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longueur d'environ deux cents lieues, et sur plus de cent en largeur, il n'y a que onze villages en tout, et trois seulement assez considérables pour mériter le nom de bourgades. Le plus avancé des trois vers le sud, sur les bords du Mississipi, est à vingt-cinq lieues de celui du centre, et celui-ci à plus de cent lieues du troisième, qui est encore à huit cents lieues de Quebec. On est toutefois obligé d'aller sans cesse de l'une de ces bourgades à l'autre, et d'avoir des rapports de première nécessité avec la ville de Quebec, à travers ces espaces immenses où il n'est ni hospice, ni route, et qui sont perpétuellement infestés par des partis de sauvages et d'anthropophages. Souvent un missionnaire est réduit à voyager avec trois ou quatre néophytes, sans autre fonds pour leur subsistance que la chasse ; si le gibier manque, il faut mourir de faim. Pour éviter ces inconvéniens, on voyage, autant qu'il est possible, sur les rivières, avec des canots d'écorce qu'on transporte d'une rivière à l'autre mais ces frêles esquifs, dans les contrés septentrionales, sont souvent brisés par les glaces que charient les eaux. L'unique ressource alors, c'est de sauter de glaçons en glaçons, pour gagner, si l'on peut, le rivage,

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C'est à ce prix qu'on procura la grâce du salut, tant aux Illinois qu'aux Akensas leurs voisins; mais elle fut si fructueuse, qu'on la regarda comme ayant peu coûté, Ces bons sauvages persévérèrent invinciblement dans la foi chrétienne, et dans leur attachement inviolable pour la nation qui la leur avait portée ; ils méprisèrent toutes les sollicitations et toutes les menaces des autres sauvages conjurés dans la suite pour exterminer les colonies françaises de la Louisiane, C'est des Français, répondirent-ils unanimement sans même délibérer, c'est des Français que nous tenons la connaissance du grand Génie, et la pratique de la prière qui conduit au vrai bonneur: toujours nous leur ferons un rempart de nos corps, quand on voudra les attaquer; avant de parvenir jusqu'à eux, il faudra nous passer sur

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le ventre, et nous frapper au coeur avant de leur effleurer la peau. Nous écoutons avec respect, dirent-ils dans une autre occasion, les commandemens du grand roi notre père, et plus encore les Robesnoires, quand elles nous portent la parole du grand Génie, roi de tous les rois : car la meilleure de toutes les paroles, c'est qu'il faut toujours être attaché à la prière, comme à l'unique moyen d'être heureux dès ce monde, et de l'être infiniment davantage encore dans l'autre.

La Californie, région la plus reculée au couchant de l'Amérique, et presque détachée de ce nouveau monde lui-même, ne fut pas plus inaccessible que le plein continent à la lumière de l'évangile, Elle y pénétra l'an 1697, avec les pères Picolo et Salvatierra (1). A la première vue de ces deux Espagnols, les naturels du pays s'imaginèrent qu'on venait s'emparer de la pêche des perles qui abondent sur leurs côtes, et sans rien écouter que leur terreur panique, ils firent pleuvoir des nuées de flèches et de cailloux, dont le ciel put seul préserver. ses ministres ; mais comme ces peuples, avec un esprit vif et un caractère de droiture, saisissent fort bien les raisons qu'on leur présente, et se rendent avec docilité quand on les a convaincus, sitôt qu'on leur eut fait sentir les extravagances de l'idolâtrie, et le bonheur souverain qu'on tendait à leur procurer par le christianisme, ils accoururent en foule pour demander le baptême, et ils se rendirent extrêmement assidus aux instructions qu'on leur dit nécessaires pour les y disposer. La légèreté, qui leur est commune avec tous les sauvages, faisait craindre, malgré tout leur empressement, qu'ils ne vinssent à retourner à leurs superstitions; ainsi on les retint deux ans au rang des catéchumènes, à l'exception d'un certain nombre d'enfans qui ne quittaient presque pas les missionnaires, et qui chaque jour leur demandaient le baptême avec des instances et des larmes si attendrissantes, que l'on crut pou

(1) Lettr. Edif. t. vIII, p. 53 et suiv.

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J'air qui le préserve des maladies les plus comnunes ailleurs, que par son assiette isolée, hors atteinte aux sauvages errans qui désolent sans

sse le reste de l'Amérique. On avance rarement reux ou trois lieues dans les terres, sur-tout vers le Tord, sans trouver des habitations composées de ngt, trente, quarante et cinquante familles. Cependant ils n'ont point de maisons : l'ombre des arbres les défend des ardeurs du soleil pendant les ours sereins; pour la nuit et les mauvais temps, is se font un couvert de feuillage plus épais, et durant l'hiver, ils se tiennent renfermés dans des caves. L'occupation la plus ordinaire des hommes, aussibien que des femmes, c'est de filer une espèce de coton qu'ils tirent des goussses de certains fruits, ou de longues herbes filandreuses que la nature leur fournit encore à moindres frais.

En cinq ans, les deux missionnaires formèrent trois missions, et en ébauchèrent une quatrième. La première, appelée Notre-Dame de Lorette, comprenait neuf peuplades; celle de Saint-FrançoisXavier en avait onze; celle de Notre-Dame des Douleurs n'avait que trois bourgades, mais extraordinairement peuplées. La quatrième, nommée SaintJean de Londo, quoiqu'imparfaite, en comprenait déjà cinq, sans même compter deux habitations nouvellement découvertes, et qu'on s'appliquait sans relâche à instruire. Voilà ce que firent deux missionnaires en cinq ans, au bout desquels il fallut nécessairement envoyer des coopérateurs pour seconder leur zèle, dont toute l'activité ne pouvait plus absolument suffire à la multitude des catéchumènes. Les chapelles bâties en premier lieu ne suffisant plus par la même raison, on éleva de grandes églises en murs de brique, avec des couvertures en planches émincées et lustrées avec art, pour d'ardoises, et répondre à la dignité du 'édifice.

e même année 1697, l'évangile fit les mêrès, mais d'une manière bien plus merencore, à l'autre extrémité du nouveau

voir sans danger se relâcher à leur égard de la rigueur des règles. On baptisa aussi quelques malades et quelques vieillards, dans la crainte d'une mort prochaine.

Après cette première ébauche de mission, les deux zélés pasteurs se répandirent dans cette grande presqu'île, le père Salvatierra vers l'orient, et le père Picolo du côté de l'occident, afin de recueillir toutes les brebis dispersées qu'ils pourraient incorporer au troupeau de l'éternel pasteur. Ce ne fut pas sans regrets et sans amertume, que ces apôtres de Jesus-Christ virent l'un des plus beaux pays du monde soumis depuis tant de siècles à l'empire de Satan, Ils trouvèrent de vastes plaines, de riantes vallées, d'immenses pâturages, des montagnes bien boisées, de belles sources d'eaux vives, des rivières et des fleuves qui fourmillent de poisson, ainsi que les mers où ils se déchargent. Pour ce qui est de la nature du territoire, la terre y est si fertile, que bien des arbres et des arbustes y portent du fruit trois fois l'an. Dans presque toutes les saisons, on trouve de grosses pistaches de plusieurs espèces, des figues de toutes couleurs, et quantité de fruits délicieux qu'on ne trouve que là. C'est la même abondance pour les légumes, et ceux d'Europe y réussissent aussi bien que ceux du pays. Il y a quatorze espèces de grains dont les hommes se nourissent, sans compter les racines de beaucoup de plantes dont l'on fait des pâtes et du pain. Outre les animaux connus en Europe, et bons à manger, comme les cerfs, les lièvres, les lapins, des perdrix d'un goût exquis et en grand nombre, les oies, les canards, les pigeons, il y en a beaucoup d'autres, dont les plus remarquables sont deux espèces de moutons fort grands: la chair en est délicate, et ils ont beaucoup plus de laine que les nôtres.

Au milieu de cette abondance que la terre fournit d'elle-même, les Californiens presque nus, et la plupart contens de ce qui suffit pour vivre, envisa¬ gent tont le reste avec indifférence. Le pays est néanmoins très-peuplé, tant par la grande salubrité

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