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sairement nous cacher pour nous escrire et pour nous dire quelques paroles d'amitié et de consolation. Vive Dieu! ma bonne mere; il est vray que le souvenir de ce tems-là produit tous-jours en mon âme quelque sainte et douce pensée. Conservés tousjours la joye en nostre Seigneur, ma bonne mere, et soyés asseurée que vostre pauvre filz se porte bien par la divine misericorde, et se prepare à vous aller voir au plus tost, et à demeurer avec vous le plus long-tems qu'il luy sera possible; car je suis tout à vous, et vous le sçavés que je suis vostre filz.

parvenir ce dont il avoit besoin, lui donner de ses nouvelles et recevoir de ses lettres.

Le duc de Savoie, qui venoit de reprendre ce pays sur les Bernois, avoit voulu faire escorter les missionnaires par des troupes; mais François de Sales les refusa, disant que Luther et Calvin avoient planté leurs hérésics par les armes; mais, qu'à l'exemple des apôtres, il falloit les arracher par la seule parole. En conséquence, il s'étoit engagé dans le Chablais, accompagné seulement d'un de ses parents, qui étoit chanoine de Genève, et d'un domestique. Il y fut d'abord exposé à toutes sortes d'insultes, et bientôt après il y courut les plus grands dangers : ce fut alors que le comte de Sales voulut l'obliger de revenir, « étant d'avis que s'obstiner plus longtemps, ce seroit tenter Dieu, » et ajoutant, qu'à la douleur qu'il avoit eue lorsqu'il avoit été forcé de con» sentir que son fils aîné, l'espoir de ses vieux jours, fût d'église, il ne vou >>loit pas ajouter celle de le voir périr inutilement. » Mais le saint missionnaire, qui avoit été envoyé par son évêque, crut devoir persévérer; et après quatre ans de travaux, ses prédications, l'exemple de ses grandes vertus, et surtout sa patience et sa douceur inaltérables, ramenèrent tout le pays à l'Eglise catholique. Ce fut à cette époque qu'il fut nommé coadjuteur de l'évêque de Genève. Peu d'années après i assista son père dans sa dernière maladie : ce vieillard presque octogénaire « ne pouvoit se rassasier de ses saints et » suaves entretiens, et se disoit étre trois et quatre fois heureux d'avoir un » tel fils. » (Vie de S. François de Sales, par Auguste de Sales.

XXVIII.

LETTRE1

DE S. FRANÇOIS A S. A. CHARLES-EMMANUEL 1o, DUC DE SAVOIE.

Saint François entretient Son Altesse de l'amitié qui existe entre l'Evêque de Genève et l'Archevêque Gribaldo, envoyé par le saint Père; il parle ensuite de l'établissement des Jésuites à Annecy.

Monseigneur,

A Thonon, 26 septembre 1599.

Suyvant le commandement que monsieur d'Avully m'a porté de la part de vostre Altesse de maintenir monseigneur le Reverendissime Evesque de Geneve en bonne intelligence avec monsieur l'Archevesque Gribaldo envoyé par nostre saint Pere, il m'a semblé que je devois l'asseurer qu'il ne s'est jamais rien passé entr'eux qu'avec toute sorte de discretion, amitié et fraternité. Et crois que sa Sainteté n'aura que tres bonne satisfaction du rapport qu'il aura de l'estat de ces affaires; mesmement, apres ce bon commencement donné pour le college des Peres Jesuites, l'une des pierres fondamentales de tout ce saint edifice. Seulement seroit-il expedient de faire paroistre quelque peu d'acheminement pour l'heberge, puisque, comme je l'ay apperceu, sa Sainteté l'affectionne bien outre. Je prieray à jamais pour la prosperité de V. A. de laquelle je suis et dois estre, Monseigneur,

Tres humble et tres obeyssant serviteur et sujet,

FRANÇOIS DE SALES, Prevost de Geneve.

1 L'original en est conservé aux Archives de la Cour de Turin. C'est la 63

des lettres inédites de la collection-Blaise,

XXIX.

LETTRE1

A S. A. CHARLES-EMMANUEL 1o, DUC DE SAVOIE.

Saint François remercie S. A. du jugement favorable qu'elle avoit porté sur lui, lorsqu'on eut donné la nouvelle que monseigneur, de Granier étoit en danger de mort.

Monseigneur,

Avant 1602.

Je remercie tres humblement V. A. du favorable jugement qu'elle a fait de moy dernierement quand la nouvelle se donna que monseigneur le Revme Evesque de Geneve estoit en danger de mort, sachant que cet heur de comparoistre en vostre memoire en une si honnorable occasion ne peut partir que de la bonté de V. A. qui aura peut-estre esté persuadée qu'il y ait quelque suffisance en moy proportionnée à cette sienne faveur; et je loüe Dieu neanmoins qui a donné à V. A. cette resolution de vouloir procurer des bons pasteurs à vostre peuple. Car encor que je sois le plus indigne de tous ceux qu'elle pouvoit se reduire en sousi est-ce que l'intention droicte de V. A. ne laisse pas d'en estre tres recommandable. J'ay escrit des-ja à V. A. des necessités du Chablais; et quoyque je ne doute point que le zele dont N. S. a eschauffé son cœur, ne luy en tienne tousjours la memoire fraische, si ay-je prié M. le baron de Chevron de la luy representer.

venance,

Je prie la divine Majesté qu'elle confere et conserve toute benediction à V. A. de laquelle je suis,

Monseigneur,

Tres humble, tres obeyssant serviteur et sujet.

1 L'original en est conservé au monastère de la Visitation d'Annecy. C'est

la 70° inédite de la collection-Blaise.

XXX.

LETTRE1

A M. D'ALBIGNY, CHEVALIER DE L'ordre de s. a., ET SON LIEUTENANT-GÉNÉRAL EN DEÇA LES MONTS.

Saint François lui recommande la sainte maison de Thonon.

Monsieur,

Le 3 août 1603.

Je me suis fort peu meslé des affaires de la mayson de Thonon jusques à present, neanmoins ayant icy un creancier d'icelle, homme de merite, et qui est en extreme necessité, je me suis des-ja essayé de le faire payer par autre voye selon les moyens que le pere Cherubin m'avoit proposés. Mais n'estant reussis, et voyant la necessité de ce creancier croistre tous les jours, je me suis enquis s'il y auroit aucun autre moyen pour faire ce payement. Et on m'a dit que S. A. avoit ordonné certaine pension annuelle à la ditte mayson, de laquelle on pourroit bien prendre la somme requise qui n'est que de 80 fr., et particulierement s'il vous plaisoit d'en dire un mot de faveur. C'est pourquoy, Monsieur, je vous en supplie humblement, et de me pardonner si je suis si prompt à vous importuner, puis que c'est pour une œuvre charitable et le soulagement des affligés, comm' est ce creancier.

Je prie Dieu cependant pour vostre santé que je souhaitte longue et heureuse comme doit,

Monsieur,

Votre serviteur plus humble,
FRANÇOIS, Ev. de Geneve.

L'autographe en appartenoit à M. le marquis Ange Chigi. C'est la 756

des lettres inédites de la collection-Blaise

A M. BONIER,

XXXI.

LETTRE1

CONSEILLER DE S. A. ET SON AVOCAT PATRIMONIAL A CHAMBÉRY,
EN SAVOIE.

Saint François le prie de lui envoyer les comptes de la sainte maison de Thonon.

Monsieur,

Annecy, 23 octobre 1603.

Voicy une lettre qui m'arrive de monseigneur le Nonce de Turin, qui me conjure de luy envoyer un piccolo bilancio delli conti che sono stati vidati in Tonone circa le cose della Sta Casa, perchè gioverà molto appresso S. S. per ottenere molte gratie 1. S'il ne tient qu'à cela, il me semble, Monsieur, que je les doy envoyer, mais je ne puis si je ne l'ay, ni puis l'avoir que par vostre moyen que j'implore à cet effet, et vous supplie de m'aymer toujours, et croire que priant Dieu pour vostre santé je demeure toute ma vie, Monsieur,

Vostre serviteur plus humble,

FRANÇOIS, Evesque de Geneve.

1 L'original en étoit conservé chez la maquise de Camerana, née de Tornon,

à Turin. C'est la 76e des lettres inédites de la collection-Blaise.

2 C'est-à-dire, un petit état des comptes qui ont été liquidés à Thonon concernant la sainte maison, parce que cela servira beaucoup auprès de sa Sain• teté pour obtenir plusieurs grâces.

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