graphie. M. Chassigneux s'est proposé de faire un voyage d'études dans l'hémisphère sud. Parti de Londres le 15 juin 1905, il a passé sept mois dans l'Afrique australe, parcourant toute la région du Cap au Zambèze, visitant les ports de la côte est, séjournant surtout au Transvaal. Membre de la section de géographie de la « British Association », il a pris part aux travaux et aux excursions du congrès de cette société'. M. Chassigneux s'est dirigé vers la Nouvelle-Zélande où il a passé deux mois, puis de là s'est rendu en Australie. Il terminera sa tournée par l'Argentine. L. PERRUCHOT.

NÉCROLOGIE

Le colonel du génie de Lannoy. Un des géographes dont la France s'honore, le colonel du génie de Lannoy vient de succomber aux suites d'une longue et douloureuse maladie. La Société de Géographie de Paris manquerait à ses devoirs, si elle ne rendait à sa mémoire, l'hommage qui lui est dû.

R. de Regnauld de Lannoy, marquis de Bissy, était savoyard d'origine. Fils d'un ancien ingénieur en chef de la province de Constantine, il passa ses premières années en Algérie; et les impressions de son enfance ne furent peut-être pas étrangères à l'intérêt que lui inspira plus tard le continent africain.

Officier du génie, il retourna, en effet, dès qu'il le put, sur sa terre de prédilection, et fit, en 1871, comme capitaine, sous les ordres du général de Gallifet, la colonne du Mzab. Son levé d'El Goléa y fut remarqué et joint au remarquable itinéraire de la colonne, dressé par le capitaine d'état-major Parisot.

Trois ans plus tard, on le retrouve, détaché de la chefferie de Grenoble, et employé aux levés de précision des environs d'Albertville. Il s'y distingua par ses travaux et notamment par le levé de la difficile position de Conflans.

A cette époque, les découvertes des grands explorateurs africains passionnaient le monde; et malheureusement les cartes d'Afrique étaient trop petites pour contenir les détails de leurs itinéraires. Même celle de Keith-Johnston au 6 000 000o, était insuffisante. Il y avait là une lacune à combler. De Lannoy en prit l'initiative. Dès 1875, son projet fut arrêté. Il résolut d'entreprendre une carte générale à l'échelle du 2000 000, basée sur une projection orthographique méridienne, dans laquelle les longitudes devaient être comptées à l'est et à l'ouest du méridien de Paris, adopté comme méridien initial. Sa carte devait être divisée en 63 feuilles et mesurer, une fois terminée, une surface de 4 m. 20 de hauteur, sur 4 mètres de de largeur.

Accueilli par le colonel Perrier, il fut admis au Service géographique de l'Armée qui mit à sa disposition ses riches archives, son personnel exercé et ses puissants moyens de reproduction.

Désormais l'avenir de son œuvre était assuré, et, en 1881, le directeur du Service

1. Voir, sur ce congrès, l'article de M. Cordier, dans La Géographie, XII, 6, 15 décembre 1905,

put en présenter les vingt-trois premières feuilles à l'Académie des sciences. Il fut bientôt en rapport avec les géographes du monde entier et vit sa nouvelle carte appréciée partout. Elle exigea un travail considérable, des recherches sans fin, des études approfondies, une correspondance des plus actives avec les directeurs des grandes revues européennes, et avec les explorateurs, dont il avait gagné la confiance par ses qualités personnelles et les services qu'il leur rendait.

Il sut ainsi mener son œuvre à bonne fin et jouir de la réputation qu'elle lui avait acquise. En 1884, la Société de Géographie le nomma scrutateur, et, en 1890, elle lui décerna une médaille d'or.

Le commandant de Lannoy voulut alors reprendre ses fonctions d'officier du génie. Il était parvenu au grade de colonel, quand il fut frappé par une grave maladie. Forcé de quitter l'armée, il se retira au château de Bissy, où il vient de terminer une existence consacrée tout entière à sa patrie et à la science.

Désireux de perpétuer sa mémoire, ses contemporains ont déjà donné ses noms patronymiques à deux centres de colonisation du territoire de Jemmapes : Lannoy (Djendel) et Bissy (Bou Fernana).

C'est avec un profond regret que ses frères d'armes et ses anciens chefs ont appris la mort prématurée du colonel de Lannoy. S'il est pour eux et pour sa veuve attristée une consolation, c'est de penser que ses remarquables travaux lui assurent dans l'avenir une place incontestée parmi les officiers du génie et les géographes de son temps.

Général DERRÉCAGAIX,

Ancien directeur du Service géographique de l'Armée.

Le gérant: P. BOUCHEZ.

Coulommiers. Imp. PAUL BRODARD.