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J'ai donc reçu vos trois lettres, et je ne me crois point absolument quitte en y répondant par cette seule lettre-ci; car je compte bien vous en écrire à part quelques autres sur la question que vous soulevez à votre apprenti de rechercher, ou de refuser la dignité sénatoriale; à moins, comme je l'espère, que je ne trouve l'occasion de m'entretenir de vive voix avec vous sur ce sujet car je pressens que j'aurai bientôt le plaisir de vous voir, pourvu que je ne manque pas moi-même à la bonne occasion qui s'en présentera. Et si nous trouvons quelque difficulté à terminer cette affaire, François Girard sera là fort à propos pour venir à notre secours; car il est versé en droit comme en théologie, et nous aime tous deux également, quoiqu'à des titres bien inégaux. Mais nous reparlerons de cela une autre fois.

On me sollicite, en ce moment, de me rendre intercesseur auprès de vous dans la cause de notre laboureur de Thorens contre Soudan, notaire au même lieu, et de vous prier de faire prévaloir le droit de ce cultivateur; cette requête d'un villageois, bien que fort juste, est certes d'une grande simplicité, et si je vous la présentois, je passerois à juste titre pour un insensé. Car si une cause n'obtenoit pas de vous que

Accepi igitur ter à te litteras, quibus hâc unâ solâ satisfacere æquum minimè duxerim; seorsim namque de senatoriâ dignitate recusandâ vel desiderandâ huic tuo Tyroni, Faber clarissime, alias litteras seribam, nisi coram, uti spero, hâc de re tractandi sese det occasio: subolfacio etenim mihi brevi te visendum, cùm felicitati mex proponendæ non deero. Ac si quid erit in eâ tractatione difficultatis, opportunus omninò suus occurret Franciscus Girardus utriusque nostrûm, licet in dispari causâ, amantissimus, juri pariter ac theologia addictissimus. Sed hâc de re aliàs. Rogor enim inter hæc uti in quâdam agricolæ nostri Thorensiani causâ adversus Soudanum ejusdem loci notarium apud te intercessorem agam, ac rogem ut rustici jus suum supersit; æqua sanè petitio rustici, sed rustica, quam si facerem, stultus meritò judicarer. Quod enim tibi curæ ac cordi non

vous la prissiez à cœur et la fissiez valoir, c'est qu'à vos yeux elle ne seroit pas fondée en justice; toute cause juste, au contraire, est sûre de trouver en vous soutien et protection. Ayant ouï dire d'ailleurs qu'il y avoit au fond de cetteaffaire je ne sais quel crime dont il faudroit poursuivre la vengeance, peu s'en est fallu que je ne me sois écrié : Eloignezvous de moi, hommes de sang; car dans de telles matières, le clergé doit toujours s'abstenir.

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XIII.

LETTRE1

AU SÉNATEUR FAVRE.

Saint François lui explique les motifs qui l'ont empêché de se rendre à Chambéry; il lui promet d'y aller.

Que faire? Comment sortir d'embarras? Si jusqu'à présent je ne me suis pas rendu à votre pressante invitation, 1 L'original en est conservé au monastère de la Visitation d'Annecy. C'est la 10 inédite de la collection-Blaise.

est, jus non est; quod verò cuique juris est, id, quoad per te potest, integrum est ac tutum. Imò verò cùm nescio quid criminis in eâ causâ versari audirem, propè fuit ut exclamaverim: Viri sanguinum, declinate à me 1. Nihil in iis causis clericis negotii esse debet.

XIII.

Antonio Fabro senatori Franciscus de Sales, præpositus ecclesiæ

Gebennensis, S. D.

1594.

Quid facerem jam, mi frater, aut quò me verterem, qui tam ardenti tuo illi desiderio hactenùs nec satisfeci, et jam exclusus pe

Ps. CXXXVIII, 19.

je ne puis y répondre davantage aujourd'hui, parce que le temps me manque. Car voici l'époque où se réunissent pour le Synode tous les membres du clergé de notre Diocèse; et m'absenter, ce seroit appeler l'anathème sur ma tête. Ensuite il faudra régler les comptes de notre église, ce qui me tiendra encore quelques jours; et, bien que j'y sois inutile, notre vénérable père et prélat veut absolument que je reste jusqu'à la fin.

Avant hier, me rendant ici dans l'intention d'aller vous joindre le lendemain avec M. Copier, après environ trois milles de marche par une pluie affreuse, je fus arrêté par un torrent, ceci n'est pas un conte, et je l'avois bien pressenti, un torrent qui ne présentoit aucun endroit guéable et qui me força de rebrousser chemin. C'est ce qui m'empêcha d'atteindre M. Copier, qui faisoit route par le côté opposé du lac. J'ai le plus grand désir de remplir ma promesse, et je la remplirai le plus tôt possible. Mais je me garderai de vous fixer le jour, de peur que vous ne veniez au devant de moi comme la première fois. Vraiment, sans cette amitié délicate, je dirois presque aveugle, que vous me portez et qui

nuriâ temporum in promptu satisfacere minimè possum ? Ecce namque synodi tempora jam appetentia clericis omnibus hujus provinciæ celeberrimæ, cui si non interfuero, anathemati caput ipsum objicio. Subsequitur deindè de nostræ ecclesiæ negotiis per aliquot dies tractatio, quo tempore abesse me, quamvis inutilem omninò, non patitur reverendissimi Antistitis et parentis auctoritas.

At verò nudiustertius cùm venirem hùc ut sequenti die cum domino Coperio ad vos pergerem, cùm ad tria circiter milliaria inter medios densissimos imbres processissem, sese mihi de quo cogitaveram, ità se sanè res habet, rapidissimus quidam torrens objicit, qui nullo tunc vado transiri poterat, sicque cogor retrocedere; id autem causæ fuit quominùs domino Coperio, qui ex opposito lacus littorali iter habuit, omninò pervenirem. Angor desiderio incredibili id præstandi quod promisi; quod quàm primùm potero faciam. Nullamque dicam diem, ne obviam accedas iterùm : quod te cum tali ac

me sert d'excuse, votre démarche et tout cet attirail à cause de moi paroîtroient tout à fait intolérables dans un sénateur de votre distinction. En l'apprenant, c'étoit la nuit dernière, je me suis senti le rouge monter au visage; et j'étois si honteux de moi-même, que je n'osois plus reporter mes yeux sur votre lettre.

Après avoir été attendu avec tant d'impatience, j'ai honte,' mon cher frère, d'avoir manqué au rendez-vous. Eh! quoi, si dans cette mauvaise cause je n'ai pas un bon avocat, c'en est donc fait de moi. Du moins une cause aussi désespérée vaut-elle bien la peine que quelque homme du métier s'en occupe, et que, par sa pathétique éloquence, il me fasse obtenir ma grace, maintenant que vous me trouverez peutêtre suffisamment puni par la honte que j'éprouve et par la perte que j'ai essuyée. Que Dieu me délivre au plus tôt de la confusion où je suis de ce contre-temps! Sans quoi, mon cher frère, je cours risque de ne pouvoir plus vous regarder en face.

tanto comitatu semel fecisse meî causâ, nisi amor ille eximius ( cœcusne dicam) erga me tuus excusaret, intolerabile omninò videretur in tanto senatore. Id ubi rescivi, hesternâ scilicet nocte, tanto me rubore sensi perfundi, uti ne tuas quidem litteras ampliùs per summam verecundiam respicere auderem.

Pudet me, frater optime, majorem in modum tam vehementer expetitum abfuisse. Quid dicam? Si mihi in malâ causâ bonus desit advocatus, actum quidem est de capite meo. At saltem digna res erit, ut in desperatâ causâ remedio adsit præsentissimo, et mihi jam tam magno pudore et damno castigato veniam obtineat. Utinam, mi frater, quàm imis persentio medullis ex hâc re perturbationem quàm primùm Deus avertat! Alioquin fieri numquam posse reor ut te experrectis videam oculis.

XIV.

LETTRE1

AU SÉNATEUR FAVRE.

Il lui parle de sa santé, du carnaval et de son départ pour Seyssel, où il doit faire des prédications.

En lisant votre lettre, mon cher frère, je me suis senti tout transporté d'une joie si vive, que je ne pouvois espérer, dans ma convalescence, un meilleur spécifique pour af fermir ma santé qui, par la grâce de Dieu, venoit de m'être rendue. En effet, quitter le toit d'une humble maisonnette pour aller souvent reposer ses yeux par l'aspect d'un parterre émaillé de mille fleurs diverses, se promener au milieu des roses et respirer à souhait un air embaumé par les plus doux parfums, quoi de plus agréable, quoi de plus doux pour un convalescent? Eh bien, toutes ces 1 L'original en est conservé au monastère de la Visitation d'Annecy. C'est la 11e inédite de la collection-Blaise.

XIV.

Antonio Fabro senatori Franciscus de Sales, præpositus ecclesiæ

Gebennensis, S. D.

1594.

Ego verò contrà, frater optime, tantâ me sensi totum perfundi voluptate in tuarum litterarum lectione, ut cùm jam valetudinem recuperassem, nihil aliud ejus confirmandæ quam Deo volente jam recuperaveram valetudinis, nullum opportunius desiderari videretur remedium. Quid enim convalescentibus optabilius', quid opportunius, quàm ex unius domusculæ umbrâ in amænissimorum florentissimorum hortorum conspectum frequenter exire, ibique inter medios flores

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