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des montagnes et révèlent tous les traits de leur géologie; elles viennent trouver une issue dans la brèche plus vaste, de la vallée du Jourdain, en des points qui vont de 210 à 394 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée. Ces coupures naturelles n'ont pas seulement influencé le climat et les productions de la région, mais encore, et cela à tous les âges, la civilisation, le commerce et le gouvernement du pays. Le Yarmuk, le Jabbok, l'Arnon (fig. 48) et l'Ahsa sont les noms de ces brèches et des rivières qui les traversent; ces pays sont aujourd'hui des dépendances des gouvernements de Hauran, Naplouse et Damas et il est à remarquer qu'à l'époque romaine ils étaient rattachés aux mêmes centres.

Loin d'être un plateau sans discontinuité, la mystérieuse ligne bleue présente donc une suite variée d'élévations et de dépressions; la masse montagueuse est de plus en plus haute à mesure qu'on avance vers le sud. De Banias, si l'on néglige la fosse du lac de Galilée, jusqu'en un point situé près de Pétra, on s'élève de 300 à près de 1 800 mètres. Que l'on ajoute à ce chiffre les 394 mètres correspondant à la dépression de la mer Morte, on trouve, sur une hauteur de près de 2 200 mètres, une série de zones présentant les plus grandes variétés successives de climat et de végétation.

Cette chaîne transjordanique est un véritable paradis pour les archéologues Les civilisations successives, sémitique, grecque, romaine, chrétienne, musulmane, puis les Croisés ont laissé dans ces montagnes des ruines qui ont été merveilleusement conservées jusqu'à notre époque. Les belles photographies qui accompagnent la relation de MM. Libbey et Hoskins en fournissent la preuve.

A Gadara, au sud-est du lac de Galilée, on trouve des ruines romaines dont les plus importantes sont celles de deux théâtres. Puis, plus au sud, on rencontre les merveilleux restes de la cité de Gerasa (aujourd'hui Djerach) qui fournissent l'un des spécimens les plus parfaits des anciennes cités grecques, surpassant même à certains égards Palmyre et Baalbek. La ville, entourée de murs, avait à peu près la forme d'un triangle d'environ 4800 mètres de circonférence. On y remarquait une rue bordée d'une colonnade qui formait l'artère centrale et constituait un ensemble architectural qui n'a peut-être eu d'égal dans aucun pays. Trois à quatre cents colonnes subsistent en totalité ou en partie, une centaine de fragments d'architrave unissent encore les colonnes; le reste est tombé à terre.

Cette merveilleuse voie vient aboutir au Forum ou Peribolos, qui mesure cent vingt pas de diamètre, et autour duquel sont encore dressées quarante-huit colonnes d'ordre ionique réunies par leurs entablements. On remarque qu'à certains endroits le Peribolos était joint par des colonnades à d'autres constructions.

Sur un point plus élevé que le Forum se trouvent les ruines d'un grand temple qui, par sa superbe position, dominait toute la ville. Les murs de ce temple ont 2 m. 25 d'épaisseur. Quand il était entouré de rangées de colonnes massives, il devait présenter un aspect splendide.

A l'ouest du Forum était un grand théâtre, placé contre le mur de la ville où l'on comptait vingt-huit rangs de sièges et qui pouvait contenir cinq mille spectateurs. C'est, sans conteste, l'un des théâtres grecs les plus beaux et les mieux conservés que l'on puisse voir dans les cités transjordaniques. Au centre de la ville il y avait

encore un grand temple, un autre théâtre, des bains; en dehors étaient une naumachie, puis des tombes et un arc de triomphe.

Madeba, dans le Belka, fut une cité florissante à l'époque byzantine, en partie bâtie sur les ruines d'une cité romaine plus ancienne. Son église renferme les restes d'une curieuse carte en mosaïque du ve siècle.

Du Belka on passe dans le Kerak, au pays des Moabites, en franchissant la brèche de l'Arnon, aujourd'hui le Mujib, qui forme un superbe cañon. De Kerak, MM. Libbey et Hoskins se dirigèrent sur Pétra, en passant par Tafileh et Shobek, villes situées l'une comme l'autre sur une colline élevée et dominées chacune aussi par une forteresse. Elles furent importantes à l'époque des croisades, et Shobek était alors le Mont Royal.

La forteresse de Shobek (fig. 49) a été construite par Baudoin Ier, dans une situation qui est naturellement très forte, et, à proximité de la grande route de caravanes du Caire à Damas. Elle est difficilement accessible et elle a dù être imprenable avant la découverte des armes à feu. On sait que Saladin fit des efforts désespérés sans pouvoir s'en emparer. Après que les Croisés eurent abandonné ce lieu, les Musulmans le réparèrent et placèrent tout autour des murs de grandes inscriptions arabes formant une sorte de frise, dont les lettres ont de 0 m. 60 à 0 m. 90 de haut. Il existait deux routes romaines de Shobek à Pétra.

Le nombre des voyageurs qui purent entrer à Pétra pendant le XIXe siècle, ou tout au moins de ceux qui ont laissé quelque souvenir de leur passage, est assez restreint. Presque tous y pénétrèrent par ruse et plus de la moitié en furent chassés, après avoir à peine entrevu cette ville mystérieuse. Trois ou quatre seulement obtinrent de passer une nuit au milieu des ruines et la plupart de ceux-ci durent payer de fortes sommes pour ce privilège. MM. Libbey et Hoskins comptent seize voyageurs ou expéditions qui visitèrent Pétra avant eux depuis le commencement du XIX siècle. Le premier fut, en 1811, Burckhardt, qui parcourut la Syrie en tous sens sous le nom de Cheikh Ibrahim. En 1827, deux Français, le marquis Léon de Laborde et Linant de Bellefonds, entrèrent aussi à Pétra et dressèrent le plan de ses ruines. Plus tard, en 1883, Hull, Kitchener et Armstrong se virent imposer un fort bakhchich, pour que leur caravane de six personnes puisse seulement jeter un coup d'œil rapide sur Pétra et le mont Hor. Grey Hill fit plusieurs tentatives pour entrer à Pétra en1890, 1891, 1893 et 1895 et il n'y réussit qu'en 1896. Le dernier voyageur qui vit Pétra avant MM. Libbey et Hoskins est George L. Robinson, en 1900.

C'est grâce au vali de Damas et à l'appui des autorités de la région, et aussi en montrant de la fermeté à l'égard de tous les membres de la caravane et en traitant avec douceur et politesse tous ceux qu'ils rencontraient, que MM. Libbey et Hoskins purent aller jusqu'à Pétra et en revenir sans aucun incident fàcheux.

On accède à Pétra par un chemin de montagne très pénible ou par la gorge étroite et tortueuse du Sik. Ce défilé est long de 2 400 mètres jusqu'au fameux Trésor de Pharaon; c'est là le véritable Sik (fig. 50). Si l'on compte aussi les dix minutes qu'il faut pour aller de ce premier monument à l'amphithéâtre, dans ce cas, le défilé aurait trois kilomètres environ. Sa largeur varie de 3 m. 60 à 10 ou 14 mètres. La

ruban de ciel; en beaucoup d'endroits il devient impossible de prendre une photographie. La hauteur des murailles varie de 60 à 300 mètres.

Le fond du défilé est pavé d'un bout à l'autre d'énormes dalles de pierres. Elle

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apparaissent en place sur plusieurs points et sont couvertes par les débris des autres, mais dans les parties les plus resserrées elles ont été arrachées, en hiver, par la violence des eaux. Quand Stephens vint à Pétra en 1837, il trouva dans le défilé un tel torrent d'eau, qu'il eut de la difficulté à le passer à gué et qu'il dut monter pendant un moment sur les épaules de son guide.

FIG. 48. LE MUJIB, OU LE CAÑON DE L'ARNON.

Sur le côté droit du défilé, on voit les restes d'un aqueduc romain. Un tuyau d'argile d'environ huit pouces de diamètre est demeuré dans la façade du rocher, fixé

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par du ciment. Ce ciment est si résistant qu'aujourd'hui encore on ne peut détacher le tuyau qu'avec difficulté.

En continuant à suivre l'étroit défilé, on voit apparaître devant soi le Trésor de Pharaon (Khaznet Firaun), entièrement taillé dans la paroi du rocher de grès rouge.

FIG. 49.

-SHOBEK VU DE L'EST.

de l'extrémité du Sik, la montagne dans laquelle le monument est creusé formant un angle droit avec ce ravin. Deux ravins transversaux coulent dans la fissure perpendiculaire au Sik. Celui de droite est inaccessible; celui de gauche a été appelé par MM. Libbey et Hoskins la Vallée des Fées.

L'espace libre qui se trouve devant le Trésor ne dépasse pas la largeur de 30 mètres. La distance n'est pas suffisante pour prendre une photographie du monument dans toute sa hauteur, laquelle est d'environ 27 mètres. Cependant les vues qu'en ont prises les deux voyageurs en donnent une idée fort exacte et très nette. Le monument consiste en une simple façade de style corinthien, à deux étages. richement décorée de colonnes, de sculptures et de statues. Les chambres sont creusées à l'intérieur du rocher. Les sculptures et les lignes de l'architrave sont presque aussi fines et aussi nettes que lorsqu'elles ont été ciselées. Les figures qui ornaient les deux étages semblent avoir été sculptées dans une pierre plus tendre et avoir été mutilées par les Musulmans. L'étage supérieur est solide, et l'urne et la boule qui sont au-dessus du dôme central et où la légende veut qu'auraient été déposés les trésors des Pharaons, ont souvent reçu les balles des Arabes qui espéraient les briser. Dans le porche, on rencontre trois portes qui conduisent aux pièces creusées dans le roc. La chambre centrale est un cube parfait de 12 mètres dans chaque sens; elle ne porte aucune trace de décoration. Les deux chambres latérales, qui sont plus petites, ont leur entrée par le porche, mais ne communiquent pas avec celle du centre. Ce sont vraisemblablement des aigles romaines que l'on voit au-dessus des deux portes latérales.

Les eaux ont, à différentes époques, charrié des blocs de rocher et de la boue jusque dessous le portique, de sorte que maintenant les lauriers-roses poussent à la base même des colonnes.

En continuant à suivre le cours du Sik, on remarque, creusés dans les hautes murailles, de nombreux tombeaux étagés les uns au-dessus des autres, puis on arrive à un amphithéâtre qui marque le commencement de la cité proprement dite. Le diamètre de la scène est de 36 mètres; autour, s'étagent trente trois rangs de sièges si bien conservés qu'on pourrait facilement y donner une représentation aujourd'hui. Burckhart estimait que trois mille personnes pourraient y prendre place; mais, d'après les mesures qu'ils ont prises, MM. Libbey et Hoskins pensent que cinq mille spectateurs pouvaient aisément se placer, lorsque tous les rangs de sièges étaient complets.

La masse rocheuse dans laquelle ont été taillés le Trésor de Pharaon (fig. 31) et l'amphithéâtre est couronnée par la haute place (High Place), d'où l'on jouit d'une très belle vue sur l'ensemble de Pétra.

Il existe, au sommet de la « High Place », des autels, avec des cavités et des escaliers paraissent être les restes d'une ancienne installation qui devait certainement servir à la célébration d'un culte. On a pensé, d'après la disposition de ces autels, qu'ils servaient à faire des sacrifices sanglants, et que le sang des victimes coulait et était recueilli dans ces cavités. La « High Place » devait être, dans l'ancienne capitale de l'Edom, la place principale consacrée au culte.

Le torrent de Quady Mousa, nom qui est aussi celui sous lequel Pétra est

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