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que dans Celui par qui tout existe et qui est, par ce seul fait, la règle et la vérité même. Le sacrifice des sens, la matière, pour les purs plaisirs et les jouissances de l'âme, pour la pratique austère des vertus chrétiennes, voilà ce que Dieu commande. Il en donné lui-même l'exemple dans sa vie mortelle, en même temps que le précepte. Faire des actes d'amour de Dieu, c'est donc vouloir s'écarter de tout ce qui touche à la matière et aux sens, des richesses et des plaisirs de la terre, c'est en même temps vouloir ce que Dieu veut, acquérir la pureté et la sainteté même, et aspirer à la perfection même, qui est Dieu.

Loin donc qu'un acte d'amour de Dieu soit un acte blâmable, suspect, qui puisse porter au vice, cet acte ne peut que rapprocher de Dieu et mener à la pureté et à la véritable sainteté.

CHAPITRE XIX.

La sanction morale peut-elle se trouver là où M. Proudhon la place?

La question de propriété.

de l'ouvrier?

- Faut-il la détruire dans l'intérêt

La propriété n'est-elle pas une condition indispensable pour le travail, pour le progrès, pour la richesse, pour le bien-être de l'ouvrier, de la famille et de la société ?

L'ouvrage de M. Proudhon contient un chapitre intitulé La sanction morale. Cette sanction ne vient pas, d'après lui, de Dieu lui-même, mais de la conscience humaine. Il fallait s'y attendre, connaissant que c'est là qu'il place le siége et le principe de la justice.

Voici le résumé et la conclusion de ce chapitre :

« La théorie du droit sanctionnel peut donc se ramener aux propositions suivantes :

» 1. La Justice est immanente à l'humanité, c'est-à-dire une faculté de l'âme humaine;

» 2. Elle est réciproque ;

» 3. Par la pluralité des personnes qui en forment l'organisme, la conscience, commune entre les époux, le devient dans la famille, dans la tribu, la corporation, la cité;

>> 4. En vertu de cette communauté de conscience, les communiers ou participants deviennent, quant à la délectation que procure la Justice et à la peine qui résulte du mal commis, solidaires.

» 5. De même donc que le préjudice matériel causé par un délinquant doit être réparé, l'objet enlevé restitué, de même réparation et restitution doit être faite par lui, non en sévices,

mais en actes de vertu et de dévouement, du mal qu'il a fait à la conscience commune. Rien en cela de mystique, d'irrationnel, d'arbitraire, et que puisse récuser le plus effronté malfaiteur: abolition complète du prétendu droit de punir, qui n'est autre que la violation solennelle de la dignité d'un individu, en représailles d'une violation de la dignité sociale.

>> 6. Mais, comme le crime ou délit n'est jamais isolé, comme il a été plus ou moins causé, provoqué, encouragé, toléré, permis, par le système des rapports, plus ou moins exacts et équitables, qui forment la société, il y a lieu pour celle-ci de rechercher en quoi elle a pu être elle-même coupable envers le délinquant, la sanction, de même que la Justice, n'étant complète qu'autant qu'elle est réciproque. » (Tome III, p. 524.)

Dans un autre passage M. Proudhon admet qu'on peut mettre à mort un scélérat endurci et désespéré. C'est un fait de guerre, dit-il, devenu inévitable par la révolte du condamné. (Tom. III, p. 526-527.)

Mais, il ne faut pas appeler cette exécution le droit de punir ou de châtier, c'est le droit de justice. Ce droit-là est inhérent à la dignité du père de famille, c'est de lui que la société le tient. (Tom. III, p. 526.)

« Le droit de justice, dit M. Proudhon, comme on disait avant la Révolution, c'est-à-dire non pas le droit de punir ou châtier, puisque, à quelque degré que ce soit, un pareil droit implique contradiction, n'existe pas; mais le droit d'instruire contre un individu qui s'est écarté de la Justice, d'en exiger réparation, sauf à lui donner à lui-même satisfaction s'il y a lieu, ce droit-là, dis-je, est inhérent à la dignité du père de famille; c'est de lui que la société le tient: il est étrange que dans un siècle aussi raisonneur, aussi positif que le nôtre, cela ait besoin d'être démontré. Et ce droit n'a rien de mystėrieux, d'exorbitant, ni d'arbitraire : ce n'est plus cette pré

tention aussi impertinente que ridicule que s'arroge une soidisant autorité divine ou humaine d'amender un coupable en le soumettant à une discipline injurieuse; c'est le droit que possède incontestablement tout être moral de se préserver de la contagion du crime en exigeant du criminel, avec la juste réparation du dommage matériel qu'il a causé, des œuvres satisfactoires qui effacent sa coulpe. Ici, encore une fois, plus rien qui offense la personne le législateur, hypocritement charitable, ne prétend point exercer sur la volonté du pécheur une action; c'est à sa liberté qu'il fait appel. La mort même, j'admets, par hypothèse, qu'il s'agisse d'un scélérat endurci et désespéré, la mort n'a plus le caractère ni d'une peine, ni d'une vengeance, ni d'une expiation; il est vrai qu'elle n'est pas davantage une réparation : c'est un fait de guerre, devenu inévitable par la révolte du condamné. Etre homme ou mourir, rentrer dans la communion du genre humain par un surcroît de Justice ou en sortir par le supplice: voilà, sans plus de discours, ce qu'est la sanction pénale, ce que signifie l'exécution à mort, acte suprême de la juridiction domestique, de laquelle dérive toute autre juridiction. » (Tome III, p. 526 et 527.)

Nous savons ce qu'il faut penser de la justice immanente à l'humanité. Exista-t-il jamais un principe indépendant et parfait dans un être dépendant et rempli d'imperfections? Celui qui est souvent si injuste peut-il être le principe même de la justice?

La conscience peut-elle être commune entre les époux, la famille, la tribu, la corporation et la cité?

Un mari mène une vie dissolue, tandis que sa compagne est un modèle de vertu; ou bien voilà une femme infidèle et un mari honnête homme. Peut-il y avoir solidarité et communauté de conscience entre les coupables et ceux qui ne le sont point?

Un enfant est pieux, rigoureux observateur de ses devoirs vis-à-vis de son père, de sa mère ét de ses frères ; un autre est insoumis, libertin et vagabond. Peut-il exister une conscience commune entre des éléments aussi disparates et aussi contraires? L'enfant vertueux peut-il être solidaire des fautes de l'enfant criminel?

Quant à la tribu, à la corporation, à la cité, les contrastes éclatent par milliers. Les vices y abondent. Il y a bien quelques vertus; mais que de crimes, que de víces, que d'opinions contraires, que d'actes opposés sans même que la loi puisse les atteindre! Quelle conscience commune peut se former de ces éléments en contradiction? Ce qui est parfait, juste, vrai, peut-il s'allier à l'imperfection, à l'injustice et au mensonge? Si la loi ne pouvait partir que de cette conscience, elle serait un modèle de confusion, de contradiction et d'erreur, surtout au point de vue des intérêts moraux de la société.

Obtenir des actes de vertu et de dévouement du criminel pour qu'il répare le mal commis, serait certainement chose excellente, d'abord pour lui-même, et ensuite pour la société ; mais comment faire produire ces actes de vertu et de dévouement?

Il y a longtemps qu'on cherche à moraliser les détenus de tout âge et de toute condition. M. Proudhon n'était pas encore né que ces essais étaient tentés.

Mais parce que ces tentatives généreuses sont faites, faut-il laisser le crime impuni, de telle sorte qu'il se multiplie sur la terre sans obstacle, et qu'il compromette tous les intérêts?

M. Proudhon dit que le droit de punir n'est qu'une

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