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SUR

L'ORIGINE

ET LES FONDEMENS

DE L'INEGALITÉ

PARMI LES HOMMES.

Par JEAN JAQUES ROUSSEAU,

CITOYEN DE GENEVE.

Non in depravatis, fed in his qua bene fecundùm
naturam fe habent, confiderandum eft quid fit
naturale. ARISTOT. Politic. L. 2.

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AVERTISSEMENT

SUR LES NOTES.

J'ai ajoûté quelques notes à cet Ouvrage: Ces notes s'écartent quelquefois affez du fujet pour n'être pas bonnes à lire avec le texte. Je les ai donc rejettées à la fin du Difcours dans lequel j'ai tâché de fuivre de mon mieux le plus droit chemin. Ceux qui auront le courage de recommencer pourront s'amufer la feconde fois à battre les buiffons, & tenter de parcourir les notes ; il y aura peu de mal que les autres ne les lifent point du tout.

AVIS DU LIBRAIRE.

Les Notes ajoûtées à cet Ouvrage, auroient routes affez de rapport au fujet pour être mises à leur place; mais la longueur de quelques-unes pourroit faire perdre au Lecteur le fil du Difcours; c'eft pourquoi on a fuivi l'idée de l'Auteur de les rejetter à la fin.

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A LA REPUBLIQUE

DE GENEVE.

MAGNIFIQUES, TREShonorés, & Souverains Seigneurs:

ONVAINCU qu'il n'appartient qu'au Citoyen vertueux de rendre à fa

Patrie des honneurs qu'elle puiffe avouer, Il y a trente ans que travaille à mériter de. vous offrir un hommage public; & cette heureuse occafion fuppléant en partie à ce que mes efforts n'ont pû faire, j'ai cru qu'il me feroit permis de confulter ici le zèle qui m'anime, plus que le droit qui devroit m'autorifer. Ayant eu le bonheur de naître parmi vous comment pourrois je méditer

fur l'égalité que la nature a mife entre les hommes & fur l'inégalité qu'ils ont inftituée, fans penfer à la profonde fageffe avec laquelle l'une & l'autre, heureusement combinées dans cet Etat, concourent de la maniére la plus approchante de la loi naturelle & la plus favorable à la focieté, au maintien de l'ordre public & au bonheur des particuliers? En recherchant les meilleures maximes que le bon fens puiffe dicter fur la conftitution d'un gouvernement, j'ai été fi frappé de les voir toutes en exécution dans le vôtre, que même fans être né dans vos murs, j'aurois cru ne pouvoir me difpenfer d'offrir ce tableau de la focieté humaine à celui de tous les Peuples qui me paroît en pofféder les plus grands avantages, & en avoir le mieux *prévenu les abus.

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Si j'avois eu à choisir le lieu de ma naissance, j'aurois cheifi une

focieté d'une grandeur bornée par l'étendue des facultés humaines, c'eft-à-dire, par la poffibilité d'être bien gouvernée, & où chacun fuffifant à fon emploi, nul n'eût été contraint de commettre à d'autres les fonctions dont il étoit chargé, un Etat où tous les particuliers fe connoiffant entreeux, les manœuvres obfcures du vice ni la modeftie de la vertu n'euffent pû fe dérober aux regards & au jugement du Public, & où cette douce habitude de fe voir & de fe connoître, fît de l'amour de la Patrie l'amour des Citoyens plutôt que celui de la

terre.

J'aurois voulu naître dans un païs où le Souverain & le Peuple ne puffent avoir qu'un feul & même intérêt, afin que tous les mouvemens de la machine ne tendiffent jamais qu'au bonheur commun; ce qui ne pouvant fe faire à moins que le Peuple & le

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