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déloyaux et si prosaïques calomnia- | dans le monde; que, contre toute vrai

teurs.

Certes les situations dramatiques, pittoresques ne lui eussent pas manqué. Quelle vie plus que celle d'un prêtre est féconde en tableaux d'une variété saisissante, de l'intérêt le plus attachant! | Mais l'amour! Eh! la vie du ministre saint n'est-elle pas un acte d'amour sans cesse renouvelé 1? Son cœur n'estil pas le foyer d'un amour d'autant plus ardent qu'il est plus pur, d'autant plus actif qu'il a pour objet l'humanité; d'autant plus fidèle qu'il embrasse Dieu. Et d'ailleurs, si, pour flatter le goût de certains lecteurs, le poëte se fût placé dans l'obligation d'esquisser des situations mondaines, il l'eût pu encore sans mentir à son sujet. Quelle rigoureuse nécessité pour lui de choisir pour héros un Samuel, confié dès l'adolescence au grand-prêtre; un Joas, caché dans l'ombre du sanctuaire sous la blanche robe du lévite? Sans doute, mille fois heureux celui qui apporte en offrande au Seigueur un cœur pur et des mains innocentes! Mais nulle part il n'est écrit que pour être bon prêtre il ne faut jamais avoir approché ses lèvres de la coupe que présente le monde à ses adeptes. Ce que demande le prêtre par excellence, le pontife sans tache, ce qu'il exige: c'est que celui qui a mis la main à la charrue, ne regarde plus derrière, car autrement il le déclare indigne du royaume de Dieu . M. Carrière avait donc sous les yeux des modèles à choisir; l'Apôtre des nations, auparavant sanguinaire et persécuteur; le fils de Monique, si longtemps livré à d'infâmes amours; tant d'autres dont une vie orageuse et criminelle précéda la vie calme et pure des sacrés parvis, mais qui, une fois entrés dans la droite voie, y marchèrent à pas de géant, et embrassèrent la vertu avec d'autant plus d'enthousiasme, pour la pratiquer avec une admirable fidélité, qu'elle les inondait d'une félicité qu'inutilement ailleurs ils avaient cherchée. Ainsi, que Jocelyn, dont la vocation n'est point celle du vrai lévite, ait connu Laurence

'Saint Jean Chrysostome, de Sacerdotio. Luc, 1x, 62.

semblance, il ait vécu deux ans avec elle ignorant son sexe; qu'ayant ensuite reconnu qu'elle était femme, il ait senti son cœur brûler pour elle de feux amoureux; puisqu'en tout cela il avait vécu ‹ sans trahir la sainte chasteté, ‣ il ne s'y rencontrait certes rien de bien scandaleux, Que longtemps séparés, se retrouvant à Paris, même en une église, quoiqu'un autre lieu eût été plus convenable, ils se soient reconnus, qu'ils aient cherché à se voir, à se parler, facilement la religion excusera cet élan d'un vers l'autre, de deux cœurs que l'infortune avait unis avant que l'amour parût; pourvu, encore fois, que la voix du ciel s'étant fait entendre, l'élu de Dien se lève, triomphateur dans la lutte de la chair contre l'esprit, et s'écrie comme Samuel: Me voici, Seigneur, qu'exigezvous de moi?> ou bien comme Saul aux portes de Damas : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Que même après sa consécration sacerdotale, semblable à Jérôme dans sa grotte de Bethleem, les souvenirs d'Athènes et de Rome le soient venus péniblement distraire, et que pour dompter une imigination trop ardente, pour effacer d'importunes images, il se soit livré aux rigueurs de la pénitence, il n'y a rien encore que de fort naturel d'une part, de bien sacerdotal et de fort édifiant de l'autre.

Mais qu'après son ordination, après plusieurs années d'exercice du saint ministère, ce Jocelyn s'abandonne à des extravagances, dont le prestige de la poesie ne saurait diminuer ni le ridicule, ni l'énormité, oh! c'est alors qu'il of fense à la fois le sacerdoce, le christianisme, la morale et la raison. Jocelyn n'est plus un prêtre selon le cœur de Dieu; c'est un malheureux à vocation douteuse, dont le cœur n'est ni à ses paroissiens ni à Dieu; qui, entré dans le sanctuaire pour augmenter de son patrimoine la dot de sa sœur, n'y reste à son tour que pour manger du pain; il fait quelques bonnes œuvres; mais c'est plutôt par inclination naturelle et pour son propre plaisir, que par devoir et par vertu ; c'est un laïque généreux et bon..... c'est un pitoyable prêtre.

En acceptant pour vraie la fable en

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tière de Jocelyn, telle qu'un grand poëte l'a créée, M. Carrière s'est coupé les ailes, il s'est mis aux entraves, il s'est chargé d'une cangue. Il a essayé de montrer le prêtre, en Jocelyn, et certes, il a rempli sa tâche avec autant de succès que possible; mais il n'y avait guère moyen de séparer absolument deux personnages réunis en un seul individu; l'homme devient prêtre, le prêtre quelquefois descend au-dessous de l'homme; toujours, ces énormes faiblesses dont Jocelyn est la victime pendant son sacerdoce, ses regrets et ses lamentations ne sauraient les effacer. Non, il n'est pas corrompu; la voix de sa conscience ne retentit pas en vain aux oreilles de son åme, il n'est pas mauvais prêtre ; mais est-il un vrai ministre de Dieu, est-il un autre Christ? Tel cependant doit être le prêtre de la nouvelle alliance: Minister Dei, alter Christus.

Que notre jeune poëte, dans son vol, sache donc abandonner la vaste envergure de M. de Lamartine sous laquelle il est allé s'abriter; qu'il laisse Marthe allumer ses flambeaux avec les pages que le maître du logis n'a pas livrées aux flammes, et qu'il donne un vrai modèle du bon, du digne curé de village.

Il aurait d'ailleurs peu de changements à faire à son poëme. Il épurerait la vocation du lévite; s'il le veut bannir pendant une révolution et en faire un confesseur de la foi, les modèles ne lui manqueront pas. Il aura sous les yeux les images vénérées de prêtres qu'il a connus et admirés, de MM. Michel et Masson, successivement supérieurs du séminaire de Nancy. Il le laissera ordonner, soit dans l'obscurité d'un cachot, soit au fond de cale d'un vaisseau, par un pontife qui l'aura connu, et quelles pages sublimes à écrire sur une ordination faite par un martyr et reçue par un confesseur! Quelle scène digne de la primitive Église et des catacombes! Arrière, arrière, et les coups de tonnerre d'un langage farouche, et l'arrêt de malheur suspendu sur un front, et les voix qui redoublent de colère'. Arrière ¡aussi la confession générale! Après la tourmente politique passée, Jocelyn ou

• Quoi! Désiré, d'un prêtre est-ce là le langage?

| tout autre nom passerait quelques jours
au séminaire, plutôt pour se reposer de
longues souffrances et de dures priva-
tions, que pour expier ses folies; il
assisterait à une brillante ordination
qu'il saurait décrire; puis il partirait
pour Valneige, où il passerait de longues
années dans une vie toute de bonnes
œuvres qu'il couronnerait par une sainte
mort. Et quelle foule de charmans épi-
sodes dans cette vie pastorale passée au
milieu de bons habitants de campagne,
dans un pays que la nature a décoré de
ses magnificences ou même affligé de
ses plus rudes horreurs? Tel, nous nous
imaginons le poëme de M. Carrière ;
mais c'est à l'examiner comme il se
trouve que se doit borner spécialement
notre tâche. Il est consolant de pouvoir
écrire que le jeune écrivain a rempli
avec bonheur la tâche difficile qu'il s'est
imposée. Et certes, le ciel d'où la vraie
poésie descend aux mortels ne pouvait
que bénir un travail entrepris dans un
but aussi noble, aussi religieux que ce-
lui de M. Carrière; il ne pouvait que
sourire à la modestie d'un auteur plus
chrétien que poëte, qui n'attache d'im-
portance à la destinée de son livre,
« qu'autant qu'il pourra servir pour une
part à l'œuvre de régénération sociale
qui s'opère mystérieusement dans le
« monde par les voies de la paix et de
‹ l'amour, » et qui en offrant ces vers
aux prêtres du Seigneur, ne leur de-
mande, en retour, qu'une simple prière
Si vous les accueillez, si leur simple harmonie
Console vos douleurs, réjouit votre foi;
Si vous y rencontrez, à défaut de génie,
Parfois le saint rayon de la grâce infinie',
Ne m'applaudissez pas, mais priez Dieu pour moi!

Dans le prologue, le curé d'Aiglemont, voisin et confesseur de Jocelyn, raconte au botaniste, ami du défunt, sa vie sacerdotale depuis son arrivée à Valneige, sa dernière maladie, sa mort édifiante et sainte; puis, laissant percer le chagrin qu'il éprouve de ce que, dans la publication des pages de son livre,

Souvent la voix du prêtre est perdue ou muette,
Le Journal est sans suite et la vie incomplète,
il lui développe les pénibles impres-
sions que laisse la lecture du premier
épisode de Jocelyn:

On s'afflige parfois de n'y pas rencontrer
Ces passages pieux où se devait montrer,
Avec son âme forté, à la fin dégagée

Des folles passions qui l'avaient assiégée,
Un pasteur, dans la paix du cœur et de l'esprit,
Coulant des jours heureux, cachés en Jésus-Christ,
Et ces feuillets seraient pourtant les seuls peut-être,
Les seuls que de son œuvre il eût laissé paraître,
S'il avait soupconné qu'un jour sous l'œil humain
Tomberaient les écrits échappés de sa main.
Heureusement le mal n'est pas sans re-
mède, et l'âme du curé de Valneige,
parée des vertus dont on l'avait dépouil-
lée, offrira un tableau plus exact, plus
vrai du ministre de Jésus-Christ.

Ces chers papiers, ces débris qu'on regrette, Monsieur, quelqu'un les tient sous sa garde secrète.

.

C'est à moi, quelque temps avant l'heure fatale, Qu'il remit de sa vie, humble et sacerdotale, Les plus touchants récits. . ...

Que pour charmer la douleur qui m'oppresse, Eût conservé longtemps mon avare tendresse, Si je n'avais à cœur de montrer notre ami

Tel qu'il fut..., et non pas homme et prêtre à demi.

Je la prends, je l'embrasse avec un cri de jela; Et puis, comme un vautour, sitôt qu'il tient sa profe, L'emporte dans son aire ou sur le haut rocher Dont nul oiseau jaloux n'osera s'approcher, Je vole à ma cellule; et si quelque lévite Se trouve en mon chemin, je le fuis, je l'évite, De peur qu'il ne m'arrête et m'arrache un moment A ces joyeux transports, à ce ravissement, Dont je veux goûter seul l'inexprimable iyresse. Après deux ans de retraite dans son séminaire, le lévite, ordonné prêtre, dans une prison, et sur le point d'aller prendre possession d'une paroisse, est appelé à préparer à la mort un malheureux condamné. Cette circonstance a fourni au poëte le sujet d'un épisode dans lequel il a su déployér toutes les ressour ces que la charité religieuse apporte au cœur du prêtre, pour adoucir les angoisses de la mort à l'infortuné qui les subit, pour amener au repentir le cou pable, le vindicatif à un sincère pardon. Les vers sont d'ailleurs en parfaite har monie avec le sujet. Peut-être de sévères critiques y signaleraient quelques lon gueurs; nous ne voulons pas pousser jusque-là notre censure; nous nous éton

Oui, voilà bien ce que Carrière avait la volonté de faire; mais, encore une fois, ce que son plan ne lui a pas permis d'exé-nons seulement que le poëte ait douté cuter complétement.

Vont maintenant se dérouler les feuilles dont le curé d'Aiglemont était l'heureux dépositaire; le lecteur suivra Jocelyn dans sa carrière ecclésiastique. I étudiera cette vocation qu'il n'a pas tenu qu'à M. Carrière de rendre entièrement qu'à M. Carrière de rendre entièrement sainte et divine; il entrera au séminaire pour y accompagner le jeune lévite dans les détails de la vie cléricale que le poëte a su peindre avec les plus vives et les plus agréables couleurs. Il n'est pas un prêtre, pas un seul élève d'un établis sement quelconque, qui ne lise avec un souvenir d'attendrissement la réception de la première lettre de sa mère par le nouveau séminariste. Oh! comme c'est bien là ce qu'éprouve l'étudiant qui bien là ce qu'éprouve l'étudiant qui vient de quitter, pour un pensionnat, le foyer paternel!

J'ai couru jusqu'au seuil de notre maison sainte,
Vers ce réduit obscur où le pauvre portier
Communique pour nous avec le monde entier,
C'est là qu'à notre nom les lettres adressées
Tombent de temps en temps sous nos mains em-
pressées

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J'arrive je ne sais par quel heureux hasard.
La vôtre, la première, a frappé suan regard, ergo

Si le langage humain, par sa toute-puissance, Pouvait au criminel rendre quelque innocence! N'aurait-il donc jamais assisté à quelque séance d'un palais de justice?

Bientôt M. Carrière répare les invraitourent la consécration de Jocelyn, ea semblances et toutes les misères qui entourent la consécration de Jocelyn, en traçant, d'un pinceau brillant et sûr, le laquelle peut assister, ayant son départ tableau d'une ordination solennelle à pour Valneige, le nouveau curé de cette paroisse. Je ne sais s'il existe quelque part une description aussi compléte ment belle de la consécration des lévites, qui est, d'ailleurs, une des plus imposantes cérémonies du culte catholique. Et ce n'est pas seulement la pompe extérieure que présente le poëte aux extérieure que présente le poëte aur regards attendris du spectateur. La mitre d'or des pontifes, les blancs surplis des ordinants, la décoration du temple, l'harmonie des cloches, les mille voix de l'orgue, tout cela n'est que la partie accidentelle du tableau ; M. Carrière pénètre l'esprit de la cérémonie, le sens mystérieux des prières, les allocutions de l'évêque aux nouveaux postulants ; il

les traduit, lui premier peut-être, nous | de Valneige s'occupe de littérature. Nous ne disons pas en belle poésie, car, quoi remercierons son confrère d'avoir pude plus poétique que tout ce qui se rat- blié les poésies dont il avait reçu com> tache à une ordination ; mais en char- munication. mants vers français, qui les feront connaître et comprendre aux personnes qui ne les savent pas et qui diront à MM. Sue et Genin, pour calmer leur généreuse indignation', ce qu'on enseigne aux lévites avant de les consacrer à Dieu pour le service des hommes.

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Après un vicariat aussi court dans sa durée que les détails qui nous en sont transmis, Jocelyn arrive à Valneige. Quelle est cette lointaine paroisse? quels en sont les habitants? A-t-elle une église décente, un presbytère passable? Le nouveau curé va satisfaire, sur tous ces points, l'impatiente curiosité du lecteur; il va lui présenter une série de tableaux dessinés avec grâce et dont la succession toute naturelle, quoiqu'un peu didactique, est pleine d'une agréa

ble variété.

Était-il nécessaire de dire que le vieillard qui, de Jocelyn,

A voulu d'un ami peupler la solitude, était sans enfants? Carrière appréhendet-il que l'on accuse le curé de faire tort aux héritiers du donateur en acceptant son chien? Du reste, le pasteur ne donne qu'une caresse au sensible animal, et c'est de la sobriété. M. de Lamartine, après avoir fait étreindre le sien, lui fait faire, en 49 vers, une apostrophe qui annonce un cœur sensible, transporté, mais qui bien positivement n'est ni philanthropique, ni sacerdotal: Sèche mes yeux mouillés! mets ton cœur près du

mien,

Et seuls à nous aimer, aimons-nous, pauvre chien!

Pourquoi donc encore avoir commencé la tribulation par un hémistiche emprunté fort à contre-temps?

.....

Je l'avais bien prévu? Ne croirait-on pas que le pauvre Jocelyn a rencontré chez quelque voisin un méchant dîner auquel il n'a pu refuser de prendre part 2.

Installé dans son presbytère, le curé

• Constitutionnel du 9 novembre 1844. • Troisième satyre de Boileau.

Oh! il était réellement et foncièrement pieux le prètre qui écrivait: A la ville éternelle, sur Noël, les Pâques, le Crucifix, les délicieuses pages que nous voudrions pouvoir ici transcrire! Il était plein de sens et d'une mâle énergie celui qui composait le fragment sur les passions! Il avait un cœur sacerdotal celui qui traçait le portrait de la femme chrétienne, modelé sur la Vierge immaculée, et qui, saisi d'un saint transport à la pensée de la douce Marie, lui chantait cet hymne qui exhale le parfum de la plus tendre piété !

Après cela, de même que le bon Homère, Désiré Carrière a fait quelquefois un petit sommeil. Ses yeux se sont appesantis, et des songes fâcheux volti geaient sur sa tête lorsqu'il a écrit la Pauvre Fille et encore un peu l'Incendie. Dans certains endroits son vers devient prosaïque, dans d'autres il est traînant. Ces imperfections se remarquent sur tout dans le second volume où, livré à ses propres ressources, il n'était plus soutenu dans les hautes régions de la poésie par le souffle de l'Esprit divin qu'il avait aspiré dans la sainte Écriture, dont mille traits heureusement appliqués brillent au tome premier. Il a prodigué la douceur jusqu'à la rendre fade. Il répète, en effet, l'épithète doux huit fois dans le chapitre de la femme, quinze dans la malheureuse confession générale, et combien dans tout le poëme? C'est un laisser-aller qui n'est pas plus tolérable que le nid et la couvée de sa sœur, si maladroitement imités de M. de Lamartine.

Ces légers défauts et quelques autres de même genre, qu'une impartiale critique ne saurait passer sous silence, que, d'ailleurs, le poëte pourra facilement effacer, n'otent rien à l'excellence du fond, à l'importance de la matière, à la supériorité avec laquelle généralement elle est traitée. Nous ne saurions trop le répéter, nous regardons l'apparition du livre de M. Désiré Carrière comme un événement providentiel, en raison du temps et des circonstances où il nous

arrive. Il fera du bien parmi les gens du monde; mais il en fera beaucoup plus, si, comme nous l'avons indiqué, le génie de l'auteur, brisant les langes dans lesquels il s'est emmaillotté, s'élève sur les ailes de la religion senle à la hauteur du sujet qu'il veut traiter. Qu'il accepte l'aveu que M. de Lamartine fait en tête de la huitième édition, format in-16 de son épisode. « Le prêtre, moralement et poétiquement conçu, a une ‹ autre dimension que Jocelyn. Jocelyn « est un homme sensible et passionné | que des circonstances et des vertus jettent dans le sanctuaire et qui devient < curé de village. Le curé de village est une des plus touchantes incarnations de l'Évangile, une des plus pittores«ques figures de nos civilisations mo<dernes1. » Qu'il s'attache donc à présenter le prêtre dans toute sa dimension morale et poétique. Il a fortement avancé cette noble tâche dans le Curé de Valneige; à peu de frais il la pourra dignement couronner.

Nous ne croyons pas devoir terminer ce compte-rendu sans dire un mot sur la partie matérielle de l'ouvrage. Le

' Jocelyn, t. I, p. 14, 18.

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Curé de Valneige est imprimé en fort beau papier, en lisibles caractères, avec une vignette gravée pour lui tout exprès. Tout cela est fort joli; mais l'édition est interlignée; elle est gonflée de 27 pages blanches dans le premier volume, 40 dans le second, en tout 67 pages pleines, sans compter les innombrables bouts. Tout cela sent fort le charlatanisme de l'imprimeur qui a voulu faire deux volumes avec la matière d'un seul. Les membres du clergé à qui le Curé de Valneige est dédié sont trop restreints dans leurs ressources, pour se procurer des ouvrages d'agrément d'un prix élevé. Qu'une édition nouvelle donne le poëme de M. Carrière en un volume, en papier propre, avec l'impression ordinaire, de telle sorte que l'exemplaire se donne au prix de 3 ou 4 francs; alors le débit de l'ouvrage se doublera, se quadruplera peut-être, et la bonne œuvre grandira d'autant. Nous ne disons rien du profit, nous connaissons trop M. Carrière pour savoir qu'il n'a pas l'âme vénale et qu'il ne travaille pas pour de l'argent.

L'abbé GUILLAUME, Chanoine-honoraire de Nancy, membre de plusieurs pociétés savantes,

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