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Aussi n'est-ce pas sans quelque inquiétude qu'il s'est laissé induire à for muler sa doctrine sur la nature du pé

cipe-néant et de le mettre en rébellion contre celui qui l'avait fait expirer, et par ce moyen le précipiter lui-même du trône de sa gloire et de le dégraderché originel. Lui-même avance qu'il y a de sa personnalité divine? Qui pourrait de la hardiesse (il aurait mieux fait de ne pas reconnaître dans ces hypothèses dire de la démence) à enseigner qu'il a le caractère de ce délire, que définit si été commis par la manducation du fruit bien le poëte latin, lorsqu'il le com- défendu, c'est-à-dire, dit-il, par la réexpare aux rêves d'un malade : citation et la prise de possession par l'homme des puissances, et il en conclut que ceux qui, ne pouvant résoudre l'énigme de cette contradiction, aiment mieux nier Dieu, sont plus à plaindre qu'à blâmer; car leur malheur est de n'avoir pu pénétrer jusque dans les profondeurs de l'intelligence humaine.

Fingentur species.

Velut ægri somnia yanæ

Si l'auteur de ces hypothèses se platt dans ces profondeurs où règnent d'inextricables ténèbres, c'est que sans doute il appartient à cette classe d'infortunés dont la sainte Écriture nous dit qu'ils ont plus aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres sont mauvaises. En eux s'accomplit cette parole de la divine sagesse : Il ne leur a pas suffi d'avoir erré dans les choses qui appartiennent à la science de Dieu, mais, vivant dans la grande guerre de l'ignorance, ils appellent tant et de si grands maux la paix '.

Et comment le spectacle de l'ordre immuable de la nature a-t-il pu laisser subsister dans son imagination la supposition d'un unum versum, d'un univers renversé? Les astres sont-ils sortis de leurs invariables orbites; la floraison des plantes a-t-elle cessé de produire leur fructification, ou les animaux se sont-ils rendus maîtres de l'homme pour exploiter ses facultés et l'asservir à leurs besoins '? Il faudrait tout cela et bien d'autres choses encore pour qu'il pût être vrai que l'univers est renversé, Bien est-il vrai que le crime originel de l'homme a produit sur lui-même et sur lá terre qui lui été assignée pour domaine, de désastreux effets: celle-ci a été maudite pour son travail, et lui-même a été réduit à ne manger son pain qu'à Toutefois, d'avoir bouleversé le monde, la sueur de son front; mais là s'est dont l'existence, postérieure à ce bouborné, quant à son existence physique, leversement, ne peut plus être coml'anathème dû au péché, et ce boule- prise, u'est qu'un méfait fort graciable versement partiel de l'ordre de la na- en comparaison du grand forfait comture n'a point été l'œuvre de l'homme; mis par l'homme en s'emparant à la il n'est point sorti du principe-néant, fois du principe-néant et des trois puisqui eût été plus qu'ingrat de payer si sances qui en étaient émanées, et qui, mal le service que l'homme lui aurait comme on l'a vu, s'étaient réalisées en rendu en le rappelant de l'état d'expira- trois personnes divines. Les trois puistion à la vie; il a été l'expression né-sances, l'on s'en souvient, s'en étaient cessaire d'un acte de la justice di-heureusement débarrassées, grâce aux vine, qui ne pouvait laisser sans ex- exploits du Fils, modérés par les douces piation un acte de révolte, un outrage et pacifiques influences de l'Esprit ', fait à sa loi, mais bien éloigné, dans sa nature comme dans ses conséquences, du caractère que lui donne notre extra- | vagant philosophe.

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Et non suffecerat errare eos circà sciention

Dei, sed et in magno viventes inscientiæ bello, tot et tam magna mala pacem appellant. Sap., xiv.

• Nous croyons devoir rappeler ici que la causa secundum quam, plus tard réalisée en Esprit, était chargée de tempérer l'action de la volonté, causa per quam, et de l'empêcher de faire un usage excessif de sa puissance. L'Esprit lui présentait le modèle duquel la volonté ne devait s'écarter ni dans son combat contre le principe-néant, ni dans la production de l'univers.

tère de la rédemption de l'homme. Mais avant d'aborder ce thème, il faut se souvenir que, suivant les théories précédemment exposées, l'homme, en se saisissant du principe haï de Dieu, et en le mettant en révolution contre son vainqueur, n'a fait qu'un usage très-naturel de sa puissance innée; qu'on dê glorifiant les trois personnalités, il ne s'est aucunement rendu coupable envers elles, n'ayant fait, au fond, que leur fournir une occasion de se réglorifier plus parfaitement, en recommen

dont, sans doute, la pénétration n'allait pas jusqu'à prévoir que le principe ante-divin, et par cette raison anti-divin (la matière que le philosophe-poëte confond souvent avec lui), ferait mé chamment le mort, l'expiré, et souffrirait patiemment, dans cet état de mort simulé, l'exaltation de son vainqueur | et de son meurtrier, à la condition d'une personne divine, attendant sa délivrance en forme de réexcitation de l'homme, dont, dans son ténébreux isolement, il prévoyait cependant et la formation et le crime. Les trois puis-çant un combat dont l'issue devait être sances sont, au dire de Schelling, deglorifiées (il faut quelquefois, pour expliquer toute sa pensée, se servir de ses propres expressions), les trois personnalités aussi ont été, par l'homme, dépouillées de leur gloire; mais leur Dé GLORIFICATION les conduira à une RÉGLO RIFICATION plus grande. Qui jamais, nous écrierons-nous avec le prophète, qui jamais a entendu choses pareilles, et quelle absurde idée parvient-on, en philosophie, à se former de la gloire divine? Basse folie, qui se dit sagesse nouvelle et sublime! Elle se fait de la gloire de l'Etre souverain une assez mesquine idée pour la croire éventuelle en Dien, capable de croître et de décroître, de lui être enlevée et restituée an gré de la soumission ou de l'infidélité de ses créatures! Nous le savons: si notre critique vient à être connue du grand et célèbre philosophe de la révé- | lation, il en fera peu de cas, et se bornera à regarder en pitié l'infirmité d'un esprit qui n'a pas su le comprendre; mais nous citons littéralement des textes de son enseignement, et ces textes sont moins difficiles à comprendre, que ce que lui-même appelle les contradictions de son système ; et lorsque, d'ailleurs, un docteur de cette trempe ne peut se faire comprendre, c'est qu'évidemment ses doctrines sont au moins excentriques au sens commun.

Arrivant au mode de la réglorification des personnalités qui, suivant Schelling (il faut bien le remarquer), ne constituent aucunement une seule essence divine, nous sommes amenés à nous initier aux théories par lesquelles le philosophe explique l'inscrutable mys

certaine, puisque les mêmes puissances devaient se retrouver aux prises, et que la première victoire de l'une devenait un gage de la seconde défaite de l'autre ; de sorte qu'en s'unissant à la nature humaine le Fils de Dieu ne pouvait avoir pour but de prendre sur lui le forfait de l'humanité et l'impossible satisfaction due par elle, mais seulement de se présenter au combat sous la forme de la même nature, qui avait rendu la vie à son ennemi. Ces observations, fondées sur les prémisses mêmes de la philosophie de la révélation divine, font voir que son auteur, loin d'admettre, quant à ce que, suivant la doctrine chrétienne, l'on appelle le péché originel, en prend le contre-pied. Le Fils de Dieu seul porte la peine de l'annulation de son premier exploit, l'expiration forcée du premier principe; il perd la gloire et les prérogatives d'une personnalité divine, et c'est à lui à voir par quelle voie, par quelle victoire nouvelle il pourra la reconquérir. Dans tout cela, il ne peut donc être question de la rédemption de l'homme; il n'a point, en réalité, failli en faisant usage des forces natives qu'il trouvait en luimême ; il ne devait donc aucune réparation, aucune satisfaction quelconque ; et ce n'est pas dans ce but qu'il s'unissait visiblement à cette nature humaine, dans laquelle, suivant les prémisses de Schelling et de Hégel, Dieu déjà s'était substantialisé.

Cependant, et toujours ballotté par l'incohérence de ses doctrines, Schelling avance ailleurs qu'en s'emparant

des trois puissances » (des trois causes qu'il avait précédemment définies, ex

quâ, per quam et secundum quam), | compréhensible, c'est la théorie philo

♦ et les mettant en révolte contre Dieu, l'homme avait voulu se rendre sem♦ blable à Dieu ; c'est pour cela, dit-il, que, d'après le récit de la Genèse, Dieu dit: Voici qu'Adam est devenu ⚫ semblable à l'un de nous. » Mais cela, ajoute-t-il, ne signifie pas que l'homme serait devenu semblable à la e divinité tout entière; mais, littérale‹ment parlant, à l'un de nous seule ◄ment, c'est-à-dire à l'une des trois puissances. L'homme serait donc devenu une quatrième puissance, contraire à l'une des trois autres, ou peut-à-dire l'absolue négation de l'Étre? être remplaçant par interim celle qu'il avait déglorifiée.

sophique qui laisse subsister, comme puissance, le néant, après que les trois principes de la vie et de la production se sont réalisés en personnalités; comment l'une d'elles a été chargée de le combattre, ce qui suppose une rési stance, de le dompter jusqu'à une mort purement apparente ou fictive, puisqu'une autre cause a pu si facilement le rendre à la vie! Toute négation tombe et disparaît nécessairement devant la réalité; et le principe-néant, qu'est-il autre chose que l'abîme, c'est

Cette objection n'avait pas laissé d'embarrasser un peu l'intelligence ou plutôt la logique de Hégel. Mais des génies de cette force ne se laissent pas facile

En faut-il davantage pour prouver le polythéisme intrinsèque de ces abominables théories? En devenant semblablement abattre par les armes de la logià l'une des causes ou puissances, il ne l'est pas aux deux autres, ce qui prouve jusqu'à l'évidence qu'il n'y a entre elles ni parité, ni identité, mais distinction de nature, par conséquent d'essence. Arius et les autres hérésiarques qui ont suivi ses traces, n'en ont pas dit davantage; et c'est cette imparité de nature qui explique pourquoi le Fils, primitivement vainqueur du principe - néant, souffre seul de la révolution qui a rendu la vie à ce principe; d'où suit, trèsconséquemment à ce système, que c'est à lui seul qu'est abandonnée la tâche de commencer l'œuvre à laquelle il doit | sa personnalité divine, et de ramener à l'état d'expiration, cette fois définitive et irrémédiable, son irréconciliable ennemi.

Sans doute, il existe entre le néant et l'existence un antagonisme absolu, puisque l'un exclut l'autre et peut être considéré comme lui ayant donné la mort. C'est dans ce sens seulement que l'on peut comprendre quelque chose à l'étrange théorie d'une guerre à mort que la divinité livrerait à son principe dès qu'il lui a été donné de s'en développer, c'est-à-dire de s'en défaire '. Mais ce qui est aussi inexplicable qu'in

• Se défaire du principe de son existence, et cependant conserver cette existence, paraîtrait passablement absurde au sens commun. Le rationalisme n'a garde de s'occuper de cette inconséquence.

que; ils l'attaquent au contraire ellemême et la déclarent la plus méprisable de toutes les sciences. Le plus sublime des mystères renfermés dans le mystère de la parole réservé à son intelligence, parut à Hégel (et il ne faut pas oublier qu'en ceci Schelling appartient à son école) la découverte d'un mot, d'un seul mot dans lequel deux idées diamétralement opposées, contradictoires in terminis, et par conséquent exclusives l'une de l'autre, se trouveraient cependant tellement identifiées, qu'elles se coordonneraient en une seule et même idée, à la fois affirmative et négative de la même proposition. Sa tâche dut lui paraitre rude, et cependant il crut l'avoir parfaitement remplie dans la définition qu'il imagina de donner au verbe DEVENIR. Ce qui devient, dit-il, n'est pas encore, et cependant ce qui devient n'est plus néant; donc dans ce mot les idées d'être et de non-être se combinent en une seule idée, en sorte que ces idées opposées s'y coordonnent en une idée uni que, et il suffit que ce fait existe dans un seul mot, pour qu'il puisse et doive exister dans tous les autres; donc la logique, qui en a constamment nié la possibilité, n'est qu'une science empi rique et qui, par conséquent, ne doit plus être comptée parmi les sciences. Les frénétiques applaudissements du rationalisme germanique accueillirent ce raisonnement, dont bientôt nous ap

rendrons à connaître les tendances et application finale.

Kant, dit Hégel, avait pensé que la ogique avait, au-dessus de toutes les autres sciences, l'immense avantage de être formée la première, et d'avoir lle-même établi et fixé ses règles, de manière que, depuis Aristote, elle n'aait fait aucun pas en avant ni en arrière, e qui semble prouver qu'elle avait dès ors fixé ses limites et circonscrit définitivement son domaine. Mais, dit le hilosophe de la Sprée, s'il est vrai que depuis 2000 ans elle n'a pas varié dans ses règles, il s'ensuit évidemment que, de nos jours, elle exige une refonte totale. Car il est impossible que dans le cours de vingt siècles, l'esprit humain n'ait pas acquis une plus claire conscience de ses facultés, et considérablement étendu son domaine intellectuel. D'où il conclut à la nécessité de congé dier l'ancienne logique qui ne peut plus être qu'en contradiction avec la logique nouvelle.

Aristote, en effet, et toute la philosophie antique et moderne, avaient reconnu et établi, comme principe de toute la science du raisonnement, que toute idée conçue, soit objectivement, soit subjectivement, devait, de toute nécessité, être rigoureusement adéquate à elle-même, et personne avant Hégel n'avait imaginé que quelque chose que ce soit pût être en contradiction intrinsèque avec sa nature, c'est-à-dire renfermer la négation d'elle-même. Tous les åges avaient compris que toute science devenait impossible, dès lors qu'un objet pouvait être le contraire de lui-même. Et, en effet, si ce qui est noir peut être blanc, si la ligne droite peut être en même temps courbe, si la sphère et le cube sont une seule et même chose, tout raisonnement n'est plus que folie, et toute affirmation devient une sottise.

A l'encontre de ces principes, llégel prétend faire goûter à l'humanité la proposition diamétralement contraire. Il enseigne : QUE TOUT ÊTRE ET TOUTE ES

SENCE EST NÉCESSAIREMENT LE CONTRAIRE D'ELLE-MÊME. En conséquence de cette proposition effrayante d'absurdité, il établit: QUE L'ÈTRE, EN TANT QU'IL EST, NE PEUT ÊTRE CE QU'IL EST, MAIS QU'IL

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EST FORCÉMENT OBLIGÉ D'ÊTRE CE QU'IL N'EST PAS. Et développant ce principe, il ajoute: Si tu l'acceptes avec une confiante simplicité, tu verras et tu connaîtras à quelle merveilleuse science «la nouvelle logique te conduira. Tu verras, par une claire intuition des choses, ce que jusqu'ici tu n'as ni vu « ni compris, que L'INFINI EST FINI ET QUE LE FINI EST L'INFINI; que DIEU EST L'UNIVERS, et que l'UNIVERS EST DIEU1; que l'ÊTRE EST LE NÉANT, et que LE NÉANT EST «L'ÊTRE, et ton cœur abondera de con«solation et débordera de joie. »

Pour être arrivé à ce point culminant de toute absurdité, et pour l'avoir fait accepter par un si grand nombre de ses adeptes, il fallait bien que le rationalisme allemand eût en vue quelque immense résultat. Il voulait, en effet, parvenir à extirper des esprits l'idée d'une existence infinie, absolue, de Dieu en un mot, sans formuler la négation claire et catégorique de l'être souverain, mais uniquement en la déduisant de la confusion de l'idée de l'être et de son incorporation scientifique dans l'idée du non-être; en sorte qu'elle n'eût plus rien que d'amphibologique et d'inextricable. Parvenu à ce point, l'esprit humain s'enveloppait dans la profonde nuit du doute, et son premier souci devait être de se préserver de tout travail intellectuel pour arriver à un fantôme de solution où le oui se trouve être adéquat au non, et par conséquent la vérité à l'erreur. Il est difficile de comprendre l'abondance de consolations et de joies qui peut déborder sur un esprit auquel manque ainsi le plus petit rayon de lumière.

Mais ici commence à se montrer le premier point lumineux dans cette obscure prison de toute intelligence. Ce point c'est l'idée du commencement qui, comme l'on sait, réunit en un faisceau idéal les idées contradictoires de l'être et du non-être. L'idée du commencement (DU DEVENIR) devient seule absolue, seule nécessaire; nul être ne la

Ce qui signifie que Dieu n'est pas Dieu, puisqu'étant univers, il est autre chose que Dieu, c'està-dire, conséquemment à son principe, autre que lui-même.

en effet une situation très-pénible et à laquelle il est assez difficile de se faire. Or, dans le système de Schelling, cette prodigieuse dégradation n'est pas l'effet de la libre volonté du Christ, se substituant à la coupable humanité pour porter le poids du châtiment qui lui est dù et pour la rétablir dans sa dignité, en s'unissant à elle, et la faisant participer à son triomphe de la mort et du péché; elle est tout simplement l'effet du sanglant outrage qu'il a reçu de l'homme (l'on vient de voir que l'homme n'avait été qu'un instrument passif d'une révolution inhérente à la nature du principenéant), au moyen de l'universion, c'est

franchira jamais; éternellement progressive, elle ne peut, dans la durée des siècles infinis, parvenir à son complément. Etre sera toujours devenir, parce que jamais l'idée concrète de l'être et du non-être ne pourra se diviser ni se constituer en idées opposées; Dieu devient toujours, c'est-à-dire que jamais il ne se débarrassera de la confusion des deux idées qui représentent son existence. C'est ce qui explique un peu vaguement, il est vrai, la guerre acharnée et toujours renaissante qu'il fait à son principe originel, le néant, qui momentanément dompté par la seconde puissance, n'a besoin que de la légère impulsion qu'il reçoit de l'hom-à-dire de la rupture de l'unité voulue me, pour se relever de sa lethargie et pour faire payer si cher, à la seconde puissance, l'apparente victoire qu'elle avait remportée sur lui *.

de Dieu entre lui et l'univers.

Ce qui donc, suivant le philosophe de la révélation, caractérise spécialement le forfait de l'homme, ce n'est pas tant d'avoir renversé l'univers que d'avoir déchiré la divinité elle-même, en sépa rant le Fils du Père qui reste seul en possession des gloires du ciel. Qui l'en a banni? Est-ce un sévère décret de son Père, est-ce le stigmate d'opprobre que lui avaient imprimé le principe-néant et l'homme son excitateur? C'est ce que ne nous dit pas l'auteur de ces hypothèses; il se borne à nous apprendre que le Fils, ainsi perdu pour le Père, reprend courage, et se rétablit lui-même dans la condition où il se trouvait originairement, en Dieu et par Dieu. ‹ D'a« bord Dieu par le Père et dans le Père, « il n'était qu'un Dieu latent, inconnu; << de ce moment il DEVIENT par lui-même, « par sa propre action, à l'opposite de « Dieu le Père, un Dieu propre, libre, indépendant. Cette situation libre et indépendante du Fils, en face de son « Père, ne lui est acquise que par suite de la réexcitation des puissances par « l'homme, action qui l'avait dépouillé de la gloire qu'originairement il pos« sédait en Dieu. ›

Dans cette hypothèse, l'homme ne peut être ni coupable, ni responsable de la réexcitation du principe-néant; elle était dans sa nature qui se maintiendra toujours dans son admixtion élémentaire et par conséquent nécessaire à l'idée de l'être, ou plutôt dans son identification avec elle. Le Christ n'est donc pas envoyé pour satisfaire à la place de l'homme, mais pour prendre sa forme, uniquement pour défaire ce qu'a fait l'homme et pour se refaire Dieu, en dépit de toutes les furieuses réactions du principe-néant. « Si le Fils, ◄ nous dit Schelling, si le Christ se dé‹ signe si souvent, dans le nouveau Tes<tament, sous la dénomination du Fils « de l'homme, ce n'est pas là un titre de grandeur qu'il se donne, c'est l'expression de l'habituelle et mélanco-« <lique douleur que lui inspire son ab<jection. Se savoir précipité de la gloire d'une puissance divine, et réduit à, ne pouvoir s'y rétablir qu'en passant, malgré soi, par la condition si humiliante et si souffrante de l'humanité, est

* C'est en effet la cause de la guerre que Dieu se

fait lui-même, dans les deux principes contraires accouplés dans son Être. Cette guerre durera autant que lui-même, puisque le principe-néant, générateur de l'essence divine, lui est antécédent, et peul, suivant Hégel et Schelling, être plus d'une fois dompté, mais jamais détruit ; car le néant, qui n'est rien, ne peut être anéanti.

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Si l'on voulait descendre jusqu'à l'explication et au développement de ces dogmes d'une révélation entièrement corrompue et dénaturée par un des princes du rationalisme, il s'ensuivrait que l'homme, en ressuscitant le principe haï de Dieu, bien que Dieu en ait tiré son essence, a fait un sensible outrage

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