Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE

[ocr errors]

La solifluction, un composant de la dénudation subaérienne'. Dans la théorie actuelle du nivellement de la terre par la dénudation subaérienne, on admet que l'action érosive des rivières s'exerce sur toute la surface du sol, et non suivant des lignes le long des cours d'eau, comme le pensaient les vieux géologues.

Le système érosif, en effet, est constitué non seulement par les rivières et par leurs-affluents, même les plus petits, mais encore par les innnombrables canaux d'alimentation et par les passagers petits filets d'eau qui lavent les flancs des collines après la chute de la pluie ou la fonte de la neige. Ainsi envisagé, le système érosif présente des mailles si serrées qu'il peut être considéré comme agissant sur toute la surface de la terre.

Dans les régions où naissent les canaux d'alimentation du système érosif, le travail de dénudation est facilité par l'exposition des roches aux agents atmosphériques et par le lent écoulement le long des pentes des débris d'altération qui les recouvrent.

Le glissement de ces produits d'altération, en exposant de nouveau les parties saines de la roche aux intempéries, est la cause déterminante de l'action érosive des rivières.

M. Gunnar J. Andersson a observé, dans l'ile des Ours, située dans l'océan Arctique par 74° de Lat. N. environ, de semblables glissements de la couverture du sol, et il en a très bien saisi le fonctionnement.

La couche superficielle du sol est constituée par des fragments de roches, par des graviers et par de fines particules terreuses qui en remplissent les vides. Le tout est capable d'absorber de grandes quantités d'eau. Quand la masse en est saturée, elle forme une substance semi-fluide qui se met à couler lentement le long des pentes.

C'est à ce phénomène du lent glissement, le long des flancs des collines ou des montagnes, de masses de terre saturée d'eau provenant de la pluie ou de la fonte des neiges, que M. G. J. Andersson a donné le nom de solifluction (de solum, sol, et fluere, couler).

Dans l'île des Ours, le sol mouvant forme de véritables courants, semblables à des glaciers en miniature. La région où les débris de roche se saturent d'eau peut être comparée à la région névéenne du glacier. La nappe de boue cheminant dans une dépression du flanc de la montagne figure le glacier qui descend dans la vallée. Les blocs et graviers déposés devant le front du torrent boueux représentent la moraine.

M. G.-J. Andersson a aussi visité les iles Falkland, dans l'hémisphère austral. Pour lui, les « stone rivers » ou rivières de pierres qui coulent vers la mer dans la plupart des vallées de ces îles sont dues au phénomène de la solifluction.

Le glissement de la couche superficielle du sol, ou solifluction, comme le fait observer M. G. J. Andersson, n'était pas un phénomène nouveau dans la science. Il

1. J.-G. Andersson, Solifluction, a component of subaerial denudation, in The Journal of Geology, vol. XIV, 1906, p. 91 à 112, 5 fig.

avait déjà été signalé par de nombreux savants dans la Géorgie du Sud, dans la terre de Graham, dans l'Amérique du Nord, au Spitzberg, en Scandinavie, dans le Tibet, etc.. Tout le monde avant le savant géologue suédois regardait ce phénomène comme une simple curiosité, et personne n'avait songé à le considérer comme un agent très important de la dénudation.

Dans les régions couvertes de végétation le déplacement de la couverture superficielle du sol est très lent et la dénudation se fait très lentement. Par suite, ces régions n'arriveront que très tardivement à l'état de pénéplaine. Dans celles, au contraire, où la végétation est rare, le sol meuble se déplace plus vite et la dénuda tion subaérienne est plus rapide.

Dans l'ile des Ours, la stérilité est presque complète dans l'aire où se produit la solifluction. Les plantes sont noyées dans la boue mouvante.

Les régions polaires et subpolaires, et les régions alpines, où s'accumulent en hiver de puissantes masses de neiges qui fondent en été, sont les régions les plus favorables à la production du phénomène de la solifluction.

Les hautes montagnes, où cet agent de destruction agit avec le plus d'intensité, sont les points du globe qui vivent le moins longtemps. De ce fait, M. Andersson se demande si la pénéplanation pourrait être complète dans une région où la solifluction ne viendrait pas en aide à l'action des eaux courantes.

Quoi qu'il en soit, la solifluction est un puissant agent de dénudation, et la connaissance de ce phénomène aidera à bien faire comprendre la topagraphie si variée et si compliquée de notre planète. G. GARDE.

[ocr errors]

OCÉANOGRAPHIE

L'eau morte 2. Les marines scandinaves donnent le non de dodvand ou eaumorte (dead-water en anglais, totwasser en allemand), à un phénomène étrange quelquefois observé sur leurs côtes et qui sans cause apparente fait perdre à un navire sa vitesse et le fait refuser d'obéir à sa barre. Tout ce que l'on savait à ce sujet était que cet effet ne se produit que dans les endroits où la mer est recouverte d'une couche d'eau douce ou saumâtre.

Au cours de son célèbre voyage, à trois reprises dans les parages de l'île Taïmour (côte nord de Sibérie), le Fram rencontra de l'«eau morte ». Au retour, le professeur Fridtjof Nansen ayant consulté le professeur Bjerknes sur ce phénomène remarquable, celui-ci émit l'idée que la perte de vitesse pouvait être due à la résistance produite par les ondulations à la limite des deux liquides. Le Dr V. Walfrid Ekman fut chargé de recueillir les observations faites par les navigateurs et d'étudier la question expérimentalement. De la part de ce savant océanographe, cette question, qui pour beaucoup a été longtemps une fantaisie ou un mythe, vient d'être l'objet d'une enquête systématique et d'une expérimentation très suivie. Les

1. La mission française de la Martinique l'a également signalé à la montagne Pelée où la couverture de cendres glissait sur les pentes ponceuses qu'elle polissait et moutonnait. Récemment, dans La Géographie, XIV, 2, 15 août 1906, p. 109, M. Mougin montrait la fréquence et l'ampleur du phénomène dans les Alpes de la Maurienne.

2. The Norwegian North Polar Expedition 1893-1896. Scientific Results edited by Fridtjof Nansen.

résultats obtenus, d'un haut intérêt scientifique complètent d'une façon très heureuse la théorie des ondes à la limite de deux liquides de densités différentes, résultats que les expériences de Scott Russell et l'analyse mathématique de G. Stokes et de Lord Kelvin avaient déjà anticipés.

Le phénomène apparaît seulement près des côtes, aux endroits ou une couche d'eau douce ou saumâtre repose, sans se mélanger, sur l'eau de mer plus lourde. Un voilier dans un tel endroit perd sa vitesse et il devient impossible à gouverner: les navires à vapeur obéissent encore à la barre, mais l'effet se traduit par une telle résistance qu'ils perdent presque complètement leur vitesse et cela soudainement sans qu'aucune cause apparente avertisse la navigation. Dans le cas du Fram cité plus haut, le navire eut sa vitesse réduite de 4 1/2 noeuds à 1 nœud seulement. Lorsque le navire arrive à se dégager, il reprend aussitôt sa vitesse normale; plusieurs cas sont connus où un batiment est resté ainsi engagé pendant un jour entier. Lorsqu'un navire « entre en eau-morte» la surface de la mer prend un aspect particulier; en général, on voit, traversant le sillage du navire, une série de rides et d'ondulations caractéristiques s'étendant parfois jusqu'à une assez grande distance de part et d'autre. L'aspect de ces rides varie suivant la force du vent et les courants de surface; elles sont souvent asymétriques. Sous la poupe, au contraire, et autour de l'arrière, une surface d'eau unie semble être entraînée et suivre le mouvement du navire, de telle sorte qu'un bateau en remorque à une petite distance est comme transporté en avant, vers le navire remorqueur.

Dans les fjords norvégiens, longs et étroits, sans fort courants de marées, les conditions sont particulièrement favorables pour que l'eau de rivière s'étende, sans se mélanger, sur l'eau de mer; aussi, dans ces régions, le phénomène est loin. d'être rare. Dans le Kattegat, au contraire, où la densité de l'eau de mer est plus faible, les cas sont moins fréquents, et, dans la Baltique, où la densité de l'eau de mer est plus faible encore, on ne l'observe que très rarement. Une carte jointe au mémoire du D' Ekman (Pl. II) montre la distribution géographique des cas d'«eau morte » observés sur les côtes de la Scandinavie.

On reconnaît aussi que l'«eau morte » est plus forte lorsque le vent souffle de la mer; car, l'eau étant retenue près de la côte, son épaisseur est plus grande, le vent de terre, au contraire, l'emportant vers le large où le mélange des eaux ne tarde pas à se produire.

Certains endroits sont connus pour leur fréquence en « eau-morte » : l'embouchure du Glommen, par exemple, où sa présence est souvent une cause de diffi cultés pour la navigation, très active dans ces parages, les fjords de Kristiania, de Varanger, de Romsdal, etc. Des effets semblables ont été observés dans d'autres parties du monde, mais beaucoup plus rarement: l'embouchure de l'Orénoque et celle du Congo, les détroits de Vancouver, sur la côte mourmane et celle du Labrador. Cependant le déversement de grandes quantités d'eau douce par les fleuves n'est pas une cause suffisante pour produire le phénomène la configuration de ces embouchures et les courants de marées qui s'y font sentir favorisent le mélange rapide des eaux de densités différentes. Cela explique la rareté relative des cas d'« eau morte ».

Il convient de féliciter M. Ekman des expériences qu'il a faites avec le plus grand soin et d'avoir montré l'exactitude de l'explication suggérée par le professeur Bjerknes. Un modèle du Fram se mouvait sur un liquide composé de couches de densités différentes et diversement colorées; la photographie a permis ainsi d'avoir des documents d'une grande exactitude sur une question aussi compliquée. On sait qu'un navire en mouvement, dans des conditions ordinaires, produit des ondulations, des vagues dont la résistance a pour effet de retarder sa marche. De même, dans le cas qui nous occupe, il se produit, à la limite des deux liquides, des ondulations très caractérisées dont l'effet, étant donnée l'énergie nécessaire à leur conservation, produit la résistance observée. Les résultats de ces expériences fournissent une explication très simple des différentes phases du phénomène : perte soudaine de la vitesse, aspect de la surface de la mer ainsi que son mouvement autour du navire, enfin la difficulté de gouverner. Ce dernier point est très important: l'eau douce autour du gouvernail avançant avec la même vitesse que le navire, l'eau salée en-dessous a problement une direction opposée; l'épaisseur de la couche d'eau douce étant relativement très grande (sommet d'une ondulation), il en résulte que la plus grande partie du gouvernail se trouve dans une couche d'eau se mouvant avec la même vitesse et dans la même direction que le navire lui-même, ce qui explique le refus d'obéissance du navire à la barre.

Le travail de M. Ekman comptera parmi les plus intéressants de ceux que nous a fournis l'expédition norvégienne et sera étudié avec fruit par tous ceux qui s'occupent d'océanographie. MANLEY-BENDALL.

GÉNÉRALITÉS

Bibliographie.

Le Service géographique de la Grande-Bretagne (Ordnance Survey) a publié récemment un catalogue des cartes à grande échelle du RoyaumeUni publiées par cet Institut, lequel sera très utile aux géographes comme à toute personne désireuse de se documenter sur la cartographie officielle britannique'. L'œuvre de l'Ordnance Survey comprend :

1o Une carte du Royaume-Uni au 1 000 000, dite de 15,782 miles to one inch2; 2o Une carte du Royaume-Uni au 633 600° dite de ten miles to one inch 3.

3o Une carte du Royaume-Uni au 253 440°, dite de four miles to one inch; deux éditions dont une en couleur.

4° Une carte de l'Angleterre et du pays de Galles au 126 720°, dite de two miles to one inch. En couleurs. Cette carte n'est pas terminée. Les feuilles du nord de l'Angleterre manquent.

1. Catalogue of the 6-inch and 25-inch county maps and town plans of England and Wales the isle of Man and of the one inch und smaller scale maps and other publications of the Ordnance Survey of the United Kingdom to st January 1906. Colonel R.-C. Hellard, R.-E., Director General of the Ordnance Surveys. Londres, 1906.

2. Un inch pour 15,782 milles terrestres anglais.

3. Un inch pour 10 milles.

4. Un inch pour 4 milles.

5° Une carte du Royaume-Uni au 63 360°, dite de one mile to one inch 1, en quatre éditions; l'édition en couleurs la plus complète en voie d'achèvement.

6o Des cartes des comtés du Royaume-Uni au 10 560 (six inches to one mile) qui sont des cartes cadastrales. Elles portent des cotes d'altitude et le figuré du terrain par des courbes équidistantes de 50 pieds (15 m.) jusqu'à l'altitude de 304 mètres. Dans le Lancashire, le Yorkshire, et dans les autres comtés du nord de l'Angleterre et dans ceux de l'Écosse méridionale, le figuré du terrain est complet.

7o Des cartes au 2500° (25 344 inches to one mile 3) des comtés publiées pour les parties cultivées de l'Angleterre et du pays de Galles; également des cartes cadastrales.

Le catalogue est accompagné de spécimens de ces diverses cartes et de cartes. d'assemblage. Ces dernières cartes pour le 10560 et le 2500 indiquent l'hydrographie, les bois, les principales agglomérations, les lignes ferrées, et les grandes routes; elles sont donc très pratiques et leur examen ne donne place à aucune hésitation dans le choix des feuilles dont on peut avoir besoin. Ces cartes d'assemblage constituent en quelque sorte un atlas pour l'Angleterre et le pays de Galles.

Signalons en même temps l'apparition du onzième volume de la bibliographie géographique publiée par le Dr Otto Baschin, sous les auspices de la Société de Géographie de Berlin. Ce volume se refère à l'année 1902; comme les précédents, il constitue un instrument de travail indispensable.

Pour terminer, mentionnons le XVe volume de la Bibliographie géographique annuelle des Annales de Géographie, publiée sous la direction de M. Louis Raveneau, avec le concours de nombreux spécialistes. Ce volume comprend 1066 numéros. Comme les précédents, il se distingue par une sûreté d'information et par un judicieux esprit critique qui font le plus grand honneur à M. Raveneau. Grâce aux quinze volumes que comprend aujourd'hui cette collection, les innombrables personnes qui dissertent aujourd'hui sur la géographie ne peuvent plus alléguer aucune excuse lorsque leur documentation se trouve en défaut. CHARLES RABOT.

Création d'une section tunisienne de la Société de Géographie italienne. Le 15 juillet dernier s'est constituée à Tunis une section de la Société de Géographie italienne présidée par le professeur S. Canino, et dont l'effectif est d'environ 80 membres. Le but poursuivi par la nouvelle association est « de constituer un centre actif d'informations géographiques, économiques et commerciales, lesquelles seront publiées » dans le bulletin de la Société de Rome, et « de devenir une source d'indications sur l'action que la société mère pourra exercer dans la région 3 »).

5

Bourse de voyage autour du monde. Une des bourses de la fondation Albert Kahn a été attribuée, l'an dernier, à M. Chassigneux, agrégé d'histoire et de géo

1. Un inch pour un mille

2. Six inches pour un mille.

3. 25,344 inches pour un mille.

4. Bibliotheca geographica herausgegeben von der Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin. Bearbeitet von Otto Baschin, B. XI. Jahrgang 1902. Berlin, Kügl, 1906. Un vol. in-8° de 531 p.

5. Societa geografica italiana, Bolletino, sér. IV, vol. VII, no 8, août 1906, p. 737 et 743.

« ZurückWeiter »