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Mais ce qui dans ce bas monde choque surtout M. Roselli, c'est que la femme, c'est-à-dire la moitié du genre humain, ne pouvant s'occuper de la contemplation, ait été ainsi retranchée de la connaissance de Dieu. En Orient, en Asie, elles sont voilées, emprisonnées, cloitrées. En Europe, c'est autre chose; la femme qui délaisserait le bal ou l'écarté pour écouter un récit de voyage aux régions équatoriales ou aux glaces arctiques, étudier le sommeil des plantes, contempler la marche des constellations et s'élever à Dieu par ces aspects, compromettrait bientôt sa réputation; on la dirait romanesque, folle et au moins bas-bleu. On • lui permettra de se passionner au jeu « ou à la valse jusqu'à l'épuisement de sa bourse ou de sa santé plutôt que de s'attacher aux plus légitimes et aux plus rationnelles occupations de l'âme faite pour connaître. »

celui de l'humanité, que Adam, ou Hoang-ty, le seigneur rouge, c'est-àdire l'homme-roi, aurait été dès lors nommé l'homme-expiation: Hien-Yuen, ainsi que, selon la Genèse, le seigneur Adam est nommé douleur. Ce signe d'expiation, passant dans la justice criminelle, devint l'instrument de la douleur la plus longue et la plus authentique. En Orient, on le réserva aux condamnés les plus dépravés et de l'extraction la plus vile; il fut le symbole de l'extrême infortune et de la dernière affliction de l'homme. Le T, emblème de souffrance et de persécution, reçut aux bords du Nil une acception plus claire et plus logique; on lui attribua le but de l'expiation et de la vertu, l'immortalité bienheureuse; la croix fut « la clef des cieux. » La croix fut gravée dans les fondements des temples et la base des sanctuaires. Lors de la destruction du temple de Sérapis, après Viennent maintenant des preuves sur que le Christ triomphant eût été adoré l'universalité du dogme primitif, des en Egypte, à Rome et dans la Grèce, on considérations sur l'idolâtrie et sur reconnut dans les dernières assises de les aveux du paganisme quant à l'unité la base ce signe sacré de l'immortalité. divine; puis des remarques scientifi- A Thèbes et à Memphis la croix paraisques d'un grand intérêt sur le signe du sait telle qu'une énigme, défiant l'exsalut dans la gentilité. Il est reçu gé-plication des siècles, sur les obélisques «néralement que la croix, signe parti- comme dans les hypogées et les cer<culier du christianisme, date unique-cueils. Au centre de la brûlante Afrique ment de l'ère de la rédemption, et n'a | la croix se voyait sur le bouclier des • été connue sur la terre que par la guerriers de race, combattant à cheval; • propagation de l'Évangile. Nous ju- les cavaliers de Kano comme ceux du geons important de constater la va- Bornou, les Selathas, même les Théleur mystérieuse de ce symbole dans bous et les Thuarics, portent sur leurs · l'univers, afin qu'on sache combien boucliers la figure fort régulière d'une elle est exceptionnelle, inexplicable croix '. En diverses contrées de l'Afripar des motifs humains, et qu'il pa- que centrale, une croix du même genre raisse à tous les yeux que réellement est placée sur les murs des huttes; des la croix fut, dès la chute, destinée à croix d'une forme différente se renconl'opération du salut. › trent quelquefois sur la porte des maisons. La croix est restée aux mains des divinités hiéroglyphiques du Nil, comme elle est restée, malgré les Marabouts, sur les boucliers des pirates du Sabara. Pour un érudit, les croix des tombeaux découverts à Persepolis, et dont parle le voyageur Chardin, n'ont

La tradition antique des premiers Chinois fait remonter au premier coupable, Hoang-ty, ce signe d'expiation et de miséricorde; il est dit que Ilien-Yuen, reconnu généralement pour Hoangty, joignit ensemble deux pièces de bois, l'une posée droit, l'autre en travers, afin d'honorer le Très-Haut, et c'est de là qu'il s'appelle Hien-nois, à la suite des Origines des Lois, par Goguet, Yuen'. Et cet emblème est tellement. IV, p. 250.

Des Hauterayes, Extrait des Historiens Chi

• Durham et Clapperton, Voyage en Afrique.

2 Montemont, Histoire des Voyages, t. VIII,

rien de plus étonnant que les croix dé-
couvertes sur les sépultures des chefs à
la Nouvelle-Zélande, par le contre-ami-
ral Dumont-d'Urville'. Les croix que
les insulaires de la chaine de Mulgrave,
groupe d'îles découvertes par Marshal,
commandant du Scarboroug, portaient
suspendues à leur cou, ne le surpren-
dront pas. A ce propos, M. Alexandre
de Humboldt, dont le nom fait autorité
en Europe dès qu'il s'agit de science,
dit que les croix, qui ont tant excité
<la curiosité des conquérants à Cozu-
mel, à Yucatan, et dans d'autres con-
trées de l'Amérique, ne sont pas des
⚫ contes de moines 3. » Quelque mysté-
rieux que soit ce fait du culte de la
croix dans le Nouveau-Monde, antérieu-
rement à Christophe Colomb, il n'en
est pas moins constant, indubitable; et
les traditions locales en rapportent l'in-
stitution à des hommes étrangers, dont
le signalement indique la race cauca-
sienne. Mais ce qui surtout est très-frap-
pant, c'est que cette figure soit l'unique
dont l'unanimité des traditions rattache
l'origine à l'ancien monde. Tous, Mexi-
cains, Péruviens, sauvages, tribus de
guerriers, peuplades de pêcheurs,
n'ayant de commun, ni langage, ni re-
ligion, avouent tenir ce signe d'hommes
étrangers. Enfin, quels heureux sujets
d'étonnement et d'admiration pour le
chrétien d'apercevoir la croix dans le
Pentateuque quinze siècles avant Jésus-
Christ, et de la trouver décrite par le
Psalmiste mille ans avant la venue du
Sauveur. Exemple nor moins remar-
quable dans le paganisme, Eschyle, cet
initié des mystères éleusiens, expose
sur la croix son Prométhée, ce dieu
souffrant, pour apaiser un dieu; et Pla-
ton, cet initié des sanctuaires du Nil,

nous montre avec une telle fidélité de
tradition le saint, flagellé et finalement
mis en croix, que Jean-Jacques Rous-
seau ne put s'empêcher de dire. « 11
peint trait pour trait Jésus-Christ. »

• Dumont-d'Urville, Voyage de l'Astrolabe, t. II,

part. I, p. 15.

|

Ceci n'est qu'une succincte analyse des faits nombreux et remarquables recueillis sur ce sujet par l'auteur. Nous ne voulons pas dire que tous ces faits soient parfaitement exacts, bien expliqués, pris dans leur sens naturel; il y en a plusieurs que M. Roselli semble forcer et tirer un peu par les cheveux; cependant tous sont curieux à connaître et à discuter.

L'auteur parle ensuite du principe de l'inégalité, de sa nécessité, des causes du droit d'aînesse, de son origine religieuse et de ses résultats dans l'histoire; puis il revient à la croix à propos des figures du crucifiement et de leurs rapports scientifiques avec les traditions de l'antiquité. Il discute d'abord le caractère réel de Jésus-Christ, et considère les actes qui sont le fruit de sa parole; puis, en examinant avec soin chaque circonstance transmise par les évangélistes, dont les récits successifs complètent l'histoire du crucifiement, il aperçoit au milieu de ces faits douloureux un sens profond, une puissance cachée, l'allégorie, l'explication du passé, où la figure de l'avenir abonde à chaque mot et à chaque action de ce drame divin.

< Maintenant que le voile du temple a été déchiré depuis le haut jusqu'au bas...., comprenez les splendeurs de la croix..... Ici le culte ancien, qui portait tout entier sur le dogme de l'expiation par le sang, reçoit son explication: sans l'immolation du juste au Calvaire, il resterait inintelligible. Pareillement, au Calvaire, la croix, jusque là image contradictoire, signe d'immortalité et d'abjection dernière, révèle sa céleste signification. Recueillez en vos souvenirs ce que nous venons d'exposer plus haut relativement au signe crucifère dans la gentilité; voyez si ce fut au hasard et sans une intention expresse de la Providence, que le Christ expira sur la croix; supplice inusité dans la pénalité hébraïque au temps où les voyants l'indiquaient. Quel

autre engin de souffrance pouvait coopérer ainsi à l'œuvre de notre salut? Oserait-on appeler le glaive, la lapidation, le pal ou la corde: la clef de la connaissance, la clef de l'immortalité et le bois de la vie, comme on a fait de la croix? Quel rapport y trouverait-on avec les allusions prophétiques, les emblèmes hiératiques de l'antiquité? Aucun. Donc, le Christ pour accomplir les Écritures ne pouvait

* Eyriès, Abrégé des Voyages modernes, t. III, périr d'un autre supplice que celui de la croix; donc

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aussi la croix recélait une puissance indéfinissable et incompréhensible, dont l'antiquité eut comme un pressentiment confus, mais que nous avons, nous, le bonheur de posséder clairement par la

grâce du Dieu crucifié. En un seul jour, par un étonnant renversement d'idées, l'instrument des esclaves, objet d'horreur et de mépris, devient l'emblème de la liberté, de la grandeur, du triomphe! Sur le Calvaire, cet arbre d'infamie devient l'arbre du salut, le signe de l'expiation, du rachat, de la délivrance, de l'immortalité, la véritable clef de la connaissance, ouvrant la voie qui mène à la vie. Son acception mystérieuse et docte va se vulgariser aux confins de la terre. Fulget crucis mysterium.

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aborde les sujets les plus élevés avec une intrépidité sans égale; rempli de faits curieux et peu connus, parfois on y trouve de beaux passages, souvent de l'excentricité dans le style et dans la pensée. Je n'ai pu ni me résigner à en donner une entière critique, ni me décider à en faire un éloge complet; dès lors, j'ai dû mettre le lecteur en mesure terminer, une assez longue citation qui de juger par lui-même, et voici, pour l'aidera à prononcer en connaissance de cause sur le savoir, l'imagination, et le style de la Croix dans les deux mondes.

‹ On continuera à péculer, à briguer, à corrompre, à voter des constructions et des projets de loi, à composer des ballets et des drames. Les habiles du jour expliqueront la fréquence des désastres par des causes purement accidentelles et locales, et l'on se remettra avec ardeur aux affaires et aux voluptės. Puis à ce moment suprême, dont Dieu seul s'est réservé la connaissance, tout à coup le soleil s'obscurcira. N'ayant plus rien à refléter, la June, comme un lampadaire épuisé, s'éteindra. Le grand moteur de notre système ayant perdu sa clarté, les ténèbres envahissant l'espace des cieux viendront épouvanter toute la création vivante; cette horreur s'étendra jusqu'aux sphères lointaines. Saturne avec ses satellites et son merveilleux anneau aura dis

Aux matières dont nous venons de rendre compte, s'adjoignent des considérations sur le point de départ, la situation des apôtres, l'immensité du but qu'ils se proposaient, les commence- L'avénement du fils de l'homme sur ments de leur prédication, sur l'apôtre la terre s'effectuera inopinément, car des gentils, etc. Le huitième chapitre le Christ a insisté sur la surprise qu'ocparle de la destination de la ville éter-casionnerait sa venue, et les symptômes nelle, de l'influence de Rome sur les qui la précéderont n'offriront point nations, de sa tendance à l'unité, de d'abord une telle étrangeté qu'elle desses rapports mystérieux avec Jérusa- sille les yeux. lem, du rôle particulier qu'elle joue dans les événements évangéliques, et de son éternité. Le neuvième s'occupe de l'Église militante, des faits généraux de la persécution, de l'influence du christianisme résultant des oracles, des miracles et des démons, des martyrs et de la surnaturalité du christianisme. Dans le dixième, l'on trouve des remarques sur l'ère de la pénitence, le caractère réel des solitaires chrétiens et leur utilité religieuse. Le onzième renferme des dissertations sur l'Occident, l'Orient, les rapports de la France avec la papauté, les croisades, les progrès de la civilisation. Puis, dans d'autres parties, M. Roselli traite du NouveauMonde, de la propagation évangélique, et des probabilités qui révèlent l'extension de l'Évangile chez les Américains avant la découverte de leur continent; de la vitalité inépuisable de l'É-leur dernier sommeil; les hiboux et les vautours se glise catholique et de ses progrès; du caractère de la croix comme symbole de la connaissance et du progrès, et du résultat futur de ses influences dans l'humanité. Enfin les dernières pages prouvent que la croix, ayant sauvé le monde, jugera le monde, et que le si-auvage, radoucis par la peur, se rapprocheront des gne du fils de l'homme, connu au ciel comme sur la terre, est nécessaire à l'humanité dans les deux mondes.

Ce livre, comme on le voit, traite les questions les plus importantes; il

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paru; Jupiter et son cortège de lunes cesseront d'être visibles; Mars et Vénus seront effacés. Le télescope cherchera vainement la place d'Herschell et de Vesta, rien ne passera sur son champ décoloré; et jetés hors de leurs orbites, ces astres s'égarant en rotations désordonnées, tourbillonneront à travers l'immensité obscure. Déjà les plantes commenceront

hérissant d'effroi perceront l'obscurité de leurs cris. Des bruits sinistres sortiront des bois; l'écho des cavernes renverra d'insolites accents; une secrète horreur parcourra les vallées; du fond des précipices partiront des sons inconnus; les hyènes feront ouir leur àpre rålement, pareil à la suffocation d'un voyageur qu'on étrangle. Le rhinocéros et l'éléphant

habitations, cherchant la protection de l'homme; les tigres et les lions se réfugieront dans les étables; les loups et les renards se glisseront en ramdéserteront les fleuves; les bœufs se cabrant, et de pant dans les villes; l'hippopotame et le crocodille leurs cornes faisant voler la poussière, renverseront

l'attelage; la charrue restera abandonnée aux champs; les troupeaux se disperseront effarés; les cavales, brisant leur licou, s'échapperont dans les plaines; les aigles et les faucons s'envoleront des montagnes sur les clochers, et le tocsin lugubre ajoutera à l'horreur de ces angoisses, appelant un secours que nul ne pourra donner. Au milieu de la consternation et du silence, cà et là, interrompu par quelques rares blasphèmes et les pleurs des mères sur leurs nourrissons expirant à leur mamelle tarie, les insensés dans leur loge recouvreront la raison; et plus d'un vaniteux professeur, s'embarrassant dans sa toge, la perdra. L'immense lamentation de la terre mon

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Université Catholique.

L'ENSEIGNEMENT HISTORIQUE DANS LES GRANDS SÉMINAIRES.

HISTOIRE UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE, PAR LE D' ALZOG,
TRADUITE DE L'ALLEMAND PAR MM. J. GOSCHLER ET C.-F. AUDLEY '.

PREMIER ARTICLE.

Une des questions qui importent le plus | seignement philosophique des armes à l'avenir de l'Église de France, c'est la contre l'Église. Tout n'est pas fait dans réforme et l'extension des études dans ces maisons, mais on y a fait déjà beaunos grands séminaires. Grâce à Dieu, coup de choses; et la manière heureuse l'organisation des établissements secon- et pacifique avec laquelle se sont opédaires ecclésiastiques est déjà bien rées ces réformes essentielles doit remavancée. Si les évêques parvenaient à plir les évèques de courage et d'espéfonder trois ou quatre maisons de hau- rance pour les pousser plus loin. Avant tes études, destinées à préparer des pro- d'indiquer nos vues personnelles sur la fesseurs de séminaires; si l'on pouvait réforme des études dans les séminaires en même temps remédier aux change- de théologie, il est indispensable de ments perpétuels qui se font dans ces donner une idée superficielle des sujets maisons, leur supériorité sur les col- qui sont circonscrits dans le cadre de léges universitaires deviendrait bientôt cet enseignement. de la dernière évidence. Mais ce n'est pas là qu'il y a le plus à faire. En sortant des petits séminaires, les jeunes gens entrent dans les séminaires de philosophie ou de théologie. Les séminaires de philosophie sont une fondation pour ainsi dire nouvelle. C'est déjà un immense progrès d'avoir senti la nécessité du développement de ce côté des études, dans un temps où l'Université puisait continuellement dans l'en

• In-8°; chez Waille. Tome ler.

Les cours de théologie durent trois années. Ils sont divisés en classes de dogme, de morale et d'Écriture sainte. Les élèves prennent ces cours là où ils se trouvent au moment de leur arrivée dans la maison. Comme la méthode scholastique est une méthode de déduction, il leur arrive souvent de commencer par les conséquences les plus éloignées, et d'arriver enfin aux principes vers la fin de la troisième année.

Nous parlerons très-brièvement du cours de morale qu'il serait plus juste

magne cette branche de la science ecclésiastique, si nécessaire pour l'exercice du saint ministère, est déplorablement négligée. En France, au contraire, elle est chargée d'un grand nombre de questions spéculatives et sans portée, qui la rendent prodigieusement fatigante pour les élèves. Si l'on tient compte en outre des interminables évolutions de la méthode scholastique, et des difficultés d'un idiome impopulaire, on ne s'étonnera pas de voir les professeurs tant souffrir, et trop souvent souffrir en vain, pour maintenir contre tant de difficultés l'intérêt de leur

cours.

d'appeler cours de casuistique. En Alle- | resser les jeunes gens, dès qu'ils ont du sérieux et de l'intelligence. Il ne faut pour cela que leur parler leur langue, et soyez certains que vous en serez toujours compris alors. Mais si vous vous attachez à réduire en formules arides ce magnifique ensemble de faits saisissants qui composent l'histoire du Catho licisme, ne vous étonnez pas de ne produire souvent que la fatigue et l'ennui. Le siècle où nous vivons est éminemment hostile à la spéculation, il dédaigne les dissertations abstraites; il n'a pas souci des distinctions savantes; il lui faut toujours des faits, et des faits sensibles et vivants, qui frappent ses yeux comme la lumière du jour. Faut-il donc s'étonner que la jeunesse clericale sortie des entrailles du siècle, en conserve irrésistiblement toutes les tendances intellectuelles. Les esprits éclairés ne passent pas leur vie à gémir sur les tendances de leur époque, ils savent s'en emparer avec énergie et vigueur, pour les maitriser et les conduire au bien; c'est là la mission des intelligences supérieures; et le clergé en renferme certainement bien assez pour entreprendre la tâche de renouveler les études théologiques, en les replaçant sur la base de l'histoire. Essayons de développer complétement notre pensée et de la rendre parfaitement intelligible à tous.

Le cours d'Écriture sainte, qui touche de si près à la défense du christianisme, existe de nom dans les grands séminaires. Quand on pense aux formidables développements qu'a pris de nos jours l'exégèse rationaliste qui s'efforce de saper la foi chrétienne dans ses bases historiques, on se demande assez naturellement quelle est la situation de l'exégèse dans nos grands séminaires? On y consacre par semaine deux classes de trois quarts d'heure! Cette déplorable négligence vient principalement de la profonde indifférence des professeurs de scholastique pour toutes les études historiques. Comme si dans le christianisme, c'est Fénelon qui l'a dit, tout n'était pas histoire et tradition?

Les professeurs de dogme dans leur enseignement de trois années font voir ordinairement à leurs élèves les traités de la Religion, de l'Église, de l'Incarnation, de la Grâce, des Sacrements en général, et de l'Eucharistie. Je commence par faire remarquer que ces deux derniers traités contiennent tout une partie pratique, qu'on doit naturellement rattacher à la morale, comme

C'est précisément cette prédilection pour les points de vue où la spéculation domine, qui empêche les professeurs de dogme de donner à ce cours important tout l'intérêt dont il est susceptible. Certes, si les élèves ne mettent pas dans l'étude de la dogmatique catholique toute l'intelligence et l'activité qu'on pourrait désirer, ce n'est pour-l'a fait Mgr Gousset, dont la nouvelle tant pas la faute d'un sujet si propre à intéresser tous les esprits sérieux. Mais cet enseignement se fait souvent d'une manière si pâle et si décolorée, si dénuée d'action et de mouvement, qu'il devient prodigieusement difficile de maintenir, pendant trois longues années, l'attention d'une jeunesse pleine d'ardeur et d'imagination. Ce n'est pas qu'il faille d'énormes efforts pour inté

théologie, débarrassée des questions spéculatives, nous paraîtrait suffisam ment étendue et complète pour l'enseignement de la Casuistique dans les grands séminaires. Dans le traité de la Religion, on démontre la divinité du christianisme contre les incrédules du 18° siècle. Dans le traité de l'Église, on prouve que l'Église d'Orient, que les églises protestantes ne sont pas la véri

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