Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Puisque M. Jules Girard s'est ainsi préoccupé de noter, et sous sa forme la plus précise et la plus expressive, la trace matérielle du tourbillon liquide ou aérien à la

[graphic]
[ocr errors]

surface des sables littoraux, nous lui demanderions volontiers de constater encore, par le réseau parlant des rides, en quel sens, de droite à gauche ou de gauche à droite - s'est manifesté le mouvement de rotation. En diverses publications,

FIG. 23.

VUE PRISE PRÈS DE ZUYDCOOTE (DÉPARTEMENT DU NORD).
Amoncellements éoliens sur l'estran.

(Reproduction d'une photographie de M. Jules Girard.)

mon frère, M. Bernard Brunhes et moi, avons essayé d'attirer l'attention sur l'importance de ce sens de rotation; il nous a semblé qu'il fallait définitivement contredire l'affirmation courante par laquelle on opposait les tourbillons atmosphériques aux tourbillons des eaux courantes et l'on déclarait que le sens prédominant de rotation des premiers dans l'hémisphère nord était sinistrorsum (de la droite vers la gauche) tandis que le sens de rotation des seconds paraissait indifférent; nous avons cru pouvoir affirmer, au contraire, que les tourbillons d'eau dans l'hémisphère nord révélaient la même prédominance du sens sinistrorsum que les tourbillons aériens'. Les observations complémentaires que pourrait faire M. Jules Girard sur les littoraux qu'il connaît si bien et qu'il a su si bien étudier seraient d'un intérêt d'autant plus vif qu'elles pourraient porter parallèlement et d'une manière concomitante sur les tourbillons du vent et sur les tourbillons de l'eau.

« Ce ne sont cependant pas les plus violentes agitations, remarque l'auteur avec justesse, qui laissent les traces d'un modelé plus délicatement travaillé. Au contraire, les découpages les mieux exécutés se font par temps calme; au lieu que les larges sillons pénétrant au hasard les uns dans les autres sans apparence de direction systématique, restent l'expression du bouleversement des eaux » (p. 71). On ne saurait mieux dire, ni avec un sens plus exact de la réalité.

Il est certain qu'après avoir étudié les documents et les notes de M. Jules Girard, on se reporte avec une curiosité plus satisfaite à quelques-unes des études fondamentales sur les formes littorales, et par exemple à ce travail de Nathaniel Southgate Shaler, The Geological History of Harbors, qui d'ailleurs se réfère surtout aux ports des États-Unis et qui a le mérite d'être également appuyé sur une très riche et très copieuse illustration (XXIV planches hors texte, reproduisant pour la plupart des extraits typiques de la carte du Coast Survey), ou encore à la plus ancienne et encore si remarquable étude de G. K. Gilbert, The topographic Features of Lake Shores, où sont si bien analysés et représentés tous les phénomênes littoraux d'érosion, de transport, de dépôt, etc. 2.

1. Voir tout spécialement M. Louis Maillard, L'expérience de Perrot, in Bulletin de la Société astronomique de France, janvier 1905, et Bulletin d'astronomie de l'Université de Lausanne, 1 année, 1906, p. 127-137. M. Louis Maillard, professeur d'astronomie à l'université de Lausanne, a repris expérimentalement dans le laboratoire cette question du sens de rotation des tourbillons d'eaux, et il est arrivé à cette conclusion: « Après quoi, nous concluons qu'il serait juste de placer enfin l'expérience de Perrot, si simple et si suggestive, au rang des preuves classiques de la rotation terrestre.

2. On sait combien les volumes du Geological Survey des États-Unis fournissent de documents précieux, si on se donne la peine de les y chercher, pour toutes les questions de géographie physique, et c'en est là une preuve parmi tant d'autres. Le travail de Shaler que nous citons se trouve dans le Thirteenth Annual Report of the U. S. Geological Survey, 1891-1892, Washington, 1893, p. 93-209. Celui de G. K. Gilbert a été publié dans le Firth Annual Report, etc. 1883-84, Washington, 1885. On pourrait encore consulter avec très grand profit quelques-uns des fascicules de l'admirable Geologic Atlas of the U. S. Citons entre autres le n° 80, Norfolk folio, Virginia-North Carolina, qui figure un si remarquable type de flèche littorale, etc. Sur la question très générale des sables marins et lacustres, on pourra consulter un excellent mémoire que nous ne saurions trop recommander: A. Rühl, Beiträge zur Kenntniss der morphologischen Wirksamkeit der Meeresströmungen (Veröffentlichungen des Instituts für Meereskunde und des Geographischen Instituts, Heft 8, Februar 1906, in-8, 44 p. E. S. Mittler u. Sohn, Berlin). Il est accompagné d'une très copieuse bibliographie qui rendra de grands services.

Ce n'est pas le moindre mérite de l'ouvrage de M. Jules Girard que d'être

[graphic]

FIG. 24. VUE PRISE SUR LA PLAGE, PRÈS DE GARTYOU (MÉDOC).

Méandres et diramations à travers lesquelles s'écoulent les eaux emmagasinées dans la partie supérieure de la plage. (Reproduction d'une photographie de M. Jules Girard.)

l'introduction naturelle et logique à d'excellents mémoires comme celui de Shaler ou de G.-K. Gilbert, et à toutes les études générales sur les formes

II

Depuis que l'ensemble de ces lignes a été rédigé, diverses publications ont paru ou achevé de paraître qu'il ne nous est pas possible de ne pas signaler, encore qu'elles doivent être cela s'entend l'objet propre d'études plus étendues et plus complètes.

et nous

Dans les magnifiques volumes édités sous les auspices, aux frais ajouterons, à l'honneur de la Société de Géographie par MM. Masson et Cie, Documents scientifiques de la mission saharienne, mission Foureau-Lamy, par F. Foureau', quelques pages substantielles du tome I sont consacrées à Quelques 'considérations sur les dunes et les phénomènes éoliens (p. 213-237).

L'explorateur qui les a écrites a traversé, depuis 1890, quinze fois le grand Erg et cinq fois l'Erg du sud ou Erg d'Issaouan. C'est dire qu'il doit être, lorsqu'il parle des dunes, spécialement écouté.

Nous ne pouvons pas ici nous étendre sur les problèmes régionaux et locaux qu'il a abordés et qu'il a essayé de résoudre; nous sommes tout prêts à le croire lorsqu'il considère que c'est du sud que viennent les vents les plus actifs; et dès lors c'est du sud aussi que proviennent les apports du vent (p. 230). Mais nous voudrions surtout signaler toutes les importantes conclusions générales qui se dégagent des faits si nombreux, étudiés, photographiés et dessinés.

Il est le premier, croyons-nous, à noter avec cette vigueur une observation que les études poursuivies sur les sables des eaux courantes rendent si logique, si évidente, si éclatante: les formes des sables éoliens, c'est-à-dire les dunes, n'expriment pas l'action réelle et l'allure des vents les plus fréquents, mais l'action réelle et l'allure des vents qui sont prédominants comme vitesse et par conséquent comme force (p. 232).

Tout à fait d'accord sur ce point-ci avec M. Georges Rolland, dont il convient de relire les fortes affirmations (Géologie du Sahara algérien, p. 225), M. Foureau écrit: «Les dunes des grands massifs, et en général toutes les grandes dunes, ne sont pas mobiles » (p. 223). « Elles avancent du moins lentement sous le vent » (p. 224) 2. Mais c'est une marche lente et faible, une sorte de marche sur place, avec des avan

1. Un vol. in-4° (en 3 fascicules) de iv-1210 p. et XXX planches, et 1 atlas de 16 cartes. Voir, comme jugement d'ensemble comportant une juste réserve Henri Froidevaux, Les documents scientifiques de la mission saharienne Foureau-Lamy, in Questions diplomatiques et coloniales, 16 avril 1906, p. 536-545.

2. Pareillement les parties les plus raides des bancs de sable recouverts par l'eau courante, telles que les crêtes de ces bancs vers l'aval semblent se mouvoir sous l'action du courant; en réalité il y a déplacement incessant de quelques grains emportés et remplacement incessant de ces grains par d'autres, si bien que la forme du modelé reste dans l'ensemble identique à ellemême et comme stable, tout en donnant par moments l'illusion qu'elle avance on qu'elle recule. Un de mes élèves, M. Cesare Calciati, et moi, avons observé cela d'une manière très nette et indiscutable sur des bancs de sable de petits chenaux de 12 à 15 centimètres de largeur. Et cela nous a paru reproduire avec exactitude l'apparente marche des dunes sous l'effet du vent. Mon collègue, M. le Prof. R. de Girard, a fait également avec moi la même constatation.

cées et des reculs, de telle manière que les grands espaces bas, allongés en couloirs au milieu des dunes, les feidjs et les gassis, résistent pour ainsi parler à l'invasion.

[graphic][merged small][merged small]

Les cavités creusées par les remous sont encore remplies d'eau; les rides dont elles sont entourées ont été formées sous une nappe d'eau de faible épaisseur.

(Reproduction d'une photographie de M. Jules Girard.)

et au complet remblayage. Pourquoi et comment? M. F. Foureau ne le sait pas encore; mais il constate le fait, en attendant qu'on puisse l'expliquer'.

1. A titre de simple complément, ou mieux encore de simple question soumise au jugement de M. F. Foureau, je recopie quelques notes que j'ai prises moi-même en pleines dunes du Souf

en 1900:

« ZurückWeiter »