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plaignés, qu'autant qu'il se pourra bonnement faire selon Dieu, elle contente vostre desir en consideration de celuy que j'ay tres ardent de vous rendre service; que si apres cela, il se treuve quelque difficulté, ce sera à l'authorité de Monseigneur le Cardinal-Evesque de Paris, ou à ceux qui ont charge de luy, de la resoudre. Au reste, Monsieur, il n'y a aucun article secret és Constitutions de l'institut de Sainte Marie, sinon qu'il ayt esté dressé si secrettement que je n'en aye jamays eu connoissance. Car, quant à moy, je puis dire quant à cela, à l'imitation. de nostre Seigneur et Maistre, in occulto locutus sum nihil. Il n'y a rien de cabalistique en tout ce que j'ay jamais dit ni escrit. Que si quelqu'un vous a dit le contraire, il a eu tort, de moy qui sçai dés le temps mesme que vous me marqués et duquel la memoire m'est si douce, quand j'avois le bonheur d'estre avec vous au college, que ventos non queror angulos, et qu'il n'y a nulle finesse au vray service de la pieté. Et de plus, Monsieur, bien que l'exercice de la meditation soit grandement desirable és monasteres, si est-ce que, quand toutes les autres qualités se treuvent en un esprit, tous-jours j'ay jugé que celle de n'estre pas propre à former les meditations n'estoit pas suffisante pour forclorre une ame du Cloistre. Peut-estre donq y aura-il en madamoiselle vostre fille quelqu'autre manquement, non és choses essentielles de la pieté simplement, mays à l'adventure en ce qui est requis au genre de vie des Seurs de la Visitation qui provoque la Superieure à la desirer ailleurs. Car je ne puis m'imaginer que sans rayson, de gayeté de cœur, ni mesme de fierté de courage, elle voulust fascher un personnage de vostre condition et refuser le sejour au Monastere à une fille si bien née comme est la vostre, Monsieur; et quant aux frais que vous avés faits pour l'essay, qui n'auront pas esté

1 C'est-à-dire Je n'ai rien dit en secret. Jean, XVIII, 20. Peut-être faudroit-il lire non reor angelos.

employés pour la personne propre de celle qui l'a fait, je crois que vous n'en aurés pas de refus. En somme, puisque vous m'avés fait l'honneur de m'aymer dés il y a si longtems, je vous supplie tres humblement de continuer tousjours,

Monsieur,

Et de croire que de tout mon cœur je seray toute ma vie, Vostre plus humble et affectionné serviteur,

FRANÇOIS, Evesque de Geneve.

m

CIV.

LETTRE1

DE S. FRANÇOIS DE SALES A M. DESHAYES.

Il le prie d'appuyer une requête qu'il lui envoie pour les affaires de son chapitre; il lui parle d'un phénomène qui avoit paru sur la ville de Genève.

Monsieur,

31 août 1612.

Il faut que l'asseurance que j'ay de vostre bienveuillance soit infiniment asseurée, puis qu'à tout propos, et avec tant de liberté, je prens la confiance de vous supplier pour les affaires ecclesiastiques que maintenant il me faut avoir de dela; car certes, de mon humeur, j'ayme la modestie. Or voyla une requeste pour obtenir une revision en faveur du Chapitre de mon Eglise. C'est une affaire, comme je pense, ordinaire, et que je ne vous voudrois pas donner la peyne de faire; mais vostre amitié en mon endroict est si universelle, que volontier elle me favorise en toutes occurrences grandes et petites. Aussi puis-je jurer que mon affection pour vous

1 Tirée du premier monastère de la Visitation de la ville de Rouen. C'est la 276 de la collection-Blaise.

est si absoluë, generale et invariable, que vous n'en aurés jamais de plus entiere de personne du monde.

Je vous escris sans loysir, à cause du soudain depart de ceux qui portent ce paquet à Lyon; aussi n'ay-je rien de nouveau dés la derniere lettre que je vous escrivis, sinon que nous avons veu en cette ville plusieurs colomnes enflammées sur Geneve, et la veille de l'Assomption entre midy et une heure, en un jour tres clair, une estoille assés proche du soleil aussi brillante et resplendissante qu'est la plus belle estoille en une nuict bien sereine. Je suis, Monsieur, etc.

CV.

LETTRE1

A M. LE BARON DE VILLETTE, CONSEILLER D'ÉTAT

ET MAITRE D'Hôtel de s. A. R.

Saint François lui témoigne le désir de le voir jouir des effets de l'affection du prince. Il lui parle de la vocation de sa fille.

Monsieur mon oncle,

Annecy, 21 septembre 1612.

Je vous remercie tres humblement, quoy que plus tard que je ne devois, de la faveur de vostre lettre que M. de Gie, mon cousin, m'apporta, entre cette infinie multitude d'occupations que nos grands pardons me donnerent. Je ne doutois point que S. A. ne vous regardast comme les grands princes ont accoustumé de voir leurs grands fideles serviteurs; Dieu veüille que ses mains vous soyent aussi liberales que ses

1 L'autographe s'en conserve dans les Archives de la Visitation d'Annecy. C'est la 149 inédite de la collection-Blaise.

yeux. Il seroit bien raysonnable que comme les princes s'estiment les soleils de ce bas monde, ilz rendissent les rayons de leurs regards effectifs, ainsi que ceux du soleil le sont sur la terre.

Nous avons eu la bonne Madame de Beaume, que mon cousin salua et luy fit une petite harangue sur le sujet de sa maistresse qu'elle aggrea extremement, et me dit que si elle luy pouvoit rendre quelque sorte de bon office en ses amours, elle le feroit de tout son cœur, m'asseurant que cette damoiselle, dont il est question, estoit une perle en bon naturel, en bonne humeur et en vertu, qui me fait d'autant plus loüer le choix que vous en avés fait pour la consolation de vostre vieillesse future, et voudrois bien pouvoir contribuer quelque service à ce dessein, comme aussi à tous les autres qui regarderont vostre contentement.

Et à ce propos, hier ma chere petite cousine me vint voir, qui m'expliqua son intention pour le regard de la vocation religieuse, et me dit son petit cas si honnestement et gentillement, que j'en demeuray fort edifié et consolé. Ce fut qu'elle desireroit bien d'avoir la volonté d'estre Religieuse à la Visitation, mais qu'elle ne pouvoit s'y resoudre, parce qu'elle ne pouvoit se ranger à une si grande perfection, et ne luy estoit pas advis qu'elle la puisse entreprendre. Mais parce qu'elle me dit qu'elle vous en avoit escrit fort amplement, je ne vous diray point le reste de nos discours, desquelz la conclusion fut qu'elle me prioit de vous faire aggreer de la supporter en son imperfection. Je crois bien que la pauvre petite ne pense nullement au mariage, et qu'elle s'accommoderoit à une autre sorte de vie, pourveu qu'on n'observast pas une regle si absolue comme on fait à la Visitation. Certes, je la treuve si bonne fille, que je ne puis m'empescher d'esperer que de quel costé qu'elle se tourne, elle ne vous donne de la satisfaction.

Pour moy, priant N. S. qu'il vous conserve à longues

années pour les vostres et pour moy qui suis le plus humble,

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Vostre tres affectionné, fidele serviteur et neveu,

FRANÇOIS, Evesque de Geneve.

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Il est invité à prêcher le carême à Saint-Benoît, à Paris, l'année suivante, et répond qu'il ne peut l'assurer, vu les circonstances où il se trouve avec son souverain.

Monsieur,

Annecy, 5 octobre 1612.

Je pense que vous ne douterés jamais de mon affection à l'accomplissement de vos volontés et desirs; car l'excellente amitié de laquelle vous m'honnorés est arrivée jusques à ce point de perfection, qu'elle est exempte de toute defiance et de tout doute.

Mais en l'occasion d'aller en nostre chaire de SaintBenoist, ce n'est pas vous, Monsieur, seulement qui n'en devés pas douter, c'est tous ceux qui s'entendent tant soit peu en mes inclinations. Dieu sçait bien que je preparois un cœur tout nouveau, plus grand, ce me semble, que le mien ordinaire, pour aller là prononcer ces saintes et divines paroles; premierement pour, en une si belle et digne occasion, rendre de la gloire à sa divine majesté, puis pour donner du contentement à celuy qui m'y appelloit avec tant

1 Tirée du monastère de la Visitation de la ville de Rouen. C'est la 278o de la collection-Blaise.

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