Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

très probablement de l'actinote (allongement positif, extinctions entre 0° et 18°, légèrement pléochroïque vert franc et vert jaune pâle). Il existe en outre de rares grains qui pourraient être du quartz et des feldspaths, et des baguettes fibreuses incolores qui semblent bien être du gypse. Mais l'extrême petitesse des éléments rend la détermination douteuse pour ces dernières espèces. Les éléments les plus gros appartiennent à la calcite et au mica blanc. Il existe, en outre, quelques grains brunâtres très petits, qui pourraient appartenir à une variété d'argile.

« Lors de la grande chute de poussières du 9 au 12 mars 1901 qui a couvert l'Europe méridionale et centrale, et qui était très certainement, elle, d'origine africaine, les mêmes espèces minérales ont été reconnues, et, en plus, partout le quartz en grande abondance 1. MM. H. R. Mill et R. C. K. Lempfert 2, et le Dr Hermann3 ont également étudié des poussières analogues apportées par des « pluies de sang >> en 1903, auxquelles ils ont attribué une origine nord-africaine. Le savant pétrographe Flett, qui a étudié les échantillons recueillis en Angleterre, a insisté sur la difficulté qu'il y avait à identifier des minéraux en poussière aussi ténue : les minéraux les plus gros et les plus biréfringents peuvent seuls être reconnus, le doute subsiste pour les autres.

<< Dans la poussière étudiée par nous, la calcite et le mica blanc (damourite) existent abondamment; la présence de l'actinote en assez grande quantité est à peu près certaine, celle du gypse est très probable, celle du quartz, des feldspaths, en très faible quantité, reste douteuse. Il est assez difficile avec ces éléments d'assigner une origine bien déterminée à ces poussières. On peut affirmer que leur nature n'est nullement volcanique. La calcite, le mica blanc, l'actinote, se trouvent abondamment dans les cipolins et les terrains métamorphiques des Alpes occidentales; mais ces minéraux existent aussi dans les mêmes roches du nord de l'Afrique, en Algérie notamment. La plupart des éléments, sauf les rhomboèdres de calcite, ont leurs angles émoussés, ce qui fait supposer un long transport aérien. Ce fait, joint à l'existence probable du gypse si répandu dans le nord de l'Afrique, est de nature à faire supposer que les poussières recueillies ont été enlevées par un coup de vent qui s'est abattu sur le nord de l'Afrique. Mais aucun des minéraux reconnus n'est assez caractéristique pour permettre une conclusion ferme. L'étude des mouvements atmosphériques, si la date de la chute était exactement connue, pourrait sans doute éclairer cette question ». J. GIRAUD.

A titre documentaire nous ajouterons que, d'après une enquête faite auprès des agents forestiers de la Tarentaise par M. P. Mougin, inspecteur des Forêts, chef de service du Reboisement dans la Savoie, dans aucune autre localité de la haute vallée de l'Isère, ces agents, qui sont de très bons observateurs, n'ont remarqué, au début d'avril, une coloration anormale de la couche de neige.

1. Consulter sur cette chute la très complète monographie des professeurs G. Hellmann et et W. Meinardus, Der grosse Staubfall vom 9 bis 12 mars 1901 in Nordafrika, Süd- und Mitteleuropa, in Abhandlungen des K. Preussischen Meteorologischen Instituts. B. II, n° 4. Berlin, 1901. 2. The great dust fall of February 1903 and its origin, in Q. J. of the R. Meteor. Soc., vol. XXX, n° 129, jan. 1904, p. 57-88.

3. Annalen der Hydrographie, oct. nov. 1903.

Signalons que vers la même époque, dans la nuit du 22 au 23 mars et dans la journée du 23, une chute de poussière jaunâtre a été notée dans les Alpes orientales, sur les bords du Wörthersee et à Raibl1. Cu. R.

Nouvelles études sur le Jura. Le professeur Machaček vient de contribuer, par un important mémoire, à l'étude des problèmes que soulève la géographie du Jura. Dans cette étude très substantielle quelques chapitres sont particulièrement à considérer ce sont ceux consacrés à l'étude de la tectonique et à l'explication de la formation des réseaux hydrographiques à la surface du Jura.

M. Machaček (ch. II, p. 57 et suiv.) refait, avec l'aide de la tectonique et de l'examen des conditions morphologiques, l'histoire obscure du Jura après le Miocène. Pour cela il passe successivement en revue la bordure ouest de la chaîne, les plateaux et la région des hautes chaînes de l'est.

Toute la bordure occidentale, en particulier le Vignoble, présente les traces incontestables d'une usure et d'un applatissement très marqués, avec des formes structurales complètement effacées, et des formes hydrographiques dépendant du degré de dureté des couches. On se trouve là en présence d'une pénéplaine, mais où l'aspect jeune des profondes vallées qui l'entaillent prouve une recrudescence des forces d'érosion.

Les plateaux (p. 60) présentent plus d'accord entre la structure et le relief, mais là encore le relief est uniquement déterminé par le degré de résistance des roches à l'érosion. Les couches sont de plus en plus récentes de l'ouest à l'est, et avec les couches plus jeunes l'altitude augmente. Ce n'est pas pour M. Machaček le témoignage d'un soulèvement plus considérable, mais l'indice d'une érosion de moins longue durée.

Les hautes chaînes de l'est, au contraire (p. 61), présentent un accord complet entre la tectonique ancienne et la topographie actuelle; l'usure y est peu poussée, les cluses peu profondes et les vallées peu entaillées témoignent de la jeunesse du réseau hydrographique.

Ces différences d'aspect, dues à des différences d'âge, sont surtout sensibles du nord-ouest au sud-est. Le Jura a été l'objet d'une puissante abrasion qui augmente vers le nord; au sud-est c'est un pays de topographie jeune, au centre de plateaux, et au nord-ouest une région très érodée, signe d'un travail de dénudation plus accentué.

Contre l'opinion de Brückner, qui expliquait le fait par deux plissements différents séparés par une ère d'érosion, M. Machaček n'admet qu'une seule période de plissement, mais très longue, très prolongée, très continue, qui aurait son point de départ à l'ouest, à la base même du massif hercynien, et qui lentement se serait propagée du nord-ouest au sud-est, depuis la fin du Miocène jusque très avant dans le Pliocène, peut-être jusqu'au début du Quaternaire, mais en même temps et en sens inverse s'exerçait le travail d'érosion et de pénéplanisation plus avancé à

1. Meteorologische Zeitschrift, 1906, 4 avril, p. 170. 2. Petermanns Milleilungen. Ergänzungsheft. n° 150. Jura, Versuch einer geomorphologischen Monographie, 1905.

Dr Fritz Machacek, Der Schweizer

l'ouest exposé au travail des agents de destruction depuis une époque plus reculée. L'histoire du Jura ainsi déterminée permet à M. Machaček (ch. vi) de démêler quelques-uns des problèmes si complexes que soulève l'hydrographie de la région. Il étudie particulièrement les conditions d'établissement des vallées de la Birse, du Doubs et de l'Ain. Les rivières de la bordure orientale sont, pour la plupart, des cours d'eau conséquents, qui coulent normalement vers la dépression bordière parcourue par l'Aar, autrefois à un niveau très supérieur, mais surcreusée par les glaciers. Ce surcreusement ne serait pas moindre de 400 mètres. Toutes ces rivières ont un cours supérieur dans des vallées à fond plat, qui sont les anciennes vallées préglaciaires. Elles débouchent à 400 mètres au-dessus du niveau de la dépression actuelle, à laquelle elles ne se raccordent que par des gorges étroites.

La Birse, entre autres, présente un intérêt particulier nulle part sa cluse, et c'est là un fait général dans l'hydrographie du Jura, ne correspond à un accident tectonique.

Le désaccord entre la direction actuelle des cours d'eau et les conditions du relief ne peut s'expliquer qu'en admettant que les rivières actuelles sont le résultat d'un réseau hydrographique antécédent, une survivance des anciennes rivières coulant à la surface nivelée de la pénéplaine.

Pour M. Machaček, le réseau hydrographique était d'abord dirigé du nord au sud, les anciens cours d'eau descendaient des Vosges-Forêt-Noire. Ce fut l'effondrement de la vallée du Rhin qui détermina un nouveau niveau de base et un appel vers le nord; les anciens cours d'eau, dont la Birse, dirigés vers le sud, furent captés par les tributaires de cette région effondrée; la ligne de partage entre le Rhône et le Rhin reportée plus au sud; certaines de ces captures seraient récentes et les conquêtes du Rhin se poursuivraient encore.

Le Doubs serait un organisme tout aussi complexe. A la fin du Miocène et pendant le Pliocène, deux fleuves indépendants descendaient des Vosges-ForêtNoire, l'un vers l'Ain suivait à peu près le cours supérieur du Doubs, l'autre, plus puissant, descendait du Sundgau, et aurait déterminé les méandres actuels du Doubs, du Lomont à la Bresse.

Le dernier effort de plissement coupa en deux le premier des deux fleuves, une partie continua à descendre vers l'Ain, l'autre prit la direction du nord; entre les deux le plateau de Frasne-Vallorbes constitue une ligne de partage très mal marquée. Mais la rivière nord ne conserva pas longtemps cette direction. Elle dévia à l'ouest, captée par un torrent. Le coude de Sainte-Ursanne ne serait donc pas, comme le pensait M. Fournier, le résultat d'une capture par grotte, comme il s'en opère actuellement au profit de la Loue, mais le résultat d'une capture superficielle opérée par un cours d'eau conséquent à la pente normale de la pénéplaine. Mais la ligne de partage entre Sainte-Ursanne et le versant nord est peu élevée; de ce côté un affluent de l'Allain pousse très haut ses eaux de tête. Le Doubs a tendance à reprendre en sens inverse son ancien cours.

L'Ain, dont nous avons vu la parenté avec le Doubs, a, comme lui, un cours en grande partie indépendant de la tectonique; il présente le même manque d'harmonie avec la structure, les mêmes méandres surprenants à travers les roches, la mème

indifférence à asseoir sa vallée sur les couches tendres et sur les couches dures. Mais tout cela encore est le résultat d'un rajeunissement dû au relèvement de la fin du Pliocene; en résumé, le caractère spécial du Jura, le contraste entre les plateaux monotones et les vallées profondes est une conséquence des derniers mouvements de plissements.

On voit quelle importante contribution à la connaissance du Jura nous a apportée M. Machaček, mais il y a encore beaucoup à prendre dans cette très substantielle étude, par exemple, sur le rôle des phénomènes glaciaires dans le Jura, ou bien encore dans le chapitre vu, où M. Machaček a donné, d'après les principes de M. Cvijič, une classification des phénomènes karstiques de toute la région. GEORGES LEGARET,

Agrégé d'histoire et de géographie.

La superficie du grand-duché de Bade. La superficie du grand-duché de Bade était évaluée à 15 081 kilomètres carrés, non compris la partie du lac de Constance appartenant à cet état. D'après les opérations récentes effectuées par l'administration du cadastre badois', cette valeur doit être réduite de 11,22 kilomètres carrés; la surface du grand-duché serait donc égale à 15069,78 kilomètres carrés. La différence relevée est légère: 0,073 p. 100; toutefois, si la valeur donnée pour l'étendue de l'empire d'Allemagne est affectée de la même erreur que celle relevée pour le grand-duché de Bade, le nombre, exprimant cette surface est trop fort ou trop faible de 400 kilomètres carrés, comme le fait observer la Deutsche Rundschau für Geographie und Statistik (Vienne, XXIX, 1, p. 37), à laquelle nous empruntons ces renseignements. Aussi bien, ajoute très judicieusement l'auteur de cette note, même pour les pays d'Europe, il serait prudent d'arrondir les nombres exprimant les superficies. Les chiffres des unités, des dizaines et même des centaines sont douteux. CHARLES RABOT.

-

Le réseau télégraphique de l'Islande. Le 29 septembre dernier a été ouverte la ligne télégraphique reliant Reykjavik à l'Europe continentale. Les communications sont établies par un câble partant de Lerwick (Shetland) et aboutissant à Seydisfjord (côte orientale de l'Islande), après avoir desservi Thorshavn, la capitale des Faröer; Seydisfjord est ensuite relié à Reykjavik par un fil aérien..

Cette dernière ligne passe par le nord de l'ile en envoyant un embranchement vers le sud à l'Eskifjord. L'établissement d'un fil aérien le long de la côte méridionale de l'Islande ne pouvait être envisagée en raison des terribles débâcles qu'engendre le Vatnajökull, le grand glacier de cette région. A des intervalles relativement rapprochés cette vaste coupole de glace émet, comme on sait, de véritables déluges entraînant d'énormes blocs de pierres et des masses de glaçons qui inondent et bouleversent tout le pays; d'autre part, en raison de ces phénomènes calamiteux, cette partie de l'ile est pour ainsi dire déserte.

1. On trouve le détail de ces opérations et des mesures effectuées dans le Statistische Jahr

Comme le montre la carte ci-jointe (fig. 32) que nous devons à l'obligeance du professeur Thoroddsen, la ligne aérienne dessert, outre Reykjavik et l'Eskifjord, plusieurs ports tels que Vapnafjördur, Akureyri, Sandarkrakur, Blönduos, Hafnafjördur, toutes localités plus ou moins fréquentées par nos pêcheurs.

[blocks in formation]

Les stations sont tout à la fois télégraphiques et téléphoniques.

p. Egilstadir.
q. Eskifjördur.
r. Hafnarfjördur.
s. Vopnafjordur.

La longueur du cable de Lerwick à Seydisfjord est de 541 milles et celle du réseau terrestre de 615 kilomètres.

ASIE

CHARLES RABOT.

Nouvelle campagne de M. et Mme Bullock Workman dans les Himalayas. Mme Fanny Bullock Workman qui a fait l'année dernière à la Société de Géographie une conférence sur ses explorations dans les Himalayas, vient, accompagnée du Dr Workman, de terminer une intéressante campagne dans le massif du Nun Kun (Kashmir et Jamu), à la frontière sud-ouest du Tibet.

Les explorateurs étaient accompagnés d'un guide et de six porteurs italiens de Courmayeur; la plus haute ascension de l'été, celle d'un des pics les plus élevés du Nun Kun, 7100 mètres, a été faite par Me Bullock Workman, un guide et un porteur, et, en faisant cette première ascension, l'intrépide voyageuse a dépassé tous ses anciens records d'altitude dans les Himalayas. Outre l'ascension du Nun Kun, la caravane a fait le tour du massif, 130 kilomètres, et gravi deux nouveaux pics neigeux de 6 200 mètres, franchi neuf cols de 5500 mètres et installé des

« ZurückWeiter »