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Reconnaissance dans les régions orientales de l'État indépendant du Congo1. Parti, en mars 1904, de la station d'Inghiri sur le Loulindi, affluent de droite du Congo, dans lequel il débouche un peu en aval du Louama, le capitaine Ernesto Cordella, accompagné du capitaine Maurizio Piscitelli, comme lui au service de l'État indépendant du Congo, se dirigea d'abord vers l'est par les villages de Touroungou Amitchi, Kisala, à travers un pays montagneux et richement cultivé habité par une population nombreuse, alerte, intelligente et laborieuse : les Boubouis. Les éléphants abondent dans la région. Le village de chef Kisala est situé sur un éperon montagneux détaché de la chaîne des Mitoumba, dont les fonds de vallées sont couverts de forêts vierges qui s'étendent au nord jusqu'à l'Elila. La température y est sévère et les vents froids et humides dominent.

Continuant leur route dans la même direction, les voyageurs passèrent, en s'élevant toujours davantage, par les villages de Kipendouka, Loubangou (1900 m.), Iboulou (2000 m.), Basilambo, traversant, dans le pays pittoresque doux et salubre de Basongo, de nombreux affluents du Louama.

Les Bakombi qui peuplent ces régions sont appelés aussi Vabembé, quoique les vrais Vabembé habitent les plateaux de la rive occidentale du Tanganyika. Le Bakombi est le type du vrai montagnard grand, musclé et robuste. Les tribus de la montagne ont pour arme la lance, tandis que celles qui habitent les plaines se servent de l'arc; chez les premiers les successions se font de père à fils, chez les seconds de frère à frère. Les Bakombi sont de bons cultivateurs et leurs plantations de manioc et de bananes notamment, sont très étendues. Ils ont peu de gros bétail mais en revanche de nombreux troupeaux de chèvres et de brebis.

Passant ensuite dans le pays des Batouas, dont les habitants nomades et de petite taille, extraordinairement agiles, mais très farouches, se livrent presque exclusivement à la chasse, ils franchirent la chaine des monts Mitoumba pour gagner le bassin du Tanganyika.

Du sommet du mont Moukoko, à 2800 mètres d'altitude, le spectacle est admirable; on ne découvre à perte de vue qu'un moutonnement montagneux, revêtu d'une végétation merveillleuse, tandis qu'au sud-est resplendit l'azur du lac. Au pied du Moukoko se trouve le village de Poungou qui fait partie du territoire du RousisiKivou. Ce village est à cinq jours de marche d'Ouvira, quatre de Kalembelembe et trois de Baraka. On peut, en utilisant la route reconnue par le capitaine Cordella, gagner, de Kassongo, le village de Poungou en vingt-huit jours de marche. Cette nouvelle voie met donc Ouvira à trente-trois jours de marche de Kassongo.

A Poungou, l'expédition se scinda en deux groupes : le premier, sous les ordres du capitaine Piscitelli, revint à Inghiri, en explorant, au sud de l'itinéraire d'aller, une route nouvelle passant par le poste de Niembo et coupant à deux reprises le cours de la Louama, tandis que le second, dirigé par le capitaine Cordella, après avoir suivi la chaîne de montagne qui se courbe en arc de cercle vers le lac Tanganyika pour former le rebord occidental de sa cuvette, traversait le pays Vabembi alors en

1. Ernesto Cordella, Recognizione nel Bacino dell'Elila [Stato Indipendente del Congo] (avec

pleine révolte, et, longeait les rives du lac jusqu'à Ouvira. D'Ouvira il se dirigeait vers le nord-ouest, à travers un pays très montagneux, parallèlement au cours du Rousisi dont il coupait de nombreux affluents. Au village de Mousingoua l'expédition tentait la direction franchement ouest pour gagner Kikogo, et s'élevait dans la montagne à 3 400 mètres d'altitude environ; mais, le mauvais temps se mettant de la partie, elle dut revenir sur ses pas et prendre, toujours au nord-ouest, la route passant par Kasiba et Boutini.

Le pays Baroundi est magnifiquement arrosé par de pittoresques cours d'eau torrentueux issus des montagnes qui forment la continuation vers le nord de la chaîne des Mitoumba et qui constituent la limite occidentale du bassin du Rousisi. Le versant nord-ouest de ces montagnes tombe en pentes abruptes, tandis que le versant opposé s'abaisse en terrasses étagées de façon à venir finalement se confondre avec la plaine. Le versant occidental est recouvert par la grande forêt qui s'étend sur tout le bassin de l'Elila. Le terrain, constitué par des schistes cristallins, est très riche en minerai de fer que les habitants utilisent pour la fabrication de leurs armes.

Les sources d'eaux chaudes sulfureuses sont fréquentes; la plus importante fut rencontrée auprès du village de Nalouidza. Un vent froid et humide balayait toute cette région dont la température rappelle celle du nord de l'Europe.

La population Baroundi est très dense. La tribu des Bagoualanda habite la plaine du Rousisi; elle possède de nombreux bestiaux et fait un commerce actif avec la station allemande d'Ousoumboura. La tribu des Bafouléri, au contraire, peuple la montagne. Jalouse de son indépendance, elle fait tous ses efforts pour s'opposer au passage des blancs. Elle est plus riche encore en bestiaux que les habitants de la plaine. A partir de la rivière Kiloungousi commence le pays habité par la tribu des Moutouloua. La route serpente constamment à travers une région montagneuse coupée de cours d'eau torrentueux. A l'ouest et au nord, aussi loin que porte la vue, s'étend la forêt comme une mer verte. On approche du bassin important et un peu mystérieux de l'Elila. Après avoir franchi le Zogoua et pénétré sur le territoire des Valega, l'expédition traversa les villages de Ganangana, Gandou, Tchapirangandou, puis, sur les rives mêmes de l'Elila, atteignait Loubemba. Le capitaine Cordella a calculé que, de Lokandou, sur le Congo, en passant par ce point, on pouvait, en 30 jours de marche, au maximum, atteindre Ouvira sur le Tanganyika, en suivant une route facilement praticable et en traversant un pays qui abonde en ressources de toutes espèces.

L'Elila, qui prend sa source dans un contrefort des Mitoumba, près du territoire de Kiloungoué, a de 30 à 500 mètres de largeur et se développe à travers l'épaisse forêt équatoriale.

L'expédition croisa, sur sa rive gauche, un grand nombre de ses affluents dont le cours torrentueux est encaissé dans de profondes gorges.

Peu de temps après avoir franchi la rivière Lougoua, le capitaine Cordella quittait la monotone et malsaine obscurité de la forêt pour la steppe herbeuse et ensoleillée et ralliait bientôt la station d'Inghiri, après une absence de 88 jours dont 65 de marche effective.

M. CHESNEAU.

Une monographie du Congo. - Aucune région de l'Afrique n'a été l'objet de publications aussi abondantes que le Congo. Depuis 1895, date de l'excellente bibliographie publiée sur cette région par M. A. Wauters, c'est par centaines et même par milliers que l'on compte les relations de voyages, les articles de revues ou de journaux, les notes scientifiques consacrées à ce grand bassin fluvial de l'Afrique occidentale; aussi dans cette copieuse bibliothèque combien ardue est devenue la recherche des faits! A-t-on besoin d'un renseignement précis, on est obligé de fouiller des monceaux de volumes et de revues, encore n'est on point certain de le trouver, perdu qu'il peut être dans quelque périodique difficilement accessible. Dans ces conditions, récolter les observations éparses dans les relations et les notes des voyageurs, et, guidé par un judicieux esprit critique, les condenser en une monographie du Congo solidement documentée, est aujourd'hui une œuvre qui s'impose. C'est cette tâche laborieuse que vient d'accomplir le D' Švambera, privat-docent de géographie à l'Université tchèque de Prague.

Tchèque, M. Švambera a naturellement tenu à écrire son livre dans sa langue maternelle. Tout en rendant hommage au sentiment profondément respectable qui a guidé la décision de l'auteur, les géographes la regretteront; elle les prive, en effet, d'une synthèse, qui, à en juger d'après le résumé français joint au volume, serait extrêmement précieuse.

Le Congo' du Dr Švambera comporte trois parties: la première historique, la seconde consacrée à la géographie générale du bassin; la troisième concerne principalement l'hydrologie du fleuve et de ses affluents. Quelque bref que soit le résumé français des deux dernières parties (5 pages), il rendra, cependant, des services.

M. Švambera a minutieusement planimétré les lacs du bassin du Congo et mesuré la longueur de cette grande artère fluviale et de ses affluents sur les cartes les plus précises.

D'après ces opérations, la longueur du fleuve de ses sources du Chambèze jusqu'à Banana serait de 4 843 kilomètres, soit de 5 000 kilomètres en chiffres ronds, valeur qui serait préférable en l'état de la cartographie, suivant l'opinion même de l'auteur. Pour les grands lacs les résultats suivants ont été obtenus :

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A la température des eaux un long chapitre a été consacré. Le Congo est, en raison de sa position en latitude, un des fleuves les plus chauds de la terre, bien qu'on n'y ait point observé de températures aussi élevées que sur d'autres cours d'eau des régions tropicales. Le maximum absolu relevé jusqu'ici a été 31°,4 en

1. Travaux géographiques tchèques (Institut géographique de l'université tchèque, I. Le Congo, accompagné d'un résumé en français, Prague, 1901-1905. Kongo napsal, Dr V. Švambera,

mars 1899; suivant toute vraisemblance, ce nombre est trop faible. Le mois où la température des eaux est la plus élevée sont février et mars, ceux où elle est relativement basse, juillet, août, septembre et octobre. L'amplitude entre le mois le plus chaud et le mois le plus froid serait seulement de 4o,8; il est même probable qu'elle est inférieure à cette valeur.

D'après les recherches de M. Švambera, la hauteur moyenne des précipitations au Congo serait de 1 500 millimètres et le fleuve verserait annuellement à l'océan 15 763 kilomètres cubes d'eau, soit 27,1 p. 100 de la tranche d'eau tombée à sa surface.

Ces renseignements montrent tout l'intérêt du bel ouvrage sorti de l'institut géographique de l'université tchèque de Prague. Aussi souhaitons-nous qu'il soit traduit dans une langue aisément accessible; il pourrait alors servir non seulement aux géographes, mais encore aux explorateurs. Aux voyageurs il montrerait les études et les observations qui doivent attirer leur attention, afin de combler les lacunes dans nos connaissances et rectifier celles déjà acquises partiellement. CHARLES RABOT.

AMÉRIQUE

Exploration dans le Labrador .- Pendant l'été 1905, Mme Léonidas Hubbard jun. a traversé le Labrador du sud-sud-ouest au nord, en remontant la Nascaupee, tributaire du Grand Lac qui débouche lui-même dans le lac Melville ou Groswater bay (Hamilton inlet ou baie des Esquimaux), puis en descendant la rivière George jusqu'à la baie Ungava (détroit d'Hudson). Ces cours d'eau, comme tous ceux de l'Amérique boréale, sont formés d'un étagement de lacs unis par des tronçons de rivières tantôt bondissant en cascades au passage des seuils, tantôt torrentueuses au fond de gorges profondes.

Le voyage a duré deux mois, du 27 juin au 27 août.

Pendant cette période le thermomètre s'est élevé à +23°; en revanche, dans la nuit du 10 août, il est descendu en-dessous de zéro et une mince pellicule de glace s'est formée à la surface de la partie nord du lac Michikamau. Le 3 de ce même mois, de gros glaçons de l'hiver précédent flottaient encore sur la nappe voisine du Michikamau.

La région traversée par Me Léonidas Hubbard jun. était jusqu'ici représentée d'une manière tout à fait inexacte. L'itinéraire à la boussole joint à sa relation modifie complètement le tracé des rivières Nauscapee et George porté sur les documents les plus récents qui, d'ailleurs, les représentent en partie en pointillé. La Nauscapee ne comprend pas moins de huit nappes d'eau, dont la plus grande, le Michikamau, mesure 96 kilomètres de long sur 56 au point le plus large, tandis que la rivière George n'en renferme que deux de petites dimensions dans sa partie supérieuré. Les lacs Trail et Erlandson, indiqués dans cette vallée par les atlas n'existent pas; à la place du second la rivière s'épanche simplement sur une largeur de 1300 à 3000 mètres et cela sur une longueur de 80 kilomètres. L'itinéraire

1. Mrs Leonidas Hubbard jun., Labrador, from Lake Melville to Ungava bay, in Bull, of the American Geographical Society, New-York, XXXVIII, 9, sept. 1906, p. 329 (avec une carte au 1 584 000).

est appuyé sur trois positions astronomiques : Northwest River Post, au débouché du Grand-Lac dans le Melville; sortie de l'émissaire du Michikamau, et, embouchure de la rivière George. Jusqu'à ce que cette région ait été l'objet de levers réguliers, la carte de Me Léonidas Hubbard jun. devra être utilisée par les cartographes pour la représentation de cette partie du centre du Labrador.

CHARLES RABOT.

Travaux du Service géologique du Canada en 1905: explorations dans les territoires du Nord-Ouest et nouvelles observations sur le recul de la chute du Niagara'. Pendant l'été 1905 le Service géologique du Canada (Geological Survey department of Canada) a envoyé pas moins de trente-cinq expéditions. Ces missions, sans perdre de vue les recherches scientifiques, se préoccupent, avant tout, d'étudier la valeur économique des régions qu'elles parcourent, leurs possibilités agricoles et minières, leurs ressources forestières, leurs voies de communication naturelles. Aussi bien considérables sont les services rendus par le Geological Survey du Canada à la colonisation, et ses publications constituent l'enquête préliminaire à la mise en valeur des pays neufs du Dominion, enquête qui seule peut éviter de coûteuses erreurs.

Les trente-cinq expéditions organisées en 1905 ont eu pour objet, comme d'ailleurs celles des années précédentes, soit des prospections, soit l'établissement de cartes topographiques et géologiques de régions colonisées ou susceptibles de l'être, soit enfin de véritables explorations topographique et géologique de régions peu ou point connues du Canada septentrional.

Au point de vue géographique deux de ces dernières expéditions méritent une attention particulière, l'une dirigée par M. Charles Camsell sur la rivière Peel, l'autre par M. Owen O'Sallivan sur le côté sud-ouest de la baie d'Hudson.

Remontant la rivière Stewart et son affluent, la Beaver river (rivière de la Loutre), M. Camsell a atteint la Wind river, tributaire de la rivière Peel par un portage situé à l'ouest de celui du Bonnet à Plume, à une altitude de 900-1000 mètres, et, ensuite par le Nash creek. Descendant le Wind river, puis la rivière Peel, ce voyageur est parvenu à Fort Macpherson, au sommet du delta du Mackenzie, et, de là, par les rivières du Rat et Bell, est parvenu à la Porcupine.

La région traversée présente quatres aspects différents. C'est d'abord entre les bassins supérieurs de la Stewart et de la Wind une région montagneuse appartenant au système des montagnes Rocheuses (chaîne Ogilvie) s'étendant jusqu'à 65 kilomètres au nord du confluent du Nash Creek et de la Wind river. Dans les environs du portage suivi par M. Charles Camsell son altitude atteint 2 100 mètres. Ensuite, c'est un pays de collines rondes, dépassant rarement 600 mètres, presque toutes formées par des anticlinaux; puis, du confluent de la Snake river à celui du Satahs, un plateau boisé dans lequel la Peel river s'est creusé une vallée pro

1. Summary Report of the Geological Survey Department of Canada for the calendar year 1905,

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