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seur, il faudrait pouvoir constituer une sorte d'éponge ou de réservoir qui débiterait lentement et continûment à la plaine l'eau des soudaines rafales. Il faudrait pouvoir empêcher cette eau de s'écouler en quelques heures en torrents destructeurs ou de tomber immédiatement aux niveaux inférieurs, sans aucun profit pour l'homme. C'est là le rôle des maigres couverts de sabine, des garigues et de chaparrals qui forment le sol sûrement, par le seul moyen possible, et, en définitive, permettent de créer sur les plateaux des pâturages de valeur. Voilà les considérations géotechniques qui nécessitent de la part des autorités une politique de prévoyance. Et certes les Texans n'auront qu'à se féliciter d'avoir eu dans ces questions l'aide éclairée de l'État. Depuis combien de temps nos forestiers français répètent-ils ces mêmes avis!

Dans l'archipel havaïen', c'est un revenu annuel de 125 millions de francs qui est en jeu. Les pentes nord-est de ces îles étaient autrefois couvertes de forêts et l'on sait le pouvoir étonnant que possèdent les forêts équatoriales de condenser l'humidité des vents alisés et de la distribuer lentement et régulièrement. Or, l'industrie de la canne à sucre doit précisément son existence à cette abondante irrigation naturelle fournie par le couvert boisé. Dans son désir d'étendre ses champs aux dépens des bois, le colon a réduit de plus en plus le condensateur et le régulateur des eaux; il a même dépassé la mesure, en sorte qu'aujourd'hui l'irrigation est devenue irrégulière et insuffisante et la précipitation normale se trouve sérieusement menacée.

En fait, la position des planteurs de canne devient assez précaire. De là la néces sité d'enrayer le déboisement, dont les causes ordinaires sont le pâturage, le feu et l'extension de la canne. En vue d'arrêter les progrès du mal et de réparer les dommages causés, les autorités locales, d'accord avec le ministère de l'Agriculture des ÉtatsUnis, ont institué un corps forestier officiel et proposent de poser une limite d'altitude vers 650 m. à la culture de la canne. Les forestiers rapporteurs conseillent l'établissement de réserves sur toutes les montagnes, la mise en défends et, s'il y a lieu, le reboisement des pentes ruinées inutilement ou à tort, la réglementation de l'exploitation et l'assistance experte officielle aux particuliers en toutes matières forestières.

Dans ces pays, où, soit dit en passant, l'administration tire sa raison d'être de la mise en harmonie et de l'encouragement des intérêts particuliers, c'est le grand souci des autorités de ne pas entraver ou gêner l'initiative privée, en l'espèce, d'éviter de sacrifier sans nécessité aux forêts des terrains que l'on pourrait utilement exploiter d'autre façon. Aussi ne peut-on qu'admirer l'esprit dans lequel les géographes agricoles et forestiers s'efforcent de concilier tous les intérêts, d'ailleurs avec un plein succès.

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MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE

EUROPE

La débâcle glaciaire du glacier de Lepénaz (Savoie) en 1818. On donne, comme on sait, le nom de débâcles glaciaires à l'évacuation brusque de lacs généralement temporaires engendrés par les glaciers, par suite de la rupture de la digue de glace qui les soutenait. Si la destruction de la digue, cause déterminante du phénomène diluvien, est toujours produite par les mêmes facteurs la fusion de la glace et la pression de l'eau, la création du lac, cause occasionnelle de la débâcle, est due à des circonstances très diverses, que l'on peut ramener à trois cas principaux.

C'est d'abord celui d'une nappe temporaire formée en suite d'une modification apportée à l'écoulement d'un torrent par un changement de régime d'un glacier. L'événement le plus fréquent est celui d'un glacier occupant un ravin ouvert perpendiculairement à une vallée et qui, pendant ses périodes de crue, vient obturer cette vallée, arrêtant ainsi le cours de ses eaux et les obligeant à s'épandre en nappe vers l'amont. Dans les Alpes l'exemple classique de lac temporaire engendré par une crue glaciaire est fourni par le glacier de Vernagt (Tyrol). Il arrive parfois que le barrage est constitué, non point par la masse même du glacier s'allongeant en dehors de ses limites habituelles, mais par des avalanches se détachant de son extrémité inférieure. Ce cas se trouve réalisé lorsque l'appareil glaciaire se termine sur un escarpement à pic dominant la vallée. Le glacier éprouve-t-il une crue, son front, sans cesse poussé en avant dans le vide, s'éboule en créant en travers de la vallée sous-jacente un monticule de glace qui parfois forme barrage. C'est ce qui s'est produit en 1595 et 1818 dans le Val de Bagnes (Valais), où des avalanches parties du glacier suspendu de Giétroz ayant bouché la vallée, le lac ainsi engendré se vida un beau jour, en ravageant toute la région.

Le second cas de formation d'un lac par un glacier est encore celui d'un lac de barrage, mais dont l'existence, à la différence des exemples précédents, est indépendante des variations de longueur de la glaciation. La présence du réservoir est ici la conséquence d'une perturbation permanente pendant la période actuelle apportée par un glacier à l'écoulement d'un torrent. Cette circonstance s'observe sur les bords du glacier d'Aletsch qui, en bouchant un ravin tributaire de sa vallée, donne naissance au célèbre Märjelensee.

La troisième catégorie comprend les nappes installées sur ou sous le glacier ou encore dans son épaisseur. A cette classe appartient la poche d'eau incluse dans le glacier de Tête-Rousse, dont l'écoulement engendra la terrible catastrophe de Saint

Le volume d'eau mis brusquement en liberté à la suite de la rupture de la digue de soutien est considérable : 1 000 000 de m3 lors des plus fortes débâcles occasionnées par le glacier de Crête-Sèche de 1894 à 1899 (Valais); 600 000 à 700 000 de m3 au Zufallferner (Tyrol) (1887), 100 000 m3 dans le cas de Saint-Gervais.

S'écoulant sur des pentes très rapides, ces masses d'eau exercent en quelques minutes de puissantes actions d'érosion et de transport dans les vallées qu'elles parcourent. Leurs effets peuvent être comparés à celui des chasses d'eau que l'on produit dans nos ports de la Manche, afin de débarrasser leurs chenaux des galets qui les envahissent. Les débâcles glaciaires bousculent, en effet, toutes les formations meubles qu'elles rencontrent et parfois même, d'après certains récits, attaquent la roche en place. Elles décapent les moraines, sapent les rives des torrents dont elles empruntent le cours, creusent de nouveaux talwegs, et, finalement, dans la région où la violence de leur courant s'amortit, déposent, sous forme de cône de déjection, une masse énorme de matériaux, après avoir profondément altéré leur facies primitif. Un des effets les plus remarquables exercés par le passage de ces sortes de déluge est de transformer les matériaux glaciaires en fluvio-glaciaires et même, pourrait-on dire, en dépôts torrentiels.

Tout récemment nous avons montré que ces, inondations sont, non point des épisodes accidentels, comme on le croit, mais des manifestations normales de l'activité glaciaire, se produisant dans toutes les régions soumises à la glaciation, proportionnellement à son intensité, à condition que pendant l'été la température de l'air s'élève suffisamment pour déterminer la fusion de la glace'.

La meilleure preuve c'est que, dans tout massif glaciaire où ce phénomène n'était pas encore connu, il suffit d'étudier attentivement le terrain pour en trouver des traces indiscutables ou, s'il s'agit des Alpes, de fouiller les archives pour découvrir des relations de ces inondations calamiteuses, comme le cas vient de se produire en Tarentaise.

Au cours de ses explorations si intéressantes dans cette partie de la Savoie méridionale, M. Paul Girardin avait reconnu qu'au cours de la grande crue glaciaire qui a marqué la première moitié du XIXe siècle, le glacier de Lepénaz, situé sur le versant nord du massif de la Grande-Casse, avait obturé le cours supérieur du Doron de Champagny, et déterminé la formation d'un lac étendu dont les traces sont encore visibles. Cette digue se rompit et une formidable débâcle ravagea toute la vallée. Les habitants ont gardé le souvenir de cette catastrophe, mais sans pouvoir fournir aucune indication sur sa date précise, non plus que sur ses modalités.

Cette lacune vient d'être comblée par M. Paul Mougin, l'actif inspecteur des Forêts qui dirige avec tant de compétence le service du reboisement dans les Savoies, et qui, en même temps, étudie les glaciers de cette région avec le zèle le plus louable. Ce savant forestier a eu la bonne fortune de découvrir dans les archives de la souspréfecture de Moutiers divers documents officiels relatifs aux méfaits du glacier de

1. Charles Rabot, Glacial Reservoirs and their outbursts, in The Geographical Journal, XXV, 5 mai 1905, et Les débâcles glaciaires, in Bull. de géographie historique et descriptive, no 3, 1905, Paris.

2. Paul Girardin, Les phénomènes actuels et les modifications du modelé dans la haute Maurienne, in La Géographie, XII, 1, 15 juillet 1905.

Lepénaz, tels que les rapports du vice-intendant de Tarentaise à l'intendant général du duché de Savoie et sa correspondance avec divers fonctionnaires, lesquels il vient de publier dans l'excellente Revue alpine de Lyon 1.

Lorsqu'un appareil glaciaire, arrêté pendant ses périodes de stationnement sur une barre rocheuse ou sur une pente très escarpée au dessus d'une vallée, éprouve une forte crue, son front, sans cesse poussé en avant, s'écroule dans le vide, sousjacent, et, par suite, crée à la base de la paroi qui le supporte, un entassement de glaçons plus ou moins considérable, soit, un glacier «<remanié ». D'après les documents recueillis par M. P. Mougin, telle aurait été l'origine du barrage du Doron par le glacier de Lepénaz. Dans la vallée de Champagny l'arrêt du cours des eaux aurait donc été déterminé par le même phénomène que dans le val de Bagnes en 1595 et en 1818.

D'après l'étude du terrain accomplie antérieurement à la publication de M. Mougin, M. Paul Girardin estime, au contraire, que l'obturation de la vallée a été produite par l'allongement du corps même du glacier. Sa moraine latérale de gauche se serait étendue jusqu'à un « verrou » rocheux situé en travers de la vallée et ce serait cette digue qui aurait arrêté le torrent. (Voir La Géographie, XII, 1, 15 juillet 1905, p. 17, et surtout fig. 10, p. 19.)

Toujours est-il que les eaux du Doran ne pouvant s'écouler refluèrent vers l'amont et inondèrent le « plan » où se trouve le petit lac de la Glière ou de la Plagne, en couvrant plus de 50 hectares. Puis, un beau jour, le 15 juin 1818, la digue de glace se rompit, et la masse d'eau qui recouvrait en amont le bassin de la Glière s'écoula comme une trombe à travers la vallée. Tous les ponts, sauf celui de Salins, furent enlevés, « beaucoup de récoltes sur les deux rives emportées, et des hameaux submergés et des moulins endommagés ». Le montant des dégâts éprouvés par les particuliers est évalué à plus de 44 000 livres. Sur la commune de la Perrière la débâcle affouilla profondément les berges du Doron, mais à quelque chose malheur est bon, pourrait-on dire. Cette érosion eut pour effet de faire réapparaître une source minérale enfouie depuis un siècle, et dont l'exploitation donna ultérieurement naissance à la station de Brides-les-Bains.

Après cette catastrophe le glacier de Lepénaz demeura en crue, comme d'ailleurs tous les appareils des Alpes à cette époque, si bien qu'en 1820 le lac s'était reformé, mais cette fois, grâce à des travaux exécutés par les indigènes, le 10 juin l'écoulement de la nappe d'eau s'effectua sans accident. N'empêche que dès l'année suivante le lac était reformé.

En 1826, nouvelle alerte. Le 26 mai, « par suite de chutes d'avalanches de la montagne de la Glière, l'issue de la tranchée ouverte, pour donner l'écoulement au lac formé au pied du glacier, se trouve en partie obstruée » 3. Aussitôt on fait déblayer le canal, et cette fois encore on n'eut point d'accident à déplorer.

D'après les calculs auxquels s'est livré M. P. Mougin en prenant pour base les données numériques fournies par le rapport de l'ingénieur qui visita le lac en 1820,

1. P. Mougin, La débâcle de Champagny, in Revue alpine, XII année, n° 9, 1 sept. 1906.

2. Consulter la feuille 179 de l'agrandissement au 40 000 de l'Etat-Major français.

le volume de la débâcle du 15 juin 1818 aurait été de plus 3 millions et demi de mètres cubes.

Il est vraisemblable de penser que les grandes crues glaciaires de la fin du XVIe siècle et du début du xvIII ont dû, comme celle du commencement du XIXe siècle, déterminer un allongement du glacier de Lepénaz et par suite donner, elles aussi, naissance à des débâcles dans la vallée du Doron de Champagny. Aussi bien la plus grande prudence s'impose dans l'étude des terrains meubles de cette vallée. Toutes ces formations ont dû être profondément remaniées dans la région voisine du talweg, et, dans la partie de cette zone en aval du hameau de Lessonay les blocs qu'on y remarque ont dû être déposés, non par les glaciers, mais par le flot de la débâcle de 1818.

Dans les Alpes, l'étude des débâcles glaciaires n'est pas une simple curiosité scientifique, elle intéresse au plus haut point la sécurité des montagnards. La formation des lacs de barrage pendant les crues glaciaires est la conséquence de conditions topographiques permanentes. Dans toutes les localités où l'allongement d'un glacier a engendré un réservoir temporaire, et par suite a causé le plus souvent une ou plusieurs débâcles, le même phénomène se reproduit ou peut se reproduire à chaque crue glaciaire, comme cela s'est passé au Vernagt, au glacier d'Allalin, au Giétroz. Il importe donc de connaitre tous les glaciers dangereux à ce point de vue et pour cela de fouiller dans les archives administratives, comme l'a fait avec tant de bonheur M. Mougin.

Depuis plus d'un demi-siècle les glaciers des Alpes sont en grande décrue; aussi bien, peut-être, dans un avenir prochain, éprouveront-ils une forte poussée en avant. Connaissant alors par les études des glaciéristes les vallées exposées à être barrées par les glaciers, les forestiers et les ingénieurs pourront surveiller ces appareils et prendre les mesures nécessaires à la sauvegarde des montagnards et de leurs propriétés. CHARLES RABOT.

La production vinicole de l'Italie'. En 1905, le vignoble occupait en Italie une surface de quatre millions d'hectares environ (4046 000) se répartissant ainsi :

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En 1905, la récolte a été déficitaire : elle n'a guère, en effet, dépassé 29 millions d'hectolitres contre près de 41 millions l'année précédente.

Le tableau suivant indique la production par province dans les deux années 1904 et 1903.

4. Moniteur officiel du Commerce, n° 1206, 9 août 1906, p. 593, d'après le Bolletino officiale del ministerio d'Agricoltora, Industria e Commercio.

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