Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE

EUROPE

Glissements de terrain en Maurienne. - Parmi les phénomènes de la dynamique externe les plus actifs dans les Alpes, on doit citer les glissements de terrain. en masse. Ces glissements sont la conséquence de la constitution géologique du sol et de l'activité des eaux d'infiltration. Tantôt à la fonte des neiges, sur les versants escarpés, les couches de terrain superficielles imbibées comme une éponge se détachent sous l'effet de la pesanteur et glissent en bas des pentes, tantôt, comme le cas est très fréquent en Maurienne, l'eau dissolvant les gypses situées en profondeur, les nappes superficielles du sol se décollent et descendent lentement vers l'aval. Tel est le cas que présente actuellement la vallée du torrent de Saint-Martinla-Porte, affluent de l'Arc.

Ce torrent est un des plus anciens et des plus dangereux de la Maurienne.

On trouve dans des documents la mention de crues violentes survenues de 1435 à 1439 qui détruisirent complètement le hameau de Plan-Buttin. En 1649, le hameau des Granges fut enseveli par des «laves torrentielles »; en 1797, une coulée boueuse recouvrit toute la portion occidentale du cône qui fut totalement engravé trente-sept ans plus tard, le 27 août 1834.

L'activité de ce torrent doit être attribuée au déboisement complet du bassin de réception au-dessus de la courbe de niveau de 1 500 mètres et à la raideur des pentes de la chaîne des Encombres sur la rive droite. Le versant oriental de ce massif, coupé de ravins dont le principal est celui de la Besse, point favori des orages de grêle, déverse rapidement, au moment des pluies, d'énormes quantités d'eau dans les talwegs. De là, des crues extrêmement brutales et soudaines.

Mais aucun de ces caractères ne pouvait permettre de distinguer spécialement le Saint-Martin des autres torrents. Au moment où l'on avait exécuté les études préparatoires à la correction de ce cours d'eau, un phénomène très grave avait échappé totalement aux agents forestiers; le glissement en masse de tous les terrains situés sur la rive gauche du Saint-Martin, dans la combe de Bon-Rieu. Dans son ouvrage : L'extinction des torrents en France par le reboisement (1894, Imprimerie Nationale), M. Demontzey dit textuellement en parlant de la combe de Bon-Rieu (affluent de gauche, cote 1060) : « l'étendue en glissement s'élève à 20 hectares environ »>.

Au moment où on procèda à l'expropriation des terrains englobés dans le périmètre de l'Arc supérieur, en octobre 1894, on s'aperçut que des parcelles cadastrales cultivées étaient descendues suivant la pente peu à peu sans trop se déformer.

Depuis quand ce mouvement se produisait-il? On ne pouvait le préciser. Des pressions constatées sur les maçonneries des ouvrages construits dans le lit du Saint Martin, démontrèrent surabondamment la généralité du mouvement. Il n'y avait dès lors aucun doute. 1 560 hectares environ de terrains à l'état de prés ou de pâtures, situés à l'est du torrent progressaient d'un mouvement continu.

Afin de se rendre compte du phénomène, le service forestier fit établir deux lignes de piquets, l'un vers la cote 1700, l'autre dans la combe du Bon-Rieu. Chacune d'elles se termine à des points fixes, crêtes rocheuses, où l'on peut se mettre en station; les alignements ont été en 1905 prolongés de manière à donner les profils en travers complets et désormais les observations se feront comme sur les glaciers. Bien que trop courtes, ces lignes ont déjà donné d'intéressants résultats en 1904.

Sur une ligne A'B', le piquet numéroté 7, situé à 187 m. 70 du point A1, a progressé en un an de 2 m. 90; la vitesse des autres piquets était de plus en plus faible, à mesure qu'on se rapprochait des points fixes.

Sur la ligne A3B3, le piquet n° 7, situé à 145 mètres du point initial A3, a progressé de 3 mètres dans le même intervalle.

Aussi dans la combe de Bon-Rieu, où l'on a construit des barrages, les effets de mouvement sont-ils des plus curieux, les terres imbibées par les nombreuses mares situées dans les régions supérieures avancent, passent par-dessus les couronnements des ouvrages, sans les endommager et font disparaître les maçonneries jusqu'au jour où une crue détermine la formation d'une « lave » torrentielle qui emporte tous ces matériaux, comme cela est arrivé le 2 août 1899. Puis le cycle recommence et, aujourd'hui, du grand barrage de Bon-Rieu on n'aperçoit plus que les ailes.

Outre ce glissement dans la vallée du Saint Martin, le service forestier a constaté l'existence de glissements non moins importants au-dessus de Saint-Jean-de-Maurienne, dans le bassin des torrents de Bon-Rieu et de Merderel (communes de Fontcouverte, de Villarembert et de Jarrier). Depuis un an, ces mouvements de terrain sont mis en observation; ils menacent l'existence de plusieurs villages de la commune de Jarrier ainsi que celle du chef-lieu de Fontcouverte et du village de la Rochette (même commune). P. MOUGIN.

Études océanographiques poursuivies par la Grande-Bretagne dans la mer du Nord et dans la Manche. Les recherches océanographiques prescrites par l'Association internationale pour l'étude de la mer sont accomplies dans les régions maritimes attribuées à la Grande-Bretagne, qui sont la partie septentrionale de la mer du Nord et la Manche, par deux institutions scientifiques de ce pays, le Bureau des pêcheries d'Écosse (Scotland Fishery Board) et l'Association de biologie maritime de Plymouth (Marine biological Association).

La première opère dans la partie septentrionale de la mer du Nord et dans la partie de la mer de Norvège1 située à l'est des Færöer, tandis que la seconde a pour domaine la partie méridionale de la mer du Nord et la Manche.

Les résultats des investigations effectuées par le Bureau des pêcheries d'Écosse

4. Sous le nom de mer de Norvège on désigne la partie de l'Atlantique nord située au nord des Shetland, et comprise entre ces iles, les Færöer, l'Islande et la Norvège.

et par l'Association de biologie de Plymouth viennent d'être publiés dans deux volumineux rapports présentés au Parlement anglais1.

Les rapports en question renferment l'exposé des observations océanographiques accomplies en 1902 et 1903, des mémoires de biologie et des statistiques très intéressants pour l'industrie des pêches maritimes.

Le rapport contenant les travaux du Bureau des pêcheries d'Écosse 2 contient trois mémoires consacrés à l'océanographie de la mer du Nord et des détroits entre la côte septentrionale d'Écosse et les Færöer. Ce sont :

1° Un rapport de M. B. Helland-Hansen sur les recherches dans le canal FæröerShetland en 1902;

2o Un rapport de M. A.-J. Robertson sur les opérations conduites dans les mêmes régions en 1903;

3o Un mémoire de MM. J.-W Sandström et B. Helland-Hansen sur des formules mathématiques applicables aux courants marins.

Dans ce volume on trouve, en outre, des études sur le plankton et sur les crustacés recueillis au cours des croisières océanographiques dans les mers du Nord et de Norvège.

Ces trois études ont pour objet principal la question si délicate de l'afflux du Gulfstream ou branche norvégienne du courant d'Europe, comme M. Dickson propose de l'appeler, dans la mer de Norvège et dans la mer du Nord.

Le Gulfstream pénètre dans ces mers par le canal entre la côte septentrionale d'Écosse et les Shetland, et par celui ouvert entre cet archipel et les Færöer.

Dans ce dernier détroit, les conditions océanographiques sont très compliquées, comme l'avaient déjà indiqué les recherches des Danois et des Norvégiens. En août 1902, la partie orientale du canal était occupée jusqu'à une profondeur de 400 à 500 mètres par le Gulfstream (salinité supérieure à 35,25 pour 1000), tandis que dans ses régions centrale et orientale on trouvait des nappes dont la salinité variait de 35,1 à 35.2 pour 1000, formées par un mélange d'eaux atlantiques et d'eaux provenant de la mer de Norvège et du courant de l'Islande orientale. Ces deux nappes étaient séparées en profondeur par une masse énorme d'eau froide et de faible salinité (35 à 34,9 pour 1000) s'avançant comme un coin jusqu'à 100 mètres de la surface et qui paraît provenir de la mer de Norvège.

D'une saison à l'autre l'étendue et la puissance de ces différentes couches d'eau présente de très importantes variations. Ainsi, en 1903, c'est en mai que le Gulfstream a atteint sa plus grande extension. L'afflux des eaux atlantiques dans le canal. Shetland-Færöer dépend de la puissance du courant provenant de la mer de Norvège et de l'Islande orientale, et qui occupe la partie septentrionale du détroit; il

1. North Sea Fisheries Investigation Committee. Report on fishery and hydrographical investigations in the North Sea and adjacent Waters, 1902-1903. Presented to both Houses of Parliament by command of His Majesty. (C d. 2 612.) — Londres. Wyman and Sons, 1903. Prix: 8 sh. 9 d. — Un vol. in-4° de 618 p. avec nombreuses planches; North Sea Fisheries Investigation Committee. Report (n° 2 Southern Area) on fishery and hydrographical investigations in the North Sea and adjacent Waters, 1902-1903. Presented to both Houses of Parliament by command of His Majesty. (C d. 2 670.) Londres, Wyman and Sons, 1905. Prix: 8 sh. 9 d. Un vol. in-4° de 377 p. avec nombreuses planches. Voir un excellent résumé de ces rapports par M. J. Johnstone dans Nature. Londres, vol. 73, no 1889, 11 janv. 1906, p. 255.

[ocr errors]

peut, en effet, arriver que les nappes provenant de ces dernières régions bouchent pour ainsi dire le passage au Gulfstream et l'obligent à passer plus au sud, par le détroit entre Shetland et Écosse.

Dans le canal Shetland-Færöer les eaux atlantiques se meuvent vers le nord; en août 1902, d'après Helland-Hansen, leur vitesse de déplacement à la surface atteignait 10 milles à l'heure. Cette vitesse est également très variable d'une saison à l'autre.

Quelle énorme masse d'eau entraîne un courant marin, une observation de M. Helland-Hansen fournit à cet égard un nombre singulièrement illustratif. D'après cet océanographe, le débit du Gulfstream dans le canal Shetland-Færöer en août 1902 n'était pas inférieur à 4 millions de mètres cubes à la seconde !

Les eaux froides provenant de la mer de Norvège et qui forment les couches profondes du détroit Shetland-Færöer au nord du Gulfstream et qui parfois arrivent jusqu'à la surface près des Færöer se meuvent, elles, vers le sud. Sous l'influence du déplacement de ces diverses masses d'eau en sens contraire il se produit à la surface du détroit un mouvement cyclonique avec un point mort au centre.

L'afflux des eaux atlantiques dans la mer du Nord par le canal Shetland-Ecosse accuse également de grandes variations. Les observations exécutées en 1902 et en 1903 indiquent que ce courant atteint sa plus grande intensité dans les premiers mois de l'année, en mars ou avril, suivant toute vraisemblance.

De cet apport du Gulfstream par le détroit Écosse-Shetland dépend la situation dans la mer du Nord, du moins pour une part, car ce bassin est non moins fortement influencé par le courant issu de la Baltique. C'est ainsi qu'on voit en 1904 la nappe d'eau d'une salinité supérieure à 35 pour 1000 atteindre son maximum d'extension en mai, c'est-à-dire après l'époque où l'afflux du Gulfstream par les détroits Écosse-Faröer avait été le plus considérable.

Le rapport concernant la Manche1 ne renferme qu'un mémoire océanographique, mais particulièrement intéressant. Il a pour auteur M. Donald J. Mathews et est relatif aux conditions hydrographiques de cette mer et de la mer de Biscaye en 1903. Cette étude est accompagnée de quatre cartes de la Manche montrant la distribution de la température et de la salinité à la surface en février, mai, en août et novembre 1903 et d'une cinquième montrant à cette dernière date la distribution de la salinité dans l'Atlantique, de la pointe sud de l'Irlande au cap Finistère, à l'exclusion du golfe de Biscaye proprement dit et de toute la région littorale française.

Les observations de M. D. Matthews en 1903 accusent très nettement dans la Manche un déplacement général des eaux de l'ouest vers l'est. Ces eaux sont fournies par deux courants qui se rencontrent à l'entrée de la Manche, vers les Sorlingues celui de Rennell qui porte vers le nord et qui provient de la mer de Biscaye, et un courant dirigé vers le sud et originaire de la mer d'Irlande. Le premier est caractérisé par une haute salinité, allant jusqu'à 35,6 pour 1 000, l'autre, au contraire, par une salinité relativement faible (35,1 pour 1 000).

Le courant de Rennell afflue dans la Manche par Ouessant, comme le montre

1. Report (n° 2. Southern Area).

la persistance pendant toute l'année autour de cette île de nappes très salées, tandis que les eaux de la mer d'Irlande ne dépassent guère les parages des Sorlingues, en formant une frontière très nette orientée à peu près nord-sud.

Suivant que l'un de ces courants a la prédominance sur l'autre, on trouve dans la Manche des eaux plus ou moins salées.

En février 1903 le courant de Rennell est très puissant, comme l'indique la distribution de la salinité. On voit alors autour d'Ouessant une nappe circulaire à 35,5 pour 1 000 et dans toute la Manche occidentale jusqu'à l'île de Wight des eaux à 35,4, alors que les eaux de la mer d'Irlande (35,3) demeurent cantonnées à l'ouest des Sorlingues.

En mai le courant de Rennell est encore très actif. Autour d'Ouessant on observe des eaux à 33,6 et à 35,5; d'autre part, une nappe à 35,4 s'étend jusqu'au Land's End, et va se terminer en pointe dans le nord-ouest de la Hague, par suite moins à l'est que trois mois auparavant. Plus à l'est, on trouve, il est vrai, une nappe isolée à 35,4 dans le sud de Beachy Head. En même temps les eaux de la mer d'Irlande se rapprochent de l'entrée de la Manche, l'isohaline (ligne d'égale salinité) de 35,3 passe à l'est des Sorlingues, tout près du Land's End.

En août la situation est profondément modifiée. L'isohaline 35,2 s'étend des environs d'Ouessant à la pointe sud-ouest de l'Angleterre et la Manche est occupée jusqu'à Beachy Head par des eaux à faible salinité (35,3; 35,2; 35,1 pour 1 000) sauf entre la côte du Finistère et celle de la Cornouaille où se développe une nappe circulaire à 35,4.

En novembre la Manche est encore couverte par des eaux peu salées, sauf entre la Hague et Plymouth et entre Dieppe et Newhaven, où persistent deux îlots étendus à 35,4. En revanche, dans le sud-ouest d'Ouessant avance en pointe une large masse d'eau à 35,4 qui paraît indiquer une reprise du courant de Rennell.

Quelle influence exerce le courant de la mer d'Irlande dans la région s'étendant du Land's End à la côte nord d'Espagne, par suite sur toutes nos côtes atlantiques, la carte de la salinité à la surface, en novembre, dans la région comprise entre l'extrémité méridionale de l'Irlande et la pointe nord-ouest de l'Espagne le montre clairement. Sur cette carte on voit ce courant à salinité relativement faible s'étendre vers le sud comme une tache d'huile à travers les eaux atlantiques à forte salinité. En résumé, en 1903, en février et mai, le courant de Rennell était très fort et constituait le principal apport dans la Manche, tandis que en août les eaux originaires de la mer d'Irlande avaient le dessus, refoulaient le courant de Rennell et pénétraient dans la Manche.

En novembre, l'équilibre paraissait établi et entre la France et l'Angleterre on trouvait des eaux de deux sources d'alimentation de la Manche.

M. Matthews a soin d'insister sur ce fait que ses observations se réfèrent seulement à 1903 et qu'il serait prématuré d'en tirer une conclusion. Pour arriver à une connaissance complète du régime océanographique de cette région maritime, les recherches doivent être poursuivies pendant plusieurs années de suite. En tout cas il est intéressant de signaler la démonstration évidente faite par les océanographes

« ZurückWeiter »