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borne, il cesserait d'être infini sur ce point. Il serait donc infini sur un point et fini sur l'autre, deux choses entièrement opposées et qui s'excluent nécessairement. Dès qu'il est reconnu qu'un être infini existe, il faut donc en conclure que cet être infini est infini en tous sens. Cet ètre, que nous appelons Dieu, a donc toutes les perfections au même degré infini, et il a les perfections de la justice comme il a toutes les autres perfections.

Puisqu'il est infiniment juste, il ne peut, pour le salut des hommes, ne pas exercer toute sa justice.

L'Eglise est d'accord sur ce point avec ce que la raison démontre d'une manière péremptoire par la seule étude de la nature de Dieu.

Elle a condamné notamment ceux qui prétendent que par un décret absolu et antécédent, Dieu prédestine au maheur éternel ceux qui ne sont point prédestinés au royaume des cieux. « Tout catholique reconnaît que le décret de réprobation n'est fondé que sur la prévision de l'abus des grâces. » (GOUSSET, Théolog. dogm., tom. II, p. 127.)

Le concile d'Orange prononce un anathème éternel, avec toute détestation, contre ceux qui oseraient dire que l'homne est prédestiné au mal par la puissance divine. (Conc. Araus., II, cap. 25.)

Le concile de Valence décide pareillement que Dieu, par sa prescience, n'impose à personne la nécessité de pécher; nais qu'il prévoit seulement ce que l'homme devait ête par sa propre volonté, en sorte que les méchants nepérissent point pour n'avoir point pu être bons, mais pour n'avoir pas voulu le devenir ou pour n'avoir

pas voulu demeurer dans la grâce qu'ils avaient reçue. (Conc. Valent., tom. II, p. 5; BossUET, XX, p. 593, éd. Vers.; LABB., VIII, col. 138 et suiv.)

Voici ce que nous trouvons dans les œuvres de Bos

SUET:

<< Il faut poser pour fondement qu'il n'y a point d'injustice en Dieu, et que nul homme ne doit sonder ni approfondir ses impénétrables conseils. Tout le bien qui est en nous vient de Dieu, et tout le mal vient uniquement de nous. « Dieu couronne ses dons dans ses élus, en couronnant leurs mérites; » et il ne punit les réprouvés que pour leurs péchés, qui sont l'unique cause de leur malheur. C'est par là que nous apprenons qu'en concourant avec la grâce, par une humble et fidèle coopération, ncus devons, avec saint Cyprien et saint Augustin, attribuer à Dieu tout l'ouvrage de notre salut: ut totum detur Leo, et nous abandonner à sa bonté avec une entière confiance, persuadés avec le même saint Augustin, que nous serons dans une plus grande sûreté si nous donnons tout à Dieu, que si nous nous confions en partie à lui et en partie à nous Tutiores igitur vivimus, si totum Deo damis; non autem nos illi ex parte, et nobis ex parte committimus.

» Mais que cette confiance, que cet abandon à Dieu ne nous fasse pas croire qu'il n'y a rien à faire de nare part pour notre salut. Puisque saint Pierre nous ensigne que nous devons rendre, par nos bonnes œuvres, notre vocation et notre élection certaine; que saint Paul veut que nous courions pour gagner le prix : Sic currite ut omprehendatis; et que saint Augustin nous assure que nous devons espérer et demander à Dieu tous les jours la persé

vérance, et croire que par ce moyen nous ne serons point séparés de son peuple élu; puisque si nous espérons et si nous demandons, c'est lui-même qui nous le donne; en sorte que notre espérance et notre prière est un gage de sa bonté et une preuve qu'il ne nous abandonne pas. Et ce qui doit encore soutenir la confiance, est que les conciles nous répondent que Dieu n'abandonne jamais ceux qu'il a une fois justifiés par sa grâce, s'il n'en est abandonné le premier. Ce sont les termes du concile de Trente: Deus suâ gratiâ semel justificatos non deserit, nisi ab eis priùs deseratur; et c'est ce que le seul concile d'Orange avait reconnu plusieurs siècles auparavant, déclarant qu'il est de la foi catholique que tous ceux qui ont été baptisés peuvent, avec la grâce de Jésus-Christ, accomplir tout ce qui est nécessaire pour leur salut, s'ils veulent travailler fidèlement.

» Voilà ce que les fidèles doivent savoir de ce grand mystère de la prédestination, qui a tant étonné et tant humilié l'apôtre saint Paul. Le reste peut être regardé comme faisant partie de ces profondeurs qu'on ne doit point mépriser, mais qu'on n'a aussi aucun besoin d'établir.» (Tom. VII, p. 570.)

Est-ce à dire qu'il n'y ait point de mystère dans la prédestination? Nous sommes loin de le soutenir; ce serait vouloir prétendre connaitre le secret de Dieu dans le gouvernement du monde et les moyens de justice et de miséricorde qu'il emploie pour le salut de chacun; mais l'essentiel pour nous, c'est d'être assuré de cette justice et de cette miséricorde. Nul ne se perd que par sa faute, voilà le point fondamental par rapport à nous. Le reste, les

motifs et les secrets de l'action de Dieu sur les hommes et sur la société, forment un mystère que l'homme en ce monde n'est pas en mesure de découvrir. Mais les vérités que l'Eglise et la simple raison enseignent sur ce point, ne renversent pas moins de fond en comble les accusations impies de M. Proudhon contre la justice de Dieu.

M..Proudhon, comme nous l'avons déjà dit, soutient que l'Eglise applique ce qu'elle croit de la prédestination au gouvernement de l'humanité. La prédestination ne serait pas, d'après lui, seulement admise pour le salut des hommes, mais cette doctrine serait même la charte sociale de l'Eglise pour le gouvernement de la société.

« De même que, dit M. Proudhon, d'après le décret de prédestination, l'objet des complaisances spirituelles et temporelles du Très-Haut n'est pas nécessairement l'homme le plus habile, le plus courageux, le plus beau, celui que la sagesse humaine jugerait, en raison de ses facultés, le plus digne, mais celui qu'il a plu à Dieu de choisir; ainsi, dans le gouvernement chrétien, le plus favorisé n'est pas toujours, il s'en faut, le plus méritant, mais celui que l'autorité religieuse, assistée du Saint-Esprit, a désigné. Il est entendu d'ailleurs que le choix de l'Eglise se porte de préférence sur les sujets en qui apparaissent les signes de prédestination, tels que la noblesse, la fortune, la piété, l'obéissance, et toutes les vertus chrétiennes, d'après ce précepte connu, qu'à celui qui a plus il sera donné davantage : Qui enim habet, dabitur ei, et qui non habet, etiam quod habet auferetur ab eo. » (Tome Ier, p. 411.)

Cette comparaison du gouvernement de l'Eglise avec le mystère de la prédestination est absolument inexacte. D'abord, l'Eglise ne prétend pas, dans les choix qu'elle

fait des hommes qui doivent la servir, rendre des décrets pour condamner les uns et justifier les autres. Pour ses ministres, elle prend sans le moindre doute ceux qui lui semblent avoir les vertus et la science que le ministère des âmes réclame; mais, sur ce point, où peut être son crime? Les gouvernements humains ne cherchent-ils pas, pour les servir, les sujets les plus dignes? L'Eglise n'at-elle pas le droit d'agir avec la même sollicitude? Certainement, ceux qui semblent correspondre aux grâces de Dieu sont par elle préférés; mais correspondre à la grâce de Dieu, n'est-ce pas accomplir la loi de l'Eglise et se montrer parfait chrétien? Voudrait-on, par hasard, que l'Eglise choisit pour ministres de ses autels ceux qui outragent Dieu et l'Eglise, comme le fait M. Proudhon?

M. Proudhon prétend que parmi les signes de la prédestination, se trouvent la noblesse et la fortune, et que c'est à ces titres comme aux autres titres que Dieu et l'Eglise s'attachent. D'abord, il est absolument faux que la noblesse et la fortune soient, comme le dit M. Proudhon, les signes de la prédestination, soit de la part de Dieu, soit de la part de l'Eglise. Nous voyons, au contraire, que les apôtres que Dieu a prédestinés à la fondation de l'Eglise, n'étaient ni nobles ni riches. La plupart des saints que l'Eglise a placés sur ses autels, appartiennent aux plus humbles conditions de la société.

L'Eglise, sans condamner la richesse et la grandeur, les signale comme un grand danger, comme un écueil pour le salut. La richesse et la noblesse ne sont donc pas à ses yeux des signes de prédestination. N'est-il pas dit qu'il est plus difficile à un riche d'entrer dans le royaume

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