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de vent violent, d'abord sous le vent de l'obstacle (qui dans l'occurrence était ma tente), une excavation en forme de demi-lune, de près de 80 centimètres de profondeur, alors qu'à l'orientation opposée, c'est-à-dire au vent, s'élevait une petite dune de 40 à 50 centimètres, allant se terminer en pointe à 4 ou 5 mètres en arrière; à droite et à gauche de l'obstacle, par rapport à la direction du vent, on voyait en même temps se creuser deux sillons. Il est superflu d'indiquer que, l'obstacle enlevé, comme nous nous trouvions sur une plaine de sable, il a suffi d'une demi-journée de vent pour remettre toutes choses en place, ce qui n'aurait pu se produire si l'obstacle avait présenté un caractère permanent. Dans ce dernier cas, en effet, l'obstacle aurait donné naissance à une nouvelle dune stable qui, en peu de temps, eût escaladé son sommet et pris la forme ordinaire de ses voisines 1».

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Retenons surtout le fait du creusement si rapide d'un trou de 80 centimètres de profondeur par la « tactique» si puissante du mouvement tourbillonnaire. Beaucoup des « creux » des régions de dunes, beaucoup de ces creux situés à l'aval ne s'expliquent, en effet, que par les tourbillons proprement dits ou par des mouvements du même type, plus complexes, que nous appellerons d'un mot moins précis, les remous.

Nous remercions M. F. Foureau et ses habiles et obligeants éditeurs, MM. Masson et Cie, de nous permettre de reproduire ici une des figures des Documents scientifiques de la Mission saharienne, qui montre très bien sur la droite un exemplaire de ces <<< creux » (voir fig. 30).

Et, pour illustrer avec encore plus de détail l'enregistrement par les sables des moindres courants décomposés d'un fort courant atmosphérique, je joins à cet article la reproduction encore inédite d'une très belle photographie saharienne qui m'a été obligeamment communiquée par son auteur, le RP. Huguenot, des Pères Blancs, à El Goléa (voir fig. 31).

Au même titre que les volumes de Foureau, nous devons indiquer la superbe publication des Résultats scientifiques de l'expédition Sven Hedin 2. Cette œuvre, éditée aux frais du parlement suédois, comprendra, lorsqu'elle sera complète, un atlas de cartes en deux volumes et six volumes de texte in-4. Dans le vol. I et dans le vol. II déjà parus, il convient de signaler quelques chapitres qui sont d'une souveraine importance pour l'étude des sables désertiques :

Le vol. I: The Tarim River, contient beaucoup de faits dignes d'examen, surtout dans la 3o partie : The Tschertschen Desert (de la p. 311 à la fin), et surtout dans le chapitre XXII de cette 3o partie: On Dune-Formation and Sandy Thresholds (p. 349-369). La Géographie a déjà eu l'occasion de parler des dunes du Tarim et des dépressions allongées qui les séparent, dépressions dites «bajirs ». — Puisque nous venons de traiter des mouvements tourbillonnaires, notons ici la figure de la page 321 qui représente les modes de déviation des courants au

1. Documents scientifiques de la Mission saharienne, I, p. 223.

2. Sven Hedin, Scientific Results of a Journey in Central Asia, 1899-1902. Stockholm, Londres et Leipzig.

3. A. de Lapparent, Le dernier voyage de Sven Hedin, in La Géographie, 1904, X, p. 195-200.

milieu des sables et les mouvements tourbillonnaires engendrés par ces déviations. Le vol. II est encore plus riche et plus fourni en documents se rapportant au sujet qui nous occupe. Il n'y a pas moins de cinq chapitres qui sont à lire d'un bout

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Vallonnements et cuvettes creusés par le mouvement tourbillonnaire provenant de la rencontre du courant littoral avec la houle.
(Reproduction d'une photographie de M. Jules Girard.)

à l'autre Chap. XXVI, The Deserts of Ordos, Kum-Tagh, Kaschgaria and Ab-Bel-Kum, 379-385. Chap. XXVII, Altitude of Dunes, Movement of Dune-Masses, p. 396-409.

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très suggestif qui demanderait à lui seul une exposition et une discussion propres). - Chap. XXIX, Sand-Currents Ripple-Marks Waves and Dunes, p. 426-440 (chapitre capital pour les faits ici discutés; p. 428 et 429, reproductions très curieuses de types divers de rides de sable). Chap. xxx, Origin of Sand in the Tarim Basin: Disintegration Products, p. 441-461 (au point de vue géographique, la planche 51, face à la p. 458, figure d'une manière très parlante le transport des produits de démolition dans toute la partie orientale du bassin du Tarim: on constate comment la cuvette tend à se combler par les apports du vent et de l'eau, du vent qui transporte les sables de l'ouest vers l'est (flèches rouges) et de l'eau qui ruisselle et ravine sur tout le pourtour de la grande dépression (flèches bleues).

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En dehors même de l'atlas, le texte de l'œuvre de Sven Hedin est accompagné de figurations cartographiques et d'un très grand nombre de belles planches hors texte en photocollographie.

D'après l'auteur, le désert de Takla-Makan, par son étendue, par sa continuité ininterrompue et par le volume de sable qu'il contient, l'emporte sur tous les autres déserts asiatiques et même sur tous les autres déserts de sable de l'univers. C'est là que Sven Hedin a observé et exactement mesuré des dunes de 89 m. 5 de hauteur; et si d'autres explorateurs ont donné des hauteurs de dunes beaucoup plus considérables (Loczy et Largeau, 500 m.; Obrutschev, 200 m., etc.), ces évaluations n'ont jamais été qu'approximatives, et ont été même faites quelquefois par rapport au sol rocheux qui est censé supporter tout le sable.

On comprend qu'ayant pu relever et colliger de très nombreuses observations en de semblables domaines, le voyageur suédois nous ait apporté d'utiles contributions aux problèmes confus et complexes de la formation des dunes, de leur déformation, de leur marche, etc. Quelle que soit l'opinion que l'on ait et quelle que soit la conclusion à laquelle on croit devoir aboutir, on ne peut pas négliger des informations précises comme celles que résume, par exemple, la figure de la p. 409 du vol. II : Relations entre la longueur, la hauteur et les pentes des dunes dans la partie occidentale du désert de Takla-Makan. De même la figure de la p. 438 est faite des trois croquis très démonstratifs mettant bien en lumière la loi fondamentale du déplacement des dunes, ou plus exactement des petites dunes, des dunes les plus petites, et parce qu'elles sont les plus petites: une dune qui avance avec une certaine vitesse parce que sa masse reste à peu près constante; une dune qui avance de plus en plus lentement parce que sa masse s'accroît; une dune qui avance vite parce que sa masse décroit.

Ce sont les idées essentielles qui nous permettent de comprendre ces formes si curieuses de dunes, ces formes en croissant dites barkhanes; et ce sont les faits qu'on doit avoir présents à l'esprit pour aborder une discussion comme celle qui s'est produite au congrès des géographes allemands de Danzig.

1. Voir encore dans le vol. II, face à la p. 398, la planche 44 a, qui est une carte (sans échelle) des déserts de sable du bassin du Tarim, et la planche 44 b, qui porte deux très intéressantes figurations (sans échelle) des zones de désert de sable de l'Asie centrale et des zones de désert de sable de tout l'ancien continent (Asie et Afrique). Voir dans le même vol. II, face à la p. 578, les planches 61 et 61 a, très curieuses comme représentations par courbes de la topographie des dunes si régulières du désert du Lob-Nor (échelles : 4: 160 000 et 1 : 37 000).

Dans une autre publication toute récente, nous pouvons, en effet, puiser d'inté ressantes informations sur les effets du vent sur les sables. Il s'agit des Verhandlungen des fünfzehnten Deutschen Geographentags zu Danzig', c'est-à-dire du compterendu de l'assemblée annuelle des géographes allemands réunis l'an dernier à Danzig (du 13 au 15 juin 1905).

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On sait combien ces réunions, sous l'influence de la sérieuse discipline des écoles géographiques allemandes, sont organisées avec méthode, et combien ces comptes-rendus d'assemblées nationales abondent souvent en communications de première importance.

Le choix de Danzig, comme siège du Geographentag, imposait tout naturellement à l'attention les phénomènes littoraux, et une séance a été consacrée presque tout entière à la « morphologie de la formation des côtes et des dunes ». A la suite de la présentation d'un des travaux, celui du Dr F. Solger (Berlin), sur les formes de dunes fossiles dans la plaine de l'Allemagne du nord, il s'est élevé une discussion très vive, contradictoire et très nourrie 2. Par ailleurs il convient de lire également l'importante communication moins discutée - faite par un homme qui a étudié

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FIG. 28. PETIT ILOT DE SABLE MIS A DÉCOUVERT
DANS UN COURS D'EAU EN DÉCRUE (INN).

Cette photographie d'un petit ilot de sable d'un des bras de l'Inn a été prise du tablier d'un grand pont près de Kundl (Tirol). La figure ainsi vue de haut en bas représente en plan cet ilot triangulaire (de 2 m. environ de base): les délicats rebords des diverses terrasses en miniature qui correspondent aux stades successifs de la décrue du cours d'eau se marquent donc sur la figure en courbes qui sont tout à fait analogues à des courbes de niveau d'un lever topographique. De plus, sur le côté gauche de l'îlot triangulaire, entre l'ilot et l'épi de maçonnerie que l'on voit partiellement sur la gauche, s'aperçoivent très nettement les empreintes des minuscules et multiples mouvements tourbillonnaires qui se sont produits et inscrits sur le sable.

Reproduction d'une photographie de M. Jean Brunhes
(Septembre 1903).

depuis de longues années les dunes des rivages de la mer Baltique, le Dr. F. W. Paul Lehmann, de Stettin: Die Gesetzmässigkeit der Alluvialbildungen an den deutschen Ostseeküsten".

1. Berlin, Dietrich Reimer, 1905.

2. F. Solger, Ueber fossile Dünenformen im norddeutschen Flachlande, in Verhandlungen, des fünfzehnten Deutschen geographentags, p. 159-172, avec 2 planches hors texte, dont une carte: Südlicher Teil des Inlanddünengebietes zwischen Birnbaun und Kreuz (Provinz Posen) (extrait de la carte d'Etat-major à 1:100 000). Voir pour la discussion qui a suivi cette communication Bericht, p. XXX-XXXIII, Loc. cit.

3. Verhandlungen des fünfzehnten Deutschen geographentags, etc., p. 131-158. Voir aussi comme résumé de tous ces débats de Danzig un très substantiel et fidèle compte rendu de F. Thorbecke, Der XV. deutsche Geographentag in Danzig, in Geographische Zeitschrift, XI, 1904;

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On pourrait pousser encore plus loin l'analyse des phénomènes initiaux, et nous. entrerions alors dans des études de physique et de mécanique appliquée; comment

FIG. 29.

- VUE PRISE AU SUD DE FAYOUM (ÉGYPTE), A LA LIMITE MÊME DU DÉSERT DE KAROUN.

Fond du lit d'un petit canal d'irrigation à sec, de 1 m. 10 de largeur. L'eau a été lancée à gros bouillons dans le canal, et elle a été suspendue brusquement; d'autre part le fond était constitué par du sable essentiellement modelable; si bien que nous avons là un cas exceptionnel où les « gestes » de l'eau s'écoulant sous un volume assez fort ont pu s'inscrire sur le sol et y rester gravés. L'eau s'est écoulée dans le canal de la gauche vers la droite. La bande noire qui se voit vers le bas de la figure est la bande d'ombre forte et dure projetée sur une partie du canal par le rebord de la petite rive en surplomb.

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Reproduction d'une photographie de M. Jean Brunhes (février 1899).

agissent et moyennant quelles conditions peuvent agir les forces diverses qui exercent leurs actions sur les sables littoraux? Le flux met en mouvement des sables très humides et les peut mettre en mouvement parce que l'eau dont ils sont imbibés et les particules d'air dont ils sont imprégnés non seulement facilitent mais conditionnent leur mobilité. Le vent, au contraire, transporte les sables secs. Quel est le processus exact de ces divers mouvements? Sable, eau et air sont inégalement distribués dans la dune littorale; et c'est leur inégale distribution qui explique les variables effets des eaux mobiles et de l'air mouvant; à quel moment l'imbibition est-elle suffisante pour que le sable soit «sable boulant » ou « Triebsand »?

Il faudrait ici rappeler les vieilles études de Berendt, publiées en 1868 dans les

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Schriften der Physikalisch-ökonomischen Gesellschaft zu Königsberg i. P.; il faudrait surtout résumer les résultats des travaux récents (1901-1903) de W. Spring, profes seur à l'université de Liège ; il conviendrait, enfin, de retenir les principales conclusions de l'intéressant mémoire publié en 1904 par K. Soecknick dans les Schriften de Königsberg 2.

Reprenant, complétant et perfectionnant les expériences de Berendt sur la formation du « Triebsand », M. K. Socknick s'est efforcé, sans y parvenir encore complète

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1. Voir le Bulletin et les Mémoires de la Société belge de Géologie des années 1901, 1902 et 1903. 2. Triebsand-Studien, in Schriften der physikalisch- ökonomischen Gesellschaft zu Königsberg i. P., XLV, 1904, p. 37-48.

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