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reur Henri IV a donné la couronne et le titre de roi à Wratislas, duc de

ONZIÈME LEÇON,

en Espagne et en Angleterre. L'avénement de Grégoire VII au souverain pontificat a été reçu dans la chrétienté avec des sentiments bien di vers, selon qu'on se sentait innocent ou coupable. Ceux qui avaient des reproches à se faire étaient saisis d'une espèce de terreur; ils redoutaient le zèle et la fermeté de Hildebrand: tels étaient les évêques allemands et lom bards. D'autres, au contraire, qui avaient des sentiments honnêtes, et qui désiraient la fin des désordres de l'É

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plusieurs même s'empressèrent de l'en féliciter, tel est entre autres Guillaumele-Conquérant, roi d'Angleterre. Nous n'avons pas sa lettre, mais nous avons celle de Grégoire, qui le remercie de ses félicitations, loue son zèle pour l'Église romaine, et lui fait part de ses tourments intérieurs.

Bohême, son vassal, en recevant de lui Cause de l'affliction de Grégoire VII. Son action 4,000 marcs d'argent, avec 300 pour l'impératrice, et la promesse de secours en temps de guerre '. Devons-nous être étonnés de ce droit que nous avons vu exercer, de notre temps? Napoléon, en qualité de protecteur des États du Rhin, n'a-t-il pas érigé des duchés en royaumes? et ceux-ci, n'existent-ils pas encore aujourd'hui ? Ainsi tombent toutes les objections qu'on a élevées relative ment aux prétentions de Grégoire VII. Je m'arrête, Messieurs, croyant avoir suffisamment démontré que GrégoireVII, en réclamant la suzeraineté de divers pays, s'est renfermé dans la stricte léglise, en furent transportés de joie; et galité, et qu'il n'a fait que suivre le droit commun de son époque. Nous n'y trouvons aucune vue d'ambition, ni aucune idée de domination temporelle, aucune ombre d'injustice ou d'empiéte ment, Grégoire réclamait un droit que les souverains avaient accordé au SaintSiége, de leur libre volonté, et auquel ils s'étaient soumis avec reconnaissance, dans l'intérêt de leur couronné. Nous sommes forcés de le reconnaître, lorsque faisant abstraction de nos idées et de nos institutions actuelles, nous nous transportons au moyen âge, pour examiner le droit et les usages qui existaient alors. C'est la marche qu'il faut suivre: car la première condition, pour écrire l'histoire, est de se familiariser avec les usages de l'époque qu'on examine. Eh bien! Messieurs, en suivant cette méthode, nous ne trouvons aucune pierre d'achoppement dans la vie de Grégoire VII;' il n'a aucun système nouveau, ni politique, ni religieux; il s'est borné à faire exécuter ce qui avait été établi avant lui. C'est ce qui nous sera démontré encore mieux par les détails de son histoire.

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« Nous sommes monté, dit-il, bien ‹ malgré nous sur un navire qui, lancé sur une mer orageuse, à travers les vents et les trombes, à travers les flots « qui montent jusqu'aux nues, à tra vers les écueils, les uns cachés, les autres manifestes, fait sa route avec péril, mais pourtant il la fait et avec courage. Car la sainte Église romaine, que nous présidons, sans l'avoir mé« rité, ni voulu, est assaillie incessam «ment et chaque jour par des tenta<tions diverses, par les persécutions

des hypocrites, par les embùches et les objections frauduleuses des héré<tiques; elle est tiraillée de côté et d'autre par les puissances du monde; tantôt d'une manière occulte, tantôt d'une manière ouverte. Obvier à tout cela, y porter remède, ainsi qu'à ̧ beaucoup d'autres choses, voilà ce « qui, devant Dieu et au milieu des hommes qui partagent notre sollicitude, nous travaille nuit et jour et « nous met continuellement en pièces, quoique, pour le moment, aux yeux des enfants du siècle, ces choses semblent nous plaire. Mais, grâce à Dieu, « ce qui est du monde nous déplaît for

cément. Voilà comme nous vivons, fadressa à Godefroi-le-Bossu, duc de

voilà comme, avec la grâce de Dieu, <nous continuerons de vivre '.

Je vous cite ces paroles pour vous montrer quels sont ses véritables sentiments; car ils ont été défigurés et mal interprétés. Ainsi, on a prétendu que sa résistance n'était que simulée, et un acte d'hypocrisie qu'il recherchait avidement ce qu'il faisait semblant de refuser. Mais la dignité pontificale était-elle donc tant à désirer, à cette époque, pour un évêque consciencieux, qui connaissait l'état de l'Église et qui voulait y remédier? La correction des abus n'était-elle pas hérissée de mille difficultés qui avaient de quoi effrayer l'homme le plus courageux? D'ailleurs, où faut-il puiser son histoire? N'est-ce pas dans ses lettres, selon l'adage de Baronius: Epistolari enim historiâ nulla fidelior atque tutior *? Or, Grégoire VII proteste solennellement dans ses lettres contre ces idées de gloire et d'ambition qu'on lui prête, et indique les véritables causes de sa résistance et de sa douleur...

La première est l'opposition qu'il prévoit de la part des souverains. Ceux-ci, comme il le dit, ne se contentent pas de tenir l'Église asservie, de se livrer à toutes leurs brutales passions et de violer la loi de Dieu, mais ils en sont les ennemis déclarés, et l'attaquent de tout leur pouvoir.

La seconde cause qui le désole et le tourmente est la conduite du clergé, et c'est celle qui l'afflige le plus. Les évêques, au lieu d'être les pasteurs des âmes et le modèle de leur troupeau, comme les canons le prescrivent, sont livrés aux plus viles passions, à l'avarice, aux plaisirs des sens, et encouragent ainsi au vice ceux qu'ils devraient former à la vertu. Ce sont là, Messieurs, les causes qui le plongent dans une profonde affliction, et qui font le sujet de toutes les lettres confidentielles qu'il écrit à cette époque. Nous verrons celle qu'il a écrite à Lanfranc, archevêque de Cantorbéry. Il ne s'en explique pas moins clairement dans une lettre qu'il

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Lorraine et époux de la princesse · Mathilde, qui l'avait également félicité de son avènement. Il lui dit que son élection était pour lui la cause d'une douleur amère et qu'il y succomberait s'il n'était aidé par les prières des per <sonnes spirituelles. Car, ajoute-t-il, tous, et principalement les prélats, travaillent plutôt à troubler l'Église « qu'à la défendre; et ne songeant qu'à satisfaire leur avarice et leur ambi‹tion, ils s'opposent, comme des en« nemis, à tout ce qui regarde la religion et la justice de Dieu '..

Vous voyez, Messieurs, par ces lettres, que Grégoire VII a pénétré dans l'avenir et prévu toutes les difficultés qui allaient s'opposer à son zèle. Il est accablé de douleur, comme l'HommeDieu au moment de sa passion.

Mais il ne se décourage pas; fortifié par les secours d'en haut, il s'offre en holocauste. Il prie, il jeûne, il médite; souvent au milieu des plus grandes affaires, il reste des heures entières en extase. Sa figure est rayonnante de joie le monde, sa gloire, ses richesses, ses plaisirs, ne sont rien pour lui. Il ne soupire qu'après le ciel, et s'impose toutes sortes de privations. Ainsi, il se contente d'une nourriture grossière, et lorsqu'on veut le faire manger d'un plat délicat, il s'excuse par son infirmité ou par un vou, afin que ses convives soient à l'aise, et ne se voient pas obligés à suivre son exemple. Tels sont les détails que nous tenons de son prêtre pénitencier, témoin habituel de sa piété et de sa vie austère 2. Enfin, Messieurs, après de mûres réflexions, il se met à l'œuvre de la réforme, bien décidé à renverser tous les obstacles qui peuvent s'y opposer. Il y est poussé par le sentiment intime de ses devoirs, par la crainte des jugements de Dieu, motifs que bien des écrivains n'ont point compris. Cela ne doit pas nous étonner, car, pour les comprendre, il faut savoir ce qu'est la conscience d'un chrétien. Grégoire VII parle de ces motifs dans presque toutes ses lettres, parce

' Ep., lib. 1, 9.

* Baron., an. 1073, D, 60.

:

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Ainsi, peu après son élection, il entame des négociations avec l'Espagne, avec l'Angleterre, avec la France, avec l'Allemagne, avec les puissances du Nord, avec l'Afrique, et même avec l'empire de Constantinople, en un mot, avec l'Orient et l'Occident. Il écrit de nombreuses lettres, il envoie des légats partout où leur présence est nécessaire. Il entreprend lui-même un voyage dans

qu'il est convaincu que toute négligence | c'est son coup d'œil général et son indans l'accomplissement de ses devoirs croyable activité. A peine est-il entré est une prévarication. Si nous ne le en fonctions qu'il embrasse à la fois tous considérons pas de cette hauteur, nous les pays et toutes les affaires. ne comprendrons pas la véritable raison de sa sévérité. Grégoire est sévère sans doute, mais il l'est par délicatesse de conscience; il l'est parce qu'il se croirait coupable s'il ne l'était pas. Il se regardait comme responsable du salut des hommes, selon les paroles du prophète qu'il s'appliquait bien souvent Fils de l'Homme, je t'ai placé comme gardien de la maison d'Israël; tu annonceras donc au peuple de male midi de l'Italié dans le but de s'assupart, tout ce que tu entendras de ma rer de la fidélité des princes, et de les bouche. Si je dis à l'impie: Impie, tu attacher inviolablement au Saint-Siége. « mourras, et que tu ne l'avertisses pas Ses démarches ne sont pas sans succès; « pour qu'il se garde de la mort, l'impie il reçoit de presque tous les princes des mourra dans son péché, mais c'est à assurances d'amitié et des promesses toi que je demanderai compte de son d'obéissance filiale, mais qui malheusang. Voilà ce que Grégoire ne reusement ne seront pas toujours réaperdait jamais de vue. I craint le lisées. Chose bien singulière le seul compte qu'il sera obligé de rendre à prince qui reste d'abord sourd à sa Dieu. Mais on peut dire aussi de lui voix et qu'il est obligé de traiter le plus qu'il n'avait pas d'autre crainte, car durement, est précisément celui qui tout le reste lui est indifférent, pourvu doit le sauver, c'est Robert Guiscard, qu'il puisse remplir ses devoirs. Il di- chef des Normands dans le midi de l'Isait comme saint Paul Je sais que talie. Ainsi, dans l'espace de quelques ⚫des tribulations et des chaines me sont mois, Grégoire VII imprime un mouve• préparées, mais je ne crains rien de ment universel à toute l'Europe. Tous tout cela; je ne fais pas plus de cas de ses princes ont reçu des avertissements ◄ ma vie que de moi-même, pourvu que et des avis paternels. Des corresponj'achève ma course, et que j'accom- dances s'étendent depuis les côtes de plisse le ministère que m'a confié le l'Italie jusqu'au nord de l'Europe, deSeigneur Jésus 2. » puis l'Orient jusqu'à l'extrémité de l'Espagne. Il est présent partout, soit par ses lettres, soit par ses légats. Je douterais du fait', tant il me paraît extraordinaire, si ses lettres n'étaient pas là pour l'attester. Il est donc vrai de dire que, quand Dieu veut renouveler un empire, il n'a pas besoin d'agir sur chaque individu il envoie un grand homme qui, doué de force et de génie, renouvelle la face de la terre et entraîne les nations. Tel est Grégoire VII, un des plus grands hommes qui aient figuré dans l'Église.

En effet, dès qu'il entre en lice avec les vices et les passions de son siècle, il ne se laisse plus arrêter par aucun obstaele ni par aucune puissance humaine. Il a le courage et l'intrépidité d'un héros. On aura beau le menacer, se révolter, faire du bruit, prendre les armes, Grégoire restera calme et immobile au milieu de tout ce bruit : il ne craint que Dieu. Rome sera assiégée; un empereur furieux frappera à ses portes; Grégoire donnera tranquillement ses ordres, et ne cessera pas un instant de poursuivre les abus de l'Église.. Plus d'une fois, nous aurons à admirer ce calme au milieu des plus grandes tempêtes; mais ce que nous avons à admirer maintenant,

Ezech., xxxIII, 7.

2 Act., xx, 23.

T. XIX. N° 114. 1845.

1.Mais au milieu de tant d'affaires qu'il embrasse tout à la fois, nous tomberions dans une grande confusion, si nous voulions suivre l'ordre chronologique. J'ai donc adopté un autre plan, que je ne suivrais pas dans une histoire générale :

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celui de considérer l'action de Gré-même, c'est-à-dire s'ils étaient restés goire VII dans chaque pays séparé. Je étroitement unis au Saint-Siége: en garcommencerai par ceux qui ont offert le dant l'unité de foi et de discipline, ils moins de résistance, l'Espagne et l'An- se seraient sauvés également, et la ville gleterre. Les faits ne sont pas bien écla- de Constantinople ne serait pas tombée tants, mais ils ne sont pas sans intérêt sous le sceptre de fer des Musulmans. pour ceux qui veulent connaître à fond | Les papes les y avaient assez exhortés. l'histoire du pontife. Au temps de Grégoire VII, l'Espagne était en progrès; de nouveaux royaumes catholiques s'étaient élevés. Sanche, roi d'Aragon, et Alphonse, roi de Castille, avaient fait des conquêtes assez considérables, et s'étaient formé de beaux royaumes sous la protection du pape Alexandre II. Mais les plus belles provinces étaient encore entre les mains des Maures. Les leur arracher n'était pas chose facile. Souvent des seigneurs français, animés de courage, y allaient faire l'apprentissage de leurs armes et combattre contre les infidèles, soit qu'ils fussent appelés par les princes, soit qu'ils y allassent de leur propre mouvement'. C'était une guerre sainte, une croisade encouragée par la papauté. Sous Alexandre II, le comte de Ronci en Champagne, Ebule, vint à Rome, et demanda au pape la permission d'entrer en Espagne et de combattre les infidèles. Le pape le lui permit, à condition qu'il

L'Espagne est peut-être le pays qui, jusqu'à nos temps modernes, a été le plus fidèle et le plus dévoué au SaintSiége, et qui a le mieux secondé l'action de la papauté témoin les nombreux règlements sortis des conciles de Tolède, assemblées mixtes où le prince agissait de concert avec les évêques, comme en France du temps de Charlemagne. Au commencement du 8° siècle, en 701, le roi Vitiza, le dernier roi visigoth, poussé par une licence effrénée et craignant l'autorité du pape, rompit tout à coup avec la papauté, et défendit, sous peine de mort, d'avoir des relations avec elle. Pour s'assurer le clergé et le | détacher de Rome, il fit ce que fera plus tard Luther: il donna toute licence, abolit la loi du célibat, et non-seulement conseilla, mais ordonna le mariage ou le concubinage des prêtres; car il laissa le choix entre l'un et l'autre '. Son malheureux règne, qui dura dix ans, attirarendrait comme fief au Saint-Siége tout sur l'Espagne les plus affreuses calamités. Car les questions religieuses et les troubles qu'elles firent naître, ayant divisé les peuples, affaiblirent les forces du royaume et l'ouvrirent aux Sarrasins qui l'envahirent d'un bout à l'autre, après d'horribles massacres 2. Pareille cause avait déjà perdu l'empire de Constantinople, et livré ses plus belles provinces aux mêmes ennemis. Mais l'unité catholique a sauvé les Espagnols. Les Arabes perdirent successivement du terrain, ne pouvant tenir contre un peuple si étroitement uni par une même foi et une même discipline, et constamment encouragé par le Saint-Siége. C'est pourquoi l'Espagne a mis tant d'importance à l'unité catholique, elle lui devait son salut. De là est venu son tribunal d'inquisition, contre lequel nos philosophes ont tant crié. Si les Grecs avaient fait de

Baron., an. 701, n. 11-16, t. VIII, p. 792, * Fleury, t. IX, p. 138, 171.

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le pays qu'il pourrait conquérir. Car on regardait alors à Rome comme un fait certain, qu'avant l'invasion des Barbares, le royaume d'Espagne avait appartenu à l'Église romaine, et qu'il avait été donné en fief par un des rois visigoths, on ne sait pas lequel ; car ce traité n'est point parvenu jusqu'à nous. Sous Grégoire VII, plusieurs seigneurs voulurent se joindre au comte de Ronci ; mais il paraît que leur intention était de combattre pour leur propre compte et de s'approprier les terres qu'ils pourraient enlever. Grégoire VII s'élève contre ces prétentions et leur défend d'en trer en Espagne, à moins qu'ils ne se proposent de respecter les droits de Saint-Pierre, et de lui faire hommage de leurs conquêtes. Je vous ai dit ce que nous devons penser relativement à cette réclamation. Il paraît que les seigneurs français, comme les rois d'Espagne, ont

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écouté la voix du pontife et respecté ses droits car il n'en est plus question, et Grégoire VII, dáns la suite de sa correspondance, se loue de la fidélité et de la soumission des princes.

Grégoire VII eut en Espagne tout le succès qu'il pouvait désirer: il obtint la reconnaissance de ses droits de suzeraineté, le rétablissement de la discipline ecclésiastique, la réforme du clergé, qui, au reste, n'était pas dégradé comme celui des autres pays; l'introduction de la liturgie romaine au lieu de la liturgie gothique ou mosarabique. Il obtint des choses bien plus difficiles encore, la rupture du mariage et le renvoi de la femme d'Alphonse, que ce roi aimait et qu'il avait épousée malgré ses liens de parenté'. Enfin, par la menace des censures ecclésiastiques, il accorda les deux fils de Raymond, comte de Barcelone, qui, après sa mort, se disputèrent, les armes à la main, l'héritage paternel. Le pape eut lieu de se réjouir et de féliciter les rois de leur soumission. Tous ses efforts avaient été couronnés de succès, et cela pour le grand bien du peuple espagnol. Car unis entre eux par une même foi et une même discipline, et étroitement attachés à la métropole chrétienne, ils se fortifièrent contre l'ennemi commun, et préparèrent ces grands triomphes qui ont tant illustré la nation espagnole.

Grégoire VII ne fut pas non plus sans succès en Angleterre, comme nous l'atteste l'histoire de ce pays; l'Angleterre qui devait aux papes sa foi, ses premiers prédicateurs et toute sa civilisation, s'était étroitement unie à la Chaire de saint Pierre. Pendant plusieurs siècles, les relations entre l'Angleterre et la cour de Rome ont été fréquentes et très-amicales. Les rois, qui savaient apprécier les bienfaits du christianisme, ne savaient comment en rendre grâces au SaintSiége. Au 8° siècle, l'an 740, Ina, roi des Anglo-Saxons, rendit son pays tributaire. Plus tard, Offa renouvela sa même constitution. C'était une espèce

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d'hommage rendu à Rome pour les bienfaits du christianisme.

Au 10° siècle, l'Église d'Angleterre souffrit, comme toutes les autres, de l'inaction ou plutôt de l'absence de la papauté. Le clergé tomba dans le relâchement et perdit toute influence et toute considération. Mais cette Église eut vers le milieu du même siècle un grand réformateur dont le caractère était aussi inflexible que celui de Grégoire VII. C'est saint Dunstan. Je vous ai parlé de cet homme extraordinaire, qui a rappelé le clergé à ses devoirs et qui s'est sacrifié pour le bien de son pays. Malheureusement ses successeurs n'earent ni ses vertus, ni son courage; et le clergé tomba dans un relâchement nouveau, et se livra à tous les vices qui caractérisaient l'époque. Guillaume de Normandie, ayant fait la conquête de ce pays, entra parfaitement dans les vues de la papauté. Ennemi naturel et déclaré du désordre, il se mit à réformer le clergé aussitôt qu'il fut tant soit peu maître du royaume. Ayant trouvé un clergé inepte, livré à toutes sortes de vices, il appela des prêtres étrangers, qu'il choisit généralement dans la Normandie. S'il fut trompé par quelquesuns, il fut bien servi par d'autres. Il faut dire à la louange de Guillaume que, pendant un règne de 56 ans, il n'a jamais vendu ni laissé vendre une dignité ecclésiastique, et qu'il n'a fait attention qu'au mérite de ceux qu'il choisissait'. Ses choix furent en général très-heureux pour les siéges épiscopaux le roi se connaissait en hommes de mérite. Celui qui lui fit le plus d'honneur est Lanfranc, alors abbé de Saint-Étienne à Caen, que nous avons déjà vu figurer dans d'importantes affaires, et principalement dans la controverse avec Berenger. Lanfranc était le plus savant homme de son temps, et les papes avaient pour lui un respect tout particulier. Le siége de Cantorbéry étant devenu vacant par la déposition de Stigand, qui l'avait bien méritée, Guillaume jeta les yeux sur lui. Lanfranc, qui avait déjà refusé l'archevêché de Rouen, rejeta bien loin: la proposition du roi ; il objecta son indi

Orderic Vital, p. 307, 516.

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