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Dans une autre publication toute récente, nous pouvons, en effet, puiser d'intéressantes informations sur les effets du vent sur les sables. Il s'agit des Verhandlungen des fünfzehnten Deutschen Geographentags zu Danzig', c'est-à-dire du compterendu de l'assemblée annuelle des géographes allemands réunis l'an dernier à Danzig (du 13 au 15 juin 1905).

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On sait combien ces réunions, sous l'influence de la sérieuse discipline des écoles géographiques allemandes, sont organisées avec méthode, et combien ces comptes-rendus d'assemblées nationales abondent souvent en communications de première importance.

Le choix de Danzig, comme siège du Geographentag, imposait tout naturellement à l'attention les phénomènes littoraux, et une séance a été consacrée presque tout entière à la << morphologie de la formation des côtes et des dunes ». A la suite de la présentation d'un des travaux, celui du Dr F. Solger (Berlin), sur les formes de dunes fossiles dans la plaine de l'Allemagne du nord, il s'est élevé une discussion très vive, contradictoire et très nourrie 2. Par ailleurs il convient de lire également l'importante communication moins discutée - faite

par un homme qui a étudié

FIG. 28. PETIT ILOT DE SABLE MIS A DÉCOUVERT

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DANS UN COURS D'EAU EN DÉCRUE (INN).

Cette photographie d'un petit îlot de sable d'un des bras de l'Inn a été prise du tablier d'un grand pont près de Kundl (Tirol). La figure ainsi vue de haut en bas représente en plan cet ilot triangulaire (de 2 m. environ de base): les délicats rebords des diverses terrasses en miniature qui correspondent aux stades successifs de la décrue du cours d'eau se marquent donc sur la figure en courbes qui sont tout à fait analogues à des courbes de niveau d'un lever topographique. De plus, sur le côté gauche de l'îlot triangulaire, entre l'ilot et l'épi de maçonnerie que l'on voit partiellement sur la gauche, - s'aperçoivent très nettement les empreintes des minuscules et multiples mouvements tourbillonnaires qui se sont produits et inscrits sur le sable. Reproduction d'une photographie de M. Jean Brunhes (Septembre 1903).

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depuis de longues années les dunes des rivages de la mer Baltique, le Dr. F. W. Paul Lehmann, de Stettin: Die Gesetzmässigkeit der Alluvialbildungen an den deutschen Ostseeküsten "

1. Berlin, Dietrich Reimer, 1905.

2. F. Solger, Ueber fossile Dünenformen im norddeutschen Flachlande, in Verhandlungen, des fünfzehnten Deutschen geographentags, p. 159-172, avec 2 planches hors texte, dont une carte: Südlicher Teil des Inlanddünengebietes zwischen Birnbaun und Kreuz (Provinz Posen) (extrait de la carte d'Etat-major à 1:100 000). Voir pour la discussion qui a suivi cette communication Bericht, p. XXX-XXXIII, Loc. cit.

3. Verhandlungen des fünfzehnten Deutschen geographentags, etc., p. 131-158. Voir aussi comme résumé de tous ces débats de Danzig un très substantiel et fidèle compte rendu de F. Thorbecke, Der XV. deutsche Geographentag in Danzig, in Geographische Zeitschrift, XI, 1904;

III

On pourrait pousser encore plus loin l'analyse des phénomènes initiaux, et nous. entrerions alors dans des études de physique et de mécanique appliquée; comment

FIG. 29.

- VUE PRISE AU SUD DE FAYOUM (ÉGYPTE), A LA LIMITE MÊME DU DÉSERT DE KAROUN.

Fond du lit d'un petit canal d'irrigation à sec, de 1 m. 10 de largeur. L'eau a été lancée à gros bouillons dans le canal, et elle a été suspendue brusquement; d'autre part le fond était constitué par du sable essentiellement modelable; si bien que nous avons là un cas exceptionnel où les « gestes » de l'eau s'écoulant sous un volume assez fort ont pu s'inscrire sur le sol et y rester gravés. L'eau s'est écoulée dans le canal de la gauche vers la droite. La bande noire qui se voit vers le bas de la figure est la bande d'ombre forte et dure projetée sur une partie du canal par le rebord de la petite rive en surplomb.

1

Reproduction d'une photographie de M. Jean Brunhes (février 1899).

agissent et moyennant quelles conditions peuvent agir les forces diverses qui exercent leurs actions sur les sables littoraux? Le flux met en mouvement des sables très humides et les peut mettre en mouvement parce que l'eau dont ils sont imbibés et les particules d'air dont ils sont imprégnés non seulement facilitent mais conditionnent leur mobilité. Le vent, au contraire, transporte les sables secs. Quel est le processus exact de ces divers mouvements? Sable, eau et air sont inégalement distribués dans la dune littorale; et c'est leur inégale distribution qui explique les variables effets des eaux mobiles et de l'air mouvant; à quel moment l'imbibition est-elle suffisante pour que le sable soit «sable boulant » ou « Triebsand »?

Il faudrait ici rappeler les vieilles études de Berendt, publiées en 1868 dans les

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Schriften der Physikalisch-ökonomischen Gesellschaft zu Königsberg i. P.; il faudrait surtout résumer les résultats des travaux récents (1901-1903) de W. Spring, profes seur à l'université de Liège ; il conviendrait, enfin, de retenir les principales conclusions de l'intéressant mémoire publié en 1904 par K. Soecknick dans les Schriften de Königsberg 2.

Reprenant, complétant et perfectionnant les expériences de Berendt sur la formation du « Triebsand », M. K. Socknick s'est efforcé, sans y parvenir encore complète

((

1. Voir le Bulletin et les Mémoires de la Société belge de Géologie des années 1901, 1902 et 1903. 2. Triebsand-Studien, in Schriften der physikalisch- ökonomischen Gesellschaft zu Königsberg i. P., XLV, 1904, p. 37-48.

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GRAND ERG. RÉGION DE L'OUAR. CAMPEMENT DU 27 JANVIER 1896 (ANGLE 83").

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DÉTAIL DES RIDES DE SABLE, ET AU PREMIER PLAN EFFET DE CREUSEMENT

PRODUIT PAR UN REMOUS.

ment, d'élucider ce problème : non seulement comment les sables boulants se forment-ils, mais comment les sables se maintiennent-ils à l'état de « Triebsand »? On appelle « Triebsand » tout sable qui a absorbé plus d'eau qu'il ne pourrait en contenir par simple capillarité et qui est devenu conséquemment « breiig-flüssig », c'est-àdire bouillie fluide; son volume en est accru, et cette augmentation de volume qui, par rapport au volume du sable déposé, varie de 5 à 20 p. 100, « paraît » dépendre de la grosseur des grains. Ainsi que l'avait déclaré Berendt, ce n'est pas la simple infiltration horizontale qui peut suffire à expliquer la formation du « Triebsand ». Il s'ensuit que la surface de la région des dunes présente de nombreux points de « Triebsand» surtout après la fonte des neiges ou après des pluies persistantes; et que les points de prédilection du « Triebsand » sont les parties en bordure des versants inférieurs de la longue pente des dunes, ces versants inférieurs eux-mêmes, ainsi que le fond des petites vallées longitudinales et transversales entre les dunes. Et Soecknick, comme confirmation de ces informations, invoque et cite un travail de O. Zweck, Die Bildung des Triebsandes auf der Kurischen und Frischen Nehrung (Königsberg, 1893).

M. Soecknick termine son mémoire en montrant comment les plantations des dunes doivent aboutir à une réelle fixation des sables pour une double raison : l'effet produit par les racines des végétaux est tout aussi bien d'empêcher la formation des sables boulants que d'arrêter le transport des sables secs par le vent; les eaux, comme les vents, qui travaillent différemment, mais de concert, à maintenir et à développer la mobilité des sables dans les dunes, rencontrent dans la végétation un ensemble de forces et de faits qui les contrarient, et qui, en fin de compte, s'opposent victorieusement à leur action propre.

Une dépression littorale, une flèche, une plage tout entière, tout aussi bien qu'une dune, sont en effet, nous le répétons encore une fois, des « touts » complexes; et ce ne sont pas ces phénomènes relativement permanents qui peuvent rendre compte des phénomènes minuscules et transitoires; mais ce sont les phénomènes plus petits, les phénomènes « miniature », mais aussi plus clairs et l'on dirait presque plus parfaits, qui permettent de décomposer, d'expliquer et de débrouiller les formes plus stables.

JEAN BRUNHES.

MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE

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EUROPE

Chute de poussières dans les Alpes de la Savoie méridionale. La Revue alpine, de Lyon, qui chaque mois fournit de si précieuses informations sur une foule de phénomènes de divers ordre dont les Alpes sont le théâtre, publiait dans son numéro du 1er mai dernier (p. 150) la note suivante, datée du 21 avril, sous la signature du guide Victor Mangard, de Val-d'Isère (haute Tarentaise) :

« Val-d'Isère. Le vent du sud-est, qui règne depuis une quinzaine, nous a amené une douce température.

« Au moment de l'éruption du Vésuve un vent violent, qui nous arrivait d'Italie, nous a apporté des cendres du volcan.

«La neige a pris une teinte grisâtre; on a même ramassé des boulettes de cendre de la grosseur d'une fève, dont la matière est brillante. >>

A notre demande, le guide Victor Mangard nous expédia un échantillon de la poussière qu'il avait recueillie, une fiole pleine, preuve de l'abondance de la chute.

M. J. Giraud, maître de conférences de minéralogie à l'Université de ClermontFerrand, qui a dirigé les observations des paroxysmes du mont Pelé après le départ de M. Lacroix, et qui auparavant avait pris une part très importante à l'exploration du volcan, a bien voulu faire l'analyse de la substance recueillie sur la neige par le guide Mangard.

Sur les résultats de cette analyse, M. J. Giraud nous a adressé la note suivante :

« La poussière gris bleuâtre, très fine, rappelle, à première vue, certaines cendres volcaniques, celles des éruptions de mai 1902 de la montagne Pelée, par exemple, mais l'existence de paillettes de mica blanc, discernables à la loupe, met en garde contre cette appréciation.

«La poudre ne renferme aucune parcelle attirable à l'aimant; elle est partiellement attaquée par les acides dilués.

« Au microscope elle apparaît formée par des grains dont la dimension moyenne est comprise entre 0 mm. 03 et 0 mm. 14; la plus grande partie de la masse est constituée par des grains de 0 mm. 03 à 0 mm. 07; beaucoup atteignent à peine 0 mm. 004; les plus gros ont des dimensions variant entre 0 mm. 25 et 0 mm. 28. « Les grains appartiennent, en majeure partie, à la calcite, en petits rhomboèdres nets et mesurables; on observe aussi de nombreuses petites lamelles d'un mica blanc à axes très rapprochés qui parait être la damourite. Le troisième élément,

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