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mer de patience; vous rencontrerez des noms propres difficiles à retenir, une géographie qui ne vous est

traversé les espaces: mais ces noms ne sont pas tout; la renommée a été très-capricieuse, et la plupart des hommes importants de l'islamisme sont et doivent être inconnus de presque tous ceux qui n'ont que difficile et fastidieux par sa nouveauté même que je des notions générales. Ainsi donc c'est un voyage vous propose. Pour tâcher de mettre un peu de lumière dans ce chaos, je crois qu'il faut d'abord distinguer les phases principales qu'a subies la société islamique, en rattachant chacune de ces phases au sort du principe à la fois spirituel et civil qui a présidé au développement de cette société.

déçu, d'arriver à l'intelligence simple | La difficulté sans doute est très-grande d'envisaet directe des choses. Mahomet sim-ger dans leur ensemble les annales de l'islamisme, plifia tout; nous l'avons vu simplifier et cependant je compte le faire à peu près sans inles principes de la religion; nous allons terruption. Je ne crois pas que ce soit là un sujet le voir simplifier les principes de la susceptible de division. Pour comprendre quelque peu l'islamisme, il faut le prendre à sa source et le législation, ceux du gouvernement, et suivre jusqu'à sa fin. Sans doute il faudra ici vous arpar cet attrait d'une chose une, et qui paraît complète, entraîner en moins d'un siècle un tiers de l'espèce hu-point familière. Il y a bien quelques noms qui ont maine sur ses traces. L'islamisme n'a qu'un livre et qu'un chef. Chez les musulmans, la même main tient et le bâton pastoral, et le sceptre et l'épée; le même homme y est à la fois pontife, roi et général. Tout découle d'une même source, tout est justifié par un même texte, tout est exécuté par une seule et même volonté : de là ce caractère si séduisant pour ceux qui abordent cette histoire sans être soutenus par des croyances assez fortes, assez sûres de là la grandeur incontestable des principales figures de l'islamisme. Mais il y a quelque chose de plus grand que l'unité une et simple, c'est l'unité dans la diversité que l'unité régit et gouverne sans l'absorber et sans la détruire. Il y a un livre plus grand que le Koran, la Bible; non la Bible protestante, hors de laquelle il n'y a plus rien, mais la Bible catholique qui laisse en dehors d'elle, sans en être amoindrie, tant de choses et de grandes choses; il y a un pouvoir plus grand que celui des sultans califes', le pouvoir du pape, ce pouvoir qui de droit commande aux hommes de toutes les nations, et qui peut leur commander de fait parce qu'il laisse aux nations leur pouvoir tempo-ches différentes, prétendant chacune à rel, le domaine de tout ce qui est variable, local, national, parce qu'il n'ordonne que dans le domaine spirituel, dans le domaine de la vérité et de la justice, et que la vérité et la justice sont éternelles et universelles.

Le professeur développe ces idées dans des pages extrêmement remarquables et que nous voudrions pouvoir reproduire; puis entrant en matière, il s'exprime ainsi :

Calife, lieutenant, mots analogues à celui par

lequel nous désignons le Pape, quand nous disons qu'il est le vicaire de Jésus-Christ. Vicaire et Calife

sont synonymes.

M. Lenormant distingue cinq époques principales, réservant pour la cinquième celle dans laquelle l'islamisme n'est entré que depuis peu d'années. Les quatre premières comprennent douze cents ans, depuis la fameuse Hégire, la Fuite de Médine, l'an 622 de notre ère, jusqu'au 19° siècle.

La première époque est celle du développement du principe religieux. En cent ans, le Koran régna depuis la grande muraille de la Chine jusqu'à la limite de l'Océan Atlantique et des Pyrénées. Cette force, au bout d'un siècle, subit bien quelques diminutions. La discorde, le schisme pénétrèrent dans l'islamisme; le pouvoir spirituel ne tarda pas à être divisé en trois bran

une autorité exclusive; et pourtant le schisme, dans les premier's temps, n'altéra pas d'une manière très-sensible la force d'expansion et de conquête de la religion musulmane. On peut compter par conséquent deux siècles pendant lesquels le principe politique et spirituel de l'islamisme, le principe du califat, l'autorité de celui qui se considérait comme le lieutenant du prophète, se continua, malgré les divisions intérieures, jusqu'au moment où l'on vit les délégués militaires du calife constituer, dans certaines contrées, des empires indépendants de fait, et qui par conséquent reposent sur une autre

base que le principe spirituel du Koran. I que-là dans la famille des Abbassides,

Il est difficile de déterminer à quel moment précis commença ce démembrement du califat; il y eut là une marche progressive; et le point de départ adopté sera toujours arbitraire. Le professeur en prend un qui lui paraît plus frappant que les autres, parce qu'il signale l'apparition dans l'islamisme d'une race destinée à y jouer un grand rôle. De 622, pour délimiter la première époque, il va donc jusqu'à l'année 869, date communément assignée à la fondation de l'autorité indépendante des Toulounides, en Égypte, quoiqu'ils reconnussent encore alors en apparence l'autorité des califes.

A partir de ce jour, il y eut une tendance des diverses nationalités à se constituer d'une manière indépendante, et des chefs militaires profitèrent du penchant de ces peuples pour fonder des monarchies dont aucune ne fut durable, mais dont quelques-unes ont jeté un assez grand éclat. Cette seconde époque est donc celle de la lutte des nationalités contre la suprématie du califat; elle s'étend de 869 à 1218, c'est-à-dire jusqu'à Gengis-Khan. Ce sont quatre siè cles, pendant lesquels le califat sans doute s'est affaibli et morcelé, mais n'a point disparu. Arrive enfin l'heure où un conquérant tartare, un homme étranger à la loi de Mahomet, le petit-fils de celui que nous venons de nommer, HouJagou, porte une main profane sur la personne du calife lui-même, le fait descendre du trône, le frappe et détruit le dernier prestige de l'autorité spirituelle chez les Musulmans.

Qu'on adopte cette date, ou qu'on remonte de quarante années à l'apparition de Gengis-Khan, c'est toujours dans la première moitié du 13° siècle, ou à peu près, que commence la troisième époque de l'islamisme, celle de la disparition du pouvoir spirituel et du morcellement de la société musulmane.

En 1513, Selim Ier, s'étant emparé de l'Égypte, déposa le fantôme de calife qui s'y perpétuait depuis trois siècles, et déjà héritier de la puissance formidable des Ottomans, incorporant à sa propre personne les prérogatives spirituelles ont la possession s'était conservée jus

mit fin aux trois siècles d'anarchie et de désastres par lesquels dut passer l'islamisme. La puissance ottomane est sans doute antérieure à Selim I"; mais contrariée dans sa marche par la lutte terrible qu'elle eut à soutenir contre les Tartares, elle ne fut définitive qu'à dater du moment où disparut le dernier calife.

De 1513 jusqu'à nos jours, époque de la subordination du principe spirituel à la puissance ottomane, l'unité se rétablit de nouveau dans la société musul mane, mais d'une manière opposée à ce qui avait existé dans le commencement. Le principe spirituel avait d'abord dominé le temporel; le calife était ayant tout le lieutenant du prophète, puis le commandant politique et militaire des croyants. Au contraire, dans l'unité ottomane, telle que les souverains de Constantinople sont parvenus à la reconstituer, le padischah, le chef politique prime le chef des croyants; s'il exerce l'autorité spirituelle, c'est en sa qualité de souverain temporel. Cette dernière phase a redonné une apparence de virilité au corps islamique, mais, au fond, n'a pu que pallier et suspendre les causes de ruine qui existaient dans son sein.

Nous sommes maintenant au commencement de la cinquième et dernière époque. A dater des années 1826 et 1827, que signalent la destruction des janissaires et la reconnaissance forcée du royaume de Grèce, deux faits plus considérables dans leurs conséquences futures que dans les effets présents, l'islamisme est entré dans une phase à laquelle, sans crainte de se tromper, il est permis d'attribuer les caractères de la dissolution et de la mort. L'on peut, dit le professeur, jusqu'à un certain point et par une sorte de règle de proportion, apprécier combien de temps encore elle se prolongera. Nous venons de parcourir quatre époques de dimension à peu près égales, trois siècles chacune, serait-il téméraire d'assigner à peu près la même durée aux restes de l'islamisme, et de prévoir qu'il faudra environ ce temps. pour que ce qui est en ce moment un malade devienne un cadavre.

M. Lenormant n'entend parler que de

porte à moi ce mouvement d'un océan sans limite; ces vagues qui montent et qui descendent, ces peu

ples qui se choquent, qui se brisent, ces trênes qui s'élèvent et qui sont renversés! Que m'importe ces

variations perpétuelles si tout ce mouvement s'opère sur lui-même, si je n'ai aucun profit à tirer de tant de luttes!

C'est dans le profit qu'est la différence fondamentale entre l'Orient, tout rempli qu'il est đó révolutions, et l'Europe. En Europe, il n'y a pás un cri, pas un combat, pas une douleur en quelque sorté qui n'aient été féconds. Le fruit de l'histoire est préet des malheurs qui se succèdent ce que l'humanité

la destruction de l'islamisme comme i principe agissant et dominant dans de grandes agrégations politiques; car, ditil, nous avons encore aujourd'hui des représentants dans le monde de toutes les religions qui ont existé, et après même que les sectateurs de Mahomet auront été exclus de toute société dominante, ces derniers vestiges peut-être ne seront-ils pas effacés. Réduite à ces termes, la conjecture de M. Lenormant sur la durée probable de l'islamisme, paraitra à beaucoup de monde pécher bien plus par excès que par défaut. Il faut moins du monde les conséquences, nous constatons moins de temps pour mourir que pour l'existence de ces profits incessants. Mais dans l'0naître ; une agonie de trois siècles, c'est | rient, il n'y á qué des apparences suivies des plus bien long. Je sais que les puissances eu- étranges catastrophes '. ropéennes se croient aujourd'hui intéressées à faire durer le malade, mais il en est qui peuvent croire demain avoir intérêt à l'achever; il faut tout prévoir, même les cas de mort violente.

Ces divisions tracées, le professeur se demande jusqu'à quel point nous sommes, nous Européens, compétents pour juger l'islamisme, jusqu'à quel point nous avons pour cela les lumières et l'impartialité nécessaires.

cisément de chercher dans chacun des événements

en a tiré; et toujours en Europe, sans forcer le

Cela prouve, si je ne me trompe, qu'en Occident le mouvement est réglé, qu'il a un but, qu'il est régi par une loi; cela prouve, en un mot, qu'il y a plus de fixité, plus d'unité, moins de mobilité désordonnée en Occident qu'en Orient; cela ne prouve point que l'Orient soit immobile.

Quant à la question du droit que l'Ed rope s'attribue de civiliser les autres peuples, l'objection d'Abel Rémusat n'est qu'un sophisme, et M. Lenormant s'élève en la réfutant jusqu'à l'élo

quence:

L'unité de l'espèce humaine, telle que la réligion nous l'enseigne, est-elle une fiction où une réalité? Si nous sommes chrétiens, si, par conséquent, nous avons foi à l'unité de l'espèce humaine, si nous croyons à la fraternité de tous les hommes, laisserons-nous, devons-nous laisser, avons-nous le droit de laisser ces hommes en proie à des maux héréditaires? ne devons-nous pas leur apporter les fruiti

notre foi?... C'èst chose commode, dit-on, de croire

Un homme éminent par la science, plus éminent encore peut-être par l'esprit et par le talent, M. Abel Rémusat, à soutenu que nous ne connaissions rien à l'Orient, et que nous étions surtout profondément injustes pour l'0rient. Il a traité de préjugé l'idée que nous nous faisons de l'immobilité de l'Orient par comparaison avec la mobilité des sociétés européennes. Il a accusé d'injustice le droit que les Européens s'attribuent d'intervenir dans les affai-de notre propre expérience et les enseignements de res de l'Orient et de lui imposer nos idées, nos mœurs, et ce que nous appelons notre civilisation. Sur le premier point, nous avouons que nous partageons complétement l'opinion du savant orientaliste, et nous ne voyons pas en vérité ce qu'on peut répondre aux preuves de fait qu'il apporte de l'effrayante et continuelle mobilité des sociétés orientales. Cela ne nous empêche pas toutefois d'admettre la réponse que lui adresse M. Lenormant, car, à notre avis, notre droit... Avant que la foi chrétienne n'eût imloin de détruire l'assertion d'Abel Ré-primé à la société moderne son caractère, rien n'a musat, elle la confirme..

Quant à l'immobilité, définissons-la. Que m'im

que nous possédous seuls le dépôt des vérités et dé le monde, que nous avons été prédestinés entre tous les hommes pour recueillir cet héritage, le transmettre et le propager. J'en conviens, ce serait une prétention insoutenablé et un gage certain d'erreur, si ce que je dis en ce moment dans le fond de l'Europe, au nom de l'esprit européen, au nom du christianisme, én lé répétait où on l'avait jamais dit, à trine...; cette faculté de comparaison qui nous apl'extrémité de l'Asie, dans l'intérêt d'une autre doépartient exclusivement est la preuve irréfragable de

la civilisation; que nous avons raison contrè loût

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près, il n'attente pas à l'indépendance des autres peuples. Il montre au contraire pour le sol infécond qu'il habite un attachement qui éteint chez lui presque toute idée d'émigrations éloignées. Après les deux siècles de l'activité inac

existé de semblable à la puissance de critique que nous possédons aujourd'hui. J'en atteste le plus 'grand génie de l'antiquité, j'en atteste Aristote luimême, si supérieur aux autres hommes par la réunion claire et complète de toutes les connaissances, l'intelligence plus encyclopédique qui ait brillée parmi les hommes; j'ose le poser devant moi avec son immense supériorité individuelle, et je décon-Coutumée que lui a donné la prédicavre la cause de ses erreurs. La société dont il faisait partie n'a jamais pu posséder ces éléments d'appréciation sure qui sont notre force et la garantie de notre droit. Oui là grande invasion du monde par l'Europe est Paccomplissement d'un droit et en quel-Arabes! M. Lenormant répond, on ne que sorte la loi de nos croyances; nous nous associons par là sċiencé au mouvement sublimé que les missions chrétiennes propagent dans tous les coins

de l'univers '.)

tion de l'islamisme, nous le voyons rentrer dans son ancienne vie.

On dit mais c'est l'enthousiasme religieux qui a tout d'un coup exalté les

trouve à aucune autre époque, chez les Arabes, de traces d'un tel enthousiasme. Les fils d'Ismaël n'ont pas comme les Hébreux la vocation religieuse, et si Nous demandons pardon au lecteur j'étudie leur histoire, je remarque que d'avoir ainsi mutilé les magnifiques pa- c'est plutôt l'hostilité à la religion qui ges par lesquelles le professeur termine est leur caractère. Quelquefois mème je sa première leçon. Il consacre la seconstate en eux la présence d'une pasconde à rechercher les causes de l'ession irréligieuse. Au 9e siècle, les Karprit de conquête chez les Arabes, au mathiens font trembler les califes sur 7. siècle. Dans les explications de la leur trône spirituel; dans ce siècle science moderne, les races sont deve-même, les Wahabites se sont élevés nues quelque chose d'essentiel et de comme une armée de novateurs et de l'hisprépondérant. Avec ce préjugé, philosophes contre la superstition mutoire n'est pas très-difficile, à une consulmane. Ces observations s'accordent dition pourtant, c'est que la sanction morale en soit complétement effacée. jusqu'à un certain point avec celles que nous fournit l'étude de l'islamisme comNotre victoire, nos progrès, ne sont parativement aux religions que Mahoplus que les résultats d'une loi physimet attaqua, comparativement au juque, inflexible comme l'étaient les arrêts de la destinée dans les idées des anciens. Certes, on ne doit pas s'attendre à voir M. Lenormant suivre une pareille voie, quand il parle de l'aptitude d'une ráce soit à la vie militaire, soit aux sciences, soit au développement des fdées religieuses, il parle d'une aptitude analogue à celle que l'on constate chez les individus, et qu'il n'est pas impossible de démêler dans les unités collectives qui constituent les nations. Or, durant les vingt-cinq siècles écoulés d'Ismaël à Mahomet, la race arabe a conservé toujours la même physionomie, et cette physionomie n'a rien de conquérant. Dans les villes, les Arabes sont des marchands qui dirigent des caravanes d'un point à l'autre du désert; dans le désert, ce sont des nomades qui vivent de la terreur qu'ils inspirent aux caravanes. Ce peuple échappe à la conquête étrangère, mais à très-peu d'exceptions

14. leçon, p. 24-28.

daïsme, au christianisme, à l'ancien
paganisme de sa patrie, au paganisme
des sectateurs de Zoroastre, Mahomet
fut plutôt irréligieux que croyant. La
fu
question est donc de savoir quelle est
la cause de cet enthousiasme religieux

qui saisit tout à coup les Arabes à la

voix de Mahomet?

Nous

Est-ce le génie de Mahomet? sentons Homère dans la plus médiocre traduction; qui a la le Korau? qui, dé ceux qui se sont fait un devoir de le lire, a été captivé par cette lecture? c'est certainement le livre de la littérature arabe qui a le moins d'attrait pour notre esprit. En serait-il ainsi, s'il s'agissait d'un des monuments prodigieux du génie de l'homme?

Les Arabes étaient voisins de deux

grands empires, celui des Persans sassannides et celui des Grecs, l'un et l'autre penchant vers la décadence; et des observations que nous venons d'analyser, le professeur conclut que si les

Arabes ont été tout d'un coup saisis d'une passion de conquêtes qu'ils ne connaissaient pas auparavant et dont ils ont perdu le goût et la faculté moins de deux siècles après, c'est surtout parce qu'ils connurent leurs adversaires et que peu propres eux-mêmes aux grands triomphes militaires, ils s'aperçurent que les peuples leurs voisins avaient moins de force, moins d'union, moins de ressources morales que l'Arabie ellemême.

âmes des Musulmans, voilà la cause
suprême, celle qui éclate encore dans
les dernières convulsions, dans les der-
nières espérances de l'islamisme '. ›

Mais ces questions nous mèneraient
trop loin, et nous avons hâte de parcou-
rir les pages où le professeur fait tou-
cher du doigt, avec une érudition bien
rare de nos jours, les causes de l'affai-
blissement de l'esprit militaire dans
l'empire grec. Il en distingue de deux
sortes: 1 les causes qu'on peut appeler
païennes, et qui consistent surtout dans
la formation des armées au sein des-
quelles les Romains avaient peu à peu
introduit les tribus barbares, et qui dès
le 3° siècle, n'étaient plus romaines que
de nom, d'enseignes et d'armures; 2o les
causes qui ne se sont développées que
dans les temps chrétiens. Le christia-
nisme adoucit les mœurs, et à mesure
que les mœurs s'adoucissent, l'esprit

rable, à moins qu'une cause puissante
ne le ranime d'un autre côté. Cette cause
ne peut être dans une société chrétienne
qu'une cause morale; or là où ne peut
exister le dévouement patriotique (et ce
dévouement n'existait pas dans les ar-
mées de l'empire composées d'étran-
gers), pour que l'âme humaine produise
les grands sacrifices qui maintiennent et
raniment l'esprit militaire, il faut au
moins que l'indépendance de la con-
science existe. Les empereurs de Cons-
tantinople, par leurs prétentions théolo-
giques et leurs entreprises perpétuelles
sur la liberté du christianisme, ont été
les premiers ennemis de l'esprit mili-
taire, et ont, par ce moyen plus que par
tout autre, contribué à l'amoindrir et
à l'effacer presque entièrement.

On pourrait peut-être contester et cette conclusion et les raisons qui la motivent on pourrait dire que Mahomet n'avait pas mis tout son génie dans le Koran, et qu'il en eut encore assez pour agir puissamment sur les peuplades qui l'entouraient; on pourrait soutenir que la vie nomade du désert et les habitudes de brigandage sont bien plus une prédisposition qu'un obstacle au fanatisme religieux et à l'esprit mi-militaire subit une dépression considélitaire; on pourrait même prétendre que l'islamisme, mélange informe de judaïsme et de christianisme, fut pour les Arabes plutôt un progrès vers la religion qu'un pas en arrière dans les voies du paganisme grossier où ils croupissaient; on pourrait enfin remarquer que pour şe rendre compte de la faiblesse de leurs adversaires et de leur propre supériorité morale, il eût fallu aux Arabes un esprit politique et des moyens diplomatiques dont ils étaient, ce semble, complétement dépourvus. De tout cela, on pourrait conclure que ce fut bien réellement l'enthousiasme religieux, excité par le génie de Mahomet, qui excita chez les Arabes l'esprit de conquête auquel l'affaiblissement de l'empire des Persans et de celui des Grecs, ouvrit une si large issue, et cette conclusion serait, croyons-nous, plus conforme non-seulement à l'opinion communément reçue, mais encore à ce que M. Lenormant établit lui-même dans la précédente leçon, que : « dans ce mot de guerre sainte se résument toutes les phases glorieuses de l'islamisme : la propagation d'une foi que l'on croit juste, le bonheur de l'étendre par la force des armes, la justification de l'emploi de la force pour un motif supérieur; voilà ce qui, dans tous les temps, a transporté les

Nous ne pouvons suivre le professeur dans le détail des faits qui font ressortir ces causes diverses de la décadence de l'empire grec, et nous passons, sans transition, à une autre cause du succès des armées musulmanes, les discordes générales de la société chrétienne. Après l'avoir signalé, M. Lenormant remarque que les Musulmans eux-mêmes n'étaient pas moins divisés.

Le califat direct, comme ils l'appel

Leçon 14, p. 5,

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