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relative à la dernière tournée faite par le colonel Laperrine dans le sud-ouest du Touat et dont les résultats sont particulièrement significatifs. Parti le 23 mars, le colonel Laperrine avait l'intention de se diriger droit sur Taoudéni pour y prendre M. Chudeau qui avait annoncé son retour par Tombouctou et cette localité. Ce plan dut être abandonné faute de guide, de même qu'un autre consistant dans une marche vers l'Azaouar avec une pointe sur Taoudéni. Cet itinéraire lui aurait permis de couper le Tanezrouft dans toute sa longueur; mais l'absence de pluies dans cette région rendait inutilisables les points d'eau intermédiaires entre Ouallen et Achourat, pendant douze jours de marche. Force fut donc de gagner d'abord In-Zize suivant l'itinéraire de 1904 pour atteindre ensuite le puits d'Achourat puis celui d'Aneschaï. D'Aneschaï la reconnaissance gagna El Gueltara et Taoudéni. La rencontre avec les Soudanais devait avoir lieu le 10 mai. Le détour que fit la reconnaissance saharienne retarda son arrivée et ce n'est que le 25 mai qu'elle aboutit à El Gueltara. Heureusement, tout se termina bien. Les Soudanais arrivés à date fixe à Taoudéni y séjournèrent dix jours; toutefois M. Chudeau n'avait pu joindre à temps Tombouctou pour faire partie de ce détachement. Le capitaine qui commandait celui-ci avait repris la route d'Araouan vers le 21, mais avait envoyé son lieutenant reconnaître au retour la route d'El Gueltara, Aneschaï, Triest Bou-Djebiha. « C'est à cette bonne idée, continue M. Nieger, que nous devons de nous être vus. Le 25 mai les deux reconnaissances débouchaient en même temps sur El Gueltara vers 7 heures du matin, nous restâmes en ce point le temps de bien faire connaissance, puis chacun reprit la route du retour.

« Le colonel Laperrine, après Taoudéni, eut la chance de rencontrer un guide qui put le ramener directement sur le ksar d'Aghar par El Biar, Tnihaïa, Bir ed Deheb, Birould Brini, Bir el Hadjaj et Sefiat. Quelques-uns de ces noms sont, géographiquement parlant, des nouveautés. Les itinéraires sur renseignements ne les mentionnent même pas. »

La reconnaissance se composait du colonel Laperrine, de son officier adjoint, de deux officiers de la compagnie du Touat, deux maréchaux des logis, un caporal français et 75 méharistes de la compagnie du Touat.

Au sujet des résultats politiques obtenus dans cette tournée il faut dégager deux points: 1o Le voyage chez les Touaregs. «< Tout en affirmant notre prise de possession de ces territoires que nous ne connaissions pas encore et dont nous avions vu seulement les chefs, cette promenade au milieu des campements continue la période d'apprivoisement des Touaregs. Elle leur démontre nettement que leurs déserts ne nous effraient pas et que, s'ils s'écartaient de la bonne voie dans laquelle ils sont entrés, nous sommes outillés pour aller leur demander compte chez eux de leurs méfaits. »

2o Le voyage à Taoudéni et le retour par la route directe du Touat. «< Inutile d'insister sur la rencontre avec les Soudanais. Il est facile de comprendre l'effet moral énorme que doit produire sur les populations une pareille jonction. Quant à Taoudéni, c'est un point d'une importance capitale où nous serons peut-être arrivés à temps pour arrêter la ruine dont il est menacé.

«Le petit ksar et son exploitation de sel sont extrêmement curieux, mais les habitants sont rançonnés deux ou trois fois l'an par les ghezzous venant du Maroc. Chaamba, Oulad Djerir, Doui-Menia ont tant et si bien fait qu'une moitié des individus exploitant les mines de sel ont déménagé avec armes et bagages, l'hiver dernier sur Araouan et Tombouctou. Autrefois les ghazzieurs se contentaient de prendre les chameaux qui, venant en caravane pour enlever du sel, leur tombaient sous la main. Cette année, trouvant leur proie trop faible, ils ont enlevé tous les mineurs et ne les ont rendus à leurs propriétaires que contre espèces. Aussi notre arrivée a-t-elle été saluée comme une délivrance et ces braves gens qui, du reste, ne s'éloignent pas à deux kilomètres de leur ksar sans être porteurs de leur fusil et de leur sabre, espèrent-ils que notre retour périodique dans leur région ramènera la paix et favorisera le commerce.

«Mais le gros résultat de cette deuxième partie du voyage sera, sans contredit, la vérification de la route directe du Touat à Taoudéni et à Tombouctou. D'Adghar on peut, en quinze journées ordinaires, être à Taoudéni. Il y a une vingtaine d'années il se faisait par

cette route un gros commerce. Petit à petit les voyageurs se sont faits plus rares et la route a fini par être complètement abandonnée. Les Tadjakant, qui ont de grandes maisons de commerce au Soudan et au Sahel, ne demandent qu'à reprendre cette route et à rétablir leur commerce d'antan pour leur compte. Ils parlent de faire concurrence par cette voie à Tripoli et de dériver une partie du commerce des gommes, plumes d'autruche, etc. Ces braves gens se font peut-être illusion, car rien n'est organisé de ce côté pour une aussi grosse affaire et Adghar est encore loin du chemin de fer; mais, en tout cas, leur intervention sera une excellente chose pour le commerce saharien. Certains d'entre eux sont venus avec nous jusqu'à Adghar et passent des marchés.

«Au point de vue géographique nous rapportons un itinéraire d'environ 3000 kilomètres. Cette fois nous avons pu emporter le matériel léger de l'explorateur : lunette, théodolite, sextant, montres, et l'itinéraire sera fixé par les coordonnées astronomiques d'une trentaine de points.

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En terminant cette courte mais substantielle relation, M. Nieger nous adresse une liste des déterminations effectuées et que nous publierons ultérieurement avec des notes plus étendues.

Il nous reste à souhaiter que notre influence continue à s'exercer dans ces régions et que la sécurité y soit définitivement assurée. De simples reconnaissances poussées à de rares intervalles ne sauraient suffire. L'Iguidi, l'Echchach, qui étaient encore habités il y a moins d'un siècle, sont aujourd'hui désertés. Les ghezzous ont accompli leur œuvre de dévastation dans ces solitudes, et, si nous n'y prenons garde, il en sera de même de Taoudeni, qu'il est encore en notre pouvoir de régénérer.

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Mission hydrographique du Maroc. M. le lieutenant de vaisseau Dyé, dont La Géographie a déjà publié plusieurs notes expédiées au cours de cette campagne, faisait remarquer dans sa correspondance de Casablanca, le 24 juillet, que des corrections notables devaient porter sur toutes les longitudes de la côte atlantique du Maroc.

<< Les observations astronomiques de la mission, écrit M. Dyé, continuent pendant cette campagne 1906, avec un astrolabe et de bons chronomètres réglés sur l'observatoire de Gibraltar. Nous aurons cette année de nouvelles vérifications de longitudes et de latitudes. D'autre part, j'espère pouvoir achever en 1907 la triangulation générale de la côte de Tanger à Agadir, qui a été commencée en 1905 dans les secteurs favorables.

<«< Le mois de juin a été consacré au levé et au sondage hydrographique de la rade de Safi, travail mené à bien par MM. Larras, Traub et Pobéguin.

« Le mois de juillet a été employé par le levé de la côte aux environs de Casablanca, et par le sondage hydrographique de la rade (plus de six cents coups de sonde).

«En août nous devons attaquer la carte marine et le levé du littoral près de Rabat Salé. Je ne sais si nous aurons dans ces deux villes, les moins fréquentées par les Européens et les plus musulmanes de la côte, le même succès qu'à Casablanca, où la colonie européenne a su acquérir la plupart des Marocains aux idées de progrès. Cependant, l'année dernière, nous avons pu, grâce aux bons offices et à l'appui du consul de Rabat, M. Leriche, lever et sonder le port fermé de Méhédiya, à l'embouchure du fleuve Sebou. »

Nous apprenons, d'autre part, que M. le docteur F. Weisgerber, complétant ses travaux précédents, prépare une carte au 500 000e de ses itinéraires à travers la Châouïa et une autre au 2 000 000 de l'ensemble de ses reconnaissances au Maroc,

Le secrétaire général de la Société de Géographie.

BIBLIOGRAPHIE

Manuel E. Río y Luis Achával.
Aires, 1904.

Geografía de la Provincia de Córdoba. Buenos

Cette publication officielle comprend deux gros volumes in-8 accompagnés d'un atlas in-folio composé de 12 planches doubles. Si l'on considère que la province de Córdoba mesure une superficie de 161 000 kilomètres carrés (un tiers de celle de la France) avec une population de 430 000 habitants, on saisira tout de suite l'importance de cet ouvrage copieusement documenté.

Une description générale sert de préliminaire. L'orographie est ensuite étudiée à fond; elle est suivie d'une table hypsométrique dont il est superflu de faire ressortir l'utilité et la valeur. L'hydrographie ne comporte pas moins de 65 pages. La description du climat, avec de nombreuses tables de température, la géologie, la flore et la faune, une étude sur la population, enfin l'exposé de la géographie politique, administrative et statistique complètent le premier volume.

Le second volume est consacré à la géographie économique. La question agricole est traitée magistralement dans des études sur l'état du sol, la distribution des cultures: céréales, plantes fourragères et oléagineuses, viticulture, forêts, arboriculture, plantes tinctoriales, médicinales et autres, etc. On remarque ensuite des chapitres sur la question extrêmement intéressante de la colonisation, sur l'irrigation et sur l'élevage.

Même abondance de renseignements pour les industries extractives, les manufactures, le commerce, les routes de chemins de fer, etc. Tous ces chapitres sont bourrés de chiffres statistiques. Enfin, une description des départements et des villes de la province, autrement dit une espèce de dictionnaire géographique très complet termine ce gros ouvrage et lui constitue un très utile appendice.

L'atlas comporte des cartes géographiques, des profils, des planches consacrées à la flore, des cartes agricoles, des vues photographiques des villes et des accidents topographiques intéressants de la province.

Les cartes consacrées à la géographie administrative, à l'hypsométrie, la géologie, l'hydrographie, aux régions naturelles et aux zones de végétations, aux voies de communication ne se recommandent pas par leur aspect extérieur. Si le dessin est peu soigné, l'impression des écritures et des couleurs est assez grossière, elles n'en constituent pas moins des documents extrêmement précieux à consulter par l'abondance et la variété de leurs renseignements. Ces cartes sont généralement à l'échelle du 1/1 000 000: l'hydrographie est tracée au 1/250 000. V. HUOT.

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I.XIV, Planche 3

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