La théorie de l'art pour l'art en France chez les derniers romantiques et les premiers réalistes

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Slatkine, 1993 - 487 Seiten
Il n'y a pas bien longtemps la littérature bruissait encore sous la semonce des mots d'ordre : " changer la vie ", " transformer le monde ". Pour beaucoup, Gide ou Malraux, Aragon ou Sartre, nul doute : la littérature se devait d'être " engagée ". Littérature " au service " de la Révolution, du Peuple, de l'Humanité, de la Liberté, etc. Une telle conception de la littérature n'était pas neuve. Elle remonte aux " prophètes " du XIXe siècle pour qui l'écrivain devait être un guide, un témoin ou un acteur de l'Histoire (Lamartine, Hugo, Michelet, Zola, etc.). A quoi s'opposèrent, surtout dans la deuxième moitié du XIXe siècle et après l'échec de la révolution de 1848, un certain nombre d'écrivains qui se replièrent sur des valeurs plus esthétiques et formelles, dont Flaubert fut comme le héraut. Ce mouvement de dépolitisation de la littérature et ce repliement sur l'Art comme " finalité sans fin ", ce refus de subordonner la littérature à l'action ou à la morale, cette revendication d'un art " autonome " et " indépendant " sont connus sous le nom d'art pour l'art. C'est Flaubert mais ce sont aussi Gautier, les Goncourt, Leconte de Lisle, parfois Baudelaire, et quelques autres. Il fallait en connaître les origines, en retracer les développements, en rassembler le corpus, en distinguer les héros, en expliciter les thèses et l'idéologie, en étudier les thèmes, et peut-être en souligner les contradictions. C'est à la réalisation de ce projet neuf que s'est attaqué au tout début du XXe siècle un jeune normalien, Albert Cassagne. Cassagne est le premier à avoir analysé le processus d'autonomisation de la littérature et de l'écrivain en s'appuyant sur les textes, les correspondances, les articles de presse, et sans méconnaître les conditions économiques et sociales (statut de l'écrivain, développement de la littérature " industrielle ", etc.) dans lesquelles ce processus a pris naissance et s'est développé. Cet ouvrage, qui a sans doute inspiré Sartre, qui est souvent cité (par Pierre Bourdieu notamment), comble une lacune. Il constitue une archéologie de nos idées modernes sur la littérature et permet de mieux comprendre les débats qui n'ont pas cessé depuis un siècle et demi sur le rôle et la fonction de la littérature et de l'écrivain dans notre société.
 

Inhalt

La bourgeoisie conservatrice et les partis révolutionnaires Lesprit
3
Antagonisme du bourgeois et de lartiste Influence exercée par
15
La critique et la philosophie bourgeoises favorables à lart pour lart
35
Son romantisme Influence du parti de lart social et de la Révolution
72
II
202
La littérature romantique inspire les arts plastiques Inversement
351
Lexotisme de lespace lOrient ou lExtrêmeOrient modernes Lexo
373
Linspiration romantique et ses caractères Linspiration et lart pour
406
Conclusion
448
BIBLIOGRAPHIE
467
INDEX
477
Urheberrecht

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