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ces de sa raison pour connaitre les vé- | été que d'illustres fous; comme, au ́jurités religieuses. De là une double pré-gement des terroristes, Louis IX et tention du rationalisme : l'une regarde le passé ; l'autre, l'avenir.

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Henri IV ont été des tyrans ; et la secte philosophique forma, pour ainsi dire, un tribunal révolutionnaire de l'esprit humain. Ce jacobinisme intellectuel devait produire une réaction analogue à celle que le terrorisme a provoquée. Les Jacobins politiques avaient employé un étrange moyen pour se faire applaudir comme promoteurs du bonheur de l'es

D'une part, il cherche à expliquer comment toutes les croyances religieuses, dont l'histoire nous offre le tableau, sont autant de produits de l'esprit humain, qui les élabore en y mêlant une foule d'erreurs que l'ignorance et les passions font naître, et qu'il tend, par son progrès naturel, à faire graduelle-pèce humaine : c'était de couvrir leur ment disparaître. D'autre part, le rationalisme s'efforce de préparer une nouvelle époque pour l'humanité, une institution sociale d'où seront éliminées la plus grande partie des erreurs qui offusquent la raison humaine et retardent le progrès de la société.

Quoique le rationalisme français du 19 siècle renferme beaucoup d'idées qui lui sont communes avec l'incrédulité du siècle précédent, néanmoins il se sépare, sous plus d'un rapport, des systèmes de cette époque. Dans leurs attaques contre la révélation, ces deux genres de rationalisme ont suivi une stratégie souvent inverse. Je noterai d'abord quelques idées qui ont produit un certain effet, mais qui n'ont eu qu'une vogue passagère, comme celle des idées contraires produites par la philosophie du 18° siècle. Chacun sait que celle-ci avait traité avec un extrême mépris tout élément de foi, en prenant ce mot dans sa plus grande extension, c'est-à-dire toute croyance qui n'était pas fondée sur la démonstration rationnelle des objets de la croyance. Aux yeux de la philosophie encyclopédiste, la foi n'était pas un besoin de l'intelli- | ligence humaine, elle n'en était que l'anéantissement. Il n'y avait pas de milieu entre l'idiotisme de la croyance et les lumières de la philosophie. Ces réformateurs de l'esprit humain avaient transporté dans l'empire des esprits une espèce de fanatisme sauvage, semblable à celui par lequel les Jacobins se signalèrent dans le monde politique. Ceux-ci traitèrent de crime tout ce qui ne s'accordait pas avec leurs fureurs; ceux-là appelaient stupidité tout ce qui ne cadrait pas avec leur système. Bossuet et Leibnitz, en tant que croyants, n'avaient

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patrie de sang et de ruines. Les philosophes, tout en faisant l'apothéose de l'homme, déclaraient que le genre humain avait été un grand imbécile. Plusieurs esprits, fascinés par l'incrédulité, reculèrent devant cette extravagance. Alors peu à peu d'autres idées se produisirent. L'ancien mépris de toute croyance fut rejeté, et le rationalisme se mit à traiter la foi comme une puissance respectable. Il fut admis que la raison humaine pouvait légitimement exister dans deux états, l'état de croyance et l'état de science; que celui-ci était l'état supérieur et définitif auquel arrivaient un certain nombre d'esprits d'élite qui pouvaient se dégager de la foi; mais que la foi avait été dans le passé et serait encore pour longtemps la condition nécessaire à la plus grande partie de l'espèce humaine. Le rationalisme se disait destiné à substituer peu à peu la science à la foi, et, tant que celle-ci subsisterait, à maintenir l'accord de la science avec elle. Il avait découvert que toutes les vérités, démontrées par la science, sont renfermées dans la foi, et que tout ce que la foi enveloppe dans ses mystères et ses symboles peut être élevé à l'état de clarté philosophique. Il en avait conclu qu'il 'ne s'agissait pas de chercher à substituer des vérités nouvelles à d'antiques erreurs, mais seulement de perfectionner la connaissance des mêmes vérités; en un mot, qu'il fallait, non reconstruire, mais transformer l'intelligence humaine.

Le rationalisme, ainsi formulé, avait fait de grands progrès. Cette philosophie modérée était au jacobinisme intellectuel du 18° siècle ce que le parti de la Convention avait été à celui de Robespierre. Au lieu de paroles de mé

pris et de haine, le rationalisme avait | Les prétentions de l'école rationaliste écrit sur sa bannière des paroles de furent démenties par les résultats : le respect et de conciliation. Plusieurs ra- prestige, dont elle s'était entourée, et tionalistes applaudirent à cette évolu-qui avait sa source dans sa modération tion, comme à une habile manoeuvre comparée à la violence de la philosophie contre le christianisme qu'ils poursui- du 18e siècle, ne tarda pas à palir à vaient toujours de leur haine implaca- tous les yeux. ble. Quelques-uns qui respectaient encore la foi, bien qu'ils l'eussent perdue, s'imaginèrent de lui rendre quelques services avec une pareille doctrine. Elle ne pouvait assurément faire illusion aux chrétiens tant soit peu instruits; toutefois elle exerça une influence remarquable; et quiconque se rappelle l'état des esprits à cette époque sait qu'elle entraîna une grande partie de la jeunesse. Beaucoup de jeunes gens qui avaient reçu une éducation plus ou moins chrétienne craignaient, bien que leurs croyances fussent ébranlées, de passer subitement de la foi à l'incrédulité, de devenir tout à coup les contempteurs et les ennemis de la religion que leurs familles professaient, et qui avait été la source des bons sentiments qu'i 'ils conservaient encore. Ceue doctrine leur épargnait ce parti violent et désespéré; elle leur mé-sur un fondement historique, Les exnageait des transitions qui leur permettaient de parler avec respect de la foi, au-dessus de laquelle elle leur promettait de les élever. Ils lui prêtèrent donc l'oreille; ils l'acceptèrent; ils s'y dévouèrent.

Mais cette école, après avoir proclamé sa théorie, entreprit d'en faire l'application, et ce fut ce qui la discrédita. La conciliation de la science avec la foi n'eut pas lieu. La foi enseignait un Dieu qui avait créé toutes choses de rien: le rationalisme établit au contraire des principes qui renfermaient le pantheisme. La foi enseignait la Trinité: on y substitua des idées qui n'étaient pas même une copie informe de ce mystère. La foi enseignait l'Incarnation du Verbe: cette vérité capitale du christianisme fut métamorphosée en une incarnation de l'intelligence divine dans chaque être humain. La foi enseignait l'existence d'un ordre surnaturel: toutes les doctrines furent réduites au pur naturalisme. Voilà quelle fut la conciliation promise: on transforma la foi, comme on transforme un individu en lui coupant la tête.

Si l'influence que la polémique rationaliste a exercée sous ce rapport s'est affaiblie, il s'est opéré, sous un autre rapport, un changement notable en ce qui concerne les travaux sur l'histoire. Rappelez-vous avec quel empressement l'incrédulité du 18e siècle avait attribué un caractère historique à tout ce qui, dans les archives de l'antiquité, pouvait fournir quelque objection contre la Bible. Cet excès a été remplacé par un autre; et nous avons vu se vérifier de nouveau le proverbe connu, que l'esprit humain ressemble à un paysan ivre à cheval: quand on le relève d'un côté, il tombe de l'autre. Après avoir tenté de transformer en histoire la partie fabuleuse des récits antiques, on s'est efforcé de transformer en mythologie ce qui reposait, suivant le jugement commun,

travagances de Volney et de Dupuis, à cet égard, n'avaient pas fait une profonde impression, Mais un système, importé, avec un certain appareil, de la Germanie en France, a obtenu une assez grande vogue. Le mythe fut considéré comme la clef de l'histoire de l'antiquité. Si un événement, consigné dans les annales des anciens peuples, présentait une marche dramatique, cé devait être un mythe. Si quelques faits pouvaient fournir le sujet d'allégories ingénieuses, comme cela se rencontre souvent dans les choses les plus avérées, on les réduisait à des mythes. Si l'etymologie du nom de quelque personnage célèbre révélait un nom significatif, c'était le signe que ce personnage n'était qu'un mythe. Si l'on remarquait dans les écrits quelque contradiction, quelque difficulté chronologique, c'était encore un indice de mythe. Si un fait paraissait né pas se concilier avec les usages, les mœurs, le caractère d'un peuple, on se tirait d'affaire avec le mythe. Semblable à ces animaux complaisants, sur le dos desquels on entasse

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la partie la moins précieuse et la plus | des peuples primitifs, plus on voit claiincommode du bagage, le mythe, doué rement que leurs habitudes intellecd'un naturel facile, était chargé et sur-tuelles étaient directement opposées à chargé de toutes les ignorances de la celle des fabricateurs de philosophie de philosophie moderne, et de toutes les l'histoire, aux yeux desquels les masses obscurités de l'histoire antique. Une des sont tout, et les individus rien. Les peugrandes machines qui jouaient un rôle ples naissants attachent une grande imdans cette opération scientifique, était portance aux individualités: au lieu de la théorie de la personnification. Lors personnifier les événements généraux qu'un héros fameux dans les annales de ils y voient surtout le pouvoir personnel l'antiquité ne pouvait pas être la per- de certains hommes, et les semi-tradisonnification d'une époque, il devenait tions populaires, bien que mêlées de celle d'une classe de la société; et si circonstances fabuleuses, ne sont pas cette supposition renfermait aussi trop un tissu d'abstractions. Le nombre des de difficultés, il finissait du moins par événements qui avaient été considérés ètre la personnification d'un événement. comme mythologiques, sous prétexte La crédulité avec laquelle certains es- qu'ils semblaient inconciliables avec les prits se plaisaient à cette fantasmagorie, dates historiques que la science posséles a conduits souvent à d'étranges ima-dait, va en diminuant, parce que la ginations, et, pour n'en citer qu'un seul science, en faisant reculer ses limites, exemple, un auteur français a rangé rend raison de certaines singularités parmi les mythes l'anecdote très-simple qui étaient auparavant d'obscures éniget très-naturelle de Cléopâtre, qui s'est mes. Le mélange des races, qui a fait fait piquer au bras par un aspie; et il l'objet de recherches progressives, exPat Cléopâtre, qui admirait dans cet aspic l'antique dra-plique assez souvent l'existence simulgon, qui, après s'être montré à l'origine du monde oriental, avait reparu à sa chute.

Cette fièvre mythologique commence â se calmer. La raison reconquiert peu

à

tanée d'éléments disparates chez un même peuple. En ce qui touche les premiers temps du genre humain, l'identité de certaines traditions, consignées dans la plus grande partie des anciens monu

peu son empire. Il est arrivé pour ments, comparée à la diversité des

l'histoire en général ce qui a eu lieu par rapport à Hérodote en particulier. On lui avait donné souvent le nom de vieux rádoteur : mais depuis que ses récits ont été examines avec une connaissance plus précise de l'antiquité, depuis qu'on a visité avec soin les contrées qu'il a décrites, et qu'on y a encore observé une foule d'usages très-anciens, la réputation de cet historien vénérable a été réhabilitée sous plusieurs aspects, qui avaient fourni matière aux railleries de ses détracteurs. Beaucoup de ceux qui étaient atteints de cette fièvre mythologique recommencent à voir que l'antiquité a donné dans ses récits une grande place à l'histoire, particulièrement en ce qui tient à la substance des faits. Un examen plus approfondi de l'origine des peuples modernes fait reconnaitre des événements très-réels, qu'on pourrait transformer en mythe avec autant de raison que des faits analogues de l'histoire antique. Plus on étudie le caractère

idées religieuses qui ont séparé les peuples, conduit à reconnaître que, si cette diversité dérive des conceptions de l'esprit humain, cette identité a son origine dans la réalité. Il y aura toujours des questions difficiles, puisque l'antiquité nous offre tout à la fois la mythologie et l'histoire. C'est une entreprise ardue, inexécutable peut-être, que de vouloir déterminer les limites respectives de l'une et de l'autre. Mais la loi de prudente réserve, que la science doit s'imposer à elle-même, et qui n'est pas une découverte du rationalisme, pourra diriger ces travaux ultérieurs, sans se confondre avec cette prévention systématique, avec cette vraie manie, qui empêchait de recueillir les éléments historiques, en étendant sur les chroniques de l'antiquité le voile de la mythologie. Il semble qu'aujourd'hui le mythe tombe en discrédit, et que dans les mêmes proportions se sont affaiblis les assauts dirigés contre la Bible. L'in

crédulité ne renonce pas assurément à | formation des dogmes chrétiens en con

ses objections contre les faits miraculeux; mais elle suit en (cela son ancienne polémique, et non sa tactique moderne, qui prétendait tirer ses arguments non-seulement de la nature des faits consignés dans la Bible, mais encore du caractère même des anciens récits; qui voulait montrer, spéciale ment dans la Genèse, les traces d'une simple épopée.

Si les deux ordres d'idées que nous venons de considérer dans la polémique rationaliste, d'abord la prétendue trans

ceptions philosophiques, et en second lieu la prétendue trausformation de l'histoire en mythes, présentent des signes certains de décadence, toutefois cette double observation s'applique à des faits trop partiels, pour conduire à une conclusion générale relativement à l'état actuel du rationalisme français. Il nous faut done toucher le fond, et considérer les choses sous un point de vue plús étendu.

L'abbé Pн. Gerbet. (La suite au prochain numéro.)

Cours de la Sorbonne.

COURS D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE, DE M. L'ABBÉ JAGER.

DIXIÈME LEÇON '.

Grégoire VII. — Son plan et ses pensées. Droits de suzerainetė.

Nous touchons, Messieurs, à une époque bien mémorable, au dénouement de la lutte des papes contre les vices de leur siècle, et notamment contre la si monie et l'incontinence des clercs. Cette lutte dure depuis Clément II (1046), c'est-à-dire depuis plus de 27 ans, et malheureusement, comme je vous l'ai montré, elle n'a pas eu le succès qu'on devait en attendre. Des mesures plus sévères et plus énergiques devenaient nécessaires. Mais il fallait un homme de fer pour braver tous les périls qu'elles allaient faire naître. Cet homme, Messieurs, arrive, conduit comme par la main de Dieu; il arrive à point nommé, au moment où l'Église

■ Voir la 1xa leçon au no précédent ci-dessus,

p. 332.

Nos lecteurs savent combien sont délicates les

questions que soulève l'histoire du pontificat de

saint Grégoire VII. M. l'abbé Jager doit les traiter d'après les principes de M. l'abbé Gosselin. Nous devons avertir nos lecteurs que nous restons étrangers à ces sortes de débats. (Note de la direction.) |

a le plus besoin de lui. Je veux parler de Grégoire VII.

Je ne connais pas dans l'histoire un pontife qui ait acquis plus de célébrité, et qui ait suscité, après lui, de discussions plus longues et plus vives : tous ses actes ont été soumis à une critique sévère, mais, en général, peu éclairée. fl en est résulté que le mérite éminent de ce pontife a été méconnu pendant plusieurs siècles, même par des auteurs ecclésiastiques. Je ne veux pas vous rapporter tous les jugements divers qu'on a formulés pour ou contre lui, ni le mépris avec lequel certains écrivains ont cru devoir le traiter. ‹ Rarement, dit un auteur allemand (Henke), il s'est rencontré un homme qui ait été plus diversement jugé, qui ait reçu plus de blâme d'un côté et plus d'éloge de l'autre. Les uns voyaient en lui un homme effronté, méchant, plein de ruses, un novateur téméraire, qui pourtant réunissait toute la prudence d'un homme d'État, et qui avait le courage, l'éner gie et la fermeté d'un héros. Selon eux, il est bas et vil, tout en gardant les dehors d'une noble fierté. C'est un prétendu saint que ses partisans ont adoré, ẹt un homme sans religion, sans foi, sans

croyance, qui a été appelé par un de ses amis intimes (Pierre Damien) saint Satan. » La plupart des auteurs qui se sont permis de le juger, ont trouvé en lui un mélange de bonnés et de mauvaises qualités. Ainsi Schrockh, historien allemand, admire la grandeur de son génie, ses qualités extraordinaires, sa rare perspicacité et sa profonde connaissance du cœur humain; mais lui reproche en même temps de la dissimulation, de la perfidie, un orgueil indomptable, une ambition démesurée, une grande audace et de l'opiniâtreté. Notre illustre Bossuet l'appelle nn homme d'un génie perçant, d'un grand courage, de moeurs irréprochables, d'une réputation intègre, très-zélé pour la liberté et la puissance de l'Église ; mais il lui reproche d'avoir dépassé les bornes de son pouvoir, d'avoir avancé et mis en pratique des principes nouveaux, inouis dans les siècles précédents.

D

Il y a des auteurs, mais en petit nombre, qui ne lui accordent aucune bonne qualité. Voltaire ne craint pas de l'appeler fou. L'Église, dit-il, l'a mis au nombre des saints, les sages au nombre des fous". » D'autres ne lui trouvent aucun défaut. Ainsi Muzzarelli admire sa patience et sa douceur inaltérables, sa bonté prévenante et la sainteté de sa vie. Jean de Müller, dans un petit ouvrage fort spirituel, l'appelle un homme ferme et courageux comme un héros, prudent comme un sénateur, zélé comme un prophète, sévère dans ses mœurs et attaché constamment à une seule pensée. C'est à peu de chose près le jugement de M. Voigt, qui jusqu'à présent a le mieux étudié la vie de Grégoire VII. Après des recherches consciencieuses, où il a mis de côté les préjugés de la secte, I est arrivé à cette conclusion: Grégoire VII a fait ce qu'il devait faire. Étudions, Messieurs, à notre tour la vie de ce grand pontife qui fait époque dans l'histoire; soumettons à un sérieux examen les actes qui ont été le plus amèrement critiqués, et cherchons à savoir

'Defens. Declar., lib. 1, sect. 1, c. 12. "Essais sur les Mœurs, c. 46. 3 Voyages des Papes, p. 18.

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par nous-mêmes de quel côté se trouve la vérité. C'est ce que je vais faire devant vous avec toute l'impartialité que vous me connaissez ; je ne reculerai devant aucune difficulté, et je n'en laisserai aucune à ma connaissance, sans y donner une solution plausible et péremptoire.

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Je vous ai déjà parlé des services signalés que Hildebrand a rendus à l'Église. Le plus important de tous est d'avoir réglé les élections pontificales, de les avoir mises au-dessus de l'intrigue du peuple et des souverains, d'avoir veillé autour du Saint-Siége, pour y faire monter des pontifes vertueux. Depuis 20 ans les papes se livraient à lui, se laissaient diriger par ses conseils. Si le dernier, Alexandre II, retenu par sa bonté de cœur, a hésité quelquefois devant les avis de Hidebrand, il a eu lieu de s'en repentir, et tôt ou tard il fut forcé par les événements de faire ce que Hildebrand avait conseillé, tant celui-ci avait bien jugé. Enfin, Alexandre meurt après un règne de 11 ans 6 mois et 21 jours, laissant une mémoire honorable. Pour la première fois, depuis bien longtemps, Rome resta tranquille, se confiant entièrement à Hildebrand, ce qui montre bien qu'il y avait déjà une grande amélioration dans le peuple. Une foule innombrable se porta à l'église pour célébrer les funérailles du pape Alexandre. Soudain une grande agitation se manifesta dans l'église. Tous, clergé et peuple, évêques et cardinaux, s'écrièrent : C'est l'archidiacre Hildebrand que Dieu a choisi. Hildebrand résista fortement; il monta en chaire pour calmer l'esprit du peuple, et pour le détourner de son projet. Mais on cria encore plus fort, sans lui laisser le temps de parler. On le revêtit, malgré lui, des insignes de la papauté, et on l'éleva sur le siége de saint Pierre. Grégoire n'était plus à lui; il fut obligé de céder à l'enthousiasme, comme à la violence. Le peuple a bien fait; car si, selon Grégoire-le-Grand, il faut repousser celui qui s'empresse de lui-même et qui importune, il faut chercher celui qui fuit. Grégoire est bien l'homme qui convenait et que Dieu avait choisi. Les abus de l'Église étaient portés à l'excès:

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