Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE

Représentation graphique de la hauteur de la pluie en fonction de l'altitude. -On sait ce que sont les courbes hypsographiques. Pour une région montagneuse donnée (le versant nord-ouest de l'Erzgebirge, la Forêt Noire, etc.) on évalue les surfaces comprises entre deux courbes du niveau de 100 mètres de distance, entre 300 et 400 mètres, entre 400 et 500 mètres d'altitude, etc., on cherche le rapport de chacune de ces aires partielles à la surface totale. C'est ainsi que pour le versant nord-ouest de l'Erzgebirge, on a 2,08 p. 100 de la surface totale, à une altitude comprise entre 200 et 300 mètres, 18,72 p. 100 entre 300 et 400, 25,37 entre 400 et 500, 0,44 p. 100 entre 1 000 et 1 100, et, 0,07 p. 100 entre 1 100 et 1 200 mètres. On porte en abscisses ces proportions en tant pour cent, de 0 à 100, et, en ordonnées l'altitude jusqu'à laquelle il faut aller pour trouver la proportion correspondante. Par exemple, pour la chaîne citée, à l'ordonnée 300 mètres correspond l'abscisse 2, à l'ordonnée 400, l'abscisse 2,08 + 18,72, c'est-à-dire 20,80; à l'ordonnée 500, l'abscisse 20,80 + 25,37=46,17, etc. Ayant autant de points distincts, il est facile de tracer une courbe continue.

Le professeur H. Gravelius trace de même des courbes hyétographiques donnant la répartition des fréquences des chutes de pluie. Pour reprendre l'exemple choisi, on a tracé sur la carte des courbes séparant les régions où il tombe moins de 700 millimètres par an, de 700 à 750, de 750 à 800 millimètres, on a reconnu que la surface sur laquelle il tombe moins de 700 millimètres de pluie annuelle ne représente que 0,7 p. 100 de l'aire totale; celle où il tombe de 700 à 750 millimètres, 13,9 p. 100 de l'aire totale; de 750 à 800, 28,2 p. 100 de l'aire totale, et ainsi de suite. On trace une courbe ayant pour ordonnées les hauteurs de pluie, pour abscisses les valeurs en pour cent de la surface totale où il tombe moins de la hauteur de pluie correspondant à l'ordonnée. Dans l'exemple choisi, à la hauteur de pluie 700 correspond la valeur 0,7; à la hauteur 750, 0,713,914,6; à la hauteur 800, 14,6 +28,3 42,9, etc.

On trace sur la même épure les deux courbes. Il suffira ensuite de prendre pour abscisses les ordonnées de la courbe hypsographique et pour ordonnées les ordonnées correspondantes de la courbe hyétographique. Par exemple, à l'abscisse 50 p. 100 de l'aire totale, correspond une altitude donnée, 530 mètres, ce qui indique que la moitié de la surface est à une altitude au-dessous de 530 mètres, la moitié au-dessus. A la même abscisse 50 p. 100, correspond une hauteur de pluie tombée de 820 millimètres, ce qui voudra dire que sur la moitié de la surface du terrain, il tombe plus de 820 millimètres et sur l'autre moitié moins de 820 millimètres. Dans la nouvelle courbe on prendra pour abscisse l'altitude 330 mètres et pour ordonnée la hauteur de pluie correspondante au même tant pour cent de la surface, soit 820 millimètres. On aura ainsi une courbe donnant la hauteur de pluie en fonction de l'altitude. L'intérêt de cette représentation graphique est qu'elle permet d'éliminer les singularités locales dans la répartition de la pluie, et qu'elle donne, pour une chaîne

1. H. Gravelius, Zur Abhängigkeit des Regenfalls von der Meerhöhe, in Zeitschrift für

donnée, la façon dont la hauteur de pluie dépendrait de l'altitude dans le cas ou n'interviendrait aucun autre facteur. Jusqu'à 1200 ou 1500 mètres, la hauteur d'eau tombée augmente avec l'altitude; en certains cas la courbe présente des paliers, c'est-à-dire des régions où, dans certaines limites d'altitude, la hauteur de pluie tombée varie très peu. B. BRUNHES.

GÉOGRAPHIE HUMAINE

Les faits essentiels de la géographie humaine. - Si l'idée de l'Anthropogéographie se retrouve, en particulier, dans les travaux de maints géographes allemands du XIXe siècle, tels que Ritter, Mendelssohn, Kohl et Peschel, c'est Ratzel qui, en créant le nom expressif de cette discipline nouvelle, a contribué le plus puissamment au succès de cet ordre de recherches. En France, nous avons préféré le mot de « géographie humaine », mais les préoccupations restent les mêmes; il s'agit bien d'une division récente de la science géographique dont il importe de préciser l'objet et de fixer les limites.

M. Jean Brunhes, qui consacrait, il y a quatre ans, un très remarquable travail à la question de l'irrigation, envisagée précisément comme fait de géographie humaine, vient de publier une vue d'ensemble de cette branche de la géographie, en même temps qu'une classification des phénomènes qui en dépendent'. Cette classification, nouvelle et précise, constitue une orientation, une vraie direction pour cet ordre d'études, et il convient d'en dégager les données principales.

Une double zone constitue le domaine propre des études géographiques : la zone inférieure de l'enveloppe atmosphérique de notre terre et la zone superficielle de l'écorce solide. C'est, en effet, au contact de ces deux zones que se concentre la chaleur solaire, que s'opère le travail des divers agents du modelé, bref, que la vie végétale, animale et humaine se développe et se multiplie. Là où se massent tous ces faits, là, uniquement, est le domaine de la géographie.

Si le plus grand nombre de ces manifestations échappe à toute influence humaine et constitue l'essence et le fondement de la géographie physique, il n'en est pas de même d'une catégorie importante de phénomènes de surface qui ont toujours cette caractéristique, aisément discernable, de toucher plus ou moins directement à l'homme. La géographie humaine a précisément pour but l'étude de ces phénomènes que l'on peut répartir en un certain nombre de divisions ou d'étages..

La satisfaction de besoins tels que la nourriture, l'habitation et le vêtement ne va jamais sans provoquer une modification de la surface terrestre. Cette modification sera plus ou moins sensible suivant que nous aurons à faire à des peuples primitifs, utilisant directement des productions spontanées, au moyen de la cueillette, de la pêche et de la chasse, ou à des populations plus développées, pratiquant l'élevage, la culture et la fabrication industrielle.

Au-dessus de ces deux étages de faits économiques, se traduisant par des transformations incessantes du cadre géographique, des phénomènes sociaux, de nature

1. Jean Brunhes, Une géographie nouvelle : la Géographie humaine, in Revue des Deux-Mondes, 1er juin 1906, p. 543-574. Cf. du même auteur: L'Irrigation, ses conditions géographiques, ses modes el son organisation dans la Péninsule ibérique et dans l'Afrique du Nord, Paris, Masson, 1902.

complexe, - comme dépendant beaucoup plus de l'intelligence et de la volonté humaines, sont encore, et pour une part, en connexion avec le milieu terrestre; tels sont les conditions de la production, la division du travail, la distribution du sol, les modalités de l'échange, etc. M. Jean Brunhes a lui-même montré que dans les oasis du Souf, par exemple, l'eau et la terre appartiennent à tous, ou si l'on veut n'appartiennent à personne; les conditions géographiques sont assez extraordinaires pour que l'arbre soit à lui seul la cause initiale, la limite et la fin de toute appropriation individuelle '.

Enfin, l'étude des groupements humains et des relations entre ces groupements constitue un quatrième étage. Il est évident que dans ces faits politiques, le facteur humain reste prédominant; toutefois, certaines conditions géographiques fondamentales, situation topographique, altitude, orientation, proximité de la mer, etc., jouent un rôle tel dans les destinées des cités, des provinces ou des états, que l'histoire de ces groupements ne saurait se dispenser de faire appel à des considérations géographiques. Et là encore, plus le groupement sera primitif, rudimentaire, plus le milieu terrestre exercera d'influence. C'est pourquoi M. Jean Brunhes recommande tout particulièrement de débuter dans ce genre d'études par l'observation de quatre types de « petits mondes » géographiques, sortes d'ilots d'humanité les îles de la mer; les oasis ou îles du désert, enfin les groupes isolés de la grande forêt boréale ou équatoriale et des hautes vallées alpestres 2.

Laissant de côté maintenant les deux étages supérieurs, consacrés aux phénomènes sociaux et politiques, et s'en tenant aux deux étages inférieurs où sont groupés les faits proprement économiques, dépendant dans une plus large mesure du milieu géographique, M. Jean Brunhes essaye une classification de ces derniers en y mêlant le moins possible l'élément subjectif humain et faisant intervenir seulement le point de vue morphologique que nous révélerait la photographie.

Ainsi nous apparaîtraient d'abord les grandes taches d'humanité vivante, avec leur double caractère de mobilité et d'inégalité dans la distribution. Cette mobilité rendrait insaisissable ce premier phénomène de revêtement, si l'homme ne prenait lui-même le soin de fixer sa place par d'autres faits qui sont particulièrement représentatifs de sa présence et que M. Brunhes répartit en trois catégories. Voici d'abord les faits d'occupation stérile du sol », comprenant, d'une part, la maison, c'est-àdire l'abri humain, depuis la hutte du primitif et la tente du nomade, jusqu'au sky scraper, le gratte-ciel à 25 étages des cités américaines; d'autre part, la route, depuis le sentier à travers la brousse jusqu'au grand boulevard urbain, depuis le chemin de caravane jusqu'à la voie ferrée. Ce sont ensuite les faits « de conquête végétale et animale », représentés soit par le champ ou le jardin, soit par la bête attelée ou le troupeau, tous ces faits étant exprimés avec l'infinie variété qui les caractérise. Enfin, deux autres catégories de phénomènes, par lesquels l'homme exploite les richesses naturelles, à titre définitif, sans chercher à les remplacer ou

1. Jean Brunhes, Les Oasis du Souf et du Mzab comme types d'établissements humains, in La Géographie, V, 1 et 3, 15 janvier et 15 mars 1902.

2. Voir à ce point de vue, une étude toute récente publiée par Jean Brunhes et Paul Girardin dans les Annales de géographie: Les groupes d'habitations du val d'Anniviers comme types d'établissements humains (XV, juillet 1906, p. 329-352, 2 fig. dans le texte et 4 planches de photographies).

même sans qu'il soit possible de le faire, représentent ce que l'on pourrait appeler <«<l'économie destructive », et que les Allemands désignent sous le nom très expressif de Raubwirtschaft. Le premier groupe comprend tous les faits de cueillette, de pêche et de chasse, aboutissant souvent à l'exploitation abusive, ici, des lianes à caoutchouc, là, de l'éléphant ou du héron aigrette. Le second groupe s'étend, de la carrière à ciel ouvert aux mines profondes, à tous les faits d'industrie extractive dans lesquels le produit retiré n'est plus renouvelable et où l'abus peut aussi facilement se glisser.

Tous ces faits de géographie humaine confinent immédiatement à d'autres faits : l'homme se recouvre de vêtements; la maison ne va pas sans ameublements et ustensiles, en dehors de l'abri, elle sert encore à l'exploitation agricole (dépendances de la ferme), à la transformation industrielle des matières premières (usine, fabrique) et à l'échange (marché); la route comporte des moyens de transport des plus primitifs aux plus perfectionnés; la culture du champ, l'attelage de la bête, l'exploitation de la mine, la pêche et la chasse réclament des outils et des instruments. Vêtements, ameublements, moyens de transport, outils et instruments, dépendent sans doute, dans une certaine mesure, du cadre géographique, par la matière dont ils sont fabriqués et aussi par leur adaptation à la fonction qu'ils doivent remplir, mais ils sont davantage encore l'œuvre de l'invention, facteur psychologique qui a d'autant plus d'influence que les sociétés sont plus développées, plus instruites. Plus nous nous élevons dans l'échelle de la civilisation, plus le vêtement et l'outil perdent de leur caractère géographique. C'est que nous sommes dans le domaine de l'ethnographie. De même que la géographie n'est plus ici qu'une science auxiliaire, de même, les faits ethnographiques ne sont pour le géographe que des faits accessoires. Si l'épithète humain, dirions-nous volontiers, prime le substantif géographie, nous sommes en présence de faits ethnographiques; si, au contraire, c'est le substantif qui est prépondérant, il s'agira de faits géographiques. Mais un fait de géographie humaine est toujours entraîné par un fait psychologique. C'est ainsi que l'exploi tation de la houille a suivi la découverte du pouvoir moteur de la vapeur.

En terminant, M. Jean Brunhes montre tout ce qu'il y a d'artificiel et d'opposé à la complexité réelle des phénomènes dans le principe des divisions suivantes : action de la nature sur l'homme, donnant naissance à la géographie humaine passive ou statique; réaction de l'homme sur la nature, exprimée dans la géographie humaine active ou dynamique. En réalité, l'action de l'homme ne saurait se concevoir indépendamment d'une réaction simultanée du milieu physique; les deux actes coexistent à tel point que toute création humaine est rapidement oblitérée, déformée, dès que cesse l'effort qui lui a donné naissance. Il n'y a qu'en géographie physique où l'on puisse constater le dynamisme rigoureux des agents naturels. Mais « là où la vie est possible, là où elle se développe, dans toute l'ækoumène, pour nous servir de la vieille expression grecque reprise avec bonheur par Ratzel, dans toute l'akoumène qui est par définition le champ précis de I'« anthropogéographie », -- les moindres faits permanents de géographie humaine. impliquent non seulement une double causalité et physique et humaine, mais une répétition et une succession indéfiniment renouvelées d'efforts humains en un

même point de l'espace physique, un recommencement incessant de cette collaboration à termes variables entre la nature et l'homme ».

PIERRE CLERGET.

GÉOGRAPHIE HISTORIQUE

Un atlas historique de la colonisation 1. Il n'existait point encore d'atlas historique de la colonisation. Grâce au professeur Supan, le savant directeur des Petermann's Mitteilungen, cette lacune vient d'être comblée. Dans une série de douze planisphères placés à la fin de son ouvrage, l'auteur a représenté simultanément l'évolution territoriale de toutes les colonies européennes, depuis les origines du monde moderne jusqu'à nos jours. Les onze premières cartes montrent les étapes diverses de cette évolution; elles figurent l'état de la colonisation du monde aux dates suivantes : 1486, 1529, 1598, 1642, 1697, 1754, 1763, 1783, 1826, 1876 et 1900. Une douzième carte, la plus originale, résume toutes les précédentes par une combinaison ingénieuse de teintes et de hachures, elle représente les progrès faits dans l'occupation du globe pendant chacune des grandes périodes de l'histoire, sans distinction entre les diverses métropoles; la puissance des teintes correspond à l'ancienneté de l'occupation et le système de hachures exprime l'intensité actuelle. du peuplement européen.

:

Le texte, auquel est joint cet atlas, n'est, au dire de M. Supan, qu'un commentaire des cartes. En réalité, c'est un exposé historique de la colonisation, ou plutôt, de la géographie politique de la colonisation. L'auteur n'a pas voulu faire œuvre de chercheur les faits qui forment la matière de son ouvrage ne sont pas nouveaux pour le lecteur bien informé. Par contre, ce qui est nouveau, c'est la manière dont ils sont présentés. L'ordre suivi est l'ordre chronologique. La géographie politique est « l'étude d'une évolution » (Entwicklungswissenschaft), et, à ce titre, il faut la traiter du point de vue historique. Aussi l'éminent professeur étudie-t-il la colonisation, non par pays colonisés ou par nations colonisatrices, mais par périodes.

Cinq périodes doivent être distinguées, chacune portant un nom caractéristique. La première (1492-1598) est dite hispano-portugaise. Acquérir des terres riches en métaux précieux et propager la foi catholique, tel est le double objet de la colonisation espagnole à cette époque. Peu nombreux dans leurs colonies, les immigrants espagnols se groupent seulement dans les villes; ils y forment comme des îlots de population européenne perdus au milieu des indigènes. C'est le mode <«< insulaire » de peuplement. La seconde période, ou période hollandaise (15981670), est celle de l'hégémonie maritime et commerciale des Pays-Bas. Elle est marquée par le développement de grandes compagnies de colonisation montées par actions, et par la première apparition en Amérique du Nord de véritables colonies de peuplement. La période franco-anglaise (1670-1783) est celle de la grandeur et de la décadence des colonies françaises et de la constitution de l'empire britannique à leurs dépens. Les pays colonisés par les Anglais, sont économiquement asservis à la métropole, mais politiquement libres. C'est alors que les

1. A. Supan. Die territoriale Entwicklung der Europaïschen Kolonien, Justus Perthes, Gotha, 1906,

« ZurückWeiter »