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haute futaie parmi lesquelles le Balata (Mimusops balata) n'est pas rare et son sous-bois formé de palmiers nains épineux, de Broméliacées, de lianes.

Au delà des chutes Blanche-Marie le Nickerie n'avait été remonté par aucun Européen. Le lit du fleuve est généralement encombré de roches; le sous-sol est toujours formé par des schistes orientés N. 20° E. coupés par des dykes de diorites qui déterminent parfois des cascades, comme à la chute Van Eeden. Le Nickerie se divise en quatre bras assez courts. Une nouvelle chute ayant même origine a reçu le nom de cascade des Matoeni (nom indigène des limaçons) par suite de la grande abondance des Mélanies (Melania atra) à sommet tronqué, fixées sur les rochers de la chute. Les mêmes roches schisteuses ou gneissiques (gneiss à hypersthène ?), coupées de filons de diorite, qui provoquent des rapides, se poursuivent jusqu'aux chutes Wilhelmina, point extrême atteint par la mission. Le lit de plus en plus encombré de roches recouvertes d'une plante saxatile (Mourera fluviatilis), la baisse des eaux, obligèrent en effet M. van Cappelle à redescendre le Nickerie avant le début de la saison sèche. Les forêts sont particulièrement riches; sur les rives on observe des Carapas, des Genipas, des Wapas huileux, des Conguerecous (Xylopia), des Courbarils; la forêt, dépourvue de sous-bois (fig. 21), renferme de nombreuses essences précieuses : Ébène vert, Bois violet, Kakaralli, Yarurus, Lettre marbré (Machaerium Schomburgkii), Lettre moucheté (Brosymum Aubletii), des Goyaviers, de nombreux Balatas.

Le voyage de retour jusqu'au camp de Fallawatra permit de nouvelles observations par suite de la baisse des eaux qui avait mis à découvert beaucoup de roches immergées. C'est ainsi qu'à la cascade Blanche-Marie des marmites de géants, creusées par des blocs de diorite ou diabase dont la forme était devenue régulièrement sphérique, étaient émergées; ces marmites renfermaient en outre une sorte de conglomérat de formation récente et de grandes quantités de résine de Courbaril.

M. van Cappelle remonta ensuite pendant quelques jours le Fallawatra, beaucoup moins important que le Nickerie, et parcourut un tracé qu'il avait préalablement fait déblayer sur la rive droite du Fallawatra, sur une longueur de 16 kilomètres. La région est plus accidentée, bien que la nature du terrain soit à peu près la même : des granites et des pegmatites percent des schistes et des gneiss à sillimanite et sont eux-mêmes recoupés par des filons et des dykes de diorite, de diabase, en relation avec de nombreux filons de quartz. bleuatre. Les schistes, moins résistants, occupent le fond des vallées, les crêtes sont formées par des dykes de diorite plus durs qui ont métamorphisé les schistes encaissants. Des conglomérats apparaissent parfois à travers l'épaisse couche de latérite qui recouvre tout le sol. Les mêmes essences précieuses se retrouvent avec la même abondance; les Balatas sont particulièrement nombreux. M. van Cappelle a remarqué qu'ils étaient souvent disposés en rangées

au pied des collines; ils croissent de préférence dans la bande de sable, prove nant de la désagrégation des roches, qui s'est accumulée à la base des collines.

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M. van Cappelle a pu compter 80 Balatas sur une surface d'un hectare dans

chaque exploitation qui peut être renouvelée tous les quatre ans ; la valeur du kilogramme de Balata étant en moyenne de 6 francs, on voit que l'exploitation de ces arbres, si nombreux dans cette région, serait très rémunératrice. La valeur du Balata semble d'ailleurs devoir augmenter assez rapidement, ses propriétés lui permettant de remplacer fréquemment le caoutchouc ou la gutta. Mais, en l'absence de moyens de transport faciles, la mise en valeur de ces forêts exigerait des dépenses très élevées.

La mission van Cappelle avait reçu des subsides importants pour lui faciliter la recherche et l'examen des terrains aurifères. Les essais sur le Nickerie ont été négatifs; ils ont été plus favorables dans le Fallawatra, où les alluvions quartzeuses sont assez riches. L'or a été observé dans les filons de quartz bleuâtre en rapport avec les roches basiques (diorites, gabbros). L'or a donc ici la même origine que dans nos placers de la Guyane française; il provient du démantèlement des filons de quartz associés aux filons de roches basiques. Il semble que l'exploration de M. van Cappelle n'ait fait qu'effleurer la région aurifère. Tout le bassin inférieur du Nickerie jusque vers le confluent du Fallawatra est, en effet, constitué par des schistes ou des gneiss à sillimanite et des granites. Les intrusions de diorite avec filons de quartz n'existent que dans le sud et, aux points extrêmes atteints par la mission sur le Nickerie et le Fallawatra, on observe les mêmes intrusions dioritiques. Il est très probable que cette zone de roches dioritiques aurifères se continue vers l'est-sud-ouest et se relie aux gites de la Guyane française.

J. GIRAUD.

L'allure réelle des eaux et des vents

enregistrée par les sables.

Avec quel intérêt doit-on considérer le modelé de ces sables ou de ces argiles ridés, gauffrés ou lissés qui forment le lit des eaux courantes! Avec quelle attention doit-on analyser ce modelé si expressif des routes ou des talus au lendemain d'une pluie violente! C'est par ces formes du fond du lit qui sont de véritables << moules » qu'on peut juger avec exactitude de l'allure réelle de tous ces multiples et complexes filets d'eau qui constituent le moindre ruisseau.

Observons directement le flot d'un bras de rivière ou d'un petit chenal : tout ce que nous y voyons est si peu révélateur; nous discernons si malaisément le chemin que suivent les diverses molécules; nous découvrons si rarement ces vraies lignes de force où se concentre principalement l'action érosive; nous sommes même si malhabiles à nous expliquer soit la marche précise des courants de surface, soit le sens des tourbillons qui produisent les crêtes d'écume; nous ne savons encore presque rien du jeu obscur et embrouillé des eaux qui marchent... C'est pourquoi nous devons noter avec d'autant plus de soin tout ce relief ténu et varié des fonds récemment délaissés par les eaux; nous devons en noter les moindres détails et surtout les photographier; la véritable hydraulique réelle, - et non plus seulement théorique et mathématique, doit collectionner de nombreux documents de cet ordre, graphiques et photographiques; et la théorie elle-même de l'écoulement des cours d'eau en sortira développée et peut-être renouvelée 1.

1. Nous distinguerions volontiers : 1o une hydraulique mathématique qui prend pour ainsi dire les eaux courantes comme occasion et domaine de problèmes complexes qu'il s'agit de chercher à résoudre; on simplifie nécessairement la réalité, on suppose, par exemple, supprimé un fait aussi important que le frottement des molécules les unes contre les autres, et l'on arrive, grâce à cette simplification, obligée dans l'état actuel de nos connaissances, à des conceptions et conclusions théoriques, parfois très ingénieuses et précieuses; - 2o une hydraulique physique, c'est-à-dire une hydraulique expérimentale, qui consiste à étudier les lois de l'écoulement en simplifiant encore mais pratiquement les conditions naturelles, en étudiant et mesurant successivement, en des cas appropriés, l'action vraie de tel ou tel facteur; 3° enfin une hydraulique plus complexe, encore plus réelle, et, bien entendu, moins avancée que les deux autres, et qui serait l'hydraulique géographique, celle dont il s'agit spécialement dans le présent article. Il va sans dire que ces trois groupes d'études qui diffèrent par l'orientation première, par la méthode et par la fin poursuivie, loin de rester indifférents l'un à l'autre, doivent se rapprocher et s'éclairer réciproquement: c'est tout ce que nous entendons indiquer ici.

I

Il est sur la terre un «lieu » par excellence où se peuvent étudier les actions modelatrices de l'eau en mouvement; ce «lieu », c'est la bande littorale de toutes les mers à fortes marées. Tous les jours, et deux fois par jour, la mer découvre ce qu'elle a précédemment recouvert, et, tandis qu'ils avancent ou qu'ils se retirent, les flots de la mer montante ou descendante gravent dans le sable quelques-uns des traits essentiels de leur manière de se mouvoir et de leur manière d'agir.

M. Jules Girard, à qui nous devons déjà un utile mémoire sur L'évolution comparée des sables, l'érosion, l'abrasion météorique, les dunes, la transformation des rivages (Paris, 1903), s'est posté, si je puis dire, sur ces bandes littorales au moment où la mer les quittait; il les a parcourues, étudiées; il a déchiffré le graphique confus du flot océanique; et il nous apporte, en un très joli volume - bien présenté, bien imprimé, bien illustré, ses observations les plus saillantés avec de très remarquables reproductions d'excellentes photographies 2. Nos lecteurs pourront apprécier eux-mêmes la valeur de ces documents iconographiques, grâce à l'amabilité de M. Jules Girard qui a bien voulu nous communiquer les clichés des figures 22, 23, 24, 25, 26, 27 empruntées à son ouvrage.

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Ce que je voudrais ici louer surtout, c'est cette observation minutieuse du modelé des sables qui viennent d'être maniés et remaniés par l'eau. Par là commence M. Jules Girard, suivant une très judicieuse méthode, et, par là, par l'examen des «sables humides » comme il les appelle, il nous introduit dans l'étude des «sables secs ». Or les sables secs, les sables «relégués », les sables « étalés », les sables <<< transportés » et les dunes sont des phénomènes qui ont été observés et discutés par maints spécialistes; on n'a qu'à rappeler ici les travaux de Berendt, Vaughan Cornish, Otto Baschin, Johannes Walther, Jentzsch, Sokolow, etc.3. On sait que depuis le livre fondamental des frères Weber, Wellenlehre, l'observation des vagues de l'eau, des rides du sable ou de la neige, etc., a pris un si grand développement, qu'elle constitue un chapitre de la géographie physique sous le nom de Kymatologie. Mais à cette étude manque souvent dans une certaine mesure la préface, - qui en devrait ètre pourtant le « proemium » indispensable, je veux dire l'examen des mou

1. Voir La Géographie, IX, 1904, p. 51-55. M. Jules Girard avait déjà publié d'intéressantes observations sur les sables soit dans l'ancien Bulletin de la Société de Géographie, 7o série, vol. XV, 1878, p. 452-462, soit dans la Revue de géographie, XXXI, 1892, p. 81-93.

2. Jules Girard, membre de la Société de Géographie, Le modelé des sables littoraux, Paris, Ernest Leroux, 1905, in-8, 130 p. et très nombreuses illustrations. - Nous sera-t-il permis d'exprimer le désir que dans ses prochaines publications l'auteur, pour faciliter la tâche du lecteur attentif, établisse une encore plus étroite correspondance entre les développements du texte et les divers clichés de l'illustration?

3. Voir un bon article, général et récapitulatif, très clair et très dense: J. Früh, Ueber Dünenbildung, in Zeitschrift für Schul-Geographie, XVII, 1896, p. 332-341. N'oublions pas non plus de mentionner, comme sources d'informations précises, copieuses et très importantes sur les dunes, les grands ouvrages de Georges Rolland, Géologie du Sahara algérien, Paris, Imp. Nat., 1890, in-4, 275 p., et Hydrologie du Sahara algérien, Paris, Imp. Nat., 1894, in-4, 425 p.

4. Brüder Ernst Heinrich u. Wilhelm WEBER, Wellenlehre auf Experimente gegrundet oder über die Wellen tropfbarer Flussigkeiten mit Anwendung auf die Schall und Lichtwellen, Leipzig. Fleischer, 1825, 1 vol. in-8, 574 p.

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