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de 700 kilomètres à l'époque des fortes chaleurs, il a dû s'arrêter une semaine à In-Salah pour reconstituer sa caravane.

Le 6 octobre, ce voyageur se remettait en route par la ligne des oasis du Touat, Inr'ar, Tit et l'Aoulef, et le 18 il atteignait Adrar, centre du commandement des oasis sahariennes. Désireux de rencontrer le commandant du cercle alors en tournée, M. de Motylinski a séjourné une semaine dans l'oasis, et il a mis à profit ce court délai pour étudier rapidement le dialecte berbère à Tamentit et à Tittaf.

1000 kilomètres le séparant encore de Constantine, le savant voyageur ne compte être de retour qu'à la fin de novembre. Il suivra la route de Timmimoun, El-Goléa, Ghardaia et Biskra.

Avant de quitter le Hoggar, M. de Motylinski a fait une intéressante tournée dans le pays touareg. Dans les premiers jours d'août, il a visité Outhoul, Tahart, Seliskai, Abaleha, Tinamenser' et il est rentré à Tamenr'aset par la partie supérieure de la vallée de l'oued Tit', qui n'avait pas encore été reconnue.

Le 16 août, il se remettait en route vers l'Haman en suivant quelque temps l'itinéraire du lieutenant Guillo-Lohan, il le compléta par une visite au centre agricole d'Aghrem Haman, encore ignoré. Traversant l'Haman, qui est le point culminant du massif, M. de Motylinski se trouva en pleine Koudia, dans des régions encore inexplorées que les Touareg lui avaient représentées comme inaccessibles.

Sous la conduite d'un guide des Oued R'ali, il réussit à atteindre l'oued In-Dalladj, et releva sur son passage de nombreuses inscriptions rupestres. Abandonné par son guide qui se refusa à quitter le territoire de sa tribu, il erra une journée à la recherche de campements des Adjouh Téheli qui lui avaient été signalés. Un notable de cette tribu consentit à le conduire jusqu'à Tazerouk, sur le bord oriental de l'Atakor, à une altitude de 1 800 mètres environ. Grâce à un nouveau guide, il pu rejoindre le k'sar de Tar'haouhaout par une route nouvelle qui longe le bord de la Koudia, et qui est bien plus facile que celle indiquée jusqu'à ce jour aux officiers de nos compagnies sahariennes. Après seize jours de marche, le hardi explorateur rejoignait Tamenr'aset, en suivant l'itinéraire connu de Tar'haouthaout à ce k'sar.

Cette exploration en plein pays touareg avec une escorte de dix hommes comptera certainement parmi les plus importantes de ces derniers temps. Les résultats que la science a retirés de l'entreprise si vaillante de M. de Motylinski peuvent être déjà résumés ainsi :

1° De nombreuses inscriptions rupestres et de nouveaux documents linguistiques et sociologiques ont été recueillis;

2o Il a été démontré que, contrairement aux affirmations des touareg, le massif central pouvait être facilement franchi dans sa largeur, de l'ouest à l'est;

3o Une nouvelle route, bien pourvue d'eau et de pâturages, a été découverte entre Taz'erouk et Tar'haouhaout. HELLER,

Le désarmement de Sainte-Hélène. Le 25 octobre 1906, le navire anglais, The Cluny Castle, est arrivé devant Jamestown à Sainte-Hélène, a embarqué, les jours suivants, les canons qui défendaient l'ile, les munitions, et les 481 hommes qui en formaient la garnison; puis, le 29 octobre, il a pris le large.

Entièrement désarmée, Sainte-Hélène est retombée dans la situation où elle se trouvait en juin 1659. A cette époque, la Compagnie anglaise des Indes Orientales, qui ne possédait dans les mers australes aucun point de relâche pour ses navires, en prit possession. Sur son ordre, le capitaine John Dutton y érigea une forteresse et le souvenir de cet événement mémorable a été conservé par une inscription, qui se lit aujourd'hui encore sur la muraille du château de Jamestown: Capt John Dutton governor of this isle first erected this fortification for the English East India Compy June ye an: dom. 1659. Opera testantur de me.

La mainmise par l'Angleterre sur cette ile, petite comme superficie, mais de possession enviable sous les rapports stratégique et économique, ne laissa pas que d'exciter la jalousie des deux autres puissances maritimes, la France et les ProvincesUnies des Pays-Bas. Colbert s'arrêta un instant à l'idée de la conquérir, mais ce ne fut de sa part qu'une velléité. La Compagnie hollandaise des Indes-Orientales alla beaucoup plus loin. Le 11 janvier 1673, une escadrille de quatre navires, sous les ordres du commandant Jacob de Geus, s'en empara. Mais cette occupation fut éphémère, et, le 15 mai de la même année, une escadre anglaise de six navires, commandée par Richard Munden, la reconquérait. Rentrée en possession de l'ile, la Compagnie anglaise des Indes-Orientales fortifia les rares points du rivage qui sont accessibles, Chappel Valley où s'éleve Jamestown, Rupert Valley au nord-est, et, Appel Valley au sud-ouest'.

Puis, pendant près de cent cinquante ans, Sainte-Hélène fournit régulièrement. aux navires qui revenaient des Indes de l'eau fraiche, des légumes, et surtout des oranges et des citrons, remèdes contre le scorbut.

La monotonie de cette histoire ne fut troublée que par un seul événement : l'internement de Napoléon en 1815, qui eut pour conséquence le renforcement de la garnison, portée à plus de 2700 hommes, et le stationnement permanent de plusieurs navires de guerre.

Mais deux faits allaient au XIXe siècle porter un coup irrémédiable à la valeur économique et stratégique de Sainte-Hélène : l'application de la vapeur à la marine, qui permet aux navires d'accomplir leurs traversées, sans faire d'escale, l'ouverture du canal de Suez, qui a restauré la route antique et médiévale entre l'Inde et l'Europe par la mer Rouge.

Ayant décidé, il y a quelques mois, d'opérer une distribution nouvelle des forces britanniques, M. Haldane, le secrétaire d'Etat à la Guerre, jugea que les quatre cents hommes cantonnés à Sainte-Hélène seraient plus efficacement employés dans une autre colonie.

La nouvelle de la suppression de la garnison suscita une vive émotion dans la population civile de Sainte-Hélène, qui tirait la plus grosse part de son revenu de la fourniture de vivres aux soldats. Un comité de protestation se constitua, une délégation fut envoyée à Londres, au ministère de la Guerre; mais en vain.

Le 29 octobre, les habitants de Sainte-Hélène ont vu avec résignation s'éloigner

4. Nous avons exposé ces événements en détail dans La prise de possession de Sainte-Helen"

de 700 kilomètres à l'époque des fortes chaleurs, il a dû s'arrêter une semaine à In-Salah pour reconstituer sa caravane.

Le 6 octobre, ce voyageur se remettait en route par la ligne des oasis du Touat, Inr'ar, Tit et l'Aoulef, et le 18 il atteignait Adrar, centre du commandement des oasis sahariennes. Désireux de rencontrer le commandant du cercle alors en tournée, M. de Motylinski a séjourné une semaine dans l'oasis, et il a mis à profit ce court délai pour étudier rapidement le dialecte berbère à Tamentit et à Tittaf.

1000 kilomètres le séparant encore de Constantine, le savant voyageur ne compte être de retour qu'à la fin de novembre. Il suivra la route de Timmimoun, El-Goléa, Ghardaia et Biskra.

Avant de quitter le Hoggar, M. de Motylinski a fait une intéressante tournée dans le pays touareg. Dans les premiers jours d'août, il a visité Outhoul, Tahart, Seliskai, Abaleha, Tinamenser' et il est rentré à Tamenr'aset par la partie supérieure de la vallée de l'oued Tit', qui n'avait pas encore été reconnue.

Le 16 août, il se remettait en route vers l'Haman en suivant quelque temps l'itinéraire du lieutenant Guillo-Lohan, il le compléta par une visite au centre agricole d'Aghrem Haman, encore ignoré. Traversant l'Haman, qui est le point culminant du massif, M. de Motylinski se trouva en pleine Koudia, dans des régions encore inexplorées que les Touareg lui avaient représentées comme inaccessibles.

Sous la conduite d'un guide des Oued R'ali, il réussit à atteindre l'oued In-Dalladj, et releva sur son passage de nombreuses inscriptions rupestres. Abandonné par son guide qui se refusa à quitter le territoire de sa tribu, il crra une journée à la recherche de campements des Adjouh Téheli qui lui avaient été signalés. Un notable de cette tribu consentit à le conduire jusqu'à Tazerouk, sur le bord oriental de l'Atakor, à une altitude de 1 800 mètres environ. Grâce à un nouveau guide, il pu rejoindre le k'sar de Tar'haouhaout par une route nouvelle qui longe le bord de lá Koudia, et qui est bien plus facile que celle indiquée jusqu'à ce jour aux officiers de nos compagnies sahariennes. Après seize jours de marche, le hardi explorateur rejoignait Tamenr'aset, en suivant l'itinéraire connu de Tar'haouthaout à ce k'sar.

Cette exploration en plein pays touareg avec une escorte de dix hommes comptera certainement parmi les plus importantes de ces derniers temps. Les résultats que la science a retirés de l'entreprise si vaillante de M. de Motylinski peuvent être déjà résumés ainsi :

1° De nombreuses inscriptions rupestres et de nouveaux documents linguistiques et sociologiques ont été recueillis ;

2o Il a été démontré que, contrairement aux affirmations des touareg, le massif central pouvait être facilement franchi dans sa largeur, de l'ouest à l'est;

3o Une nouvelle route, bien pourvue d'eau et de pâturages, a été découverte entre Taz'erouk et Tar'haouhaout. HELLER.

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Le désarmement de Sainte-Hélène. Le 25 octobre 1906, le navire anglais, The Cluny Castle, est arrivé devant Jamestown à Sainte-Hélène, a embarqué, les jours suivants, les canons qui défendaient l'île, les munitions, et les 481 hommes qui en formaient la garnison; puis, le 29 octobre, il a pris le large.

Entièrement désarmée, Sainte-Hélène est retombée dans la situation où elle se trouvait en juin 1659. A cette époque, la Compagnie anglaise des Indes Orientales, qui ne possédait dans les mers australes aucun point de relâche pour ses navires, en prit possession. Sur son ordre, le capitaine John Dutton y érigea une forteresse et le souvenir de cet événement mémorable a été conservé par une inscription, qui se lit aujourd'hui encore sur la muraille du château de Jamestown: Capt John Dutton governor of this isle first erected this fortification for the English East India Compy June ye an: dom. 1659. Opera testantur de me.

La maiumise par l'Angleterre sur cette ile, petite comme superficie, mais de possession enviable sous les rapports stratégique et économique, ne laissa pas que d'exciter la jalousie des deux autres puissances maritimes, la France et les ProvincesUnies des Pays-Bas. Colbert s'arrêta un instant à l'idée de la conquérir, mais ce ne fut de sa part qu'une velléité. La Compagnie hollandaise des Indes-Orientales alla beaucoup plus loin. Le 11 janvier 1673, une escadrille de quatre navires, sous les ordres du commandant Jacob de Geus, s'en empara. Mais cette occupation fut éphémère, et, le 15 mai de la même année, une escadre anglaise de six navires, commandée par Richard Munden, la reconquérait. Rentrée en possession de l'ile, la Compagnie anglaise des Indes-Orientales fortifia les rares points du rivage qui sont accessibles, Chappel Valley où s'éleve Jamestown, Rupert Valley au nord-est, et, Appel Valley au sud-ouest'.

Puis, pendant près de cent cinquante ans, Sainte-Hélène fournit régulièrement aux navires qui revenaient des Indes de l'eau fraiche, des légumes, et surtout des oranges et des citrons, remèdes contre le scorbut.

La monotonie de cette histoire ne fut troublée que par un seul événement : l'internement de Napoléon en 1815, qui eut pour conséquence le renforcement de la garnison, portée à plus de 2700 hommes, et le stationnement permanent de plusieurs navires de guerre.

Mais deux faits allaient au XIXe siècle porter un coup irrémédiable à la valeur économique et stratégique de Sainte-Hélène : l'application de la vapeur à la marine, qui permet aux navires d'accomplir leurs traversées, sans faire d'escale, l'ouverture du canal de Suez, qui a restauré la route antique et médiévale entre l'Inde et l'Europe par la mer Rouge.

Ayant décidé, il y a quelques mois, d'opérer une distribution nouvelle des forces britanniques, M. Haldane, le secrétaire d'État à la Guerre, jugea que les quatre cents hommes cantonnés à Sainte-Hélène seraient plus efficacement employés dans une autre colonie.

La nouvelle de la suppression de la garnison suscita une vive émotion dans la population civile de Sainte-Hélène, qui tirait la plus grosse part de son revenu de la fourniture de vivres aux soldats. Un comité de protestation se constitua, une délégation fut envoyée à Londres, au ministère de la Guerre; mais en vain.

Le 29 octobre, les habitants de Sainte-Hélène ont vu avec résignation s'éloigner

4. Nous avous exposé ces événements en detail dans La prise de possession de Sainte-Helene

de 700 kilomètres à l'époque des fortes chaleurs, il a dù s'arrêter une semaine à In-Salah pour reconstituer sa caravane.

Le 6 octobre, ce voyageur se remettait en route par la ligne des oasis du Touat, Inr'ar, Tit et l'Aoulef, et le 18 il atteignait Adrar, centre du commandement des oasis sahariennes. Désireux de rencontrer le commandant du cercle alors en tournée, M. de Motylinski a séjourné une semaine dans l'oasis, et il a mis à profit ce court délai pour étudier rapidement le dialecte berbère à Tamentit et à Tittaf.

1000 kilomètres le séparant encore de Constantine, le savant voyageur ne compte être de retour qu'à la fin de novembre. Il suivra la route de Timmimoun, El-Goléa, Ghardaia et Biskra.

Avant de quitter le Hoggar, M. de Motylinski a fait une intéressante tournée dans le pays touareg. Dans les premiers jours d'août, il a visité Outhoul, Tahart. Seliskai, Abaleha, Tinamenser' et il est rentré à Tamenr'aset par la partie supérieure de la vallée de l'oued Tit', qui n'avait pas encore été reconnue.

Le 16 août, il se remettait en route vers l'Haman en suivant quelque temps l'itinéraire du lieutenant Guillo-Lohan, il le compléta par une visite au centre. agricole d'Aghrem Haman, encore ignoré. Traversant l'Haman, qui est le point. culminant du massif, M. de Motylinski se trouva en pleine Koudia, dans des régions encore inexplorées que les Touareg lui avaient représentées comme inaccessibles.

Sous la conduite d'un guide des Oued R'ali, il réussit à atteindre l'oued In-Dalladj, et releva sur son passage de nombreuses inscriptions rupestres. Abandonné par son guide qui se refusa à quitter le territoire de sa tribu, il erra une journée à la recherche de campements des Adjouh Téheli qui lui avaient été signalés. Un notable de cette tribu consentit à le conduire jusqu'à Tazerouk, sur le bord oriental de l'Atakor, à une altitude de 1 800 mètres environ. Grâce à un nouveau guide, il pu rejoindre le k'sar de Tar'haouhaout par une route nouvelle qui longe le bord de lá Koudia, et qui est bien plus facile que celle indiquée jusqu'à ce jour aux officiers de nos compagnies sahariennes. Après seize jours de marche, le hardi explorateur rejoignait Tamenr'aset, en suivant l'itinéraire connu de Tar'haouthaout à ce k'sar.

Cette exploration en plein pays touareg avec une escorte de dix hommes comptera certainement parmi les plus importantes de ces derniers temps. Les résultats que la science a retirés de l'entreprise si vaillante de M. de Motylinski peuvent être déjà résumés ainsi :

1° De nombreuses inscriptions rupestres et de nouveaux documents linguistiques et sociologiques ont été recueillis;

2o Il a été démontré que, contrairement aux affirmations des touareg, le massif central pouvait être facilement franchi dans sa largeur, de l'ouest à l'est;

3° Une nouvelle route, bien pourvue d'eau et de pâturages, a été découverte entre Taz'erouk et Tar'haouhaout. HELLER.

Le désarmement de Sainte-Hélène.

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