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était compromis. On peut dire que ce que M. Proudhon regarde comme une tache pour la papauté et un élément de désordre, a été, au contraire, une de ses gloires et l'élément presque unique de salut à travers les agitations et les bouleversements du moyen âge.

Au point de vue purement social, le renversement de l'autorité, la révolte, le régicide, l'attentat contre la personne des souverains par les assemblées ou par les simples citoyens, conduisent au bouleversement de la société et à l'anarchie. Voici sur ce point l'opinion de Fénelon :

« Sans doute les lois seules doivent régner; sans doute le bien public doit être la règle immuable de ces lois; sans doute les princes renversent le dessein de tout gouvernement quand ils agissent contre ce bien public. Mais s'il était permis à chaque particulier d'expliquer les lois à . sa mode, de juger du bien public, de fixer les bornes de l'autorité souveraine, on exposerait tous les gouvernements à des révolutions perpétuelles, et l'on ne trouverait plus de point fixe dans la politique. Or, ce qui sape le fondement de toute autorité, ce qui emporte avec soi la ruine de toute puissance, et par conséquent de toute société, ne doit jamais être admis comme un principe de raisonnement ou de conduite dans la politique. Si la révolte, cependant, est une fois permise, il n'y a plus de point fixe pour arrêter l'extravagance de l'esprit humain. Si le peuple peut se révolter aujourd'hui pour quelque raison que ce soit, il prétendra trouver demain des raisons semblables pour se révolter de nouveau. Comme l'opinion fait le même effet dans l'esprit des hommes que la vérité, toutes les fois qu'une partie du peuple s'imagi

nera avoir raison de s'opposer aux puissances souveraines, elle se croira en droit de prendre les armes. Il n'y a point d'autorité infaillible dans la politique. Les meilleurs princes font de grandes fautes. Si la révolte peut être légitime, tous ceux qui ont conçu de la haine contre les personnes des princes, tous ceux qui ne trouvent pas le gouvernement à leur gré, tous ceux qui sont mécontents parce que l'autorité n'est pas entre leurs mains, ne cesseront de soulever le peuple chaque jour et de flétrir les meilleurs princes du titre odieux de tyran. Tous les esprits hardis et ambitieux qui sont capables de faire des brigues et d'être chefs d'un parti, prendront de nouveaux prétextes de changer et de raccommoder la forme du gouvernement. Voilà l'anéantissement de tout ordre, et la source des révolutions tumultueuses, non-seulement dans chaque siècle, mais à chaque moment; de sorte qu'il n'y aurait plus de société fixe et constante sur la terre, mais le monde retournerait sans cesse dans une anarchie affreuse.» (Fénelon, Principes sur la souveraineté, ch. x.)

A moins de vouloir la destruction de la société, il n'est point permis d'avoir d'autres principes.

CHAPITRE XXI.

Quelle forme M. Proudhon a-t-il donnée à son ouvrage?

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quoi M. Proudhon attaque-t-il Son Em. le Cardinal-Archevêque de Besançon ? - Diverses lettres relatives à cette question. — Lettre de Son Em. le Cardinal-Archevêque de Besançon à M. Eugène de Mirecourt. Commentaires sur cette lettre. M. Proudhon

se glorifie de ce dont il se plaint de la part de Son Em. le Cardinal-Archevêque de Besançon. Odieuse manière d'attaquer ce

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donne-t-il à son ouvrage? - M. Proudhon est-il bien convaincu de son système? L'Eglise doit-elle être privée de tout revenu et être déclarée inhabile à recevoir? - Quel usage l'Eglise faitelle de ses ressources? Son Em. le Cardinal-Archevêque de Besançon possède-t-il le quart de sa ville épiscopale et du reste de son diocèse?OEuvre des pays mixtes.- OEuvre des séminaiOEuvre du Collége catholique. - Autres œuvres du vénéré prélat. M. Eugène de Mirecourt et la lettre de Son Em. le Cardinal-Archevêque de Besançon.

res.

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Il nous reste à examiner brièvement diverses questions d'un certain intérêt qui se rattachent plus particulièrement à un éminent prélat que M. Proudhon a cru devoir mettre souvent en scène. Cet examen permettra au lecteur de compléter son jugement sur l'œuvre d'iniquité que nous venons d'examiner.

L'ouvrage de M. Proudhon est sous forme de lettres, et ces lettres sont adressées à un éminent cardinal de l'Eglise romaine, à Mer Mathieu, Archevêque de Besan

çon. Mais ce n'est pas cet illustre prélat seul que M. Proudhon entend mettre en cause; M. Proudhon ne cache pas que sous ce nom vénéré il désigne tous les membres du clergé français. (Tome Ier, p. 1.) Ainsi, M. Proudhon, en injuriant Son Em. le Cardinal Archevêque de Besançon, injurie et insulte en réalité tous les prêtres et tous les évêques du monde catholique.

Et, du reste, qui pourrait s'étonner que les serviteurs soient l'objet de la haine, du courroux et de la calomnie de M. Proudhon, lorsque le Maître est lui-même, dans le même ouvrage, en butte aux plus cyniques blasphèmes?

La forme épistolaire permettait de s'attaquer directement au saint Archevêque, d'engager contre lui une polémique qui pouvait devenir féconde en péripéties de tout genre si l'éminent prélat répondait.

Mais le prélat insulté, laissant à l'opinion publique le soin de faire justice de l'insulteur, n'a point répondu, et le scandale auquel s'attendait et que voulait, selon toutes les apparences, produire M. Proudhon, n'a pu avoir lieu. Première déception de l'auteur.

En outre, le tour de phrase que la lettre comporte devait donner plus de piquant aux injures, et relever un peu des pages pleines d'ennui et lourdement écrites. Mais, nouvelle déception, l'œuvre n'y a rien gagné, et il est resté à l'auteur la responsabilité d'avoir éparpillé dans ses pages d'horribles blasphèmes et les plus calomnieuses imputations.

Parmi ceux qui ont acheté l'ouvrage de M. Proudhon avant la saisie qui en a été faite, nous n'avons encore pu

trouver personne qui en ait achevé la lecture, tant l'ouvrage est embrouillé, confus et mal ordonné. A côté des divagations les plus obscures, se trouvent toujours, à la vérité, accumulés le mensonge et la calomnie contre l'Eglise; mais la passion et l'erreur sont si évidentes, que lorsqu'il est possible de comprendre, le livre tombe des mains de dégoût.

En 1856 parut une biographie de M. Proudhon, par M. Eugène de Mirecourt. Dans cette biographie se trouvait le passage suivant :

« Un saint archevêque juge ainsi notre héros :

» Le fond de son caractère est l'irritation et l'aigreur contre la société, de laquelle il s'est cru banni par la détresse de sa famille. Ayant pu, par la force de son esprit, faire des études tronquées d'un côté, profondes de l'autre, il s'est dressé à lui-même un piédestal, sur lequel il voudrait recevoir les hommages de l'univers au préjudice de Dieu, qui est pour lui un rival. Proudhon n'est pas un athée, c'est un ennemi de Dieu.» (Pages 26 et 27.)

M. Proudhon ne protesta point à cette époque contre ces appréciations de son caractère et de ses idées. Il connaissait même, au moment de la publication de cette biographie, le nom de l'archevêque dont voulait parler M. Eugène de Mirecourt (1). M. Proudhon le déclare (2), et il ne trouvait point que l'éminent prélat eût trop mal

(1) « M. Eugène de Mirecourt a révélé à M. Proudhon le nom de Son Em. le Cardinal Archevêque de Besançon, même avant la publication de sa biographie. » (Journal la Vérité, 13 mai 1858.) (2) Tome Ier, p. 49.

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