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cations dans cet archipel constamment encombré de glaces trop serrées pour laisser passer une embarcation, trop fragmentées pour permettre d'y cheminer à pied. Néanmoins, les observations faites aux deux extrémités de cette triangulation permirent de déterminer d'une façon suffisamment approchée les sommets et points principaux visibles au nord et au sud jusqu'à des distances de 50 et 70 kilomètres. Notamment, la détermination de l'important sommet du mont du Français (fig. 38) (2 869 m. d'altitude), dans l'ile Anvers, nous fut plus tard d'un précieux secours pour la liaison avec la station d'hivernage, des levés effectués dans l'archipel de Palmer.

Au printemps de 1904, un raid en baleinière dans le sud de notre station d'hivernage nous permit de tracer les détails de la partie de côte qui s'étend jusqu'aux îles du Chaylard et Vieugué. Il nous rapporta l'importante certitude que dans toute cette étendue il n'existait aucun passage vers l'Atlantique. L'identification des détails de la carte de Dallmann se fait d'ailleurs d'une façon très satisfaisante plus au nord et permet d'affirmer que le détroit de Bismarck n'est autre que l'entrée sud du détroit de Gerlache. Le profond renfoncement de la baie des Flandres a été cause de l'erreur du navigateur allemand faisant ouvrir ce détroit vers l'est dans l'Atlantique, alors qu'il longe simplement la côte ouest de la terre de Graham, venant aboutir au nord-est dans l'ancienne baie de Hugues.

La campagne d'été de 1905 débuta par le levé de Port-Lockroy (ile Wiencke), puis par celui de la grande baie de Dallmann, qui s'ouvre au sud sur le détroit de la Belgica par le chenal de Schollaërt. Cette dernière opération se fit à la mer, suivant les principes d'une méthode déjà utilisée dans les mêmes conditions et dans les mêmes parages par Vincendon-Dumoulin, l'éminent hydrographe attaché à l'expédition de Dumont d'Urville. Cette méthode consiste à relever de trois stations à la mer trois mêmes points à terre. Si ces six points ont été convenablement choisis, si, de plus, en chacune des trois stations, on a fait une détermination d'azimut astronomique de l'un des points, on a tous les éléments nécessaires pour tracer un polygone semblable à celui formé sur la terre par les six points. Trois points repères étant ainsi déterminés dans leur position relative, il est facile de situer successivement les autres points en vue. Il ne reste plus qu'à déterminer l'échelle de la carte ainsi tracée, en effectuant des observations astronomiques à ses extrémités.

L'impossibilité où nous étions, faute de soleil, d'assurer à chacune de nos stations à la mer un azimut astronomique, nous forçait à augmenter le nombre des données. Il est facile de voir qu'en portant à quatre le nombre de stations à la mer, à quatre également le nombre des points-repères relevés de chacune de ces stations, la mesure au cercle des trois distances angu

et suffisantes au tracé de l'octogone semblable à celui formé sur le terrain par les huit points. La construction graphique ne se fera pas d'une façon aussi simple que dans la méthode Vincendon-Dumoulin, mais n'offrira, cependant, pas de trop grandes difficultés, en faisant des approximations successives, basées au début sur la position estimée des stations à la mer. La détermination de proche en proche des autres points principaux et des détails de la côte se fera comme précédemment. Seulement, cette fois, la carte n'aura ni échelle, ni orientation. Toutes deux se calculeront d'ailleurs aisément en ayant soin de déterminer complètement (en latitude et longitude), par observations astronomiques, deux points situés aux extrémités du levé.

Il ne faut pas se faire d'illusions sur les résultats de pareilles méthodes. Elles ne sauraient valoir celles employées généralement en hydrographie, même expéditive; mais, faute de pouvoir utiliser ces dernières, elles permettent cependant d'obtenir une approximation qui paraît très suffisante pour les besoins généraux des navigateurs dans ces régions.

Quoi qu'il en soit, c'est de cette façon que furent conduits nos levés à la mer. Ils nous permirent cette fois de tracer tous les contours extérieurs de l'archipel de Palmer, puis de déterminer sur la côte sud de la terre de Graham deux portions de côtes assez importantes, autour des caps Loubet et Waldeck-Rousseau.

Nous fixions ainsi également un certain nombre des îles Biscoe; mais les îles Pitt et Adélaïde nous restèrent cachées, quoique nous pensons pouvoir identifier la première avec une grande île aperçue pendant le raid de printemps.

Quant à l'île Adélaïde et à la côte qui s'étend derrière elle, entre la terre Loubet et la terre Alexandre, elles nous restèrent constamment masquées par la brume.

De la terre Alexandre elle-même nous ne pûmes, aussi peu favorisés que nos prédécesseurs, apercevoir que les sommets de ses hautes montagnes, à toute distance. Une barrière infranchissable de glaces nous en interdisait l'approche.

La campagne hydrographique, rendue encore plus pénible par les avaries. survenues au cours de notre violent échouage près de la terre Loubet, se termina enfin dans le nord par un débarquement dans la baie de Biscoe (île d'Anvers) qui nous permit de fixer la position de la côte sud de cette île, puis par le levé de l'entrée nord du détroit de Gerlache où nous pûmes replacer, notamment, les îles Hoseason et Intercurrence, dont l'existence avait été mise en doute.

On trouvera dans les travaux scientifiques qui seront incessamment publiés par les soins du ministère de la Marine, tous les développements que com

portent les études qui viennent d'être exposées. Le chapitre intitulé « Hydro

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graphie », donnera l'exposé détaillé des méthodes suivies pour la détermination de chacun des points, les positions qui en sont résultées pour les points

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principaux, enfin la description de ces côtes au point de vue de leur reconnaissance ultérieure par les marins.

tout l'archipel de Palmer, joignant ainsi notre tracé des contours extérieurs à celui des cartes de la Belgica. Disons tout de suite que cette jonction s'est trouvée très satisfaisante au nord comme au sud. La seconde carte (à l'échelle du 200 000) représente les environs de notre point d'hivernage, c'est-à-dire depuis le sud de l'archipel de Palmer jusqu'aux points extrêmes relevés au cours du raid que nous avons accompli au printemps 1904-1905. Enfin une carte générale (au 800 000), comprendra toute l'étendue des pays explorés, donnant en plus des deux cartes précédentes, la terre Loubet, et les îles Biscoe. Quatre plans seront également publiés : deux (20 000 et 5000) se rapportant à l'île Wandel et à Port-Charcot, deux autres (aux mêmes échelles) à Port-Lockroy (île Wiencke).

Au total, les résultats géographiques de l'expédition se traduisent par

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FIG. 40.

PARTANT POUR L'ASCENSION DU PIC DU DUC DES ABRUZZES (1 400 M.) (ILE WIENCKE).
Reproduction d'une photographie de M. Pléneau.

1000 kilomètres environ de tracés nouveaux, en n'y comprenant ni les petites baies que par la distance des pointes qui les ferment, ni surtout les innombrables ilots qui bordent la côte et dont la détermination, notamment aux environs de notre station d'hivernage, a cependant absorbé une grande partie de nos efforts.

Enfin un album de photographies représentant les points remarquables, sera joint aux publications scientifiques. Sur ces terres presque constamment embrumées, la reconnaissance ne peut guère, en effet, se faire de loin. Ce n'est qu'en se rapprochant prudemment que l'on peut arriver à identifier tel ou tel point, au moyen de détails que seule une photographie peut donner. Nous avons pu constater, par l'examen des photographies prises par la Belgica combien restent invariables les limites de la neige autour des rochers, au moins dans l'espace d'une dizaine d'années. Les mêmes nunataks s'y retrou

vent, émergeant de la glace de mêmes quantités, et leur ensemble, toujours pareil, ne laisse aucun doute sur l'identité du point où ils figurent.

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Chronomètres. Il n'a pas été fait mention, dans l'exposé précédent, de la façon dont ont été obtenues les coordonnées géographiques des différents points observés astronomiquement. De ces deux coordonnées, l'une, la latitude, est donnée directement par l'observation, l'autre, la longitude, exige la connaissance simultanée de l'heure de Paris, origine des longitudes, et de

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l'heure du lieu où l'on se trouve, laquelle se calcule aisément par une observation ad hoc.

Cette connaissance s'acquiert soit par le transport de chronomètres ayant conservé l'heure de Paris, soit par l'observation d'un phénomène astronomique dont l'instant est donné en temps de Paris dans des tables spéciales.

Cette seconde manière (à laquelle peuvent se rattacher les occultations d'étoiles par la Lune, les éclipses des satellites de Jupiter, les distances. lunaires, etc.) ne nous a donné aucun résultat sérieux, principalement à cause du peu de hauteur des astres à observer, qui se trouvaient ainsi généralement masqués par les brumes permanentes au-dessus de notre horizon.

La première méthode (transport du temps par les chronomètres, à l'aller

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