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berges. La tranchée dans laquelle coule le Sebou est taillée par lui à pic dans huit, dix, douze mètres d'alluvions fécondes. Il faut arriver au bord pour voir le fleuve, tantôt rapide et resserré dans un coude brusque, tantôt élargi et paisible dans les grandes lignes droites de son cours inférieur.

Ses eaux limoneuses ont attiré sur ses rives une population relativement dense, habitant des douars nomades; gens de mauvaise réputation d'ailleurs, et qui ne semblent pas devoir la perdre. Les riverains du Sebou sont les Beni Hassen. Autrefois cantonnés sur la rive gauche, ils ont été en partie refoulés

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FIG. 16. LE SEBOU, AU DÉBUT DE LA PARTIE MARITIME. DOUAR DES OULAD CHEKOR.
GROUPE D'ENFANTS BENI-HASSEN. (Reproduction d'une photographie de M. Pobéguin.)

par leurs voisins du sud, les Zemmours, et ont débordé sur la rive droite dans le pays Rharb, dont ils ont chassé les paisibles cultivateurs. Le pays est encore très troublé; si l'on joint à cela les difficultés habituelles sur une frontière entre deux tribus, habitat préféré des malandrins des deux bords, on se rend compte que ce voyage n'est pas encore une promenade d'agrément.

Toujours en guerre entre elles, armées de Winchester de contrebande, le principal moyen d'existence de ces populations consiste à se voler leurs troupeaux de bœufs, à tel point que l'on se demande qui élève ces malheureux bestiaux errants; le chrétien de passage est naturellement une proie alléchante. Il nous a fallu plusieurs fois ouvrir nos caisses hors des tentes et faire approcher les gens pour bien les convaincre qu'elles n'étaient pas pleines d'argent; car, cette idée ancrée chez nos hôtes, notre sort eût été réglé. La navigation

du canot et surtout les sondages les ont également fort inquiétés, beaucoup plus, semble-t-il, que les opérations de triangulation à terre. Le commandant Dyé a été témoin forcé, un jour, d'une danse du couteau que n'aurait pas reniée le pire cannibale. Nous avons dû finalement interrompre la navigation du canot, après avoir essuyé quelques coups de feu. Mais ces actes isolés n'étaient que de violents incidents : la pire sensation est certainement, au contraire, l'hostilité sourde et permanente qui ne se manifeste pas directement, et que l'on aperçoit chez tous, depuis le passant croisé sur la route jusqu'aux

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FIG. 17.

- LE SEBOU PRÈS DU COUDE NORD. (DOUAR LEBRARRGA [BENI HASSEN ]).
Reproduction d'une photographie du commandant Dyé.

domestiques de votre intimité. Refus de vous accueillir le soir à l'étape, blessures faites aux chevaux pendant la nuit, trahison des guides, mauvais vouloir des interprètes, refus d'obéissance des muletiers, et surtout espionnage perpétuel, figure immobile dans les roseaux de la berge, confondue avec la terre et qui prend tout à coup relief humain, ou haute silhouette de cavalier, paraissant et disparaissant brusquement sur la falaise au-dessus de notre canot.

Malgré toute la fertilité du pays, bien des années passeront encore où l'on ne verra le Sebou qu'au Mechra el Kçiri, le gué de la route de Larache à Fez, ou bien au Hadjer el Ouâqenf, le gué de la route de Tanger à Fez.

Présentement, c'est peut-être le fleuve le plus absolument vierge de tout travail humain qu'il soit possible de voir dans les régions habitables du globe.

les cultures; le Congo, le Zambèze, le Nil, toutes les grandes artères du continent noir, asservies par la navigation, ont fourni les moyens de le pénétrer : l'oued Sebou coule toujours librement, sans aucune entrave humaine. Pas un pont ne barre ses paysages un peu tristes; avant nous pas un bateau n'y avait navigué; les riverains le traversent seulement sur des outres ou des fascines de joncs; notre canot de toile en a le premier suivi le cours. De ce fait ce fleuve présente en revanche un intérêt pour le géographe et l'ingé

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Nomala EN CHAUME SUR LA RIVE DROITE DU SEBOU. (TRIBUS DU R'ARB [CHERIF MEKNACA].
Reproduction d'une photographie du commandant Dyé.

nieur; on peut y étudier certaines lois de la nature avec la certitude qu'aucun ouvrage étranger n'est venu les troubler. Pas une pierre dans son lit que le fleuve n'ait apportée lui-même. Ses courbes, ses berges, sa pente, son courant, ses remous, sont autant de sources où le savant peut puiser, pour apporter sa contribution à l'histoire naturelle du globe.

En attendant qu'il joue dans l'économie du Maroc le rôle important auquel il est destiné, on peut espérer qu'il sera pour les hydrologistes, une source plus féconde que nos cours d'eau, épuisés par dix siècles de civilisation.

E. POBEGUIN,

ingénieur de la mission hydrographique du Maroc.

Au travers des forêts vierges

de la Guyane hollandaise

Des efforts sont tentés, depuis quelques années, pour exploiter les territoires si riches, mais encore mal connus et difficilement accessibles de la Guyane hollandaise occidentale. Un laboratoire de culture a été créé; une voie ferrée reliant Paramaribo aux régions intérieures du Lawa est en construction. Le Surinam supérieur notamment a éveillé l'intérêt par la richesse et la variété de ses essences forestières, l'abondance des Balatas, l'existence de l'or. Van Genderen, H. Tyndall, Shunk, Woltz, van Drimmelen, K. Martin avaient, après des voyages rapides, attiré l'attention sur l'extrême variété des essences utiles de la forêt vierge, mais aucune reconnaissance sérieuse des gîtes aurifères n'avait été faite, aucun travail d'ensemble n'avait été publié.

En 1900 une expédition organisée par le ministre des Colonies de Hollande et par les États Généraux, avec l'appui financier de quelques particuliers, fut placée sous la direction de M. van Cappelle, professeur à l'école d'agriculture de Wageningen, qui s'occupa plus spécialement de la géologie. Elle comprenait en outre MM. J. Haenen et Gantzert, chargés des relevés topographiques et des observations astronomiques; Tulleken, botaniste; van Cappelle junior, photographe, et van Drimmelen, commissaire du district de Nickerie, qui avait déjà exploré une partie de ces régions.

- M. van Cappelle nous fait connaître les principaux résultats de cette mission dans une «< publication populaire' », ornée de gravures, qui sera suivie de mémoires techniques plus détaillés. Il s'était proposé de remonter le Nickerie en pirogue aussi loin qu'il le pourrait et d'explorer ensuite rapidement la région comprise entre le Nickerie et le Coppename en remontant le Fallawatra, affluent de droite du Nickerie. Ce programme a été à peu près rempli, mais le départ ayant été un peu retardé, l'exploration du Nickerie a dû être écourtée, les basses eaux ayant arrêté toute navigation après vingt jours de voyage.

L'expédition partit de Neuw-Nickerie le 3 septembre; elle avança assez

1. Au travers des forêts vierges de la Guyane Hollandaise, par H. van Cappelle, 1 vol. de 198 p., 1 carte, 20 pl., 60 gr. Paris. Librairie polytechnique Ch. Béranger, 1905.

rapidement dans la région connue du Nickerie inférieur que l'on peut remonter, aux hautes eaux, en chaloupe à vapeur, jusqu'au Fallawatra. Dans toute cette partie, soumise aux marées, le fleuve est bordé par des mangliers en arrière desquels se développent des plantations de canne à sucre, de cacaoyer. La forêt vierge apparaît bientôt avec des Maripas (Maximiliana regia), Avicennias, quelques Papayers des bois (Cecropia peltata), les Palmiers pinots (Euterpe oleracea), quelques Mahots rouges (Mora excelsa) dont le bois est recherché pour les constructions navales; puis, des Manis (Moronobea coccinea) qui fournissent à la fois du bois pour la construction des pirogues et une résine pour leur goudronnage, quelques Copaïers (Copaïfera officinalis). Les premiers Tamariniers des bois (Mimosa guyanensis) apparaissent vers Kalebaskreek; le Mahot rouge prédomine au delà de Karapana avec le Couachi (Quassia amara). On entre dès lors dans le territoire des essences dures; les arbres atteignent des dimensions plus considérables; le Courbaril (Hymenea Courbaril) et le bois amadou (Hernandea guyanensis), font leur apparition, de même que le géant de ces régions, le Kankantrie (Eriodendrum anfractuosum). Des orangers, des citronniers, des barbadines s'observent çà et là sur tout le cours inférieur. En approchant d'Arkonniekreek, le Papayer devient plus rare, de même que les Maripas; le Kakaralli (Lecythis ollaria) avec son bois dur qui résiste aux tarets, les ébènes verts (Bignonia leucoxylon) dominent, avec les bois violets (Copaïfera bracteata) qui deviennent de plus en plus abondants.

Dans toute cette partie inférieure les rives alluviales, marécageuses, sont formées par des argiles grasses. Les alluvions montrent bientôt une disposition nette en terrasses, dans lesquelles on peut reconnaître un lit majeur et un lit mineur; la terrasse supérieure atteint en quelques points 8 mètres de largeur avec une hauteur de 1 m. 50. Le cours devient en même temps beaucoup plus sinueux; le contraste entre la rive concave élevée, parcourue par un courant rapide et la rive convexe basse, sablonneuse, est encore accusé par la végétation : la haute futaie, de plus de 40 mètres de hauteur, atteint la berge concave, tandis que les atterrissements de la rive convexe sont recouverts de taillis, de papayers, de pinots, terminalias, de plantes rampantes, de lianes enchevêtrées en un réseau impénétrable. Au delà de Prakékreek plusieurs couches alluviales distinctes apparaissent dans les berges: des bancs de glaise jaune ou rouge alternent avec des couches d'argile bleu clair, plus grasse. Un premier monticule de 10 mètres de hauteur, formé de terre à porcelaine blanche recouverte par les glaises jaunes, s'observe au delà de Zonnevisch-kreek. Une nouvelle formation intervient alors; ce sont des bancs de grès ferrugineux bruns, résultant de l'agglutination des sables par l'hydroxyde de fer.

Les glaises légères qui forment ici le sol sont le terrain de prédilection des essences dures Ébène vert, Bois violet, Bois de fer (Siderodendron

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