tout à fait étranger à son esprit et à ses mœurs, tellement qu'il fallait une réforme complète, un clergé tout nouveau. Mais cette réforme n'était pas facile à faire, à cause de la haute position de ceux qu'elle devait atteindre. Car, comme vous le savez, les évêques étaient seigneurs temporels à cette époque et formaient un corps puissant dans l'État. Aucun souverain, quelque bien intentionné qu'il eût été pour l'Église, n'aurait osé toucher à ce corps qui était le plus ferme appui de la couronne contre les seigneurs féodaux. La réforme ne pouvait donc provenir que d'une seule autorité, celle du SaintSiége. C'était l'idée de tous les historiens contemporains, et c'est celle des

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écrivains modernes qui ont étudié le | un service éminent à l'Église, en protégeant les élections papales et en fournissant de vertueux pontifes. Mais lorsqu'il est le plus occupé à seconder les papes et à extirper les vices qui déshonoraient l'Église, la mort l'enlève à la fleur de son âge, à 39 ans, en 1056. Un enfant de 6 ans est destiné à lui succéder. L'empire est livré à l'intrigue. Le jeune roi est mal élevé, et il deviendra, sous le nom de Henri IV, un ennemi acharné du Saint-Siége. Ainsi, comme vous le voyez, la papauté est réduite à elle-même; elle a peu à espérer des princes de la terre, malgré l'apparente union du sacerdoce et de l'empire qui existe dans tous les pays de l'Europe.

plus sérieusement l'histoire. « Il n'y avait ‹ au sein de l'Église, dit M. Guizot, qu'une seule force qui pùt y réussir, <c'était la cour de Rome, la papauté'. » L'auteur a parfaitement bien jugé. Il est, dans l'histoire, des époques où il serait impossible de détruire soit l'hérésie, soit le relâchement, sans une autorité centrale et fortement constituée. De là, nous concluons que JésusChrist l'a établie, puisqu'elle est nécessaire. Mais sans entrer dans les preuves que nous fournirait ce sujet, constatons ce premier fait, c'est que le pape seul était capable de faire cette réforme générale, qui était d'une indispensable nécessité, car sans elle l'Église périssait, les États tombaient en ruine par leur démoralisation et revenaient à leur première barbarie. La civilisation entière était en jeu.

Un second fait non moins certain, c'est que la papauté était réduite à ses propres forces, et ne pouvait presque compter sur aucun secours de la puissance temporelle. L'Angleterre était gouvernée par le roi Édouard, prince religieux sans doute, mais faible de caractère et mal affermi sur son trône. La France avait pour roi Henri Ia, qui exerçait lui-même la simonie, et la laissait exercer par les évêques. Il était peu disposé à entrer dans les vues de réforme du Saint-Siége, il y mettait même une secrète opposition, comme nous l'avons vu, à l'occasion du concile convoqué à Reims par Léon IX. Le roi, sous prétexte de guerre, empêcha les évêques de s'y rendre. Son successeur, Philippe Io, ne sera pas plus favorable à l'Eglise. En Italie, la papauté était aux prises avec les Normands, et si, sous Nicolas II, on fait un traité de paix, ce traité n'est guère que politique. Godefroi, prince de Toscane et duc de Lorraine, était le seul prince en Italie dévoué aux intérêts du Saint-Siége. Plus rien à espérer de l'Orient dont le schisme était consommé, et dont la puissance diminue de jour en jour. Le souverain bien disposé à seconder les papes, était l'empereur d'Allemagne, Henri-le-Noir. Il avait rendu

Histoire de la civilisation en Europe, p. 192.

Cependant jamais les papes n'en avaient eu plus besoin, car que d'obstacles, que de difficultés à vaincre! La simonie et l'incontinence sont à l'ordre du jour. Partout de mauvais évêques et des prêtres corrompus, avares, usuriers, chasseurs, concubinaires. 11 s'agissait de réformer ce clergé, ou plutôt de lui substituer un clergé tout nouveau. Il s'agissait de le punir, de lui enlever ses riches bénéfices. Vous pouvez vous imaginer quelle devait être la résistance, quel nouveau scandale devait en résulter. Mais les papes n'hésitent pas. Ils regardent comme le premier devoir de leur charge de purifier l'Église, de lui rendre sa gloire et sa beauté primitive, et de chasser par conséquent du sanctuaire tout prêtre et tout évêque qu'ils ne peuvent corriger. Telle est leur résolution bien arrêtée, et, pour l'exécuter, ils ne reculent devant aucune difficulté, ni devant aucun danger personnel. Vaincre ou mourir, telle est leur devise.

Je vous ai parlé l'année dernière de Léon IX et de la marche qu'il a suivie. C'est celle de ses successeurs, de Victor II, d'Étienne IX, de Nicolas II, d'Alexandre II, jusqu'à Grégoire VII; je place aujourd'hui ces vertueux pontifes dans une même catégorie, parce que, animés des mêmes sentiments, ils ne forment qu'un seul homme. Ils ont suivi le plan de Léon IX, d'autant plus qu'ils étaient dirigés par Hildebrand qui l'avait conçu.

Ainsi ces papes, à l'exemple de Léon

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