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colons qui peuplent la Nouvelle-Angleterre s'affranchissent et forment une nation nouvelle. La période qui suit, ou période anglo-américaine (1783-1876), voit s'accomplir les plus grands progrès dans la conquête du globe par l'Occident. L'Afrique, l'Australie et ses annexes, l'ouest de l'Amérique du Nord s'ouvrent à la colonisation; les vieilles colonies espagnoles et portugaises d'Amérique s'affranchissent; la civilisation européenne, qui ne s'était propagée jusque-là que dans l'Atlantique et l'océan Indien, conquiert les îles et les pays riverains du Pacifique. Dans la dernière période, ou période européenne-américaine (1876 à nos jours), les puissances coloniales, par un nombre considérable de traités de délimitation, se partagent la Polynésie et l'Afrique.

A la fin de son volume, M. Supan indique les principaux résultats géographiques du mouvement colonisateur. C'est d'abord le peuplement par des Européens, l'« européanisation » des Amériques et de l'Australie. Ensuite, les établissements d'outre-mer ont provoqué de grandes migrations de blancs, et, dans certaines régions, de nègres et de jaunes amenés ou attirés par les blancs. L'auteur montre dans les divers pays occupés, les proportions très variables dans lesquelles le peuplement européen s'y est fait, et calcule que 105 millions d'individus d'origine. européenne ont aujourd'hui une patrie hors d'Europe. La colonisation a donc considérablement accru la force vitale de la race blanche. Par contre, elle a eu souvent pour effet la décadence et parfois la disparition des peuples indigènes. Grâce au contact des pays d'outre-mer, certains produits exotiques, certains objets de fabrication orientale se sont répandus en Europe; les religions et la philosophie de l'Inde nous ont été révélées. En revanche, la civilisation occidentale s'est propagée sur toute la surface du globe; c'est là le résultat le plus considérable de la colonisation. L. PERRUCHOт.

GÉNÉRALITÉS

Récompenses conférées à l'équipage du Français. Dans les explorations polaires le salut des expéditions, comme l'importance des résultats scientifiques, dépend dans une large mesure de la discipline et du dévouement des équipages. Aussi bien, le Dr Jean Charcot a tenu à ce que tous les hommes de son équipage si dévoué reçussent des récompenses qui soient aux yeux de tous le témoignage de leur valeur et un souvenir de l'expédition. Sur sa proposition, M. le ministre de l'Instruction Publique a conféré les palmes académiques au patron Cholet, au chef mécanicien Goudier, au maître d'équipage Jabet et à Rallier du Baty, élève de la marine marchande engagé comme matelot.

De plus, par un arrêté en date du 15 août dernier, M. le ministre de la Marine a décerné à titre exceptionnel la médaille d'honneur des navires du commerce au patron, au premier mécanicien du Français et à tous les matelots du navire «en témoignage de la valeur professionnelle et de l'ordonnance dont ils ont fait preuve au cours de l'expédition antarctique du Français, dirigée par le D' Charcot ».

CH. R.

Le gérant P. BOUCHEZ.

Coulommiers. Imp. PAUL BRODARD.

La banquise et la côte nord-est du Grönland

au nord du 77° de Lat. N., en 1905

(AVEC DEUX PLANCHES HORS TEXTE 1)

Le duc d'Orléans, qui avait visité la côte occidentale du Spitsberg sur son yacht Maroussia, résolut d'entreprendre, pendant l'été 1905, une croisière à travers la banquise polaire qui s'étend du Spitsberg septentrional à la côte nord-est du Grönland.

Cette banquise se rencontre, comme on sait, à une distance variable de la côte septentrionale du Spitsberg, laissant le long de la terre un chenal navigable, plus ou moins long et plus ou moins large suivant les années et suivant les saisons. Certaines années, en juillet, ce chenal ne dépasse pas le méridien de l'Hinlopen-Strait, et parfois, pendant le reste de la saison, ne s'ouvre guère plus loin, tandis que d'autres années les Sept-Iles qui forment les terrest extrêmes de cet archipel vers le nord sont accessibles dès le début de l'été arctique. Au large de la pointe nord-ouest du Spitsberg la lisière méridionale de la banquise polaire se rencontre entre le 80° et le 81° de Lat. N., puis décrit un arc de cercle pour suivre ensuite vers le sud le 0o de Greenwich 2.

C'est autour de ce méridien qu'oscille dans l'ouest du Spitsberg, vers le 78° de Lat. N., la limite orientale de cette énorme masse de glace. Les années dites << ouvertes », cette limite recule dans l'ouest jusque vers le 5o de Long. O. de Gr., tandis que les années où les glaces sont abondantes, elle peut s'étendre, au contraire, jusqu'au 5° de Long. E. de Gr, Du 78° de Lat. N., environ la limite des glaces, l'iskant, suivant l'expression scandinave adoptée dans le vocabulaire polaire, s'infléchit vers le sud-sud-ouest, vers Jan Mayen, en formant, au nord de cette île, entre le 72° et le 74° de Lat. N., un grand golfe, la « baie du nord » des baleiniers, qui permet l'accès de la côte est du Grönland. D'une année à l'autre, autour de Jan Mayen la limite

1. Nous remercions MM. Plon et Cie d'avoir bien voulu nous autoriser à joindre à ce mémoire les cartes de la côte nord-est du Grönland établies par le commandant de Gerlache et qui accompagneront la relation du voyage que le duc d'Orléans publiera prochainement à leur librairie sous le titre Du Spitzberg au cap Philippe à travers la banquise (note de la Rédaction).

2. Comme méridien initial, nous avons adopté dans ce mémoire comme sur nos cartes, celui de Greenwich, le seul employé dans les régions polaires.

des glaces varie considérablement. Les saisons ouvertes, dès le milieu de juillet, la lisière de la banquise se trouve refoulée dans l'ouest, tandis que les années où il y a abondance de glace, l'île n'est entièrement libre que dans les premiers jours d'août.

Au sud de Jan Mayen l'iskant prend la direction sud-sud-ouest en même temps que la banquise se rétrécit singulièrement pour ne mesurer sous le parallèle de l'Islande qu'une largeur de 100 à 150 milles dans le détroit de Danemark.

Toute cette énorme masse de glace amoncelée dans la partie ouest de l'océan entre Spitsberg et Grönland, est, comme on sait, animée, le long de la côte orientale de cette dernière terre, d'une dérive relativement rapide vers le sud, sous l'impulsion du courant polaire.

Attaquer cette banquise la plus redoutable de l'hémisphère nord avec un yacht en fer comme la Maroussia, il n'y fallait pas songer. Aussi bien, en vue de la campagne projetée, le duc d'Orléns se rendit-il acquéreur de la Belgica et me fit ensuite l'honneur de m'en confier le commandement.

La partie de l'océan Arctique comprise entre le Spitsberg et le Grönland au nord du 77° de Lat. N. est pour ainsi dire inconnue. Pour cette vaste région on ne possède que quelques sondages précis effectués par l'expédition Nathorst, en 1898, au large du Spitsberg et qui ont eu pour résultat de réduire singulièrement la profondeur de la « fosse suédoise » signalée en 1868 par A.-E. Nordenskiöld. Plus au nord, c'est l'inconnu complet. En second lieu, en dehors de l'existence du courant polaire le long de la côte est du Grönland, nous ne savons rien ou presque rien de la circulation océanique dans ces parages. Cette lacune est d'autant plus grave que la mer du Grönland est l'exutoire du bassin polaire.

Frappé de cette situation, le duc d'Orléans résolut de faire profiter la science de la campagne qu'il allait entreprendre, et de poursuivre l'exploration océanographique de cette partie de l'océan Glacial.

Pour donner à nos investigations la plus grande portée pratique, nous convinmes de les faire conformément au programme de la Commission internationale pour l'exploration de la mer, et, nous nous entendimes, à cet effet, avec les sections danoise et norvégienne de cette association, dont les champs d'activité confinent précisément à la région que nous nous proposions de par

courir.

En conséquence, la Belgica fut munie de tous les engins et appareils que comporte l'équipement d'une expédition océanographique moderne. Ces instruments provenaient, pour la plupart, du laboratoire central de Christiania et de la station zoologique de Bergen.

J'assumai, outre le commandement du navire, les sondages, les observations météorologiques et celles relatives aux glaces, tandis que les recherches

océanographiques proprement dites étaient confiées à M. Koefoed, naturaliste danois, attaché à la station de Bergen, qui possédait à fond la pratique et la technique des méthodes d'observation et des instruments employés par la Commission internationale. M. Koefoed avait été désigné au choix du prince par le D' Hjort, le savant directeur du service des pêcheries de Norvège et des croisières océanographiques organisées par ce pays, conformément au programme de la Commission internationale.

L'état-major scientifique du bord comportait, en outre, le D' Récamier, M. Mérite, peintre animalier et le lieutenant suédois Bergendahl que je chargeai du service des montres et qui me prêta son concours par des levers hydrographiques.

M. Koefoed n'aura achevé que dans quelques mois l'étude des observations et des collections recueillies au cours de cette campagne; aussi bien, mon dessein est-il de présenter simplement un tableau de l'état des glaces, singulièrement favorable sur la côte nord-est du Grönland, pendant l'été 1905, d'indiquer ensuite nos opérations bathymétriques et les résultats géographiques que cet état favorable des glaces nous a permis d'atteindre.

Le 3 juin la Belgica appareillait de Tromsö à destination du Spitsberg. Après avoir, pendant plusieurs semaines, visité les côtes ouest et nord de cet archipel, le 7 juillet, nous abandonnons cette terre pour entamer notre campagne à travers la banquise polaire du Grönland.

Partant de la côte nord du Spitsberg et faisant route au nord-ouest, nous ne tardons pas à rencontrer les glaces flottantes qui annoncent son approche, et, le 9, par 80° 20' de Lat. N. et 5° 40′ de Long. E., nous arrivons devant la banquise proprement dite.

Nous en suivons alors la lisière de près dans l'espoir d'y trouver une brèche qui nous permettrait de nous engager au travers et d'atteindre le Grönland à une latitude élevée, non pas dans le but d'établir un vain << record », mais afin de porter nos investigations dans une région inexplorée de l'océan Arctique.

Il est vrai que l'expérience des précédentes expéditions aussi bien que celle qu'acquéraient, dès le xvn siècle, les baleiniers hollandais, hambourgeois et anglais, que cette expérience, disons-nous, nous enseigne que ce n'est guère qu'entre les 72° et 74° de Lat. N. que la banquise du Grönland est quelque peu maniable. Mais, en matière de navigation polaire il n'y a pas de loi absolue, et, à l'encontre de nos devanciers, nous venions du Spitsberg, c'est-à-dire du nord; c'était là une circonstance dont il fallait tirer avantage pour vérifier si réellement il était impossible de traverser cette redoutable banquise à une latitude plus élevée.

efforcions-nous de faire également de la route vers l'ouest chaque fois que la configuration de l'iskant ou la brume, notre implacable ennemie, le permettaient. Nous avions ainsi l'iskant proprement dit par tribord et, par båbord, c'est-à-dire du côté du large, non pas la mer libre, mais un belt plus ou moins compact de glaçons, de plaques et de champs de glace.

Dès le début de cette navigation, nous consacrâmes plusieurs heures chaque jour à de minutieuses stations océanographiques >> aussi notre route est-elle désormais fixée sur la carte par la série fort complète de sondages dont elle est jalonnée.

Les sondages que nous effectuons les 15 et 16 juillet sont, entre autres, particulièrement intéressants. Le 15, à deux heures du soir, le sondeur accuse un brassiage de 2 700 mètres; à cinq heures du soir, 9 milles plus à l'ouest, la profondeur est de 2100 mètres; enfin, le 16 à midi, 19 milles à l'ouest de ces stations, elle n'est plus que de 1 425 mètres. A cette latitude (la latitude moyenne des trois stations est 78° 13′), et par 5° de Long. O. de Gr., la cuvette sous-marine se relève donc assez brusquement; mais l'intérêt de ces sondages s'accroîtra encore lorsque nous les comparerons avec ceux effectués plus tard, suivant le même parallèle, mais à 90 milles dans l'ouest.

Le 21 juillet, à deux heures du matin, il semble, enfin, que nous puissions gouverner franchement vers la côte. Nous sommes par 76° 12′ de Lat. N. et 5° 40′ de Long. O. — Le temps est « bouché », il bruine; cependant une grande raie noire barre, dans l'ouest, la grisaille du ciel, révélant l'existence dans cette direction, de grandes masses d'eau assez libre de glaces. En effet, les « clairières» succèdent aux « clairières », les champs de glace laissent entre eux des chenaux praticables et nous pouvons marcher bon train. A huit heures du soir nous avons déjà parcouru 50 milles vers l'ouest et la profondeur qui à quatre heures était de 2 600 mètres, n'est plus que de 1 275 mètres. Le lendemain, 22 juillet, nous reconnaissons l'accore du plateau continental.

Parmi les grands champs de glace tout couverts de hummocks témoignant des incessantes convulsions de la banquise se trouvent maintenant quelques dalles unies de « glace de baie » ou de landice.

Le 24, dans la soirée, la brume qui nous enveloppe depuis plusieurs jours se dissipe complètement et nous jouissons enfin d'une vue très étendue. Nous apercevons alors dans l'ouest des terres élevées : les îles Koldewey et la terre du Roi Guillaume, découvertes en 1870 par l'expédition de la Germania.

Ce sont ensuite de nouvelles alternatives de brume et de courtes éclaircies, et nous n'avançons que très lentement dans le dédale de glaces qui rend si difficile l'accès de la côte.

Le 26 juillet, à onze heures du soir, nous parvenons à une petite distance du cap Bismarck dont nous sépare, cependant, encore un champ de glace assez étendu auquel nous amarrons le navire pour le restant de la nuit. Nous

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