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caractéristiques des huit ondes principales constitutives de la marée (M,, S, K,, K,, O, P, N et Q).

On trouvera ce calcul détaillé au chapitre << Marées» des publications scientifiques. Notons-en seulement les résultats généraux le régime des marées à Port-Charcot est un régime diurne, analogue à celui des côtes de l'Inde et de la Chine. Il est caractérisé par un mouvement en apparence irrégulier produisant dans une journée, tantôt une seule marée, tantôt deux marées généralement inégales. Cette apparence faisait dire aux Instructions Nautiques sur ces parages que « les marées sont très irrégulières;... les coups de vent élèvent quelquefois la mer beaucoup au-dessus de son niveau normal ».

En réalité, nous n'avons, au contraire, décelé aucune influence importante du vent, et avons trouvé les formules très strictement suivies par les marées de notre station d'hivernage.

Leur maximum d'amplitude, assez faible (environ 2 m.), permet d'en tenir peu de compte pour la navigation, mais la régularité de leurs courbes les rend d'autant plus importantes pour l'étude générale du phénomène.

A ce point de vue encore, il est intéressant de noter qu'au cap Horn, situé au nord et à une distance relativement faible, les marées suivent un régime nettement semi-diurne, avec de faibles inégalités diurnes, c'est-à-dire produisant deux marées par jour, sensiblement égales, comme sur les côtes de France.

III.

Chloruration et densité de l'eau et de la glace de mer.

La détermination de la densité de l'eau de mer, tant à sa surface qu'aux diverses profondeurs, est une des études les plus nécessaires aux océanographes. Soit que l'on considère les différences de densités des différentes mers comme la cause des courants, soit qu'on ne les veuille admettre que comme les effets de ceux-ci, il n'en est pas moins évident que la connaissance de ces densités aux divers points du globe est un élément indispensable à la science si importante des courants marins.

La mesure directe, à bord, du poids spécifique d'un échantillon d'eau de mer ne peut se faire qu'au moyen d'un aréomètre. Nous en possédions un, du modèle dit à volume constant, dont le plus ou moins d'immersion dans le liquide étudié permettait de calculer la densité de ce liquide. Mais il existe des méthodes plus précises pour faire, à la mer, d'une façon indirecte, cette détermination. La meilleure paraît consister dans le dosage des sels contenus dans l'eau de mer, et plus particulièrement des chlorures. La quantité de chlore contenue dans l'eau de mer est en effet liée à la densité de cette eau, par des formules empiriquement établies.

Le dosage du chlore a été fait par la méthode de Mohr, perfectionnée par M. Bouquet de la Grye. Elle consiste à chercher la quantité de nitrate d'argent nécessaire à transformer en chlorates tous les chlorures contenus dans un volume déterminé de l'échantillon. En colorant celui-ci avec du chromate neutre de potasse, et en y versant goutte à goutte le nitrate, tout excès de nitrate qui ne peut plus être absorbé par l'eau analysée produit une coloration caractéristique qui indique la quantité maximum de chlorate qui a pu être formée, et par suite le poids de chlore contenu dans l'eau.

Les deux méthodes, aréométrie et dosage chimique, ont été appliquées à 33 échantillons pris en différents points de nos traversées, à partir du cap Horn.

De plus, les mêmes procédés ont été employés à l'étude de 20 échantillons d'eau et de glace de mer, recueillis à Port-Charcot en diverses saisons, aux stades successifs de formation de la glace de mer. Ces résultats pourront être utilisés pour les études glaciologiques qui ont été faites, d'autre part, par notre expédition.

Le détail des procédés employés, des calculs et de leurs résultats, fera l'objet d'un chapitre spécial des publications scientifiques.

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L'intensité de la pesanteur en un point du globe étant liée d'une façon définie à la distance de ce point au centre de gravité de la terre, il semble possible de déterminer la forme exacte de notre planète par les distances au centre de différents points de sa surface, en y mesurant directement la valeur de cette intensité. Mais les irrégularités de la sphère terrestre sont assez peu sensibles, par suite, les différences entre les intensités assez faibles et les mesures qui permettent de les évaluer d'autant plus délicates. Elles laissent une incertitude qui vient s'ajouter à des effets locaux dont les causes ne sont pas encore bien établies. Il en résulte que ce n'est que la forme générale de l'ellipsoïde, caractérisée par la valeur de son aplatissement, qui a pu jusqu'ici être déterminée par les mesures de gravité. Il n'en reste pas moins indispensable de multiplier autant que possible les observations de ce genre aux différents points du globe, car ce sera seulement au moyen d'un très grand nombre de résultats convenablement échelonnés sur toute la surface terrestre, que l'on pourra ultérieurement en déduire une plus exacte appréciation de sa forme et peut-être aussi de sa composition interne.

Nous nous sommes servis pour ces mesures d'un pendule invariable de M. Bouquet de la Grye, simplement composé d'une règle de cuivre de 1 m. 20

l'autre deux couteaux d'acier. Ceux-ci étant posés sur des plans d'agate fixés sur un support en fonte solidement scellé dans une paroi de rocher, on observe la durée d'un grand nombre d'oscillations du pendule.

On sait que cette durée, la longueur du pendule simple équivalent au pendule employé et l'intensité de la pesanteur, sont liées par une formule permettant de déduire l'un quelconque de ces éléments, de l'observation des deux autres. Des mesures faites dans les mêmes conditions, au départ et à l'arrivée, dans un lieu où l'intensité de la pesanteur est connue, Paris en l'espèce, ont donné la valeur du pendule simple équivalent. L'observation seule de la durée d'oscillation à Port-Charcot permet donc de calculer la valeur de la gravité en ce point.

L'instrument était disposé, à l'intérieur d'une caisse en bois, dans une hutte en neige dressée contre la paroi verticale d'un gros rocher. Sept observations portant chacune sur plus de 5 000 oscillations, permirent, toutes corrections effectuées, d'obtenir des valeurs très suffisamment concordantes pour la durée d'une oscillation.

Les calculs et leur résultat seront également publiés par les soins du ministère de la Marine.

JEAN CHARCOT.

N. B.

Cet article résume les rapports qui m'ont été remis, comme chef de mission, par l'officier de marine, chargé, à bord, des travaux hydrographiques, à qui revient tout l'honneur de ces observations.

L'érosion glaciaire

et la formation des terrasses'

I

Le « surcreusement » des vallées alpines est généralement attribué, d'après M. Penck et son école, à l'action des grands glaciers alpins, à l'exclusion de toute action purement torrentielle ou fluviatile. Il ne semble pas inutile de revenir une fois encore sur cette question dont la portée ne parait pas avoir été toujours appréciée dans toute son étendue et dans toute sa complexité.

En 1902, et à propos des vallées de la Durance et de la Clarée, j'exprimais à ce sujet des réserves expresses dans les termes suivants :

Admettant pleinement avec notre excellent ami, le professeur Penck, l'existence de plusieurs glaciations séparées par des périodes de retrait interglaciaires et décomposables elles-mêmes en oscillations (stades) de moindre amplitude, nous considérons, comme lui, le surcreusement des vallées principales comme un fait d'expérience indiscutable, mais tandis que notre éminent collègue attribue ce surcreusement à la seule action de la glace des anciens glaciers, nous nous demandons, malgré les arguments très sérieux

1. Cette étude de M. le professeur W. Kilian a fait l'objet d'une longue communication verbale au dernier congrès de l'Association française pour l'avancement des Sciences (Congrès de Lyon, 2-7 août 1906). Grâce à l'heureuse initiative des présidents des deux sections de géologie et de géographie (MM. Depéret et Jean Brunhes), les deux sections ont décidé de faire d'un bout à l'autre séances communes; et, c'est à une de ces séances, présidée par M. Jean Brunhes, le vendredi 3 août, qu'a eu lieu une très solide et sérieuse discussion sur le problème de l'érosion glaciaire, discussion qu'a précisément amorcée et inaugurée la présente communication de. M. Kilian. Notons encore que les deux sections du Congrès de l'A. F. A. S. ont fait, le samedi 4 août, sous la direction de M. le professeur Depéret, une très intéressante excursion au Mont-d'Or. L'excursion s'est terminée dans l'hospitalière propriété de M. René Tavernier, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. Là, à Volange, s'est encore tenue une séance, dans laquelle M. l'ingénieur de la Brosse a fait une communication et fait voter un vou sur l'opportunité des études de topographie glaciaire dans les Alpes françaises. Nous aurons l'occasion de revenir sur les résultats de cette séance de Volange. (Note de la Rédaction.)

2. Notes pour servir à la Géomorphologie des Alpes dauphinoises, in La Géographie, t. VI, 1, 15 juillet 1902, p. 17 et suiv. Notre ami, M. le professeur Penck, nous ayant fait l'honneur de discuter notre manière de voir et d'en réfuter partiellement l'application à la Durance-Clarée, nous croyons utile de préciser et de compléter ici notre interprétation, en tenant compte de quelques-unes de ses objections.

par lesquels M. Penck démontre sa liaison constante avec les phénomènes glaciaires et le rapproche du creusement des lacs subalpins, s'il ne peut pas s'expliquer dans beaucoup de cas, plus naturellement, par l'action des eaux de fonte soit seule, soit combinée à celle de la glace, le mécanisme physique du creusement et de l'action excavante provoqués exclusivement par la glace' étant difficile à comprendre et n'ayant jamais été directement observé. »

De leur côté, M. Fritz Frech (1903) et M. Garwood, ainsi que M. Bonney (1902) se prononcèrent dans un sens analogue.

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Enfin, tout récemment, M. Jean Brunhes (C. R. Acad. des Sc., 28 mai et 5 juin 1906) a fait ressortir un certain nombre de contradictions apparentes dans les effets que l'on a attribués à l'érosion glaciaire, par exemple, entre le surcreusement des vallées et l'existence de bosses et de barres à peine rabotées dans ces mêmes vallées; il a mis en évidence également l'analogie que présente le profil en U ou en auge (Trogthal) considéré comme éminement caractéristique des vallées « glaciaires » avec celui d'un grand nombre de vallées fluviales3. M. Brunhes a fait remarquer aussi et a prouvé avec beaucoup de sagacité que la « structure en paliers » se rencontre très nette dans les chenaux exclusivement torrentiels dont les formes, soigneusement relevées par lui, reproduisent, en petit, exactement celles des grandes vallées glaciaires. Il semble donc que certains caractères d'érosion torrentielle et fluviale subsistent dans les « vallées glaciaires D'après M. Brunhes, les eaux torrentielles sous-glaciaires éroderaient fortement leur substratum et il conclut que ce qu'on a appelé l'érosion glaciaire » résulte essentiellement d'une discipline générale de l'érosion torrentielle, discipline qui serait propre au glacier et dépendrait de lui.

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Avant de pénétrer plus avant dans la question, il semble utile et intéressant de rappeler d'abord quelques considérations qui semblent découler de l'analyse minutieuse des phénomènes qui ont dû produire et développer le

1. Le rôle ercavant des glaciers est admis par divers savants et a été étudié notamment par MM. Finsterwalder, Blümcke, Hess, Drygalski, Salomon, etc.; les vues diffèrent beaucoup en ce qui concerne l'importance de cette action.

2. L'espace nous manque pour passer ici en revue les nombreux travaux consacrés depuis Heim et Penck à cette intéressante question et que MM. Salomon (Neues Jahrb. f. Min. 1900, II, 117) et Virgilio (Boll. Cl. Alp. ital., 1901, t. XXXIV, no 67), ont chacun de leur côté parfaitement résumés en y ajoutant leurs observations personnelles. Notre but n'est pas, en effet, de discuter ici l'existence même de l'érosion glaciaire, mais de mettre en lumière la part prépondérante que parait avoir eue, à côté d'elle, dans le surcreusement des vallées alpines, l'érosion régressive purement torrentielle.

3. J'ajouterai que dans les vallées fluviales, la forme en V ou en U de la section dépend surtout de la nature de la roche entamée par le cours d'eau.

4. En 1900, M. Penck faisait déjà remarquer cette analogie en ajoutant que la différence entre l'érosion glaciaire et l'érosion fluviale n'est pas à ses yeux « qualitative mais surtout quantitative ».

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