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II

Depuis que l'ensemble de ces lignes a été rédigé, diverses publications ont paru ou achevé de paraître qu'il ne nous est pas possible de ne pas signaler, encore qu'elles doivent être cela s'entend l'objet propre d'études plus étendues et plus complètes.

et nous

Dans les magnifiques volumes édités sous les auspices, aux frais ajouterons, à l'honneur de la Société de Géographie par MM. Masson et Cie, Documents scientifiques de la mission saharienne, mission Foureau-Lamy, par F. Foureau', quelques pages substantielles du tome I sont consacrées à Quelques 'considérations sur les dunes et les phénomènes éoliens (p. 213-237).

L'explorateur qui les a écrites a traversé, depuis 1890, quinze fois le grand Erg et cinq fois l'Erg du sud ou Erg d'Issaouan. C'est dire qu'il doit être, lorsqu'il parle des dunes, spécialement écouté.

Nous ne pouvons pas ici nous étendre sur les problèmes régionaux et locaux qu'il a abordés et qu'il a essayé de résoudre; nous sommes tout prêts à le croire lorsqu'il considère que c'est du sud que viennent les vents les plus actifs; et dès lors c'est du sud aussi que proviennent les apports du vent (p. 230). Mais nous voudrions surtout signaler toutes les importantes conclusions générales qui se dégagent des faits si nombreux, étudiés, photographiés et dessinés.

Il est le premier, croyons-nous, à noter avec cette vigueur une observation que les études poursuivies sur les sables des eaux courantes rendent si logique, si évidente, si éclatante: les formes des sables éoliens, c'est-à-dire les dunes, n'expriment pas l'action réelle et l'allure des vents les plus fréquents, mais l'action réelle et l'allure des vents qui sont prédominants comme vitesse et par conséquent comme force (p. 232).

Tout à fait d'accord sur ce point-ci avec M. Georges Rolland, dont il convient de relire les fortes affirmations (Géologie du Sahara algérien, p. 225), M. Foureau écrit: «Les dunes des grands massifs, et en général toutes les grandes dunes, ne sont pas mobiles » (p. 223). « Elles avancent du moins lentement sous le vent » (p. 224) 2. Mais c'est une marche lente et faible, une sorte de marche sur place, avec des avan

1. Un vol. in-4° (en 3 fascicules) de iv-1210 p. et XXX planches, et 1 atlas de 16 cartes. Voir, comme jugement d'ensemble comportant une juste réserve Henri Froidevaux, Les documents scientifiques de la mission saharienne Foureau-Lamy, in Questions diplomatiques et coloniales, 16 avril 1906, p. 536-545.

2. Pareillement les parties les plus raides des bancs de sable recouverts par l'eau courante, telles que les crêtes de ces bancs vers l'aval semblent se mouvoir sous l'action du courant; en réalité il y a déplacement incessant de quelques grains emportés et remplacement incessant de ces grains par d'autres, si bien que la forme du modelé reste dans l'ensemble identique à ellemême et comme stable, tout en donnant par moments l'illusion qu'elle avance on qu'elle recule. Un de mes élèves, M. Cesare Calciati, et moi, avons observé cela d'une manière très nette et indiscutable sur des bancs de sable de petits chenaux de 12 à 15 centimètres de largeur. Et cela nous a paru reproduire avec exactitude l'apparente marche des dunes sous l'effet du vent. Mon collègue, M. le Prof. R. de Girard, a fait également avec moi la même constatation.

cées et des reculs, de telle manière que les grands espaces bas, allongés en couloirs au milieu des dunes, les feidjs et les gassis, résistent pour ainsi parler à l'invasion

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Les cavités creusées par les remous sont encore remplies d'eau; les rides dont elles sont entourées ont été formées sous une nappe d'eau de faible épaisseur.

(Reproduction d'une photographie de M. Jules Girard.)

et au complet remblayage. Pourquoi et comment? M. F. Foureau ne le sait pas encore; mais il constate le fait, en attendant qu'on puisse l'expliquer '.

1. A titre de simple complément, ou mieux encore de simple question soumise au jugement de M. F. Foureau, je recopie quelques notes que j'ai prises moi-même en pleines dunes du Souf en 1900:

D'ailleurs, si les formes de dépôt produites par les courants sont assez fixes, ou plus exactement si elles varient seulement avec les variations de la vitesse, et, somme toute, de la force vive, il ne faudrait pas en conclure que le « domaine du vent » fût, moins que le « domaine des eaux courantes », le théâtre d'attaques et d'usures violentes. L'érosion éolienne est très puissante (p. 217), et l'action de surface exercée par le vent, à l'aide des grains de sable en mouvement qui sont ses outils, est d'autant plus vive que ces matériaux ne s'élèvent que peu au-dessus du sol; ils sont plutôt traînés et roulés qu'emportés, ou proprement transportés. « Le courant chargé de particules rocheuses ou de sable, dit M. F. Foureau, reste à la partie la plus basse qui possède ainsi le pouvoir d'érosion le plus considérable; ce courant actif, si je puis employer cette expression suit naturellement une direction parallèle à celle du sol et dans son voisinage immédiat1. »

De là résultent l'usure et la sculpture de toutes les parties résistantes du sol; M. F. Foureau, à son tour, a examiné quelques-unes des formes les plus fréquentes de cette usure superficielle 2.

Certaines des observations de M. Foureau ont porté sur le mécanisme des phénomènes élémentaires, et à ce titre deux surtout méritent d'êtres rapportées ici et jointes au dossier du présent article.

«Il est facile de voir se produire mécaniquement le phénomène de l'érosion éolienne si le hasard vous fait stationner sur une grande dune après une pluie un peu importante, alors que la masse des sables est imbibée d'humidité et pour un moment quasi solidifiée. A cet instant, si le vent survient, on observe sur le sommet de la dune la formation rapide de dentelures capricieuses, à mesure que le vent assèche le sol, et en enlève sans arrêt des particules ténues qu'il transporte au loin. On assiste ainsi à la fabrication sur place d'une dentelle très analogue, sinon identique, à celle que crée une longue série de vents chargés de sable, sur des grès ou sur des calcaires très tendres. Cette dentelle de sable disparaît du reste aussitôt que la superficie de la dune rongée par le vent a complètement évaporé son humidité; les golfes se comblent alors, et la crête a vite fait de reprendre sa forme primitive,

laire à la direction générale des bandes de dunes, et si l'on calculait sur la coupe ainsi faite la hauteur de sable accumulé aux différents points, la somme totale du sable accumulé resterait à peu près constante pour toutes les lignes et coupes qu'on pourrait ainsi faire. Le vent agit par compensation; là où il élève un petit massif plus considérable, ce massif est une protection plus efficace pour la zone qui est au delà; et il est d'ordinaire suivi d'un creux ou d'une dépression en rapport avec ses propres dimensions; là, au contraire, où se trouve une dépression, le vent se précipitant comme dans un couloir emporte le sable qui va se déposer plus loin pour édifier un massif qui sera en rapport avec la quantité de sable qui aura pu aisément franchir la partie basse d'amont. Et, de même après les zones de dunes actives les plus hautes, comme celles de la région d'Ourmés (Bou-Ourmės), viennent précisément les surfaces planes ou les couloirs les plus larges, comme la plaine occupée maintenant par les oasis du Souf, et qu'on peut légitimement appeler l'Oued-Souf. Plus au sud, les dunes sont aussi plus hautes, et les couloirs régulièrement plus larges. »

Est-ce un fait général dans tout l'Erg? Je le demande moi-même à celui qui le connaît si bien.

1. Documents scientifiques de la Mission saharienne, I, p. 216.

2. Voir I, p. 217, et planches XVIII et XIX. Voir aussi sur cette question notre mémoire : Érosion tourbillonnaire éolienne, contribution à l'étude de la morphologie désertique, in Mem. della Pont. Accad. Rom. dei Nuovi Lincei, XXXI, 1903, p. 129-148, et H. Schirmer, Nouvelles études de morphologie désertique, in La Géographie, VIII, 1903, p. 221-224.

en s'enveloppant d'un panache de poussière blonde composée de sable très fin soulevé, même par un vent de moyenne vitesse1».

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Empreintes déterminées en différents sens par les remous des courants de l'embouchure de la Seine, sur un sol composé
de matériaux de densité différente: sables purs, coquilliers et vasards.

(Reproduction d'une photographie de M. Jules Girard.)

Et voici un cas typique de creusement tourbillonnaire :

« J'ai vu, de mes yeux, le phénomène se produire et faire, en une seule journée

D'ailleurs, si les formes de dépôt produites par les courants sont assez fixes, ou plus exactement si elles varient seulement avec les variations de la vitesse, et, somme toute, de la force vive, il ne faudrait pas en conclure que le « domaine du vent » fût, moins que le « domaine des eaux courantes », le théâtre d'attaques et d'usures violentes. L'érosion éolienne est très puissante (p. 217), et l'action de surface exercée par le vent, à l'aide des grains de sable en mouvement qui sont ses outils, est d'autant plus vive que ces matériaux ne s'élèvent que peu au-dessus du sol; ils sont plutôt traînés et roulés qu'emportés, ou proprement transportés. «Le courant chargé de particules rocheuses ou de sable, dit M. F. Foureau, reste à la partie la plus basse qui possède ainsi le pouvoir d'érosion le plus considérable; ce courant actif, si je puis employer cette expression suit naturellement une direction parallèle à celle du sol et dans son voisinage immédiat 1. »

De là résultent l'usure et la sculpture de toutes les parties résistantes du sol; M. F. Foureau, à son tour, a examiné quelques-unes des formes les plus fréquentes de cette usure superficielle 2.

Certaines des observations de M. Foureau ont porté sur le mécanisme des phénomènes élémentaires, et à ce titre deux surtout méritent d'êtres rapportées ici et jointes au dossier du présent article.

«Il est facile de voir se produire mécaniquement le phénomène de l'érosion éolienne si le hasard vous fait stationner sur une grande dune après une pluie un peu importante, alors que la masse des sables est imbibée d'humidité et pour un moment quasi solidifiée. A cet instant, si le vent survient, on observe sur le sommet de la dune la formation rapide de dentelures capricieuses, à mesure que le vent assèche le sol, et en enlève sans arrêt des particules ténues qu'il transporte au loin. On assiste ainsi à la fabrication sur place d'une dentelle très analogue, sinon identique, à celle que crée une longue série de vents chargés de sable, sur des grès ou sur des calcaires très tendres. Cette dentelle de sable disparaît du reste aussitôt que la superficie de la dune rongée par le vent a complètement évaporé son humidité; les golfes se comblent alors, et la crête a vite fait de reprendre sa forme primitive,

laire à la direction générale des bandes de dunes, et si l'on calculait sur la coupe ainsi faite la bauteur de sable accumulé aux différents points, la somme totale du sable accumulé resterait à peu près constante pour toutes les lignes et coupes qu'on pourrait ainsi faire. Le vent agit par compensation; là où il élève un petit massif plus considérable, ce massif est une protection plus efficace pour la zone qui est au delà; et il est d'ordinaire suivi d'un creux ou d'une dépression en rapport avec ses propres dimensions; là, au contraire, où se trouve une dépression, le vent se précipitant comme dans un couloir emporte le sable qui va se déposer plus loin pour édifier un massif qui sera en rapport avec la quantité de sable qui aura pu aisément franchir la partie basse d'amont. Et, de même après les zones de dunes actives les plus hautes, comme celles de la région d'Ourmés (Bou-Ourmés), viennent précisément les surfaces planes ou les couloirs les plus larges, comme la plaine occupée maintenant par les oasis du Souf, et qu'on peut légitimement appeler l'Oued-Souf. Plus au sud, les dunes sont aussi plus hautes, et les couloirs régulièrement plus larges. >> Est-ce un fait général dans tout l'Erg? Je le demande moi-même à celui qui le connaît si bien.

1. Documents scientifiques de la Mission saharienne, I, p. 216.

2. Voir I, p. 217, et planches XVIII et XIX. Voir aussi sur cette question notre mémoire : Érosion tourbillonnaire éolienne, contribution à l'étude de la morphologie désertique, in Mem. della Pont. Accad. Rom. dei Nuovi Lincei, XXXI, 1903, p. 129-148, et H. Schirmer, Nouvelles études de morphologie désertique, in La Géographie, VIII, 1903, p. 221-224.

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