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peut faire. Quant à la nature et aux attributs de créateur et conservateur de toutes choses, l'on n'avance pas beaucoup dans leur connaissance. Et comment le pourrait-on en délaissant toujours, si souvent on n'attaque pas, ce qui seul pourrait conduire loin dans la notion de Dieu, la révélation chrétienne.

blication de l'Histoire des Sciences, dont il faut maintenant que nous rendions un compte particulier. Nous nous attacherons bien moins à résumer tontes les pages de cette histoire, qu'à en faire connaître la portée au point de vue de la philosophie, de la théologie, de la science et de l'histoire humaine. Ces auteurs, d'ailleurs, se sont résumés eux-mêmes avec une perfection qui ne peut être surpassée, et qui est certainement un des principaux mérites de l'ouvrage. Nous craindrions d'ailleurs de faire de notre compte-rendu une table des matières, ce qui arriverait certainement si, dans quelques colonnes dont nous pouvons disposer, nous voulions parler de tout ce que cet ouvrage renferme de remarquable. Puissions-role de nier Dieu et la nature, il est un nous au moins faire bien comprendre et sentir comment nos deux auteurs ont rempli la mission qu'ils s'étaient tracée au moment où l'amitié les réunit. Il est agréable d'étudier un ouvrage sous un tel point de vue.

Le titre du livre semble déclarer que le but des auteurs a été en quelque sorte d'établir les sciences de l'organisation comme base de la philosophie. Examinons donc d'abord la portée philosophique de l'ouvrage.

Les objets que nous pouvons connaître peuvent se ranger sous trois titres : Dicu, l'homme et la nature. Qu'a fait jusqu'ici la philosophie, au moins la philosophie moderne, en présence de ces objets?

D'abord, généralement, la philosophie ne s'est point occupée de la nature. Tout au plus a-t-elle pu admettre son existence, et parmi les philosophes plusieurs même ont été jusqu'à nier la matière, sinon directement, au moins indirectement ainsi Pyrrhon, Fichte, Berkeley.

Quant à Dieu les philosophes s'en sont un peu plus occupés, mais plusieurs encore ont osé le nier, sinon dans leur conscience, au moins dans leurs écrits : ainsi les athées, les matérialistes, et par conséquence nécessaire les panthéistes eux-mêmes. Enfin, si aujourd'hui, dans l'enseignement classique de nos écoles, on parle encore des preuves de l'existence de Dieu, c'est tout ce que l'on

Presque tous les philosophes, et surtout ceux du temps actuel, se sont renfermés dans l'homme. On ne tarit pas en éloge sur la révolution socratique qui a, dit-on, fait descendre la philosophie du ciel sur la terre, et de la nature l'a ramenée dans l'homme. Ce qui a fait que cette base est toujours restée à la philosophie, c'est que s'il est facile à la pa

peu plus difficile de se nier soi-même ; on a préféré souvent identifier Dieu et la nature à l'homme, tant on chérit la personnalité humaine.

Mais voyons encore si la philosophie a au moins étudié l'homme tout entier, si l'exclusion, la négation n'ont pas encore rétréci ce domaine où semble s'être exclusivement renfermée la science actuelle.

Parmi les philosophes, les uns n'ont étudié que l'homme parfait, l'homme idéal, spirituel, tellement maître de ses idées et de ses actes, qu'il n'avait rien à demander aux sens, rien à céder aux passions. En un mot, ils ne se sont point préoccupé du corps ; ils n'ont vu dans l'homme que l'âme ou le moi, pour parler universitairement. Voilà les philosophes de l'esprit qui se subdivisent en spiritualistes, dogmatistes, rationalistes, transcendantalistes.

D'autres philosophes, suivant une marche inverse, ont surtout étudié l'homme dégradé. Leur modèle a été soumis à tout l'empire des conditions organiques du corps et des circonstances extérieures, en sorte que pour eux l'idée est en quelque sorte devenue sensation. C'est l'école sensualiste. Le sensualisme exagéré, et cela se conçoit du reste de la part de ceux qui cultivérent la philosophie au dernier siècle, a détruit dans l'homme la notion de la liberté, la croyance à la spiritualité et à l'immortalité de l'âme ; et alors est né

PAR MM. DE BLAINVILLE ET MAUPIED.

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le matérialisme dont on peut citer Hob- | cette révolution. Condillac avait bien bes, Cabanis, Lamettrie comme des représentants.

parlé de sensations, mais ce n'était pris la portée physiologique et psychoqu'un mot dont il n'avait jamais comlogique. La philosophie de nos écoles il paraîtrait que le besoin de la science ne le comprend encore pas davantage ; n'est pas plus senti par elle que le besoin de la foi.

La philosophie purement spiritualiste, au moins parmi les philosophes chrétiens, a toujours été si relevée, si morale, que beaucoup la croient encore la seule, la véritable philosophie. L'humanité, de son côté, a toujours été persuadée que la croyance en Dicu, et la vie à venir était la base de toute l'éclectisme ou la philosophie universil'âme En effet, qu'est-ce aujourd'hui que existence sociale. Mais d'un autre côté, taire? Tout au plus un lambeau de phion a trouvé cette philosophie souvent losophie, et rien de plus facile à compauvre au point de vue rationnel et dé- prendre après ce que nous avons dit. monstratif, et stérile surtout au point En effet, à quoi se réduit cette philosode vue des découvertes dans les scien- phie? A une psychologie incomplète et ces; car dans celle-ci tout dérive de à une morale tout humaine. Elle ne l'expérience et de l'induction, pendant s'occupe même pas de Dieu. En veut-on que la philosophie spiritualiste n'exer- la preuve, qu'on examine son proçait guère que le raisonnement déduc-gramme, et l'on verrà que la théodicée tif, ou tout au plus une induction psychologique. Enfin, son troisième défaut était d'exagérer la puissance du libre arbitre, et de rendre les applications pratiques aussi difficiles et aussi infécondes au point de vue moral qu'au point de vue scientifique. Ajoutez la faiblesse de cette philosophie en présence de l'étude de Dicu, en face des grands problèmes de la révélation et de la grâce, et vous aurez les causes de sa chute comme celles du progrès du sensualisme et trop souvent mêmedu matérialisme.

Ces dernières doctrines, par l'emploi si étendu de l'induction, offraient à la société les avantages scientifiques qu'elle semblait tant désirer. D'un autre côté la physiologie du sentiment, de la pensée, de la volonté, présentait aux hommes affaiblis par le manque de foi religieuse, une théorie du libre arbitre plus conforme à ce besoin si grand d'indulgence mutuelle, et plus applicable aux différents systèmes d'éducation comme de répression des crimes. Voici donc une phase qui introduit dans la philosophie les études physiologiques et naturelles. C'est vraiment la satisfaction d'un besoin social, un progrès dans la philosophic, s'il n'est pas exagéré. Disons-le cependant ce progrès s'est opéré en dehors des philosophes proprement dits; c'est parmi les savants, les médecins surtout, qu'a eu lieu

n'y est qu'un véritable hors-d'œuvre, une parenthèse jetée là pour satisfaire aux préjugés d'un sentiment religieux qu'elle n'a pas encore éteint dans toutes les familles chrétiennes. Mais en fin de compte, toute la morale s'est fort bien faite sans l'intervention divine. La con clusion de cette philosophie, c'est donc que le moi est tout et que le tout est moi, c'est la pure philosophie du moi. Mais qu'on le remarque bien encore, par ce mot on n'entend parler que de la conscience, de l'esprit ou de l'âme, de la le corps, l'organisation, la nature maforce spirituelle et de ses facultés. Pour térielle de l'homme, on n'en dit absolument rien. Les sciences physiologiques apporter leurs données à la thèse philoet naturelles ne sont point admises à sophique, de même que quand on veut traiter de morale, de société, de Dieu, on exclut les données et les principes de la révélation qui seuls cependant peuvent résoudre le problème à l'entière satisfaction de la conscience humaine. La philosophie régnante est donc incomplète et au point de vuc de la nature et au point de vue de Dieu. Elle n'explique que l'homme, et encore ce n'est que la moitié de sa nature, outre qu'elle et sa fin. C'est donc en résultat un tiers, ne nous dit presque rien sur son origine moins qu'un tiers de philosophie; mathématiquement on la réduirait à bien' peu de chose. Pauyre philosophie que

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ÉTUDE SUR LES TRAVAUX DE mm. de blanVILLE ET MAUPIED.

rapports sans l'étude approfondie des
êtres, sans baser ses principes sur les
données positives et réelles de la science.
En dehors de la science la philosophie
ne peut tomber que dans une vaine idéo-
logie, une abstraction stérile, objet d'un
enseignement verbeux et le plus souvent
incompréhensible.

celle qui rejette la science et la révéla-
tion. Elle s'est enlevée les deux yeux.
Ne nous étonnons donc plus qu'elle se
renferme aujourd'hui dans la vaine con-
templation du moi. Que voulez-vous,
elle ne voit rien en dehors de ce moi,
elle ne sent que lui, il faut bien qu'elle
s'amuse à le composer et le décomposer,
Gloire aux auteurs qui reviennent
à le peser en quelque sorte de toutes
les manières; est-il étonnant après cela rendre à la philosophie ses véritables
que la jeunesse méprise cette philoso- bases, la religion et la science. Ils sont
phie parce qu'elle ne lui est utile en rien réels et solides ces fondements; une lo-
pour son avenir, et que les hommes vé- quacité éloquente et sophistique ne suffit
ritablement religieux ou sociaux la con- pas à les renverser. Le champ où la scien-
damnent parce qu'elle tarit toutes les ce, la religion et la philosophie se sont
belles jouissances de l'âme qui ne peu- ainsi réunies et embrassées, c'est le
vent naître que des croyances en Dieu champ des sciences naturelles ou de
l'organisation. Mais qu'on prenne bien
et de la contemplation de ses œuvres.
Ces préliminaires étaient nécessaires garde à l'étendue donnée par nos au-
pour nous faire comprendre toute l'im-teurs aux sciences de l'organisation.
portance et l'actualité des conclusions
de l'histoire des sciences au point de
vue de la philosophie. En effet, quelles
sont ces conclusions? Que la philosophie
ne peut être séparée de la religion,
puisqu'elle n'est que l'ensemble des
connaissances divines et humaines; que
d'un autre côté la philosophie ne peut
être séparée de la science, puisqu'elle
est la science même généralisée. La phi-
losophie nous enseigne par la démons-
tration ce que la religion nous révèle
par la foi. Elles ne peuvent se contredire,
puisqu'elles tendent au même but; la
religion ne restreint point le champ de
la raison, au contraire, elle l'étend
aux choses que cette raison ne peut
atteindre; par ailleurs l'immobilité des
dogmes religieux assure à jamais à la
philosophie les conquêtes qu'elle a pu
faire, elle empêche l'homme d'être le
jouet du changement et de l'illusion,
elle le met véritablement en possession
de la vérité. La philosophie en présence
des sciences peut être appelée leurs
premiers principes comme leurs con-
séquences dernières. La philosophie
n'est distincte des sciences que comme
l'ensemble est distinct des parties,
l'harmonie d'un édifice distinct des ma-
tériaux qui y entrent. La philosophie ne
doit donc plus être que la science des
sciences; et quand on voudrait la ré-
duire à la connaissance du moi et de ses
rapports, connaîtrait-on ce moi et ces

Si on les restreignait à la simple étude
des corps matériels, si l'on n'y renfer-
mait pas l'homme tout entier, l'homme
moral et intellectuel, aussi bien, que
l'homme physique, on ferait dire à ces
Messieurs ce qui est tout à fait contre
leur pensée, ce qui est même en contra-
diction directe avec les conclusions de
leur thèse. Par exemple, qu'ils renient
la psychologie ou l'étude de l'esprit
humain comme une des bases de la phi-
losophie, que tous les travaux des an-
ciens philosophes, comme Platon, Male-
branche, Fénelon, Bossuet, étaient inu-
tiles parce qu'ils n'auraient pas été
basés sur les sciences naturelles prises
au sens restreint et tout matériel qu'on
leur donne encore tous les jours dans
les écoles. La société humaine a pu
vivre avec les principes consacrés par
la seule philosophie spiritualiste; la
société chrétienne surtout pouvait se
passer à la rigueur des enseignements
des philosophes. Mais il n'en est pas
moins vrai de dire que ces Messieurs, en
ramenant la philosophie à l'étude com-
plète des êtres tels qu'ils sont, l'ont
fait entrer dans la seule et véritable
voie où elle puisse enfin se formuler
dans toute sa puissance et sa grandeur.
Les esprits éclairés sentaient tous le
besoin de cette réforme. La philosophie
même devait se résoudre à périr, à
perdre toute influence, si, dans le
siècle qu'on peut appeler le siècle de

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connaît la principale base de toute connaissance, la révélation; savant, il a étudié les êtres et leur rapport; il ne lui reste done plus qu'à embrasser d'une manière forte et positive la partie idéologique ou, si l'on veut, psychologique de la philosophie. Déjà on peut dire que l'histoire de la philosophie grecque est en partie achevée, et cela n'étonnera pas d'ailleurs quand on saura que cette philosophie attachait une grande impor

la science, elle ne se rapprochait et n'empruntait le secours de la science. Là ne se borne pas le mérite philosophique de cet ouvrage, nous irons même jusqu'à dire que ce que nos auteurs ont intitulé Histoire des Sciences est peut-être la meilleure histoire de philosophie que nous possédions. Au moins affirmerons-nous que cet ouvrage est le complément et la correction nécessaire des histoires de philosophie, qui sont basées en théorie sur une psycho-tance aux études cosmogoniques. L'oulogie trop exclusive, et en histoire sur les données d'un faux orientalisme. M. Maupied a rétabli les faits dans son Prodrome. Il a enlevé à l'Inde une gloire usurpée; il a rendu à la Chaldée et à la Grèce tout ce qu'elles avaient fait pour la science de la phi-boration commune du prêtre et de losophie. Le second volume de l'Histoire des Sciences renferme un résumé de cet important travail. Puisse M. Maupied se rendre à nos désirs et tenter un jour une histoire proprement dite de la philosophie: théologien,

vrage de MM. de Blainville et Maupied s'adresse à trois classes d'hommes surtout aux philosophes, aux théologiens et aux savants. Les premiers doivent être contents de l'effort tenté par nos auteurs. Ce résultat de la colla

l'homme de la science ne peut manquer de satisfaire aussi les autres. Nous espérons le faire comprendre en notre proc hain article.

ANATOLE LERAY.

VIE DE SAINTE ZITE, SERVANTE DE LUCQUES AU XIII® SIÈCLE,

PAR M. LE BARON DE MONTREUIL '.

Voici un charmant volume que nous ne | saurions trop recommander à nos lecteurs; il nous a procuré de douces émotions, et c'est avec le plus grand intérêt que nous l'avons lu d'un bout à l'autre. Nous rendons grâces à l'auteur d'avoir fait connaître en France cette simple et touchante existence de la pauvre servante de Lucques, et cette radieuse grandeur dont il plut à Dieu de faire resplendir sa mémoire vénérée. Il nous serait agréable d'avoir souvent à rendre compte de pareils travaux littéraires; il nous serait doux de penser que tous les cœurs catholiques leur font accueil, et que les nobles âmes craignant Dieu aiment à s'inspirer de ces récits purs, naifs et gracieux.

Hélas! je ne puis me faire illusion, il

Paris, Waille, libraire-éditéur, rue Cassette, 6.

n'en est pas ainsi. Les chrétiens de nos jours ont un grave défaut celui de ne pas être assez scrupuleux sur le choix de leurs lectures. Les livres les plus légers, souvent même les plus mauvais, trouvent accès auprès d'eux, répandent plus ou moins leur pernicieuse influence, mais ont toujours pour résultat d'inspirer le dégoût de la simplicité des ouvrages vraiment chrétiens. Ce fait, dont l'expérience m'a démontré la vérité, et dont chacun peut se convaincre avec un peu de bonne foi, devrait inspirer aux honnêtes gens une grande méfiance des œuvres sans goût, sans bonne morale et sans aucune dignité, de nos modernes faiseurs.

A quoi bon d'ailleurs, quand on possède des sentiments de pudeur et de délicatesse, s'arrêter devant ces peintures de mœurs mauvaises et d'instincts

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dépravés? Pourquoi s'exposer si facilement à troubler d'abord le calme de ses pensées, puis la pureté de ses désirs, plus tard, peut-être, celle de ses actions. Or, voici ce que l'on répond en général à la conscience, qui fait bien Tout le quelquefois ces reproches : monde lit ce livre, et madame une telle - Mon ami l'avait hier dans son salon. un tel, qui n'est pas suspect, le lisait l'autre jour; après tout, il faut être au courant de la littérature du jour; et qu'ai-je à craindre au fait? ne suis-je pas fermement catholique? Si l'on examine avec sang-froid ces arguments ir résistibles dans le monde, il est aisé de s'apercevoir qu'ils ne sont que dilatoi-mesticité dans l'antiquité, et de ce res, et n'apportent pour toute raison qu'une excuse banale, une faiblesse coupable ou bien un mensonge à sa propre conscience. En effet, qu'on s'interroge avec franchise, et l'on en conviendra; ces ouvrages plaisent parce qu'ils font passer ou plutôt perdre le temps (ce qui est du reste leur moindre défaut); ils plaisent parce qu'au bout du compte on n'est pas sans trouver quelque jouissance dans l'intrigue, les portraits, le récit, choses pourtant, personne ne le nie, presque toujours im-heur des familles. Voici quelques mots pies, libres et même licencieuses.

même de ceux dont elles ont fait longtemps les délices. Si elle ne veut pas un jour se trouver sans pitié, sans amitié, sans respect, sans amour pour ses parents et Dieu, je l'en conjure, qu'elle évite les énervantes séductions du roman, surtout du roman de nos jours. Qu'elle tourne ses regards sur des livres moins frivoles, moins amusants dès l'abord, mais qui lui donneront de douces, de pures émotions, ne la terniront pas, et lui ouvriront la voie qui conduit au vrai bonheur, à la seule science.

La Vie de sainte Zite, par M. le baron de Montreuil, est précédée d'une introduction, esquisse de ce que fut la do

Telle est la désolante tendance de nos habitudes. Si les esprits sains, si les hommes graves, si les pères de famille surtout n'y apportent une sévère attention, que deviendra la jeunesse au milieu des autres chances de corruption qui l'environnent? Déjà les effets de cette littérature cupide et dévergondée se sont cruellement fait sentir dans les hautes classes qui en furent les premières atteintes, ce ne sont pas seulement les malheureux des positions infimes qui font retentir aujourd'hui les cours d'assises du bruit de leurs forfaits, et qui remplissent les arides colonnes de nos journaux du dégoûtant, du funeste récit de leurs passions forcenées!

Si, préservée encore du poison lent, mais très-sûr, des séduisantes et vaines lectures, quelque jeune âme venait à lire ces lignes, qu'elle en croie mes paroles! qu'elle ne souille point ses pensées d'impures distractions qui gâtent le cœur et blasent le goût, de l'aveu

qu'elle est de nos jours. L'auteur a pensé que quelques observations sur ce sujet ne seraient pas déplacées avant de commencer l'histoire d'une sainte qui fut servante, et dont les vertus sont la gloire d'une humble condition.

Cet aperçu est vraiment remarquable et doit servir à rectifier des idées erronées ou peu éclairées sur la classe des serviteurs, qui compte en France près d'un million de membres, et dont tout le monde connait l'influence sur le bon

qui précèdent cet utile travail.

« Que de vices datent du berceau, que d'impressions reçues dont la souillure reste ineffaçable, que d'écarts favorisés dans la jeunesse, que de fortunes compromises, que de vieillards traînés dans l'opprobre par l'infamie de mauvais serviteurs! Les domestiques pervers sont la plaio des familles ; mais on ne peut se le dissimuler, leurs vices sont souvent produits par les nôtres... Les rangs doivent être observés sous l'Évangile, mais la charité doit adoncir ce qu'ils peuvent avoir de rude pour les faibles et les petits. La bienveillance, la protection, le secours sont la rémunération chrétienne des services et des soins que ceux-ci nous rendent. L'or paie le travail, il ne le moralise pas. La sollicitude du maitre pour le bonheur et pour le bien-être du domestique qui lui consacre tous ses instants est d'une valeur infiniment plus grande que l'or; elle lui donne l'estime de lui-même; elle lui inspire la reconnais sance qui rend les devoirs doux et faciles. Qui ne sait les exemples admirables de dévouement fournis à toutes les époques et sous toutes les formes par les bons serviteurs; ceux-ci sont la joie et le trésor d'une famille. La considération dont ils jouissent, la confiance qu'ils méritent, suscitent en eux une foule de bons sentiments qui ennoblissent leur condition et les grandissent aux yeux de tous. †

AL

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